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Perception des étudiants étrangers devenus immigrants à l'égard de leur trajectoire d'intégration professionnelle dans la ville de Québec

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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© Richardson Beaublanc, 2019

Perception des étudiants étrangers devenus immigrants

à l'égard de leur trajectoire d'intégration professionnelle

dans la ville de Québec

Mémoire

Richardson Beaublanc

Maîtrise en service social - avec mémoire

Maître en service social (M. Serv. soc.)

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Perception des étudiants étrangers devenus immigrants à l’égard de leur trajectoire d’intégration professionnelle dans la ville de Québec

Mémoire

Richardson Beaublanc

Sous la direction de :

Stéphanie Arsenault, directrice de recherche

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Résumé

Dans le contexte de l’internationalisation de l’enseignement supérieur dans les pays de l’OCDE, le Canada accueille chaque année un nombre important d’étudiants internationaux. Parmi ces derniers, certains ont demandé la résidence permanente une fois qu’ils ont terminé leurs études. Ils s’appuient sur les politiques en matière d’immigration du Canada qui facilitent la transition des étudiants étrangers vers la résidence permanente. Les résultats de cette étude montrent que la majorité des participants n’avaient pas l’intention d’immigrer au Canada, mais le projet d’immigration a profilé au cours de leurs études en raison de plusieurs facteurs. D’autres participants ont mis de l’avant leur projet d’étude en vue de réaliser leur projet d’immigration permanente. Dans ce cadre, cette étude exploratoire vise à comprendre la perception des anciens étudiants étrangers qui deviennent des immigrants à l’égard de leur trajectoire professionnelle. L’analyse des entretiens montre que la majorité des participants ont exprimé un sentiment de satisfaction de leur intégration professionnelle. En analysant les discours de certains participants, on remarque que cette satisfaction ne s’explique pas en fonction de la qualité des emplois occupés. Ils ont mis de l’avant la passion qui les anime dans leur travail même s’ils n’ont pas des emplois à la hauteur de compétences. Toutefois, il est révélé que dans cette étude d’autres participants sont très insatisfaits de leur intégration professionnelle. Concernant les facteurs qui contribuent à leur intégration, tous les participants s’accordent pour dire que le fait d’avoir un réseau de contacts dans les milieux professionnels constitue un élément déterminant. Pour les facteurs qui entravent l’intégration professionnelle, les participants de cette recherche issus des groupes minoritaires mentionnent que la discrimination et les préjugés constituent de véritables défis.

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Abstract

In the context of the internationalization of higher education in OECD countries, Canada welcomes a significant number of international students each year. Some of them have applied for permanent residence after graduation. They are based on Canada's immigration policies that facilitate the transition of international students to permanent residence. The results of this study show that the majority of participants did not intend to immigrate to Canada, but the immigration project has profiled during their studies due to several factors. Other participants put forward their study project in order to carry out their permanent immigration project. In this context, this exploratory study aims to understand the perception of former international students who become immigrants with respect to their career path. Analysis of the interviews shows that the majority of participants expressed a sense of satisfaction with their professional integration. An analysis of the speeches of some participants shows that this satisfaction cannot be explained by the quality of the jobs held. They have put forward the passion that drives them in their work even if they do not have jobs that match their skills. However, it is revealed that in this study other participants are very dissatisfied with their professional integration. Regarding the factors that contribute to their integration, all participants agreed that having a network of contacts in professional environments is a key element. For the factors that hinder professional integration, participants in this research from minority groups mention that discrimination and prejudice are challenges.

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Table des matières... v

Remerciements ... viii

Introduction ... 1

Chapitre I - Problématique ... 3

1.1. L’objet de l’étude ... 3

1.1.1. La mobilité étudiante au niveau mondial ... 3

1.1.2. Les étudiants étrangers au Canada et au Québec ... 5

1.1.3. Évolution des politiques d’immigration au Canada et au Québec ... 7

1.1.4. Différentes catégories d’immigration au Canada ... 9

1.1.5. Portrait de l’immigration au Québec... 10

1.1.6. Immigration dans la ville de Québec ... 11

1.2. Recension des écrits ... 13

1.2.1. Les étudiants étrangers et la transition vers la résidence permanente ... 13

1.2.2. Étudiants étrangers devenus immigrants et les défis d’intégration socioprofessionnelle ... 16

1.2.3. Les défis de l’intégration socioprofessionnelle des personnes immigrantes ... 19

1.2.4. Limites des études ... 24

1.2.5. Pertinence scientifique ... 24

1.2.6. Pertinence sociale... 25

1.2.7. Question et objectifs de recherche ... 25

Chapitre II - Cadre d’analyse et conceptuel ... 27

2.1. Interactionnisme symbolique ... 27

2.2. Théorie du parcours de vie ... 29

2.3. Définition des concepts ... 32

2.3.1. Intégration professionnelle... 33

2.3.2. Trajectoire de vie ... 33

2.3.3. Étudiant étranger ... 34

2.3.4. Immigrant ... 34

Chapitre III - Méthodologie ... 35

3.1. Approche privilégiée et type de recherche ... 35

3.2. Population à l’étude ... 36

3.3. Méthode d’échantillonnage ... 36

3.4. Instrument et mode de collecte de données ... 38

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3.5. Méthode d’analyse ... 39

3.6. Considérations éthiques ... 41

Chapitre IV - Présentation et analyse des données ... 42

4.1. Présentation individuelle des participants ... 42

4.1.1. Tableau 1 : Synthèse des données sociodémographiques ... 45

4.1.2 Tableau 2 : Synthèse des caractéristiques sociodémographiques des participants ... 46

4.2. Portrait général de l’échantillon ... 47

4.3. Présentation des résultats ... 48

4.3.1. Les facteurs qui ont conduit le projet d’étude à devenir un projet d’immigration ... 48

4.3.1.1. Motivations de réaliser des études au Québec ... 48

4.3.1.2. Expérience en tant qu’étudiants étrangers ... 51

4.3.1.3. Motifs de la transition vers la résidence permanente ... 54

4.3.1.4. Résidence permanente comme trajectoire de vie ... 57

4.3.1.5. Choix de la ville de Québec ... 59

4.3.2. Le point de vue des étudiants migrants sur leur trajectoire d’intégration professionnelle à Québec ... 61

4.3.2.1. Stratégie de recherche à Québec ... 61

4.3.2.2. Les démarches de recherche d’emploi ... 64

4.3.2.3. Perception de leur trajectoire professionnelle ... 65

4.3.2.4. Perception du Développement de carrière à Québec ... 68

4.4.1. Point de vue des participants du diplôme québécois sur leur insertion professionnelle. ... 70

4.4.1.1. Obstacles à l’intégration professionnelle ... 70

4.4.1.2. Facteurs pouvant contribuer à l’intégration professionnelle ... 74

4.4.1.3. Le titre québécois et accès à l’emploi ... 76

Chapitre V- Discussion ... 79

5.1. Question de recherche et résultats ... 79

5.2. Discussion des résultats ... 80

5.2.1. Constats liés aux motivations de réaliser des études au Québec ... 80

5.2.2. Constats concernant les motifs de transiter vers la résidence permanente ... 81

5.2.3. Les constats liés à la résidence permanente comme trajectoire de vie ... 83

5.2.4. Les constats liés à la perception d’intégration professionnelle ... 84

5.2.5. Constats liés aux obstacles à l’intégration professionnelle ... 85

5.2.6. Les constats liés aux facteurs facilitateurs de l’intégration professionnelle ... 87

5.2.7. Les constats liés aux diplômes québécois et accès à l’emploi ... 88

5.3. Limites de l’étude ... 89

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5.4.1. Pistes pour l’intervention ... 90

5.4.2. Perspectives de recherches ... 91

Conclusion générale ... 92

Bibliographie... 95

ANNEXES ... 101

Annexe A : Formulaire de consentement ... 101

Annexe B : Grille d’entrevue ... 105

Annexe C: Annonce de recrutement des participants ... 107

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Remerciements

La réalisation de ce mémoire est l’aboutissement d’une étape de mon parcours académique qui a failli terminer prématurément après le puissant séisme qui a ravagé Haïti en janvier 2010. Ce travail est le fruit de soutien et de la générosité de nombreuses personnes formidables. Je veux les remercier de tout cœur. En ce sens, je tiens à remercier tous les participants qui avaient accepté volontiers de participer à cette recherche. Leur point de vue a été une contribution très précieuse pour la réalisation de ce projet.

