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ETAT DES LIEU

Planche 6 Paysages côtiers à Lifou

A Futuna, le linéaire côtier est dominé par des côtes rocheuses (partie nord et est de l’île) et par quelques baies sableuses comme à Vele (planche 5). Le paysage littoral de Lifou est composé en majorité de côtes à falaise (nord-ouest, sud et sud-ouest), mais il abrite aussi quelques baies sableuses (baies de Luengoni, Mou, Peng, Chateaubriand) (planche 6). A noter qu’il n’existe pas de mangrove à Futuna, ni à Lifou.

Ces espaces littoraux et leurs ressources subissent de nombreuses menaces, surtout depuis les trente dernières années, dont l’une, et non la moindre, est l’accentuation de la pression démographique.

2-2 Des ressources naturelles littorales menacées

Les littoraux des îles étudiées abritent une faune et une flore riches fragilisées par les activités anthropiques qui tarissent peu à peu les ressources côtières. Ces activités dégradent de manière irréversible ces milieux littoraux.

2-2-1 Des écosystèmes fragiles

La biodiversité élevée des trois ensembles insulaires diffère selon les espaces considérés (cf. Tab. 17).

Mayotte semble être l’île où la biodiversité est la plus élevée, marine et terrestre, mais avec un faible endémisme (ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, 2004). Les données manquent sur l’île de Lifou, mais les chiffres laissent entendre une biodiversité marine très élevée et, surtout, un très fort endémisme. Enfin, la biodiversité marine à Wallis & Futuna est assez faible, sauf pour les poissons (330 espèces répertoriées) (cf. Tab. 17).

Tab. 17 - Biodiversité marine et terrestre pour chaque ensemble insulaire

biodiversité marine biodiversité terrestre

Wallis & Futuna

- 30 espèces de coraux à Wallis - 330 espèces de poissons - tortue verte

- pauvreté de la faune et de la flore terrestre surtout à Wallis

- 350 plantes vasculaires indigènes - 25 espèces d’oiseaux

Mayotte

- espèces mal connues mais : - 150 espèces coralliennes - 270 espèces d’algues - 239 espèces de poissons - 400 espèces de mollusques

- 629 plantes vasculaires indigènes - 1106 espèces d’insectes

- 35 espèces indigènes d’oiseaux

Lifou

- biodiversité mal connue mais : - plusieurs centaines d’espèces inconnues dans le lagon

- 2 500 espèces de mollusques sur 5 000 ha

- aucune information disponible

D’après : IUCN 2003 et Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer, 2004

Réalisation : Bantos S., 2008

L’insularité des espaces étudiés a conduit la faune et la flore, déjà rares, à évoluer de façon spécifique au cours des millénaires, ce qui les rend rares aussi à l’échelle planétaire (WWF, 2008) et vulnérables lors de l’introduction d’espèces invasives.

Les îles étudiées sont entourées de récifs coralliens frangeant et (ou) barrière et disposent d’un lagon plus ou moins étendu (planche 7). La construction récifale, sous ses diverses formes (récif frangeant, pinacles coralliens, récif barrière) résulte de processus complexes liés aux métabolismes de ses agents, dont les coraux. Le corail, d’une façon simplifiée, est une association d’algues microscopiques et de madrépores rassemblés en colonies et secrétant un squelette calcaire appelé calice. C’est l’un des écosystèmes les plus productifs au monde avec une forte biodiversité que l’on peut comparer à celle de la mangrove. Ils ne sont pas les seuls, toutefois, à construire des récifs. Les algues, notamment les algues rouges, sont également des acteurs importants dans l’édification de l’armature d’un récif, de même que les organismes encroûtants (bryozoaires, lamellibranches, foraminifères, etc.). S’ajoutent les remplissages de bioclastes et de clastes terrigènes liés à l’apport par les courants.

