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Analyse sémantico-référentielle de part dans ses emplois non-spatiaux

3. Part, de la partition à la participation

Si c'est la notion de partie/tout qui est intuitivement convoquée pour décrire part, nous sommes toujours animée par la volonté d'aller au-delà de la stricte partition pour, d'une part, affiner la description sémantique de ce mot, et d'autre part, atteindre les objectifs contrastifs que nous nous sommes fixé: on peut en effet supposer que c'est en-dehors du terrain de la partition que les différences entre part, partie et portion vont apparaître. Nous l'avons montré supra concernant la facette quantitative de part.

Nous allons voir ici qu'un autre axe d'analyse se révèle être un terrain tout aussi fertile que celui de la quantification: l'examen de part parallèlement à la notion d'attribution. Aborder

part sous l'angle de la relation d'attribution se justifie pour au moins trois raisons:

1° Tout d'abord, cette analyse nous semble pertinente car elle apparaît en filigrane dans toutes les descriptions lexicographiques de part, ce qui nous met sur la piste d'un lien sémantique fort entre part et la notion de d'attribution. On remarquera tout d'abord que les dictionnaires consultés111 organisent invariablement les emplois de part112 en deux catégories: les emplois regroupés sous "partie d'un tout considéré sans idée de répartition ou d'attribution particulière"(TLFi) mis en contraste avec les emplois regroupés sous "une portion (d'un tout divisé) attribuée à quelqu'un ou affectée à quelque chose" (TLFi), "ce qui revient à quelqu'un" (Le Robert). L'attribution ou non d'une part devient ainsi un critère classificatoire pour les dictionnaires: sont opposées les parts envisagées dans la perspective d'une opération d'attribution aux parts envisagées en dehors d'une telle opération. Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'il y a une importante disparité dans le traitement de ces deux catégories d'emploi. On retrouve ainsi dans la première catégorie, les emplois de part les moins décrits et souvent les plus archaïques (par exemple Passe une bonne part d'une si

belle nuit de Corneille cité par Le Robert). A l'inverse, les emplois qui figurent dans la

seconde catégorie sont bien mieux décrits et développés. Ils sont en outre largement plus nombreux: on y retrouve ainsi la quasi-totalité des diverses locutions verbales et adverbiales construites avec part. Cet intérêt pour les emplois de part associés à une idée d'attribution demande bien entendu à être expliqué mais éveille fortement notre curiosité: la notion d'attribution apparaît comme le fil conducteur sur lequel est bâti une grande partie de la description lexicographique de part. Mais, c'est également le cas de la description lexicographique de portion, défini comme une "quantité, une part de nourriture destinée à une personne", une "part qui revient à quelqu'un". D'ailleurs, tout comme pour part, les dictionnaires font la différence avec les emplois où portion réfère à "une partie d'un tout divisé sans idée de destinataire". Seul partie est décrit en dehors de tout rapport avec une quelconque idée d'attribution. Il s'agirait donc d'un point commun entre part et portion et inversement d'un point distinctif entre ces deux termes et partie. Pourtant, les choses sont plus complexes: il suffit en effet d'essayer de substituer part par portion dans des énoncés qui font pourtant mention d'une relation d'attribution, en présentant un possessif, pour nous

111 Le TLFi, le GLLF, le Robert ainsi que le Littré.

112 Nous limitons, pour le moment du moins, notre propos aux emplois non spatiaux de part. Nous aurons l'occasion de revenir très largement aux emplois spatiaux infra.

135 convaincre d'effectuer une analyse plus détaillée des mécanismes en jeu:

(311) Cette dispute, je le sentais, les peinait beaucoup. Car ils savaient que quelle que soit leur part dans la victoire, les jeux étaient faits: leur génération, décimée, meurtrie, allait bientôt disparaître (A. Makine 1995 dans

Frantext).

* Quelle que soit leur portion dans la victoire, les jeux étaient faits: leur génération, décimée, meurtrie, allait bientôt disparaître.

Ce seul exemple nous montre que si part et portion se laissent tous deux analyser sous l'angle de l'attribution, des différences se font d'ores et déjà sentir. Il faudra également vérifier si partie est totalement réfractaire à une analyse en ces termes.

