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La pauvreté : une situation d’infériorité dans l’espace social

I. Les conséquences non-financières de la pauvreté

I.2 La pauvreté : une situation d’infériorité dans l’espace social

Historiquement, l’échange économique intermédié par l’argent a connu une extension jusqu’à recouvrir la quasi-totalité des échanges commerciaux. L’argent permet en effet de procéder à des évaluations précises et impersonnelles, plus rationnelles que les équivalences approximatives du troc. L’abstraction et la rationalité qu’implique le recours à un intermédiaire monétaire constituent d’ailleurs deux fondements de la modernité. En devenant le lien prévalent entre les hommes, l’argent s’est substitué à d’autres types de rapports sociaux. Du fait de ce rôle économique d’intermédiation, l’argent n’est plus simplement une chose, une valeur abstraite, mais une forme d’interaction sociale, ce que Georg Simmel a voulu mettre en avant dans La philosophie de l’argent. Dans cet ouvrage, après avoir analysé le rapport entre argent et valeur – montrant notamment que les changements dans la nature de l’argent (des pièces de métal précieux vers le papier monnaie) lui confèrent une fonction de plus en plus symbolique – Simmel étudie les interactions qui existent entre l’argent, l’individu et la société moderne, discutant notamment les liens étroits qu’entretient l’argent avec de nombreux phénomènes sociaux, notamment la culture, le pouvoir ou le temps. Selon lui l’argent, via les échanges constants qu’il rend possible, est la structure centrale qui entretient

le mouvement permanent de la société moderne.156

Bien qu’il ne semble guère apprécier la nature impersonnelle des interactions dans la société moderne, Simmel affirme que l’argent est libérateur pour l’individu, dans la mesure où il permet l’accès à la propriété privée et le développement de nouvelles relations, indépendantes des distances physique et sociale entre les êtres. Cependant, Georg Simmel note aussi la tendance « moderne » de la société à évaluer de plus en plus les individus en fonction de l’argent. Des relations sociales se mettent certes en place par le biais de l’argent, mais ces relations sont selon lui exprimées en termes de coûts et bénéfices, donc réifiées en alliances momentanées et impersonnelles. Il estime inévitable que les interactions sociales soient de plus en plus dictées par l’argent que les individus possèdent, ou par les apparences

156 Dans l’article « The Sociology of the Sociology of Money : Simmel and the Contemporary Battle of the

Classics », Journal of Classical Sociology, 2003, vol.3, n°1, p.67-93, Mathieu Deflem se penche sur la façon dont l’argent a été abordé par les sociologues en tant qu’objet sociologique. « Marx s’est intéressé à l’argent au sein d’une étude plus globale du mode de production capitaliste ; Weber a discuté de l’économie monétaire en lien avec les tendances plus larges de la société à la rationalisation ; et Durkheim s’est concentré sur les structures morales de régulation au sein desquelles l’argent prend une signification sociale. […] un élément frappant dans les écrits de Simmel, comparé à Marx, Weber et Durkheim, est son refus de spécifier une force- clef dans l’évolution vers la modernité. La totalité des parties formellement interconnectées constitue la modernité, pas son explication en référence à l’économie capitaliste (Marx), à l’influence mutuelle de la culture et de l’économie (Weber), ou au changement de nature de la morale du fait de l’industrialisation (Durkheim). En conséquent, Simmel peut étudier la monnaie ‘en tant que telle’. » (p.86, 94) (traduction de l’auteur).

qui laissent présumer de leur richesse ; l’on peut alors encore plus parler de la dimension symbolique de l’argent. L’argent participerait donc d’un rapport social inégalitaire qui pourrait trouver une traduction dans le champ politique.

Tout en effectuant une analyse très différente de la modernité et de l’argent – dans lequel il voit un symbole du capitalisme résultant de la transformation du travail exploité en valeur – Marx aboutit également à la conclusion que l’argent n’est pas simplement un moyen d’échange mais un rapport social, plus précisément selon lui un rapport de domination.