Planche 7 - Lagons

Les récifs coralliens des espaces étudiés revêtent plusieurs formes ; à Futuna, le récif est de type tablier (récif frangeant embryonnaire) au développement variable (de quelques dizaines de mètres à plus de 500 mètres). Alofi est bordée par un récif tablier au nord-ouest (ministère de l’Ecologie, 2004). Le récif frangeant, présent à Lifou, est étroit et récent. Il existe, par places, un récif barrière dont il se distingue par sa taille plus modeste et la localisation de la zone corallienne. Le récif barrière est généralement séparé de la côte par un petit chenal peu profond, que les populations appellent communément le lagon mais qui, géologiquement, n’en est pas un. Le récif-barrière, que l’on trouve à Mayotte et à Wallis, est séparé de la plage par un vaste lagon. Wallis est entourée d’une barrière corallienne régulière et continue, à l’exception de trois passes. La barrière enserre un lagon de 65 km² qui ceinture l’île (ministère de l’Ecologie, 2004). A Mayotte, le récif est une barrière qui mesure 54 km de long sur 36 de large et qui enserre l’un des plus beaux lagons du monde, d’une superficie de 1 100 km² (Fontaine, 1995).

Sur les trois espaces étudiés, on retrouve des zones humides de type différent selon les cas : marécages, estuaires de fonds de baies et laisses de vase des estrans. Ces zones humides, qui se trouvent entre la terre et le littoral, sont des filtres biologiques qui protègent la côte d’incidents sédimentaires. Elles servent également de barrières aux cyclones et aux tempêtes.

Ces littoraux vaseux ont longtemps été délaissés, méprisés. Ils sont pourtant des réserves importantes d’espèces diverses. Tout comme le milieu corallien, ces milieux sont à la fois riches et fragiles. Ces zones humides assimilent les nutriments des organismes fertilisants et les convertissent en « plant-tissues » qui se désagrègent en fines particules et atteignent peu à peu la mer. Dans la zone côtière, les estuaires de fonds de baies cités plus haut, lorsqu’ils sont présents, stabilisent les sols le long des rivières. Les laisses ont permis l’extension de marécages et de mangrove sur le trait de côte, ainsi que le maintien du récif corallien.

La mangrove, fréquente sur les littoraux vaseux en milieu tropical, contribue à l’équilibre du réseau trophique littoral puisqu’elle abrite de nombreux organismes, et notamment des juvéniles d’espèces exogènes à l’âge adulte. Cette zone de forte productivité est un écosystème essentiel à la régulation du CO2 atmosphérique. Elle est aussi un bouclier

contre les tempêtes, stabilise le trait de côte en le protégeant de l’érosion, assimile les excès de nutriments et sert de lieux d’habitat aux oiseaux, aux crabes et aux poissons. La mangrove est un écosystème utile en cas de montée des eaux car elle atténue l’effet « inondation des

terres » et protège ainsi le compartiment arrière du littoral. La mangrove doit être envisagée comme une solution naturelle à mettre en place dans les plans d’adaptation à la montée des eaux, aussi bien sur le court terme que sur le long terme. La mangrove de Wallis a fait l’objet d’un important travail de Cyril Marchand (IRD Nouméa) et Michel Allenbach (UNC), celle de Mayotte a été étudiée dans la thèse de Matthieu Janson (Morphodynamique du littoral de Mayotte. Des processus aux réseaux de surveillance, 2009) dirigée par le professeur Franck Dolique, professeur à l’université des Antilles.

Nous avons vu dans la sous-section précédente la localisation de cette mangrove sur les espaces étudiés.

2-2-2 Des pratiques et des usages excessifs

Les activités à l’origine des dégradations anthropiques, qui seront présentées dans la sous-section suivante, sont la pêche, l’agriculture, l’extraction de sable et le développement de nouveaux moyens de locomotion polluants, sans oublier l’urbanisation du littoral avec une pression élevée exercée sur la bande côtière.

Malgré le faible poids démographique de Mayotte (186 452 habitants), Wallis & Futuna (14 976 hab.) et Lifou (10 320 hab.) par rapport à la population française totale (Source : chiffres des derniers recensements pour chaque île), le trop plein de population sur un espace donné peut pressurer le milieu qui l’accueille. C’est le cas des îles de Mayotte et de Futuna dont l’opposition entre un intérieur des terres vide et un littoral surpeuplé est particulièrement marquée.

La population et les activités sont concentrées sur la bande littorale, coincée entre la mer et les reliefs accidentés à Futuna surtout à l’ouest, dans le district d’Alo qui concentre le plus d’habitants avec des zones principales de peuplement situées à l’ouest de Sigave, au sud et au nord-est d’Alo et à la limite d’Alo et de Sigave (cf. Fig. 24).

