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Chapitre IV Présentation et analyse des données

4.3. Présentation des résultats

4.3.2. Le point de vue des étudiants migrants sur leur trajectoire d’intégration

4.3.2.4. Perception du Développement de carrière à Québec

En ce qui concerne la perspective du développement de leur carrière à Québec, certains participants sont très optimistes. Ils estiment avoir une carrière très prometteuse à Québec. Toutefois, on constate que ce discours est plus fréquent chez les participants qui sont en début de carrière et ceux qui sont retournés aux études. Par exemple, Jad et Louis ont eu des difficultés à intégrer le marché de travail dans leurs domaines respectifs. Ainsi, ils ont envisagé un retour aux études après avoir obtenu la résidence permanente en vue de réorienter leurs carrières. Dans ce cadre, ces deux participants pensent qu’ils ont une belle carrière qui les attend et sont très confiants pour le futur :

C’est une belle ascension, j’ai retrouvé une voie qui est la mienne. Je suis bien parti. Je vois ça comme le redémarrage d’une deuxième carrière, d’une vraie carrière. (…) J’ai des errements ici pendant quelques années. Je suis en train de développer tout ce qu’il faut pour ma carrière future. Là, je n’avance plus à tâtons, je vois vraiment vers quoi je m’en vais et tout est bien je peux aller. Il y a une anxiété en moins, je sais que je vais aller vers ça en fin de compte. (Louis)

Dans cette même veine Jad avance ce qui suit :

Pour le passé c’est passé. Mais pour le futur, je suis confiant. Je me dis qu’il y a un manque de main-d’œuvre en TI. (…). En TI, tout le monde travaille dans leur domaine. Quand j’ai vu ça, j’ai dit il y a de l’espoir, il ne faut pas lâcher. Je me suis dit vaut mieux investir trois ans de plus en TI que de faire taxi pendant toute sa vie. (Jad)

Quant aux participants qui viennent de débuter leur carrière, ils disent qu’ils ne sont inquiétés pour le futur, car ils évoquent la possibilité de progresser professionnellement dans leur domaine de

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compétence. À titre d’exemple, Alexandra affirme que le fait qu’elle ait la possibilité de changer de travail facilement la met en confiance et lui donne le sentiment qu’elle a une place dans son domaine dans la ville de Québec.

Je ne me sens pas très attachée, j’ai l’impression que je pourrais changer de travail facilement. Je commence à sentir même si je suis une jeune professionnelle que mon opinion, mon expertise est demandée. (…) J’en déduis que probablement j’ai une place dans ce métier-là, dans cette ville- là. (…) Donc, je pense que j’ai un grand champ devant moi, je pourrais changer de travail, je pourrais créer ma propre vision dans mon domaine finalement. (Alexandra)

Par ailleurs, Anjaramendrika abonde dans le même sens tout en mettant en lumière la politique de discrimination positive du gouvernement du Québec qui facilite le recrutement des personnes immigrantes au sein de la fonction publique. Elle vient d’obtenir un poste permanent dans un organisme du gouvernement québécois, elle mentionne qu’elle n’est pas inquiète pour sa carrière et ne vit pas dans l’inquiétude d’être discriminée en tant que personnes appartenant aux minorités visibles.

(…) Je suis dans la fonction publique qui fait que j’ai quand même pas mal de choix-là. (…) Je ne me rappelle pas le nom de cette politique, mais tu peux indiquer que tu es une femme, tu es minorité visible tout ce que tu veux, tu coches puis je ne sais pas, mais je trouve que ça me rassure. Je sais que je ne serai pas discriminée là dans le fond pis que ça me donne un certain avantage pour être recruté. (Anjaramendrika)

Abraham et Melissa estiment après plusieurs années d’expérience que leurs carrières semblent bloquer. Toutefois, ils reconnaissent avoir eu des emplois de niveau professionnel. Ils disent qu’ils n’ont pas pu atteindre le niveau professionnel correspondant à leurs attentes. Dans ce cadre, ils mentionnent qu’ils ne voient pas de nouvelle perspective de développement de carrière. À cet effet, Abraham précise qu’il a acquis de l’expérience au sein de l’organisation, mais il n’a pas progressé dans la hiérarchie. Quant à Melissa, elle s’explique en ces termes :

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Dans le régime d’emploi que j’ai, je ne peux pas aller loin, je suis chargée d’enseignement donc un chargé d’enseignement c’est quelqu’un qui est là pour enseigner. Oui, j’arrive à participer à des projets, mais il n’y a pas d’avancement après ça. Le chargé d’enseignement c’est le syndicat des chargés de cours quand même, mes contrats sont de trois ans, mais qui sont renouvelables aux trois ans et ça s’arrête là. Un chargé d’enseignement, il n’y a pas d’échelon après chargé d’enseignement.

Toutefois, un de nos participants affirme qu’il n’a pas de plan de développement de carrière à Québec. Il n’a pas pu exercer son métier du fait qu’il n’arrive pas à intégrer l’ordre professionnel de ce métier-là en raison des contraintes administratives et des exigences presque impossibles à satisfaire.

(…) je peux dire que je n’ai pas fait de carrière à Québec parce que j’ai terminé en agronomie j’ai travaillé dans plusieurs organisations internationales, je prends de l’expérience et j’ai été satisfait, je me sentais valoriser (…). Mais en arrivant à Québec ma carrière s’était complètement arrêtée, pour le Québec je ne peux rien dire sur le plan carrière parce que je ne fais rien par rapport à ce que je voulais faire.

4.4.1. Point de vue des participants du diplôme québécois sur leur insertion