Il apparaît dès lors que la pauvreté n’implique pas simplement une situation matérielle de privation mais signifie une position d’infériorité dans l’espace social, voire de stigmatisation du fait que les individus exposés à la pauvreté ne peuvent pas dans l’interaction sociale feindre l’aisance. Nous avons vu qu’au sein d’une société de consommation, ils sont jugés sur leurs apparences, évalués en tant qu’individus en fonction de leur dénuement financier. Si l’argent a des effets émancipateurs, encore faut-il en posséder. Les plus pauvres n’ont pas d’autre choix que celui de dépenser le peu d’argent qu’ils ont pour l’obtention du nécessaire, au contraire des plus riches qui, une fois satisfait l’ensemble de leurs besoins, peuvent profiter du caractère malléable et impersonnel de l’argent pour le plier à leurs désirs et le dépenser, l’épargner ou l’investir. Au travers de la possession d’argent, et de la multiplicité des usages que l’on peut en faire, se dessine l’espace social des inégalités contemporaines.

La participation à la vie sociale reflète pour partie ces inégalités. Être exclu de la consommation, c’est être exclu d’une partie non-négligeable de la vie sociale. Par bien des aspects, la pauvreté semble constituer un obstacle au tissage de nouvelles relations sociales et au maintien de son réseau relationnel. Avoir l’occasion de rencontrer des personnes pour pratiquer des activités communes ou pour le simple plaisir de se voir, participer à des associations, rendre visite à des amis ou à la famille sont des éléments importants de la sociabilité que le manque d’argent rend plus difficiles. La sociabilité est ainsi affectée par la pauvreté. La plupart des études réalisées dans les pays développés tendent cependant à nuancer ce propos, ce qu’il convient d’exposer en relativisant l’effondrement des liens sociaux à l’œuvre dans l’exclusion sociale des pauvres. Si les pauvres font effectivement l’expérience d’une réduction de leur espace relationnel, si certains doivent affronter un isolement social douloureux, l’on ne peut pas pour autant parler de destruction du lien social, celui-ci prouve au contraire souvent sa force en résistant au malheur, en activant des

solidarités familiales puissantes. Dans quelle mesure l’isolement social est-il une conséquence de la pauvreté ?

La sociabilité est en grande partie évaluée en fonction de la participation à des activités extérieures. Certes, sur ce point, la sociabilité des individus les plus pauvres est réduite par rapport aux formes jugées « normales » de la vie sociale : cinéma, sorties culturelles, pratique d’un sport, rencontres au café, restaurant… sont des activités qui relèvent de ce superflu que la pauvreté rend inaccessible. Deux éléments fondateurs de la vie sociale, le partage et l’échange, sont ainsi menacés. Étant donnée leur précarité financière, les pauvres ne peuvent partager les divertissements de personnes dont le niveau de vie est par trop différent du leur. Il devient également difficile pour eux de nouer de nouvelles relations qui supposent généralement le partage d’activités extérieures, hors du foyer, et impliquent d’exposer son être au moment même où il se trouve affaibli par une situation financière stigmatisante. Le repli leur permet de se soustraire à des souffrances et de sauver la face. L’autre élément fondateur du lien social sur lequel il convient de s’attarder ici est l’échange, repéré par Marcel Mauss dans son « Essai sur le don »157. Mauss démontrait, à partir d’une documentation ethnologique variée, le caractère doublement ambivalent de cette institution. Tout d’abord, le don libéral et gracieux est tacitement suivi d’un contre-don qui se doit d’être adéquat en regard de la première prestation ; le contre-don rétablit un équilibre. Une contrainte sociale implicite mais des plus normatives régente le contre-don, soulignant le caractère finalement pas si « gratuit » du don, qui amorce en réalité un échange. Or pour les plus pauvres, le contre-don, en proportion du don reçu, est impossible ; le don peut donc être perçu comme un geste de charité, avec la dimension condescendante que cela peut recouvrir, alors même que la relation devrait être égalitaire. Ce qui amène Mauss à développer le second paradoxe du don, à savoir sa dimension agressive, puisqu’en donnant, le donateur n’agit pas simplement par sympathie mais se crée un obligé. L’absence de réciprocité au don implique dans un premier temps une perte de prestige (déshonneur, assimilation à des tares telles que l’avarice ou le fait d’être intéressé) et dans un second temps la rupture de la relation. Lorsque les individus sont confrontés à la pauvreté, des situations d’isolement et d’exclusion sociale apparaissent qui sont liées à un double mouvement : d’une part, ces personnes peuvent choisir de restreindre leur sociabilité en raison de contraintes budgétaires et pour échapper à des regards ressentis comme scrutateurs, stigmatisants ; d’autre part, leurs relations peuvent