Je voudrais remercier de façon très spéciale ma directrice de recherche, Stéphanie Arsenault, pour sa confiance et sa disponibilité tout au cours mon cheminement académique à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval. J’ai hérité de cette collaboration avec Stéphanie la rigueur et le souci du travail bien fait. Merci encore, Stéphanie, cet héritage me servira dans mes projets académiques.

Je remercie également Jean Ramdé, mon codirecteur pour ses précieux conseils et ses commentaires combien pertinents qui m’ont permis de bonifier le travail. J’adresse aussi de sincères remerciements à mes collègues de l’équipe de recherche en partenariat sur la diversité culturelle et l’immigration dans la région de Québec (EDIQ) pour leur soutien moral.

Je remercie toute ma famille plus particulièrement ma mère qui a embarqué dans le projet avec enthousiasme en m’apportant son support moral et financier. J’ai une pensée très spéciale pour ma fille qui attend impatiemment mon retour au pays. Elle ne cesse de me demander: « papa kilè wap vini? » ce qui veut dire en français : papa quand tu reviens? Enfin, je remercie tous mes collègues étudiants haïtiens de l’Université Laval pour leurs conseils et leurs encouragements.

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Introduction

Le recrutement des étudiants étrangers en tant qu’immigrants qualifiés augmente dans de nombreux pays. Selon Hawthorne et To (2014), les pays de l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) restent la destination privilégiée de ces étudiants dont qui deviennent des immigrants après avoir complété leur formation. Ils constituent un capital humain important pour les pays recruteurs. Selon Ziguras et Law (2006), la plupart de ces pays économiquement développés ont un faible taux de natalité et une population vieillissante. Ainsi, le recrutement de jeunes professionnels prêts à intégrer le marché du travail apporte une contribution importante à leur développement économique. Au Canada et au Québec, les deux gouvernements ont fait de la rétention des étudiants étrangers au terme de leurs études un enjeu important en matière d’immigration économique. À cet effet, le programme « Entrée express » du Canada et le programme de l’expérience québécoise (PEQ) facilitent grandement la transition des étudiants étrangers vers la résidence permanente. Les gouvernements misent sur leur capital humain pour les recruter en tant que travailleurs qualifiés. Selon Belkhodja et Esses (2013), ils sont considérés comme étant plus aptes à intégrer le marché de l’emploi en comparaison aux immigrants qualifiés détenant un diplôme obtenu à l’extérieur du pays.

Depuis les années 1960, le Québec a cherché à contrôler l’immigration sur son territoire en vue d’assurer son développement économique (Boudarbat et Grenier, 2014). Selon le ministère de l’Immigration de la diversité et de l’Inclusion (MIDI), le Québec a priorisé une immigration économique en vue de combler la demande en main d’œuvre du marché de travail en attirant des immigrants qualifiés (MIDI, 2016). En ce sens, les personnes sélectionnées ont un profil jeune, un niveau d’instruction relativement élevé et parlent le français ou l’anglais (Béji et Pellerin, 2010). Par ailleurs, beaucoup d’études traitent la problématique de l’intégration socioprofessionnelle des personnes immigrantes au Canada notamment au Québec. La majorité de ces études portent sur les immigrants qui ont obtenu leur diplôme à l’extérieur du Québec et ont mis en évidence les difficultés qu’ils éprouvent en vue d’obtenir un emploi à la hauteur de leurs compétences au Québec (Arcand et Najari, 2014; Béji et Pellerin, 2010 ; Boudarbat et Grenier, 2014). Selon ces

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auteurs, la non-reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger constitue un frein à l’intégration professionnelle des personnes immigrantes au Québec. Très peu d’études s’intéressent aux anciens étudiants étrangers qui détiennent un titre canadien ou québécois. Or, dans le cadre de la stratégie de rétention des immigrants1 temporaires du gouvernement québécois, un nombre important d’étudiants étrangers sont devenus des résidents permanents dans la sous-catégorie des travailleurs qualifiés de l’immigration économique. Ainsi, une compréhension plus approfondie basée sur la perception de l’intégration professionnelle de ces immigrants qui ont obtenu un diplôme d’une institution d’enseignement québécoise représente l’objet de ce travail. Pour ce faire, la question de recherche qui en constitue le fil conducteur est formulée comme suit : comment les anciens étudiants étrangers devenus immigrants perçoivent-ils leur trajectoire d’intégration professionnelle dans la ville de Québec? De plus, dans le cadre de cette étude, la ville de Québec a retenu comme terrain d’étude du fait

Par ailleurs, le présent travail comprend cinq chapitres. Le premier présente la problématique. Celui-ci présente l’objet de notre recherche, une recension des écrits scientifiques faisant état des connaissances sur le sujet et la justification du choix du sujet sur le plan scientifique et social. Dans le second chapitre, il sera question du cadre d’analyse qui expose la posture épistémologique et l’approche théorique qui permet de comprendre la trajectoire des acteurs à l’étude. Le troisième chapitre présente la méthodologie et les considérations éthiques de la recherche, suivi du quatrième qui fait référence à la présentation et à l’analyse des données. Dans le dernier chapitre, on discute les résultats de la présente étude en comparaison avec d’autres recherches faisant partie de notre recension des écrits.

1 Dans cette étude, le masculin est utilisé pour désigner des hommes et des femmes. Cette formulation a été retenue en vue d'alléger le texte.

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Chapitre I - Problématique

L’objet de cette recherche est la perception des anciens étudiants étrangers devenus immigrants à l’égard de leur trajectoire d’intégration socioprofessionnelle. Dans cette partie, nous mettons en évidence les éléments de la problématique constituant notre objet d’étude en vue de faire ressortir sa pertinence scientifique et sociale. Ainsi, il sera divisé en plusieurs parties. D’abord, nous présentons l’objet de l’étude. Ensuite, nous présentons une recension des écrits scientifiques en lien avec le problème de recherche. Enfin, nous présentons les limites des études recensées.

1.1. L’objet de l’étude

1.1.1. La mobilité étudiante au niveau mondial

La tendance actuelle de la mobilité étudiante révèle une forte croissance au niveau mondial. Les données de l’OCDE et de l’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) confirment cette tendance. Selon l’OCDE (2017), le nombre d’étudiants étrangers est passé de 0,8 million en 1975 à 4,6 millions en 2015. Au cours de cette même année, les pays de l’OCDE ont accueilli 3,3 millions étudiants étrangers dans l’enseignement supérieur (OCDE, 2017). L’accroissement de la population estudiantine dans le monde s’est réalisé sous les effets conjugués de la globalisation, des grands processus de construction régionale et de l’évolution des politiques d’immigration (Garneau, 2007). De plus, la mobilité internationale des étudiants s’explique par des tendances migratoires intra et interrégionales. Dans un contexte de construction régionale, les autorités de l’Union européenne ont poursuivi l’internationalisation des universités pendant plus de deux décennies en vue de faciliter une intégration politique et économique (Altbach et Knight, 2007). À cet effet, l’Union européenne a mis en place le programme Erasmus qui a permis à un nombre important d’étudiants étrangers de poursuivre une expérience universitaire dans un pays étranger au sein des pays membres. La signature de la déclaration de Bologne en 1999 entre les pays membres de l’Union européenne vise à harmoniser

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la création d’un espace européen de l’enseignement supérieur en encourageant la mobilité et l’employabilité des étudiants (Garneau, 2007).

