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Comparaison des jeunes de niveau bas avec les jeunes de niveau bon dans le groupe en fin de mesure

11. Analyse des données

11.4. Comparaison des jeunes de niveau bas avec les jeunes de niveau bon dans le groupe en fin de mesure

(grille en annexe)

Là aussi, pour mieux préserver le côté antagoniste des groupes comparés, j’ai sorti de la liste Bertrand, qui avait été évalué comme ayant un niveau moyen.

11.4.1. Exigences

Les deux groupes s’expriment de manière assez équivalente en terme d’exigences. Le Semestre semble apporter à l’ensemble des jeunes une bonne « culture du travail », une connaissance intégrée des exigences liées au travail. Ces jeunes sont en mesure de s’exprimer spontanément de manière assez détaillée sur le sujet des exigences.

11.4.2. Activités

Les jeunes avec un moins bon niveau ont un choix professionnel réaliste, une bonne vision de ce qu’il recouvre. On ne dénote pas d’éléments fantasmés dans le discours.

Le choix idéal est davantage axé sur l’activité.

Paradoxalement, ce sont les jeunes de niveau bon qui s’offrent encore le luxe de garder quelques visions fantasmées sur leur futur travail. Peut-être qu’en fonction de leurs bons moyens, il s’est révélé moins nécessaire de travailler sur les représentations, puisque les choix sont réalistes.

On peut conclure que le Semestre a une influence surtout sur les jeunes de niveau bas en ce qui concerne le réalisme du choix et la justesse de perception des activités réunies sous une profession. Un travail de réflexion et de prise de conscience amène aussi ceux-ci à considérer davantage la tâche que le statut ou le prestige.

11.4.3. Rapport hiérarchique

Pour l’ensemble des jeunes, on l’a vu, le patron a la mission de diriger, contrôler, surveiller. Son rôle est un petit peu mieux décliné chez les jeunes de niveau supérieur ; ceux-ci perçoivent le patron comme chargé d’initier l’apprenti, de soutenir l’équipe.

Dans les deux groupes, on reconnaît son devoir de faire tourner l’entreprise, d’administrer, organiser et fournir du travail. Le groupe des jeunes de niveau plus bas perçoivent avant tout le patron comme celui qui procure un salaire.

Chez les deux groupes on ne repère pas une connotation très négative. Par contre, on relève des expressions positives surtout chez le groupe des bons niveaux scolaires. Le côté exigeant du patron est mieux identifié et attendu chez ces derniers. Ils se sont aussi beaucoup plus exprimés sur le patron que les jeunes du premier groupe. Chez les jeunes pour qui le scolaire ne constitue pas une ressource subsistent sans doute une gêne (liée à la perception de leur potentiel, au doute d’être perçu positivement par le patron…) ; le langage de ceux-là est aussi simplement moins riche, plus restreint.

Jeunes en début de mesure Jeunes de niveau bas Jeunes de niveau bon

Jeunes en fin de mesure Jeunes de niveau bas Jeunes de niveau bon

Les jeunes avec moins de moyens scolaires ont cependant évacué une perception essentiellement négative du patron. Ils identifient mieux son rôle et s’ils attendent toujours de la sympathie, de la gentillesse, de la disponibilité et du respect, ils ne recherchent plus un copain, un confident. On peut en déduire qu’ils se sont fait une idée plus réaliste et aussi plus acceptée de la hiérarchie.

11.4.4. Travail

De manière générale, les adolescents mieux armés scolairement se sont plus exprimés sur le sujet (niveau bon en fin de mesure : total des moyennes pour la dimension

« travail »: 33 ; niveau bas en fin de mesure : total des moyennes pour la dimension

« travail »: 19,3).

Pour ces derniers, le travail est obligation mais aussi temps des responsabilités, passage dans le monde des adultes. Ils semblent conscients du changement et des modifications que cela va devoir apporter dans leur comportement et leur rythme de vie. S’ils expriment le fait que le travail contient des dimensions moins agréables (labeur, répétition, routine et ennui), ce résultat est à mettre en balance avec l’expression d’éléments largement plus positifs. Sur l’ensemble des items à connotation positive, ce groupe atteint le total des moyennes de 12 contre 6 pour le groupe des jeunes de niveau bas. Le bagage scolaire semble leur permettre d’appréhender le travail comme un moyen d’acquérir des savoirs, de s’améliorer dans ceux-ci et d’évoluer vers de nouveaux possibles.

Les jeunes avec un carnet moins brillant perçoivent le travail comme une obligation mais aussi comme une occupation. Ils s’attendent à devoir se soumettre à une autorité, davantage qu’ils l’ont fait à l’école. Il y a aussi l’idée d’un changement significatif à prévoir, même si on pourrait dire qu’il est perçu moins positivement, de manière plus passive. Il est à relever qu’il n’y a pas chez eux d’expression négative dans la perception du travail. Il devient source de plaisir, service rendu, occasion de développement personnel. Il y a une dimension plus altruiste, philosophique qui s’installe. Les plus doués peuvent se permettre d’ambitionner un travail plaisir, motivant, tandis que les moins doués doivent trouver un sens à un travail découlant d’un choix plus restreint.