157 MAUSS, Marcel, « Essai sur le don : forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques » dans

s’écarter, consciemment ou non, en rendant les relations sociales plus difficiles, en faisant du contre-don un enjeu de pouvoir dans la relation.

Si les enquêtes menées sur la pauvreté dans les sociétés développées démontrent que le cercle relationnel des personnes confrontées à des difficultés financières tend à se restreindre, elles soulignent également que la sociabilité familiale se maintient généralement et peut même se trouver renforcée. La sociabilité ne se réduit pas à la participation à des activités collectives et à des sorties hors du foyer. Ce qui protège les individus des risques d’isolement social, c’est d’abord une sociabilité interne qui privilégie les relations familiales et amicales suivies. Une enquête réalisée en France par la D.R.E.E.S. en 2003 auprès d’allocataires de minima sociaux sur leur participation à la vie sociale158 conclut que des contacts réguliers se maintiennent entre les bénéficiaires de minima sociaux et leurs familles. Ces contacts sont moins souvent physiques qu’ils ne le souhaiteraient mais les contacts téléphoniques demeurent. Si l’on exclut les contacts strictement téléphoniques, seuls 10% des allocataires du R.M.I. n’ont pas de relations directes avec leur famille ou des amis, contre 4% pour l’ensemble de la population. Cet écart s’explique essentiellement par la moindre fréquence des rencontres amicales (du fait des possibilités réduites de sociabilité extérieure) ; en revanche, très peu d’allocataires ayant de la famille déclarent n’avoir aucun contact avec elle. La famille est en outre le premier pourvoyeur d’aide en cas de difficultés pour les allocataires de minima sociaux. « Les aides concrètes, hébergement, aides en nature, services, leur paraissent plus faciles à obtenir auprès de leur famille, de leurs amis ou d’autres personnes de leur entourage [que les aides financières]. Les allocataires s’adresseraient plutôt aux associations pour obtenir une aide financière, associations qui d’après eux la leur

accorderaient aussi volontiers qu’une aide en nature ou au logement. » 159 Ces aides ne

suffisent pas toujours à endiguer le sentiment d’isolement social des individus, en particulier lorsque ceux-ci n’ont pas de conjoint. Au bout du compte, seuls 10% des personnes interrogées disent ne pouvoir compter sur aucune aide extérieure en cas de difficultés, parmi lesquelles les personnes sans famille, extrêmement isolées, mais aussi certaines personnes entretenant des contacts réguliers avec leur famille ou leurs amis. « La fierté et la peur des réactions négatives peuvent les empêcher de faire appel à leur entourage en cas de situation

158

BELLEVILLE-PLA, Anne, « La participation à la vie sociale des allocataires de minima sociaux », Études et

Résultats, DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques), décembre 2004,

n°359, 8 p.

159

difficile. Ces allocataires sont d’ailleurs plus nombreux qu’en moyenne à déclarer ressentir la