Par ailleurs, l’OCDE (2012) prévoit que la demande en enseignement supérieur international devrait passer de 4,1 millions en 2010 à 7,2 millions étudiants étrangers d’ici 2025. Ceci étant dit, l’internationalisation de l’enseignement supérieur constitue un enjeu économique majeur pour les pays de l’OCDE, plusieurs de ces pays déploient des efforts considérables visant à attirer et à recruter un nombre important d’étudiants étrangers. Dans ce contexte, ils représentent des ressources prioritaires en ce qui concerne le capital humain par le fait qu’ils sont jeunes, acculturés, ayant une pleine reconnaissance de qualifications et de compétences linguistiques du pays d’accueil (Hawthorne et To, 2014). Toutefois, le flux des étudiants en mobilité internationale reste très concentré dans les pays anglophones développés. Parmi ces pays, quatre d’entre eux ont accueilli presque la moitié de ces étudiants de l’enseignement supérieur.

En 2015, les États-Unis ont accueilli 907 000 étudiants en mobilité dans l’OCDE, suivis par le Royaume-Uni qui en a accueilli 431 000, l’Australie 294 000 et le Canada 172 000. L’Union européenne représente également une destination majeure. Elle a accueilli 1,52 million d’étudiants en mobilité internationale au cours de la même période (OCDE, 2017). La majorité des étudiants en mobilité dans les pays de l’OCDE viennent de l’Asie. Selon l‘OCDE (2017), ils représentent 87% des étudiants en mobilité en Australie, ils sont 76% aux États-Unis et 54 % au Royaume-Uni.

En matière d’immigration, les pays de l’OCDE continuent de revoir leur cadre législatif et administratif en vue d’attirer et de retenir des étudiants en mobilité internationale. Selon l’OCDE (2017), les réformes visent à délivrer des visas, à modifier ou à simplifier les procédures d’immigration et à assouplir les critères de délivrance de permis travail aux étudiants. À cet effet, depuis 2016, l’Australie a mis en place un dispositif simplifié pour la délivrance des visas aux étudiants. Dans cette même veine, en 2014, le Canada a modifié son dispositif en assouplissant les critères de délivrance de permis de travail aux étudiants étrangers sur son territoire en vue de leur permettre de travailler à temps partiel à l’extérieur des campus universitaires. De son côté, la Corée

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du Sud a augmenté le temps de travail hebdomadaire des étudiants étrangers en leur permettant de travailler de 20 à 25 heures. Ainsi, la migration des étudiants reste dynamique dans les pays de l’OCDE. Dans ce cadre, les données de l’OCDE confirment que les flux des étudiants en mobilité internationale ont augmenté de 6.4% entre 2013 et 2015 (OCDE, 2017).

1.1.2. Les étudiants étrangers au Canada et au Québec

Le recrutement des étudiants étrangers dans les universités canadiennes et québécoises s’inscrit dans le contexte de l’internationalisation de l’éducation supérieure et de la mondialisation des échanges. Selon le Conseil supérieur de l’Éducation (CSE), l’internationalisation des universités constitue un facteur important de développement social, culturel et économique pour le Canada et le Québec. Ainsi, en matière de politiques d’immigration canadiennes et québécoises, les étudiants étrangers représentent une catégorie d’immigrants de choix (CSE, 2005). Selon des auteurs, les étudiants étrangers apportent des contributions substantielles aux établissements d'enseignement locaux au-delà des droits de scolarité. Ils participent dans l'internationalisation des programmes d'études et les contacts pour le recrutement de futurs étudiants (Arthur et Popadiuk, 2013). Dans ce cadre, les données du Bureau canadien de l’éducation internationale (BCEI) montrent qu’en 2014 le Canada a accueilli 336 497 étudiants étrangers tous niveaux confondus, ce qui représente une augmentation de 83% depuis 2008 (BCEI, 2015). De plus, au cours de l’année scolaire 2012-2013, les étudiants internationaux constituaient 11% de tous les étudiants en études supérieures au Canada (BCEI, 2015).

Par ailleurs, le Canada rencontre la concurrence des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, la France, l’Allemagne et l’Australie dans les politiques visant à attirer les étudiants internationaux. En 2011, le Canada a inscrit seulement 5% des étudiants en mobilité internationale ce qui le place au septième rang des pays ayant attiré le plus d’étudiants internationaux (BCEI, 2013). Toutefois, même si le nombre accueilli par le Canada n’est pas le plus grand, l’économie canadienne en bénéficie fortement. Cette immigration temporaire présente des avantages à court et à long terme pour le Canada et le Québec.

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Dans le court terme, les dépenses générées par la présence des étudiants internationaux occasionnent des retombées économiques importantes pour le Canada. Selon un rapport de RKA Inc (2016), les dépenses en lien avec les frais de scolarité et les dépenses de consommation des étudiants internationaux pendant leur séjour au Canada s’élevaient à 11,4 milliards de dollars pour l’année 2014.

Sur le long terme, plusieurs études mentionnent que les politiques en matière d’immigration au Canada et au Québec ne cachent pas la stratégie de les recruter en tant qu’immigrants économiques dans la sous-catégorie des travailleurs qualifiés (Belkhodja et Esses, 2013). À cet effet, le Québec a mis en place le programme de l’expérience québécoise (PEQ) en vue d’assouplir les procédures de l’immigration permanente des travailleurs temporaires, notamment les étudiants étrangers. De plus, Citoyenneté et Immigration Canada ont pris un ensemble de mesures permettant à ces derniers d’acquérir l’expérience de travail nécessaire en vue de faciliter leur transition vers le statut de résident permanent (Statistique Canada, 2015). En 2008, les permis de travail post-diplôme pour les étudiants étrangers ont permis aux diplômés de travailler dans un domaine sans rapport avec leurs études sur le territoire canadien pendant un maximum de trois ans (Lowe, 2011). Ainsi, l'accent mis sur les étudiants étrangers est passé de leurs contributions économiques en tant que résidents temporaires à leur potentiel de capital humain en tant qu'immigrants qualifiés permanents.

De plus, Boudarbat et Grenier (2014) pensent que les immigrants qui ont étudié au Canada ont un meilleur potentiel d’intégration que leurs homologues qui ont étudié dans leurs pays d’origine. En ce sens, la transition des étudiants étrangers vers la résidence permanente constitue un enjeu important dans la politique d’immigration du Canada et du Québec. En 2015, dans le cadre de sa stratégie de rétention des étudiants étrangers, le Québec a délivré 3500 certificats de sélection du Québec (CSQ) aux anciens étudiants étrangers ce qui leur a permis de demander la résidence permanente au Canada (El-Assal et al, 2017).

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1.1.3. Évolution des politiques d’immigration au Canada et au Québec

En 1869, la première loi sur l’immigration fut votée au Canada. Les objectifs de cette loi visaient à peupler le pays d’immigrants agriculteurs et d’ouvriers agricoles en vue de mettre en valeur le territoire en y cultivant la terre (Arsenault, 2017). Cette politique était orientée vers une stratégie très sélective et restrictive mettant l’accent sur des critères de race et d’origine ethnique. À cet effet, les paysans européens notamment les Britanniques étaient préférés en comparaison aux personnes jugées difficilement assimilables (Belabdi, 2004). Cette politique s’est poursuivie au cours de la première moitié du XXe siècle. Selon Piché (2003), au cours de cette période, le gouvernement fédéral a instauré un régime d’immigration caractérisé par des mesures racistes et discriminatoires qui excluaient les Asiatiques et les Noirs. À titre d’exemple, en 1906, une loi sur l’immigration ciblait des catégories de personnes interdites d’entrée au Canada et autorisait le gouvernement à expulser les personnes qu’il jugeait persona non grata (Arsenault, 2017).