Fig. 24 - Répartition du nombre d’habitants par village à Futuna (d’après les données du recensement 2008)

D’après le fonds de carte de Duval C., 2010 Réalisation et conception : Bantos S., 2010

A Mayotte, les densités de population sont particulièrement fortes autour de Mamoudzou, sur Petite Terre, dans les communes de Koungou et le long de la côte est et au nord mais également dans les communes de M’tsamboro, au nord et de Chirongui et de Sada à l’ouest (cf. Fig. 25).

Fig. 25 - Répartition du nombre d’habitants par commune à Mayotte (d’après les données du recensement 2007)

Enfin à Lifou, les densités de population sont faibles à l’échelle de l’île tout comme à Wallis (cf. Fig. 26), mais peuvent constituer des pressions sur le milieu en certains endroits tels les chefs-lieux de Wé à Lifou et de Mata Utu à Wallis, et dans le reste de Lifou à Xepenehe et Hnatalo au nord de Lifou, Drueulu à l’ouest et Mu au sud. A noter que la carte de la répartition de la population par village est basée sur les chiffres du recensement de 1996, faute de données disponibles). A Wallis (cf. Fig. 27), la population est répartie sur les villages côtiers, à l’exception de la partie occidentale, classée zone tabou1.

Fig. 26 - Répartition du nombre d’habitants par village à Lifou (d’après les données du recensement 1996)

D’après le fonds de carte de Duval C., 2010 Réalisation et conception : Bantos S., 2010

Fig. 27 - Répartition du nombre d’habitants par village à Wallis (d’après les données du recensement 2008)

D’après le fonds de carte de Duval C., 2010 Réalisation et conception : Bantos S., 2010

En résumé, Mayotte est surpeuplée, Wallis et Futuna subissent une forte pression sur leurs espaces littoraux. Cette pression est exacerbée sur Futuna en raison de la petitesse de sa bande littorale alors qu’elle est moindre sur Wallis du fait de la présence du toafa (désert, lande à fougères). Lifou est en quelque sorte « vide d’hommes », à l’exception de quelques portions de son espace côtier.

L’importance du peuplement côtier est déterminante en termes d’exposition au risque de montée des eaux. En effet, plus un espace littoral est densément peuplé, comme c’est le cas à Mayotte et Wallis & Futuna, plus cet espace sera vulnérable, au niveau humain, en cas de montée des eaux.

Parmi les pratiques importantes pour leur impact sur la zone littorale, citons tout d’abord l’agriculture. Les sols sont mis en valeur, pour l’essentiel, par des méthodes issues de l’agriculture traditionnelle manuelle, sans mécanisation. Les cultures de base telles l’igname, le taro, la patate douce, le manioc, la banane et l’arbre à pain sont exploitées dans les quatre îles. Les tarodières font partie du paysage agricole traditionnel, sous la forme de banquettes irriguées ou de parcelles semi-inondées à proximité des cours d’eau sur le littoral (Gay, 2008). Cependant, l’agriculture pratiquée sur les bassins versants (selon les techniques de défrichement, de culture sur brûlis, les travaux de terrassements, l’usage d’engrais d’origine industrielle…) est peu respectueuse de l’environnement et pressurise les milieux littoraux et intérieurs (nous en étudierons les effets dans la prochaine sous-section). Il en est de même pour la déforestation, mise en œuvre pour les besoins en bois et en espaces induits par l’aménagement urbain et massivement pratiquée, d’abord sur le littoral, puis sur les plateaux en raison de la saturation des zones littorales.

A noter également l’élevage parmi les pratiques déstabilisatrices de l’équilibre du milieu littoral. L’élevage de porcs (sauf à Mayotte, de confession musulmane) « qui joue un rôle bien plus important dans les relations humaines et l’affirmation sociale à l’occasion des fêtes, que dans l’alimentation quotidienne » (Huetz de Lemps, 1998) continue de polluer le littoral, malgré le recul des enclos vers l’intérieur des terres récemment préconisé par les chefs coutumiers. Cet élevage est traditionnel et familial à Wallis et à Futuna. Le porc ne s’achète pas, il est offert lors de cérémonies coutumières. Les porcs, souvent parqués sur la bande littorale, notamment la bande littorale est (la plus urbanisée) sont en moyenne une quinzaine

par foyer (Eschapasse, 2001). Ce parcage sur la bande littorale favorise la concentration de lisier qui pollue le lagon.