perception d’un minimum social comme une situation dévalorisante. »160

L’entourage relationnel représente des possibilités de recours dans le cadre de stratégies d’entraide, voire un rempart permettant d’éviter ou de retarder une éventuelle déchéance. Ces solidarités familiales, amicales ou locales apportent un soutien matériel non négligeable et un soutien moral indispensable. Ces solidarités varient à l’échelle internationale. En Europe du Sud, comme c’est le cas de l’Espagne, les solidarités familiales sont plus fortes et la vie indépendante plus rare pour des raisons traditionnelles et pratiques, ce qui a des conséquences directes sur les politiques assistancielles. « Dans le cas de l’Europe latine, le modèle de ‘solidarité familiale et de parentèle’ (family/kinship solidarity model), que ses principales caractéristiques distinguent des autres modèles, a été prédominant. […] Les pouvoirs publics ont tenu pour acquis l’existence d’une forte obligation morale entre les membres de la famille, élément parfois reflété par les législations. Cela explique que dans les pays latins ‘familialistes’, les pouvoirs publics aient prévu des budgets en direction de la

famille bien inférieurs aux pays plus ‘défamiliarisés’ de l’Europe du Nord. »161 Serge Paugam

s’est également appuyé sur des analyses quantitatives et qualitatives pour montrer que différentes conceptions de la pauvreté se manifestent à travers la façon dont les sociétés nationales conçoivent le lien social et distribuent les rôles respectifs de la famille, du marché, de l’État et des organisations caritatives162. Dans les pays d’Europe du Sud, la pauvreté est « intégrée », ce qui signifie que les pauvres, en outre plus nombreux dans la population, ne subissent pas de stigmatisation du fait de leur faiblesse financière ; contrairement aux pays où la pauvreté est « marginale » (Europe du Nord) ou « disqualifiante » (France, Angleterre). L’intégration sociale des plus pauvres, en termes de relations familiales, amicales, de voisinage, est plus intense dans les pays du Sud que dans les pays du Nord de l’Europe. Cette typologie, qui sert une comparaison européenne, ne renvoie pas uniquement à la question de la sociabilité. La pauvreté disqualifiante n’est pas liée qu’aux problèmes de l’isolement social et de la stigmatisation des plus démunis, en ce sens elle ne renvoie pas simplement au

processus d’exclusion sociale mais participe du fonctionnement du système social dans son

ensemble. La pauvreté a des conséquences en termes de configuration sociale, elle a donc

160 Ibid., p.5. 161

MORENO, Luis, Ciudadanos precarios. La « última red » de protección social, Barcelona, Ariel sociología, 2000, p.122-123 (traduction de l’auteur).

162 PAUGAM, Serge, Les formes élémentaires de la pauvreté, Paris, Presses Universitaires de France, coll. Le

éminemment à voir avec le politique. Être pauvre dans une société riche, qui n’offre pas de perspectives d’intégration sociale à l’ensemble des citoyens, conduit à les disqualifier, à leur faire perdre confiance en eux ainsi que dans le système politique. Ce processus de stigmatisation peut déboucher sur de l’apathie politique.

Au-delà de la sociabilité avec des proches, familles ou amis, qu’advient-il des relations sociales des individus confrontés à la pauvreté ? Hormis la participation associative, rares sont les indicateurs qui permettent de l’étudier. Cet indicateur est d’autant plus intéressant dans le cadre de cette étude, que la participation à une association constitue un témoignage d’ouverture aux autres, d’engagement dans un groupe qui dépasse la sphère intime, qui peut donc être à la base de sentiments d’appartenance collective, voire d’une incorporation de la citoyenneté. Mais la participation associative semble particulièrement réduite parmi les catégories défavorisées. D’après l’enquête de la D.R.E.S.S., en France, seuls 10% environ des bénéficiaires de minima sociaux participent à une association contre 43% dans la population générale. C’est un écart très fort, notamment en regard des écarts mentionnés précédemment en matière d’intensité des relations familiales et amicales qui étaient de l’ordre de 6 points. Plusieurs facteurs expliquent conjointement cette ampleur : « une raison financière tout d’abord, liée à la nécessité de s’inscrire à un club ou à une association. Une deuxième explication réside aussi, sans doute, dans les problèmes de santé que mentionnent nombre d’allocataires. […] Enfin, un troisième type d’explication fait davantage référence à des problèmes d’estime de soi : ressentant leur situation sociale et financière comme dévalorisante, les allocataires de minima sociaux apparaissent moins enclins à adhérer à un groupe et à des activités collectives. Par ailleurs, lorsqu’ils sont adhérents à une association, les bénéficiaires de minima sociaux y sont moins souvent actifs, et surtout y occupent moins