Toutefois, au cours de la seconde moitié du XXe siècle des modifications ont été apportées dans les politiques d’immigration. Le Canada a adopté un régime d’immigration axé sur le recrutement des immigrants économiques. Après la Deuxième Guerre mondiale notamment à partir des années 1950, le gouvernement fédéral, tout en continuant à privilégier les intérêts économiques du Canada ne se base plus sur des critères ethniques, mais plutôt sur des critères de qualification professionnelle, l’instruction et les compétences linguistiques en vue de recruter des immigrants (Piché, 2003). Dans ce cadre, le gouvernement a facilité l’arrivée des immigrants de plus en plus scolarisés et des changements importants se sont produits dans leurs lieux de provenance. À cet égard, à partir de 1962 le système qui a été mis en place pour favoriser l’arrivée des paysans britanniques a changé. Le critère basé sur le pays d’origine a été aboli définitivement. La composition de l’immigration s’est diversifiée graduellement en faveur des pays d’Asie, d’Afrique et de l’Amérique latine (Boudarbat et Grenier, 2014). De plus, en 1967, le gouvernement a introduit le système de pointage basé sur des critères préétablis et transparents. Ce système modifiait la manière de procéder dans la sélection des immigrants en éliminant les différentes formes de discrimination en lien avec la race et la nationalité (Arsenault, 2017). En ce sens, Boudarbat et Grenier (2014) précisent que les politiques migratoires sont passées progressivement

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à des politiques qui encourageaient la venue des agriculteurs et des ouvriers manuels à des politiques qui facilitent l’immigration des travailleurs qualifiés.

Par ailleurs, la Constitution canadienne fait de l’immigration une responsabilité partagée entre le Canada et les provinces, mais pendant longtemps le Québec est très peu intervenu en matière d’immigration (Piché, 2003). Le gouvernement fédéral définissait et orientait les politiques d’immigration. À partir des années 1960, dans le contexte de la Révolution tranquille, le Québec a fait de l’immigration un enjeu important en raison d’une baisse de natalité observée dans la province (Boudarbat et Grenier, 2014). À cet effet, en 1968, le premier ministère de l’Immigration fut créé. Différents accords Canada-Québec sur l’immigration se sont succédé en vue de fixer les compétences de chaque acteur en matière de politique d’immigration (Guilbert et Prévost, 2009).

Toutefois, il a fallu attendre l’entente Cullen-Couture conclue en 1978 entre les deux gouvernements pour que le Québec obtienne pour la première fois de larges pouvoirs dans la sélection de ses immigrants en fonction de ses objectifs économiques et culturels (Boudarbat et Grenier, 2014). En 1991, la signature de l’accord Canada-Québec relatif à l’immigration et à l’admission temporaire des aubains a garanti le pouvoir exclusif du Québec sur la sélection et la quantité d’immigrants qu’il désire accueillir. De plus, le Québec assure la sélection des immigrants économiques, les personnes réfugiées se trouvant à l’étranger ainsi que les demandes pour des considérations humanitaires ou d’intérêt public (MIDI, 2016). Cet accord établit également la responsabilité du Québec dans l’accueil et l’intégration des immigrants et prévoit des compensations financières du Canada pour la mise en application des programmes d’intégration économique et linguistique à l’intention des nouveaux arrivants au Québec.

En effet, les immigrants économiques constituent la plus grande proportion d’immigrants qui sont accueillis au Canada notamment au Québec. Les politiques en matière d’immigration ont évolué depuis plusieurs décennies dans l’objectif de répondre aux besoins économiques du pays. Selon le MIDI (2016), le Québec a priorisé une immigration économique en vue de combler la demande en main d’œuvre du marché du travail en attirant des immigrants qualifiés. En ce sens, le Canada et

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le Québec ont mis en place des mécanismes afin de bonifier et de mieux gérer leurs politiques de l’immigration économique.

À cet effet, en 2015, le Canada a adopté le programme « Entrée express ». Celui-ci vise à accélérer le processus de sélection des travailleurs qualifiés répondant aux critères de l’un des trois programmes fédéraux à savoir le Programme des travailleurs qualifiés, le Programme des travailleurs des métiers spécialisés et la catégorie de l’expérience canadienne (Immigration, réfugiés et Citoyenneté Canada, 2016). Au Québec, depuis 2010, le programme de l’expérience québécoise (PEQ) a été mis de l’avant en tant que stratégie de rétention des personnes immigrantes à statut temporaire en vue de leur accorder le statut de résident permanent de façon rapide et prioritaire (MIDI, 2015). De plus, dans le cadre des programmes réguliers des travailleurs qualifiés, les deux gouvernements ont en commun un système de points basé sur une grille de sélection pour les travailleurs qualifiés à l’étranger, toutefois les critères d’évaluation sont différents. Les grilles de sélection sont sujettes à des modifications en fonction de la conjoncture et des besoins économiques.

1.1.4. Différentes catégories d’immigration au Canada

Au Canada, la loi actuelle sur l’immigration et la protection des réfugiés définit trois grandes catégories d’immigration permanente. Il s’agit de l’immigration économique, du regroupement familial et des personnes réfugiées ou en situation semblable. L’immigration économique regroupe les gens d’affaires qui ont les capacités financières de s’établir au Canada et les travailleurs qualifiés qui sont recrutés en fonction de certaines caractéristiques personnelles, dont les compétences et les qualifications professionnelles. Les travailleurs autonomes, les gardiens d’enfants et les aides familiaux résidents s’ajoutent également aux immigrants économiques (MIDI, 2016). La catégorie du regroupement familial permet à des citoyens canadiens et des résidents permanents d’être réunis avec les membres de leur famille. Cette réunification familiale concerne les épouses ou les époux, les conjointes ou les conjoints de fait, les enfants dépendants de moins de 19 ans, la mère ou le père de la personne ou un autre membre de la famille âgé de

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moins de 18 ans se trouvant dans une situation particulière (Arsenault, 2017). Quant à la catégorie des réfugiés ou les personnes en situation semblable, elle regroupe des personnes réfugiées qui sont sélectionnées à l’étranger et prises en charge par l’État ou bénéficiant d’un parrainage collectif. Au regard de la convention de Genève, le réfugié est une personne qui se trouve en dehors de son pays d’origine et qui craint d’être persécutée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de ses opinions politiques ou de son appartenance à un groupe social. Cette catégorie comprend aussi les personnes ayant obtenu le statut de réfugié à la suite d’une demande d’asile formulée sur le territoire canadien (MIDI, 2016).

1.1.5. Portrait de l’immigration au Québec

Chaque année, le Québec reçoit un nombre important d’immigrants et la tendance est à la hausse. Les données de Statistique Canada (2017) confirment l’augmentation du poids démographique de la population immigrante dans la province. À cet égard, pour la période d’immigration de 2011 à 2016, le Québec a admis 215 170 personnes immigrantes, en comparaison à la période de 2006 à 2010 où le nombre des immigrants admis était estimé à 182 115 (Statistique Canada, 2017). Cette augmentation s’explique par la croissance significative du nombre de personnes admises dans la catégorie de l’immigration économique notamment les travailleurs qualifiés, car ces derniers représentent la plus forte proportion des nouveaux arrivants au Québec. À cet effet, de 2011 à 2016, le Québec a accueilli 132 395 immigrants dans la catégorie de l’immigration économique. Le nombre d’immigrants reçus dans les autres catégories sont repartis ainsi : 52 870 immigrants de la catégorie du regroupement familial, 26 450 de la catégorie des personnes réfugiées et 3 450 autres immigrants qui ne font pas partie des autres catégories mentionnées plus haut (Statistique Canada, 2017). Par ailleurs, pour l’année 2015, le Québec a reçu 49 024 nouveaux arrivants. Les immigrants économiques représentent 61% de ces personnes. Dans la catégorie du regroupement familial, on compte 21% des immigrants qui ont été admis et dans la catégorie des réfugiés 16% (MIDI, 2016). Toutefois, selon l’Institut de la Statistique du Québec (2016), au cours de cette année, le Québec a accueilli une proportion d’immigrants inférieure à celle de son poids démographique à l’intérieur du Canada qui est 23%.