Tous les jeunes des deux groupes ne renonceraient pas à travailler.

En terme d’attentes, les plus favorisés scolairement veulent un travail qui rapporte en apprentissages et qui permette une évolution dans la carrière professionnelle. Ils attendent aussi une dimension créative (un travail intéressant). Le côté plaisir et ambiance est toujours très important.

Les jeunes de niveau bas attendent aussi plaisir et ambiance. Ils s’expriment beaucoup moins en terme d’attentes. On pourrait penser qu’ils se conditionnent à rentrer dans une norme, qu’ils apprennent bien tout ce qu’il leur incombe de faire tout en cherchant à donner un sens à cette démarche. Cela justifierait le fait qu’ils sont peu enclins à exprimer des souhaits, des désirs, puisqu’ils doivent se conformer. Les plus doués correspondent avec beaucoup plus d’aisance aux normes du travail, ce qui laisse le champ à une expression personnelle des désirs et des attentes.

Dans les deux groupes, on trouve une considération marquée pour la tâche

11.4.5. Perception de soi dans le travail

En fin de mesure, le groupe avec des notes scolaires plus basses ont des ressentis qui s’expriment plus positivement (total des moyennes pour le groupe d’items « ressenti positif » : 10 ; total des moyennes pour le groupe d’items « ressenti négatif » : 3,3). On perçoit donc ici une nette évolution par rapport aux jeunes de même niveau en début de mesure. La peur liée au fait de ne pas savoir s’ils tiendront la place s’efface (2 en début de mesure et 0,7 en fin). La peur qui prédomine alors est celle liée à l’obtention de la place ; on rejoint le profil des jeunes de meilleur niveau qui expriment aussi cette crainte. Le Semestre amène une réduction des écarts en terme de ressentis chez l’ensemble des jeunes. A noter encore que l’ensemble des jeunes au sortir de la structure se disent satisfaits de la future situation professionnelle. La structure amène donc le jeune vers un choix en fonction de ce qu’il est et de ses moyens, un choix réfléchi, intégré, accepté et accueilli.

Pour les jeunes plus favorisés scolairement, il n’y a pas un changement significatif au niveau des ressentis.

Comparaison des jeunes de niveau bas avec les jeunes de niveau bon dans le groupe

« fin de mesure » : résumé et commentaires

Les deux groupes s’expriment aisément sur les exigences. Ce qui reflète une bonne

« culture du travail ».

Les activités de la profession choisie sont perçues de manière réaliste et précise chez l’ensemble des jeunes du groupe.

Si les jeunes de niveau scolaire plus bas n’ont plus une vision négative de l’employeur, c’est chez les jeunes de niveau bon qu’on retrouve un discours plus étoffé pour parler en terme positif du patron (hypothèses : le déficit scolaire maintient une certaine réserve quant aux chances de satisfaire ; le patron comme autorité est malgré tout toujours un peu identifié aux professeurs insatisfaits de la scolarité. L’expression chez les jeunes moins bons scolairement est aussi simplement moins riche.).

Aucun de ces jeunes n’attendent un patron-copain. Ils ont donc une idée de la hiérarchie plus réaliste et comprise.

Le Semestre apporte un changement significatif chez les jeunes de moins bon niveau.

Après passage dans la structure, ceux-ci perçoivent le travail beaucoup plus positivement : service rendu, opportunité et développement personnel. Aucun d’entre eux dès lors n’aurait envie de renoncer au travail. De plus, ils considèrent davantage la tâche dans leur discours, alors qu’avant, les considérations d’ordre relationnel prenaient toute la place.

Les jeunes de niveau bas se réconcilient avec le travail en donnant un sens « presque philosophique » aux normes du monde du travail. C’est une forme de rédemption qu’ils y trouvent ; une satisfaction nouvelle de répondre favorablement aux attentes et donc une forme d’émancipation (valorisation). Les jeunes de niveau plus élevé attendent davantage d’y trouver du plaisir, des activités intéressantes, motivantes ; le langage est passionné. Les jeunes de niveau bas s’attachent donc davantage à la forme (c’est eux aussi qui attendent avant tout d’un patron un salaire, forme de pragmatisme), tandis que les jeunes de niveau élevé situent leur discours au niveau du contenu (intérêts…).

Si pour les plus doués, les tendances restent les mêmes, l’expression est plus abondante, complexe, les notions mieux déclinées.

Même si le ressenti s’exprime beaucoup plus positivement chez les jeunes avec de bons moyens scolaires, les plus défavorisés sur ce plan développent avec le Semestre, eux aussi, un ressenti davantage positif que négatif. Ces derniers se sentent plus en confiance et familiers désormais des normes du travail ; en accord avec celles-ci, ils estiment facilement tenir sur la longueur. Ils se déclarent satisfaits de la situation qui les attend. Le choix est construit, accepté.

11.5. Comparaison des jeunes de niveau bas entre les deux