souvent des postes de responsabilité que le reste de la population. »163 En ce qui concerne la

participation associative, des obstacles de diverses natures rendent difficile voire improbable l’implication des pauvres dans un collectif. Encore une fois, il existe sur ce point des contrastes au sein de l’Europe : si les réseaux informels de relations ont davantage d’importance en Europe du Sud, en revanche, en Europe du Nord, les organisations formelles occupent une grande place. Ainsi, la participation associative est très notablement plus forte dans les pays du Nord, y compris parmi les catégories plus défavorisées.

163

La pauvreté place les individus qui y sont confrontés dans des relations sociales où ils sont presque toujours en position d’infériorité. Dans la confrontation sociale symbolique dont ils sortent perdants, ils n’ont pas accès à des biens ou à un statut qu’ils pourraient vivre comme une valorisation d’eux-mêmes, de leur identité, de ce qu’ils peuvent apporter à autrui, ainsi la dévalorisation s’affirme-t-elle comme leur principal rapport au monde. Ils font l’expérience de l’humiliation dans l’échange comme dans le partage, ce qui les pousse à se retrancher dans une sphère intime – d’étendue variable selon les individus – au sein de laquelle ils peuvent préserver leur amour-propre et trouver du réconfort. Quelle peut être la traduction d’un tel repli sur le plan politique ?

La faible participation associative peut laisser présager une certaine passivité, des difficultés à s’identifier à un groupe large et diversifié, un désir de ne pas se mettre en avant de peur de s’exposer à des propos blessants, une volonté d’« éviter les complications ». Entre « bonheur privé » et « action publique » (Hirschman), les personnes exposées à la pauvreté privilégieraient donc le premier, fuyant en quelque sorte la dureté du quotidien et des regards extérieurs pour un confort sans doute chiche mais sécurisant, contrairement à l’action publique (manifestation, prise de parole, participation à une conversation, candidature à une fonction d’élu, etc.) qui expose au jugement d’autrui. Toutefois, le maintien – quoique inégal – de la sociabilité familiale implique une appartenance à un petit groupe qui permet à l’individu de se positionner au sein de la société (comme membre de ce groupe par opposition à d’autres), ainsi que des discussions, éventuellement politiques. Il y a plus de deux siècles, le philosophe et homme politique Edmund Burke n’écrivait-il pas : « C’est au sein de nos familles que commencent nos affections politiques et l’on peut dire qu’un homme insensible aux liens de parenté ne fera jamais un citoyen dévoué à son pays. De nos familles nous passons au voisinage, aux gens que nous fréquentons et aux séjours que nous aimons dans notre province. »164. Selon lui, l’individu trouve dans son attachement à sa famille et à sa catégorie sociale le premier stade d’une affection qui le mène à l’amour « de la patrie et de l’humanité », termes que Burke affectionne. Les sentiments nés dans la vie privée sont à la base des sentiments publics. Cette idée comporte une certaine naïveté surannée et mériterait sans doute d’être discutée, l’on ne peut cependant qu’être surpris par sa pertinence en regard

164 BURKE, Edmund, Réflexions sur la Révolution française, Paris, Hachette, coll. Pluriel, 1989 [1ère éd. 1790],

p.252.

Burke fut longtemps réduit à sa lutte contre le régicide et l’athéisme de la Révolution française, à sa critique des droits de l’homme, d’où son image de réactionnaire. Certes opposé à la démocratie, proche selon lui de la tyrannie, ses écrits et sa vie politique nous rapportent un portrait plus nuancé. Il défendit notamment les pouvoirs du Parlement contre la Couronne, ainsi que l’émancipation des colonies d’Amérique.

de la transmission intergénérationnelle des sensibilités politiques165. En effet, les études de science politique insistent sur l’importance de la socialisation politique, dans la formation des attitudes et dans l’aptitude à se situer dans le réseau conflictuel de la société globale. Les