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Dans la sous-catégorie des travailleurs qualifiés, la sélection et le recrutement des immigrants reposent sur des critères précis en lien avec les besoins du marché du travail (Arcand et Najari, 2014). Selon ces auteurs, les critères se réfèrent à l’âge, aux diplômes acquis dans les pays d’origine, aux compétences professionnelles en lien avec le marché de l’emploi québécois et au niveau de maîtrise de la langue française. Toutefois, la satisfaction de tous ces critères ne garantit pas une intégration socioprofessionnelle réussie aux personnes immigrantes. Plusieurs études ont identifié la non-reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger, la dévalorisation des expériences acquises à l’extérieur du Québec, les barrières linguistiques et le comportement parfois raciste de certains employeurs comme des obstacles majeurs à l’intégration socioprofessionnelle des immigrants qualifiés (Arcand et Najari, 2014; Béji et Pellerin, 2010 ; Boubardat et Grenier, 2013).

Par ailleurs, l’immigration non permanente est également en constante augmentation dans la province. Les données du MIDI (2018) montrent que les étudiants étrangers représentent la plus grande proportion du mouvement de l’immigration temporaire. Ainsi, le nombre d’étudiants étrangers de tous les niveaux d’étude confondus est passé de 26 040 en 2012 à 38 205 en 2017 (MIDI, 2018). La région de Montréal constitue la destination préférée des étudiants étrangers inscrits dans les établissements québécois. Toujours selon le MIDI (2018), en 2017, la région de Montréal a accueilli 27 290 de ces étudiants soit 71,4%. La région de la Capitale-Nationale est le deuxième lieu de destination des étudiants étrangers arrivés au Québec. Au cours de la même année, 3 175 étudiants étrangers soit 8,3% ont choisi la Capitale-Nationale comme destination.

1.1.6. Immigration dans la ville de Québec

La ville de Québec a fait de l’immigration un enjeu municipal. Selon les autorités municipales, l’immigration contribue à freiner le vieillissement de la population et le déclin démographique de la ville. Dans ce cadre, la ville s’est dotée d’une politique municipale en matière d’immigration dans le cadre de ses efforts visant à améliorer la rétention des immigrants sur son territoire (Ville de Québec, 2010). À travers cette politique, la ville considère la promotion, l’accueil, l’intégration

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et le rapprochement interculturel des nouveaux arrivants comme des axes prioritaires. La ville se donne comme mission également d’assurer une accessibilité à ses services, à ses emplois et aux différentes activités de la vie municipale aux citoyens de toutes les origines. De plus, elle veut favoriser le rapprochement interculturel et le développement d’un sentiment d’appartenance à la communauté de Québec.

La mise en œuvre de cette politique consiste en la reconnaissance de la diversité culturelle, la reconnaissance des personnes immigrantes comme des citoyens à part entière, la gestion proactive et inclusive de la diversité culturelle et l’engagement des acteurs (Ville de Québec, 2010). En ce sens, la ville de Québec met en place des mécanismes de promotion de l’immigration et développe des stratégies de rétention et d’intégration de ses nouveaux arrivants. La ville de Québec est une ville universitaire offrant une formation de renommée internationale et qui attire des étudiants internationaux provenant de tous les continents. Selon un sondage de Québec International auprès des institutions scolaires sur le portrait des étudiants internationaux de la région de Québec, 4 893 étudiants internationaux ont été inscrits au cours de l’année 2016-2017. Parmi ces derniers, 4 155 soit 85% ont été inscrits au niveau universitaire, 572 soit 12% au niveau collégial et 166 soit 3% au niveau de formation professionnelle. La ville de Québec constitue la destination préférée des étudiants internationaux inscrits dans la région. Au cours de la même période, l’Université Laval a accueilli 2 784 étudiants internationaux soit 67% du total inscrit dans les universités de la région. La majorité de ces étudiants soit 57% viennent de l’Europe notamment de France, 28% proviennent de l’Afrique notamment de Tunisie et du Sénégal, 9% de l’Asie, 5% de l’Amérique latine et 1% des États-Unis.2 Selon Guilbert et Prévost (2009), le phénomène de migrations pour études impacte sur les dynamiques locales. Donc, les étudiants étrangers participent à la vie économique, sociale et culturelle de la région et deviennent par la suite de potentiels résidents permanents puis des citoyens canadiens.

Par ailleurs, la ville de Québec a connu une croissance démographique durant la période de 2011 à 2016. Selon les données du recensement de 2016, la ville de Québec a accueilli son plus grand

2 Ces données ne sont pas officielles. Elles viennent des résultats d’un sondage (non publié) réalisé par Québec International auprès de 13 instituions de la région de Québec. Il s’agit des universités : Laval, ENAP, UQAR (Levis), INRS ; des Cegeps : Limoilou, Sainte-Foy, Garneau, Beauce-Appalaches, Levis-Lauzon; des commissions scolaires : Charlevoix, Capitale, Découvreurs, Beauce-Etchemin.

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nombre d’immigrants au cours de cette période. Le nombre d’immigrants sur son territoire est passé de 9 600 à 13 445, ce qui représente une augmentation de 40 % en comparaison à la période de 2006 à 2010. Les nouveaux arrivants de 2011 à 2016 se répartissent suivant les différentes catégories d’immigration : 8 345 immigrants économiques, 2 910 du regroupement familial, 2 145 personnes réfugiées et 50 autres immigrants qui n’inscrivent pas dans l’une des catégories. De plus, en 2016, la population immigrante de la ville est estimée à 37 340 soit 7,2 % de sa population de 516 250 (Statistique Canada, 2017).

1.2. Recension des écrits

1.2.1. Les étudiants étrangers et la transition vers la résidence permanente

Selon Guilbert et Prévost (2009), le projet d’étude et le projet d’immigration s’entrelacent. En ce sens, la transition vers la résidence permanente constitue l’un des objectifs importants de certains étudiants étrangers. Un nombre important d’étudiants étrangers ont fait une demande de résidence permanente au terme de leurs études au lieu d’envisager un retour dans leurs pays d’origine. Ainsi, l’obtention de la résidence permanente est un évènement significatif dans le parcours de vie des étudiants étrangers. En 2014, au Canada, plus de 270 000 soit 19 % des étudiants étrangers ayant obtenu un permis d’étude entre 1990 et 2014 sont devenus des résidents permanents (Statistique Canada, 2015). Donc, dans les pays de tradition d’immigration comme le Canada, l’Australie et la Grande-Bretagne, les politiques visant à sélectionner les immigrants hautement qualifiés favorisent grandement les étudiants étrangers (Belkhodja et Esses, 2013). Ainsi, la politique de rétention des étudiants étrangers dans certains pays de l’OCDE s’inscrit dans une stratégie de recrutement de main-d’œuvre qualifiée.

Par ailleurs, Baas (2006), dans ses recherches concernant les étudiants étrangers et l’immigration permanente en Australie, souligne qu’un nombre élevé d’étudiants étrangers sont devenus des résidents permanents après avoir fait leurs études. Selon l’auteur, dans le cas des étudiants de l’Inde en Australie, ils sont considérés comme des immigrants potentiels. Ces derniers ont leurs

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préoccupations, leurs motivations et leurs idées sur l’avenir tourné vers l’objectif de devenir immigrant (Baas, 2006). Dans ce cas, l’auteur précise le fait que l’obtention du diplôme australien ne garantit pas à ces étudiants une réussite professionnelle dans leur pays d’origine, ils décident d’étudier en Australie dans l’objectif d’y immigrer.