La pêche impacte aussi le milieu littoral. Qu’elles soient influencées par la mer ou la terre (cf. partie II), les sociétés pratiquent toutes une activité de pêche dite traditionnelle ou artisanale à l’échelle des terrains étudiés. La pêche est pratiquée depuis toujours par les Polynésiens, mais également par les Mélanésiens et les Mahorais. Beaucoup de pêcheurs sont à la fois agriculteurs et pêcheurs, et la pêche se pratique à pied sur le platier à marée basse, sur des bateaux à moteur (abandon progressif de la pirogue) avec des filets, à la dynamite (méthode interdite mais toujours usitée) et au poison (dit futu à Futuna, uruva à Mayotte). A Mayotte, les femmes pratiquent la pêche au djarifa qui consiste à la capture des poissons à l’aide d’un tissu (photo 2). A Futuna, les femmes pêchent à la lampe la nuit, à marée basse. Ces pratiques de pêche appauvrissent le lagon, ponctionnent surtout les stocks de juvéniles mais dégradent aussi les herbiers et les organismes coralliens.

Photo 2 - Pêche au djarifa à Mayotte

Source : Bantos S., 2008

Autre activité anthropique à citer dans le contexte de la problématique de la montée des eaux, et non la moindre : le prélèvement de sable, interdit en théorie, mais qui se pratique toujours. Le sable peut être acheté pour la construction des maisons auprès d’entreprises privées, mais aussi de particuliers, car le bord de mer est considéré comme appartenant aux familles. Pour beaucoup, vendre le sable est la seule ressource disponible. Cette activité appauvrit la plage et le lagon et participe à l’érosion des côtes sableuses (voir infra).

Enfin, les moyens de locomotion des populations insulaires ont aussi évolué ; il y a 30 ans, la voiture était encore peu utilisée et les îliens se déplaçaient le plus souvent à pied sur la terre ferme, ou sur des pirogues dans le lagon. La voiture est aujourd’hui très largement utilisée dans toutes les îles, en moindre mesure à Mayotte et à Futuna ; encore très traditionnelles, les gens y marchent beaucoup. A Wallis et à Lifou, le 4X4 est un signe de richesse très fort, bien plus que la maison. Il en est de même pour le bateau à moteur. Ces moyens de locomotion participent à la pollution atmosphérique mais, surtout, la construction induite de routes tout au long des littoraux a modifié l’équilibre écologique. Des arbres ont été arrachés, le sol fragilisé par les travaux (surtout sur les littoraux sableux) mais le problème majeur des routes dans le cadre de notre problématique est le suivant : elles sont parfois si proches du bord de mer qu’en cas de phénomène climatique et (ou) sismique, ces routes sont inondées, détruites, voire emportées (cf. section suivante pour des exemples). La proximité avec la mer rend ces routes dangereuses et vulnérables au risque de montée des eaux.

La déforestation, les pratiques agricoles et pastorales, les prélèvements de granulats et les aménagements sont autant de voies qui, par leurs effets directs et indirects, fragilisent peu ou prou selon les cas, les zones littorales et les rendent plus sensibles au risque de montée des eaux.

2-2-3 Des effets irréversibles

Pollution, phénomènes érosifs et modifications de la faune et de la flore constituent les principales dégradations issues des usages et des pratiques explicitées précédemment.

Commençons par la pollution « introduction directe ou indirecte par l’homme de substances ou d’énergie dans le milieu marin lorsqu’elle a des effets nuisibles tels des dommages aux ressources biologiques » (GESAMP, 1983 dans FAO, 2010). Le terme pollution est au pluriel, se présentant sous différentes formes dans nos quatre îles et s’exerçant sur deux types d’espaces : immergé (les eaux du lagon) et émergé (la plage).

