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Une pluralité des cultures du paysage pour aborder la problématique paysagère

2. Des démarches différentes de prise en compte du paysage

2.1. Des participations à l’élaboration de politique ou projet divers

Au début des entretiens, nous avons interrogé nos interlocuteurs sur les activités qu’ils menaient sur leur territoire, afin de connaître la nature de leurs actions sur la thématique paysagère et identifier ainsi les démarches de prise en compte du paysage. Nous leur avons ensuite demandé, depuis combien d’années, ils exerçaient leur activité, pour établir d’éventuelles incidences sur leurs représentations. Au moment de conclure notre rencontre, les acteurs ont indiqué leur niveau de formation afin que nous puissions identifier les caractéristiques de leur formation.

Les personnes que nous avons interrogées, lors des entretiens, ont un niveau de formation supérieur ou égal au baccalauréat pour plus des trois-quarts d’entre elles. Dans plus de la moitié des cas, le niveau est supérieur à bac+3, il est atteint par tous les professionnels et techniciens, mais aussi par quelques représentants d’association, un élu et un forestier.

Figure 102 : Un niveau de formation très élevé 0 1 2 3 4 5 BEP BAC BAC+2 BAC+3 BAC+4

BAC+5 Les agriculteurs et les

forestiers Les représentants d’associations Les professionnels Les techniciens Les élus

Le niveau de formation est acquis le plus fréquemment lors de la formation initiale, d’autres acteurs y sont parvenus dans le cadre de la formation continue et interne à leur profession. Ce dernier cas concerne des techniciens qui accèdent au grade d’ingénieur par les cours du CNAM ou des agriculteurs en particulier. Hormis la majorité des représentants d’association et quelques élus, les formations des acteurs satisfont les fonctions qu’ils exercent. Les formations des acteurs ont été réalisées lors de la préparation aux diplômes de paysagistes DPLG dans les écoles de Versailles ou Bordeaux, mais aussi à l’université pour des : DEA en écologie, DESS espace rural et environnement, DESS aménagement rural, DESS conservation et aménagement du patrimoine ou Maîtrise de gestion des infrastructures touristiques, pour citer les plus caractéristiques. Deux élus ont bénéficié d’une formation dans le domaine de l’environnement et de l’aménagement. La formation initiale des acteurs avait été déclarée comme instigatrice de l’appréhension du concept de paysage, pour plus d’un quart d’entre eux, au début de notre enquête.

2.1.1. Des acteurs aux longues expériences

Les acteurs que nous avons rencontrés, possèdent pour la plupart, une longue expérience de terrain. Le cas des élus est cependant différent puisqu’il est lié à une élection, leur expérience dans ce domaine dépend donc de cette dernière. Ceux que nous avons interrogés réalisaient pour la plupart leur troisième mandat, principalement dans de petites communes. Les élus rencontrés siégeaient en même temps dans diverses structures intercommunales. Quant au groupe des techniciens, ce sont ceux de la DDE qui bénéficiaient de l’expérience la plus longue, l’inspectrice de sites de la DIREN et l’ingénieure divisionnaire du Conseil Général du Territoire de Belfort étaient plus novices dans la profession. La durée d’exercice des professionnels que nous avons interrogés, s’étalait d’une année à vingt-quatre années

réalisées dans une même structure. Ce sont pour les représentants d’associations, que les observations sont les plus nombreuses. Ces personnes interrogées militent pour la plupart, depuis de très nombreuses années, deux d’entre elles y sont depuis plus de trente ans. Un profond militantisme caractérise certainement ces acteurs qui agissent pour des causes particulières comme la création de sentiers de randonnées, l’aménagement de la RN 57 ou la protection de l’environnement sur leur territoire. Leur mise en retraite renforça leur activité associative. Dégagés de leurs contraintes professionnelles, ils occupent de nombreux sièges dans plusieurs structures et sont particulièrement présents lors des réunions auxquelles nous avons assisté dans le cadre de notre recherche. Leur connaissance du réseau relationnel régional sur la thématique du paysage est importante. Le groupe des agriculteurs et forestiers est le plus expérimenté dans leur activité, la majorité d’entre eux ont plus de trente ans d’exercice. Deux d’entre eux sont particulièrement actifs dans le domaine politique, en tant que membres de syndicats agricoles et élus.

Figure 103 : Durée d’exercice de l'activité

0 5 10 15 20 25 30 35 40

Les élus Les

techniciens Les professionnels Les représentants d’associations Les

agriculteurs et les forestiers

Les acteurs que nous avons interrogés, bénéficient donc pour la plupart d’une solide expérience professionnelle, à travers laquelle la thématique paysagère est susceptible d’être davantage prise en compte dans leurs activités.