Dans ses travaux, Hawthorne (2010) souligne que la motivation de l’Australie de recruter des étudiants étrangers en tant qu’immigrants vise à améliorer la migration qualifiée en vue de permettre à ces immigrants de donner une contribution à l’économie australienne. À cet effet, le gouvernement australien a introduit dans sa politique d’immigration le programme « migration two-step » facilitant la transition des étudiants étrangers vers la résidence permanente (Hawthorne, 2010). Toujours selon Hawthorne (2010), en 2006, les anciens étudiants étrangers avaient 99% de chance d’être sélectionnés dans la catégorie de la migration économique en Australie. Dans le cadre d’une étude auprès des étudiants étrangers en Nouvelle-Zélande portant sur leur intention d’immigrer dans le pays d’accueil après leurs études, Wilkinson, Merwood et Masgoreth (2010) mentionnent que les compétences linguistiques et la possibilité d’immigrer constituent des facteurs clés qui motivent des étudiants étrangers à faire le choix de la Nouvelle-Zélande comme destination pour leurs études. De plus, les étudiants étrangers ont choisi les institutions néo-zélandaises en raison de la qualité de vie du pays, du coût des études dans les programmes post-secondaires, de la possibilité de travailler après leurs études et la situation sécuritaire du pays.

Dans un contexte de grandes concurrences pour attirer les meilleurs talents, les étudiants étrangers constituent un potentiel socio-économique important pour le Canada et le Québec en particulier. Dans un sondage réalisé par le BCEI en 2015 auprès des étudiants étrangers sur leur intention de s’installer au Canada, plus de la moitié des sondés (51%) affirme vouloir immigrer au Canada et plus du tiers (37%) des étudiants disent avoir l’intention de rester au Canada pour poursuivre leurs études après avoir obtenu le diplôme pour lequel ils étaient inscrits. Toujours selon BCEI (2015), les étudiants étrangers sont bien placés pour immigrer au Canada, car ils auront un titre canadien, ils maîtrisent au moins une des deux langues officielles et souvent ils ont une expérience professionnelle canadienne. Dans une étude portant sur « Career development influences of international students who pursue permanent immigration to Canada », Arthur et Flynn (2011)

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soulignent que la motivation première des étudiants étrangers pour immigrer au Canada est la possibilité de trouver un emploi après leur diplomation et le niveau élevé de la qualité de vie. Toujours selon ces auteures, tous les participants de leur recherche ont exprimé le soutien positif qu’ils ont reçu de leur parent pour faire des études à l’étranger et celui-ci s’étend aux décisions de poursuivre une immigration permanente au Canada.

Une recherche réalisée auprès des étudiants étrangers de l’Université du Minnesota en vue d’examiner leur intention et leurs décisions de migration, Alberts et Hazen (2005) ont conclu que les facteurs économiques et professionnels les encouragent généralement à rester aux États-Unis tandis que les facteurs personnels et sociétaux les incitent à retourner dans leur pays d’origine. Selon ces auteures, ils constituent un groupe de migrants qualifiés, en plus, le temps passé dans le pays d’accueil est une expérience importante qui les rend familiers avec la société d’accueil en établissant des liens professionnels et personnels (Alberts et Hazen, 2005).

De plus, Arthur et Popadiuk (2013) ont réalisé une étude portant sur les expériences des étudiants étrangers qui avaient réussi leur transition de l'université à un emploi après l'obtention de leur diplôme au Canada. Les auteures ont remarqué que les relations clés ont créé des possibilités pour les étudiants étrangers leur permettant d’obtenir un emploi dans leur domaine et d’envisager un meilleur avenir au pays d’accueil. Cette étude a mis en évidence l’importance des relations personnelles significatives des étudiants étrangers dans la décision d’immigrer au Canada. Les réseaux de contacts qu’ils ont développés au cours de leurs études et le sentiment d’appartenance avec la société d’accueil ont facilité leur immigration (Arthur et Popadiuk, 2013). Toujours selon l’étude de Arthur et Popadiuk (2013), les superviseurs universitaires et les mentors professionnels sont considérés comme des soutiens relationnels clés pour leur réussite, car certains participants ont indiqué que ces personnes ont changé le cours de leur vie et leur carrière. Dans ce cas, le mentorat constitue un élément important de la transition de l’université vers le marché de l’emploi (Arthur et Popadiuk, 2013). De plus, les auteures mentionnent que ces relations représentent un réseautage authentique qui aide les étudiants étrangers à comprendre les nuances culturelles dans le processus de recherche d’emploi et à établir des contacts précieux avec de potentiels employeurs.

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1.2.2. Étudiants étrangers devenus immigrants et les défis d’intégration socioprofessionnelle

Dans une étude de Arthur et Flynn (2013) portant sur le point de vue et les expériences des étudiants internationaux qui ont transité de l’école à l’emploi dans le but d’immigrer au Canada, on relève que leurs attentes à l’égard de meilleures perspectives d’emploi n’étaient pas satisfaites. D’après les auteures, ceux qui pensent que leurs attentes n’étaient pas satisfaites ont déclaré qu’ils n’ont pas pu obtenir des emplois en lien avec leurs compétences et que leurs perceptions sur les possibilités d’emploi ont changé une fois qu’ils sont devenus des résidents permanents (Arthur et Flynn, 2013). Selon le point de vue des participants, la possibilité de trouver ou de conserver un emploi et l’incertitude dans le milieu du travail canadien constituent des obstacles fondamentaux à leur projet d’immigration (Arthur et Flynn, 2013). De plus, les auteures soulignent que les participants ont décrit le manque d’expérience dans la recherche d’emploi dans le contexte canadien et l’absence de liens ou de réseaux comme des situations problématiques rendant cette transition plus difficile.

Par ailleurs, Belkhodja et Esses (2013) ajoutent que la transition vers la résidence permanente n’est pas toujours un fait accompli pour les étudiants étrangers. Selon ces auteurs, la difficulté de trouver un emploi à la hauteur de leurs compétences représente un véritable défi. Donc, la transition vers la résidence permanente ne garantit donc pas une intégration facile et harmonieuse sur le marché de l’emploi pour ces étudiants qui deviennent des immigrants (Belkhodja et Esses, 2013). À cet effet, les auteurs précisent que dans le processus de recherche d’emploi, l’un des principaux obstacles identifiés est la différence culturelle entre la culture d’origine des étudiants étrangers et l’environnement canadien. Ils avancent que la maîtrise insuffisante de l’anglais constituait l’une des barrières culturelles importantes à l’intégration professionnelle. De plus, ils sont souvent la cible de racisme et de discrimination. Ainsi, les étudiants étrangers qui deviennent des résidents permanents font partie de la population immigrante exposée aux difficultés d’intégration professionnelle dans la société.

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S’intéressant aux influences de la perspective du développement de carrière des étudiants internationaux cherchant à immigrer de manière permanente au Canada, Arthur et Flynn (2011) mentionnent que les difficultés d’ordre culturel, en particulier la langue, constituent des obstacles majeurs rencontrés par les étudiants étrangers dans le processus de transition vers le milieu professionnel. À cet égard, ils expriment des craintes en lien avec une intégration réussie en général et avec leur intégration spécifique sur le marché du travail. Toujours selon les auteures, leurs principales préoccupations consistent à ne pas trouver d’emploi ou à perdre son emploi, car les employeurs ont développé une attitude favorable pour les personnes ayant de l’expérience professionnelle canadienne et défavorable pour ceux qui n’en ont pas. Plusieurs participants de cette étude ont partagé leur sentiment d’inconfort à l’égard des attentes et se questionnent s’ils sont perçus par les employeurs comme des candidats convenables (Arthur et Flynn, 2011). Toujours selon ces mêmes auteures, les points de vue des participants ont mis en lumière les défis et les obstacles rencontrés en vue d’obtenir un emploi à la hauteur de leurs compétences et dans leur domaine d’expertise. Ainsi, les compétences linguistiques et les attitudes parfois discriminatoires des employeurs constituent des obstacles dans le processus de recherche d’emploi.