Première catégorie, la pollution des eaux causée par le rejet des effluents de l’activité agricole. Des pesticides et fertilisants sont utilisés en faible quantité certes, sur tous les terrains. Par temps de pluie et en particulier lors de la saison des cyclones de novembre à avril, l’afflux des précipitations provoque un phénomène de ruissellement. Les nutriments sont alors entraînés en direction des eaux du lagon par les rivières et les nappes phréatiques.

Les eaux du lagon polluées entraînent un déséquilibre du milieu récifal. L’excès d’éléments chimiques détruit le milieu marin et provoque une eutrophisation qui se traduit par une augmentation d’algues. Le taux d’oxygène dans l’eau diminue et les espèces sont étouffées. De même, la turbidité de l’eau augmente en raison des proliférations planctoniques et algales et entraîne la mort des édifices coralliens. Quand on sait que les récifs permettent de ralentir les effets de montée des eaux pour le littoral en cas de cyclone par exemple, leur disparition est d’autant plus préjudiciable dans le cas d’une montée des eaux sur le temps long.

Deuxième source, la pollution par les effluents industriels, relativement limitée dans les trois zones d’étude. En effet, les terrains étudiés comptent peu de bâtiments industriels. Il faut noter cependant des rejets d’hydrocarbures dans les zones « portuaires » et de mouillage des bateaux, surtout à Mayotte, dans le port de Longoni au nord-est de l’île.

La pollution domestique constitue, à l’échelle des trois territoires étudiés, la principale source de pollution. Le déversement des eaux usées est plus ou moins important selon la localisation de l’habitation sur le littoral, suivant la longueur du littoral ou encore s’il s’agit d’un déversement direct ou non. En effet, il n’existe pas de traitement collectif des eaux, ni de système d’assainissement. A Futuna, l’eau des caniveaux est directement déversée dans le lagon, les cochons vivaient librement sur le platier et polluaient le lagon tout comme à Wallis. Ils sont maintenant parqués, du moins en théorie. La pollution domestique d’origine organique est significative mais son influence sur les processus qui peuvent déstabiliser le littoral est limitée. Une grande partie de cette matière organique est biodégradable et la minéralisation est d’autant plus facile que l’on se situe dans des latitudes à climat actif. La pollution domestique physique, à travers les déchets solides produits par l’homme, est volumineuse et s’accroît avec l’arrivée de produits importés. Elle est plus difficile à gérer sur de petits espaces (comme ceux étudiés) que sur des continents. Par exemple, le volume des déchets n’est pas suffisant pour qu’un traitement ou un recyclage local soit envisagé. Par conséquent, la gestion des déchets est compliquée et représente également un coût élevé. Cette pollution physique est très visible, mais son impact est encore limité sur le risque montée des eaux. On pourrait même dire qu’en certains endroits, elle contribue à réduire le risque puisque nombre de déchets solides sont employés par les îliens pour construire des défenses contre l’érosion marine.

Les populations locales de nos trois zones d’étude n’ont été que très tardivement sensibilisées à la collecte des déchets. Pendant longtemps, les déchets domestiques étaient abandonnés sur le littoral. A Mayotte et Futuna, les décharges sont à ciel ouvert comme celle de Dzoumogné à Mayotte, et celle de Futuna (planche 8). A Lifou, les décharges municipales sont situées dans d’anciennes carrières abandonnées et les déchets polluent la nappe phréatique. A Wallis, une décharge a été construite dans les normes au centre de l’île il y a trois ans et une autre est en construction à Futuna.

Planche 8 - Décharges

Les activités nautiques sont également un foyer de pollution dans le lagon (notamment par les hydrocarbures), mais restent une source de pollution relativement discrète, le tourisme constituant une activité peu développée donc à faible impact. Les destructions physiques liées aux mouillages sauvages des bateaux sur zones coralliennes fragilisent cependant les fonds.

La pollution, majoritairement d’origine anthropique, est accentuée par les phénomènes naturels suivants qui seront étudiés en détail dans la section qui suit :

• les cyclones engendrent des pluies abondantes qui font diminuer la salinité des eaux du lagon et augmenter sa turbidité ;

• les courants ramènent les effluents rejetés au loin dans le lagon et, combinés à des vents forts, créent des courants circulaires empêchant leur dispersion ;

• la faible profondeur du lagon freine l’élimination des matières organiques par les courants.