2.1.2. Des activités variées autour de la problématique paysagère

Nos interlocuteurs interviennent à différentes échelles territoriales. Une partie d’entre eux, agissent au niveau local, à l’échelle de leur commune ou d’un site particulier. Les nouveaux territoires créés par les lois d’aménagement de 1999 - LOADDT - les communautés de communes ou les Pays, constituent une autre échelle d’action. Le département compose un dernier territoire d’investigation important pour les personnes dont nous avons recueilli le témoignage. Les autres échelles d’intervention

sont moins fréquentes que les précédentes, elles concernent le territoire français, des territoires constitués de plusieurs départements ou celui défini par les limites du PNRBV.

Figure 104 : Les échelles d’intervention des acteurs interrogés

à l'échelle nationale à l'échelle du PNRBV

à l'échelle de plusieurs départements à l'échelle du département

à l'échelle intercommunale à l'échelle locale

Les interventions des acteurs interrogés se répartissent dans deux domaines différents pour lesquels le paysage est concerné de façon diverse, le premier a trait à la mise en œuvre de politiques, le second à celle de projets, d’opérations d’aménagement. La participation de nos interlocuteurs à la mise en place de politiques est plus rare que celle qui concerne les projets.

Figure 105 : Des participations orientées davantage vers la réalisation des projets

participation à la mise en œuvre de projet participation à la mise en œuvre de politique

Vers la mise en œuvre de projets ou d’opérations d’aménagement

La participation des acteurs à la maîtrise d’ouvrage et d’œuvre de projets d’aménagement a concerné des modifications de routes comme la RN 57 ou RN 19, des créations de places publiques, de bâtiments agricoles ou de lotissements communaux, par exemple. Certains d’entre eux ont été maîtres d’œuvre dans la constitution de diagnostics territoriaux pour ces opérations d’aménagement ou ont

réalisé les pré-études d’impacts. Quelques acteurs ont collaboré à l’établissement de réglementations et mesures de protection de certains milieux – contrats de rivières, Natura 2000 par exemple – ou participent à leurs applications. Enfin, quelques personnes interrogées ont participé à la construction de sentiers de randonnées et de belvédères.

Figure 106 : Nature des participations des acteurs interrogés à la mise en œuvre de projets ou opérations d’aménagement

participation à la maitrise d'ouvrage ou d'œuvre dans un projet d'aménagement sensibilisation, formation pour la mise en œuvre d'un projet

participation à la création de mesures de protection constitution de diagnostics territoriaux

participation à la construction sentier de randonnée et belvédères

La sensibilisation des publics à ces différentes opérations d’aménagement, a été réalisée par d’autres acteurs, sur demande des maîtres d’ouvrage. Ces derniers semblent rechercher davantage l’assentiment des publics concernés par leur projet. La médiatisation de l’aménagement de la RN 19 en est une représentation. Un site Internet diffuse des informations diverses et offre surtout un espace de communication grâce à un forum de discussion. Quelques maîtres d’ouvrage veillent donc à accompagner leur projet en informant la population sur ses enjeux et conséquences sur l’environnement, cependant cette démarche n’est pas encore coutumière.

Vers la mise en œuvre de politiques

C’est dans l’aide à la mise en œuvre de politiques d’aménagement que nos interlocuteurs disent agir le plus souvent. Leur participation s’inscrit dans l’élaboration de documents d’urbanisme comme les POS ou les PLU actuels. La constitution de diagnostics territoriaux, comme études préalables à la mise en place de politiques pour lesquelles le paysage est concerné, constitue un autre registre d’activité pour les acteurs interrogés. Ainsi certains d’entre eux ont contribué à la réalisation de la phase diagnostique de chartes de Pays, de plans forestiers ou de plans de paysage. Quelques acteurs ont participé quant à eux à la mise en œuvre de

plans de paysage sur un territoire. Leur rôle a consisté à guider les élus dans les différentes démarches inhérentes à sa mise en œuvre ou à fédérer les acteurs autour de ce projet de politique. Certains ont été maître d’œuvre pour la réalisation de plans de paysage. Enfin, quelques acteurs ont été à l’instigation ou ont été présents à des journées de sensibilisation et formation sur les politiques paysagères.

Figure 107 : Nature des participations des acteurs interrogés à la mise en œuvre de politiques paysagères

aide à la mise en œuvre de politique d'aménagement constitution de diagnostics territoriaux

mise en œuvre de plan de paysage

sensibilisation, formation auprès des acteurs

Ce panel d’activités liées à la mise en œuvre de politiques ou la réalisation d’opérations d’aménagement, pour lesquelles le paysage est pris en compte, traduit une partie de la diversité des problématiques paysagères abordées par les acteurs que nous avons interrogés.