Dans leur recherche portant sur l’immigration pour étude dans les villes moyennes universitaires de Sherbrooke et de Québec, Guilbert et Prévost (2009) ont fait une distinction entre les immigrants ayant le statut de résident permanent avant d’entreprendre le projet d’étude et les étudiants étrangers dont le statut d’immigration est temporaire. Les auteures soulignent que les motivations et les défis rencontrés par ces deux groupes distincts se ressemblent notamment en ce qui concerne les apprentissages en lien avec leur expérience de mobilité ainsi que le processus de reconstruction identitaire.

Selon Statistique Canada (2017), le fait de réaliser ses études dans les pays d’accueil peut représenter de potentiels avantages pour les étudiants étrangers une fois qu’ils sont devenus des résidents permanents. Toutefois, des recherches réalisées en Australie, au Canada et aux États-Unis ont donné des résultats contradictoires en lien avec leur situation professionnelle. À cet effet, Statistique Canada (2017) a effectué une étude longitudinale nationale en vue de comparer les tendances de revenus pour trois groupes de jeunes diplômés universitaires de 1991 et 2006: les

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anciens étudiants étrangers devenus immigrants, les immigrants ayant obtenu leur grade universitaire à l’étranger et la population née au Canada. Il a été révélé qu’il existe un écart important de revenus entre les immigrants détenant un titre canadien et leurs homologues nés dans le pays tant dans les premières années d’immigration qu’à long terme. Les immigrants de la cohorte de 1991 qui ont fait des études au Canada gagnaient en moyenne 50% de moins pour les femmes et 60% moins pour les hommes que les travailleurs nés au Canada (Statistique Canada, 2017). Toujours selon Statistique Canada (2017) cet écart s’est réduit au cours des dix premières années d’immigration pour passer à 20% chez les femmes et à 31% pour les hommes et ne s’est pas poursuivi ensuite. Statistique Canada (2017) tente d’expliquer cet écart de revenus selon plusieurs facteurs : poursuite des études au-delà du baccalauréat ce qui a réduit le nombre d’années au sein de la population active; difficultés à trouver un emploi après avoir diplômé et manque de réseaux sociaux et de compétences linguistiques.

Par ailleurs, en Australie, Hawthorne et To (2014) ont fait une évaluation en matière de migration de main-d’œuvre auprès des anciens étudiants étrangers l’année suivant l’obtention de leur diplôme. Dans une première étude de cas s’appuyant sur l’Enquête sur la destination des diplômés, les auteures ont analysé les résultats de l’emploi des anciens étudiants étrangers en comparaison aux diplômés australiens dans 11 professions de 2007 à 2011. Les résultats de l’enquête ont démontré que les diplômés étrangers qui sont détenteurs d’un baccalauréat avaient un taux d’emploi inférieur en comparaison aux étudiants australiens quatre mois après l’obtention de leur diplôme (Hawthorne et To, 2014). Cette situation affecte davantage les étudiants étrangers dans les domaines des affaires et du commence, de la comptabilité et des technologies de l’information. Elle concerne également le domaine de l’ingénierie où les deux tiers des ingénieurs migrants sélectionnés en 2009-2010 dans le pays sont affectés dont la plupart avaient transité de l’étude à l’immigration (Hawthorne et To, 2014). De plus, l’enquête révèle que les résultats étaient pires concernant les étudiants étrangers de niveau maîtrise. À cet effet, Hawthorne et To (2014) mentionnent que 87% des étudiants australiens de ce niveau de qualification occupaient un emploi à temps plein quatre mois après leur diplomation contre seulement 39,5% pour les étudiants étrangers. Ces derniers avaient cherché des emplois à temps plein, mais 30% seulement d’entre eux ont pu travailler à temps partiel et 31% étaient sans emploi. Toutefois, les auteurs admettent

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que la politique révisée de migration-étude de l’Australie accorde la priorité à la rétention des étudiants étrangers ayant un niveau en anglais et des qualifications doctorales. Ainsi, les personnes ne parlant pas l’anglais comme langue maternelle étaient systématiquement désavantagées.

Dans une deuxième étude de cas qui analyse le taux d’emploi des anciens étudiants étrangers en comparaison à d’autres immigrants qualifiés sélectionnés à l’étranger basé sur Continuous Survey of Australia's migrants (qui regroupe les niveaux de qualification et les domaines), les résultats sont comparables à l’Enquête sur la destination des diplômés. Les étudiants étrangers ont eu des taux d’emploi sur le marché du travail, mais ils étaient moins nombreux que les autres immigrants qualifiés (Hawthorne et To, 2014).

1.2.3. Les défis de l’intégration socioprofessionnelle des personnes immigrantes

La question de l’intégration socioprofessionnelle des personnes immigrantes issues de la sous- catégorie de travailleurs qualifiés constitue une source de préoccupations pour les chercheurs en sciences humaines et sociales et les autorités gouvernementales. Or, la sélection de ces immigrants s’est faite sur la base des critères bien définis visant à faciliter leur intégration socioprofessionnelle dans la société d’accueil (Arcand et Najari, 2014; Boudabart et Grenier, 2014). Toutefois, dans les écrits recensés des obstacles majeurs en lien avec l’intégration socioprofessionnelle des immigrants qualifiés au Québec sont révélés.

Les études de Beji et Pellerin (2010) montrent que les indicateurs quantitatifs et qualitatifs placent les personnes immigrantes dans une situation défavorable sur le marché de l’emploi comparé aux natifs. Selon ces auteurs, en plus des difficultés évoquées plus haut, les lacunes informationnelles constituent des entraves à l’intégration des immigrants. À cet égard, ils mentionnent que l’accès à l’information pertinente est un enjeu important du processus d’intégration.

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Pour leur part, Arcand et Najari (2014) ont mis en lumière les difficultés des immigrants faisant l’usage de l’anglais dans la région de Montréal dans leur quête des acquis et des compétences. Ils soulignent que ces immigrants étant en décalage avec les orientations des politiques et des pratiques en matière de sélection des immigrants qualifiés au Québec, ils se considèrent comme membre d’une minorité à l’intérieur des minorités (Arcand et Najari, 2014). Ces auteurs avancent que cette situation contribue à renforcer les difficultés et crée de nouveaux défis. Ainsi, ils ont analysé les dimensions économiques de l’intégration, la formation et l’éducation continue des immigrants et les dimensions sociales de l’intégration à partir des données qualitatives collectées en organisant des groupes de discussion. Selon les auteurs, la dimension économique se réfère à l’enjeu de l’insertion rapide à l’emploi. Toutefois, ces immigrants font face à la problématique de la déqualification professionnelle et sont peu préparés aux défis de l’intégration dans un environnement majoritairement francophone. Dans ce cas, un retour aux études pourrait être envisagé (Arcand et Najari, 2014). Toujours selon ces auteurs, la formation continue est au cœur du processus d’insertion à l’emploi en vue de faire face aux difficultés en lien avec les reconnaissances professionnelles et des compétences acquises dans leur pays d’origine.

Toutefois, Arcand et Najari (2014) mentionnent que les programmes de mise à niveau, de formation et de reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) semblent peu adaptés aux spécificités des différents groupes ethnoculturels et linguistiques. Les aspects sociaux de l’intégration représentent l’une des dimensions les plus pertinentes parmi les déterminants de l’intégration socioprofessionnelle des immigrants (Arcand et Najari, 2014). Ils expliquent que les aspects sociaux réfèrent aux difficultés pour les immigrants d’avoir accès à un réseau de contacts élargis peuvent avoir des répercussions négatives sur l’accès à l’information et à l’intégration au marché de travail. De plus, dans une étude portant sur la situation économique des immigrants au Québec, Cousinau et Boudabart (2009) ont constaté une détérioration de la qualité d’insertion des immigrants. Les répercussions de cette détérioration concernent le taux d’emploi plus bas et de salaires plus faibles chez les immigrants malgré une hausse de qualification (Cousinau et Boudarbat, 2009). Ces auteurs affirment que cette situation touche davantage les personnes qui ont immigré à l’âge adulte. Par ailleurs, toujours selon ces auteurs, les conditions salariales des femmes immigrantes semblent encore pires que leurs homologues masculins ou les natifs. Toutefois, ils

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constatent que des progrès ont été réalisés pour celles qui sont arrivées au Québec avant l’âge de 18 ans.

Cette particularité qui ressort dans la littérature concernant les femmes immigrantes montre que ces dernières éprouvent des difficultés plus grandes à intégrer le marché du travail que les femmes natives ainsi que les hommes immigrants. Cette tendance est caractérisée en termes de taux de chômage plus élevé, de revenus plus faibles et plus de déqualification chez les femmes immigrantes (Gauthier, 2013; Cousinau et Boudarbat, 2009). Ainsi, selon Gauthier (2013) les employeurs peuvent entretenir des préjugés basés à la fois sur le sexe et sur l’origine ethnique menant à la sous-valorisation des compétences et des expériences féminines au travail. La possession ou la non-possession de certains réseaux sociaux ou d’un certain capital social peut influencer la façon dont les employeurs évaluent les acquis et les compétences des femmes immigrantes (Gauthier, 2013). De plus, les difficultés d’insertion professionnelles ne se limitent pas aux barrières qui empêchent les personnes immigrantes d’accéder à un emploi. Les études montrent que même lorsqu’elles franchissent cette étape, elles occupent souvent des emplois précaires et mal rémunérés (Pierre, 2005). En ce sens, Beji et Pellerin (2010) mentionnent que la déqualification professionnelle constitue un indicateur de vulnérabilité pour les immigrants ayant obtenu leurs diplômés à l’extérieur du Québec.

De plus, une étude de Premji et Shakya (2017) a mis en lien le sous-emploi, le chômage et la santé chez les immigrantes racisées à Toronto. Cette étude a révélé que la non-reconnaissance des titres et des compétences étrangères, la discrimination au cours du processus de recherche d’emploi ou dans le milieu de travail, l’accès limité aux services et aux réseaux professionnels constituent des obstacles empêchant les femmes immigrantes d’obtenir un emploi décent. Toujours selon ces auteurs, ces obstacles se sont manifestés à l’intersection de la question de la migration, du genre et de la discrimination. À cet effet, certaines participantes interviewées ont éprouvé beaucoup de difficultés en lien avec leur sexe au cours du processus de la migration, ce qui a entraîné des répercussions négatives sur leur situation sur le marché du travail (Premji et Shakya, 2017). Les auteurs mentionnent que les participantes ont décrit certaines contraintes sociales les empêchant d’accéder à un emploi décent en tant que femmes immigrantes racisées. Elles ont mis de l’avant

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les charges élevées du travail ménager et de soins, l’isolement social et le manque de réseaux de soutien, des partenaires masculins non conciliants, le manque de services de garde d’enfants abordables et la mobilité limitée. La situation sociale des participantes en tant qu’immigrantes a influencé leur sentiment, elles ont développé un complexe d’infériorité par rapport aux travailleurs nés au Canada (Premji et Shakya, 2017). Les auteurs soulignent que le sous-emploi et le chômage ont affecté la santé mentale et physique des immigrantes et de leurs familles en raison de l’isolement social et de la représentation des emplois de mauvaise qualité, sans avantages sociaux.

Dans cette même veine, Chicha (2009) dans une étude sur la déqualification des femmes immigrantes à Montréal montre que les femmes membres des minorités visibles provenant d’Afrique, d’Asie occidentale, de l’Amérique latine et d’Haïti ont subi un degré plus élevé de déqualification en comparaison aux immigrantes de l’Europe de l’Est. Selon l’auteure, les obligations familiales laissent peu de place à ces femmes de revaloriser leurs diplômes acquis à l’étranger. De plus, la stratégie familiale visant à prioriser la carrière du conjoint affecte l’apprentissage du français et l’intégration professionnelle de certaines immigrantes. D’après Chicha (2009), la déqualification des immigrantes est à l’intersection du genre, du pays d’origine, de l’état civil et de la langue maternelle. Des auteurs pensent que si les immigrantes envisagent de faire des études dans le pays d’accueil cela peut pallier le problème. Toutefois, Chicha et Deraedt (2009), dans une étude réalisée auprès des immigrantes en Suisse, ont fait remarquer que le retour aux études en vue d’une réorientation de carrière a permis de réduire la déqualification, mais ne l’élimine pas. Dans ce même ordre d’idée, Parasmi, Fausten, et Cheo (2008) dans une étude qui cherchait à savoir si les qualifications australiennes favorisent l’intégration professionnelle des immigrants constatent que les diplômes australiens n’ont pas d’effets significatifs sur l’intégration professionnelle des immigrants.

Par ailleurs, la recherche de Eid (2012) portant sur l’impact de la discrimination à l’embauche à Montréal a mis en lumière les difficultés d’intégration professionnelle que rencontrent certains groupes ethniques racisés au Québec. Dans le cadre de cette étude, 581 paires de CV fictifs aux noms à consonance arabe, latino-américaine et africaine ont été envoyées aux entreprises du secteur privé, aux institutions publiques et aux organisations sans but lucratif pour de vrai offres

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d’emplois qualifiés ou peu qualifiés. Concernant les emplois qualifiés, les résultats de l’étude indiquent que le candidat issu de la majorité a 30,2% de chance d’être appelé pour une entrevue alors que le candidat de la minorité racisée en a seulement 18,3 %. Pour les postes peu qualifiés ou non qualifiés, la tendance se maintient avec 46,4% de chance pour le candidat de la majorité et 28,7% pour le groupe minoritaire. Ainsi, un taux net de discrimination de 34,5% est observé en défaveur des candidats minoritaires dans la catégorie des emplois qualifiés et de 34,7% dans les emplois peu ou non qualifiés. Ce qui infirme l’hypothèse de l’auteur selon laquelle la discrimination serait plus prononcée dans les emplois qualifiés. Toujours selon Eid (2012), à profil égal, le candidat de la majorité a au moins 60% plus de chance d’être appelé dans une entrevue d’embauche que les candidats des minorités visibles. Au Québec, la problématique de la discrimination à l’embauche dans les emplois qualifiés ou peu qualifiées à l’encontre des personnes issues des minorités visibles persiste et elle a été documentée dans cette étude.

De plus, les résultats de la recherche de Eid (2012) montrent qu’au Québec certains groupes minoritaires sont plus discriminés que d’autres. À cet égard, le candidat au nom à consonance africaine a un taux net de discrimination plus élevé en comparaison aux deux autres candidats des minorités visibles. Pour un emploi qualifié, le taux net de discrimination est de 38,3% pour le candidat africain, 33,3% pour le candidat au nom à consonance arabe et de 30,6% pour le candidat latino-américain. En ce qui concerne les emplois peu ou non qualifiés, le candidat au nom africain a un taux net de discrimination de 42,1% contre 35,1% pour le candidat au nom à consonance arabe et 28,3% pour le candidat au nom latino-américain.

Plus loin, les résultats de l’étude ont révélé que la possibilité pour le candidat minoritaire de subir un traitement discriminatoire dans les entreprises privées est de 37,7% contre 22,1% pour le candidat de la majorité. Des résultats presque similaires ont été observés dans les organismes sans but lucratif avec un traitement discriminatoire de 35,5% en défaveur du candidat de la minorité visible. Toutefois, dans les institutions publiques aucune tendance à la discrimination n’a été constatée. Ainsi, Eid (2012) affirme que le taux net de discrimination est de 0% dans le secteur public.

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