2° Ensuite, on est surpris de constater que l'adjonction d'une détermination possessive à

part permet de contourner de très fortes contraintes d'emploi que nous avons relevées supra. Ainsi, si l'énoncé *Une part du brouillard s'est levé est sémantiquement

inacceptable (en contraste avec Une partie du brouillard s'est levé), on acceptera au contraire, sans la moindre difficulté, l'énoncé présentant le même substantif, brouillard, mais déterminé cette fois-ci à l'aide d'un possessif: Cet automne, on a eu notre part de

brouillard.

3° La prise en compte de la notion d'attribution nous permettra également d'intégrer dans notre description un certain nombre de formes figées qui tendent autrement à rester en marge de la discussion (nous l'avons constaté supra avec la locution verbale avoir sa part

de). De prime abord, on pense bien entendu aux locutions de ma part, pour ma part

construites à la fois avec part et un possessif. Mais notre analyse nous entraînera plutôt vers l'examen des locutions prendre part et avoir part qui, malgré le fait qu'elles ne soit pas construites avec un possessif, se rattachent directement aux problèmes que nous soulevons ici.

Il semble nécessaire, dans un premier temps, de procéder à une mise au point concernant les notions de possession et d'attribution, ces deux concepts étant conjointement convoqués dans chaque description lexicographique de part. Trouve-t-on trace, dans l'environnement cotextuel de part, de marques linguistiques exprimant la possession ou l'attribution? D'ailleurs, y a-t-il un rapport entre la partition et la possession ou l'attribution?

Pour finir, nous élargirons notre propos aux emplois de part qui mettent toujours en scène un sujet animé (humain ou institution) mais qui ne s'analysent pourtant plus strictement sous l'angle de la possession: de la notion de possession/attribution, nous glisserons vers la notion de participation.

3.1. Part et la relation de possession/attribution

Dans cette première partie, notre principal objectif sera d'affiner le rapport entre part et la relation d'attribution soulevée par les dictionnaires. C'est en effet essentiel si nous voulons montrer les différences entre part et portion, ces deux mots étant décrits avec le même

136 métalangage, en particulier les mêmes prédicats (revenir à, affecter à, destiner à). Nous vérifierons donc si l'on retrouve trace de ces prédicats, et plus largement trace de tout mot se rattachant à l'idée d'attribution, dans l'environnement cotextuel de part. Trouve-t-on les mêmes marques linguistiques aux côtés de portion?

Auparavant, nous nous arrêterons sur un autre élément intéressant: part a développé un certain nombre d'emplois spécifiques à un domaine professionnel, invariablement décrits à l'aide de la relation de possession/attribution. Nous nous proposons donc, dans un premier temps, de répertorier ces emplois et de les décrire succinctement.

3.1.1. Part employé dans les métalangages professionnels

De la fiscalité au théâtre, en passant par le métalangage marin, part connaît un certain nombre d'emplois spécifiques qui s'analysent conjointement sous l'angle de la partition (il s'agit de parties de quelque chose) et sous l'angle de l'attribution.

Ces emplois, mêmes s'ils peuvent sous certains aspects, sembler figés ou archaïques, sont néanmoins importants pour notre analyse car ils supportent très difficilement (voire pas du tout) une quelconque substitution avec portion et partie. On peut d'ailleurs se demander pour quelle(s) raison(s) part entre dans la construction de ces emplois et non ses concurrents.

3.1.1.1. Les emplois spécialisés de part

3.1.1.1.1 En droit civil, commercial et fiscal

a) En droit civil, une part est définie comme une "fraction d'un patrimoine revenant à

chacun des cohéritiers"(TLFi):

(312) Il a demandé à son père la part d'héritage qui lui revient.

Dans ce type d'emploi, part commute difficilement avec portion et partie:

(313) ? Il a demandé à son père la portion d'héritage qui lui revient. ? Il a demandé à son père la partie d'héritage qui lui revient.

Voici le commentaire du Dictionnaire des synonymes de la langue française (1870) qui se propose de nuancer le sens d'une part et d'une portion d'héritage:

Portion se prend d'abord au sens abstrait de part et implique, comme lui, une

distribution entre des personnes. Mais, au lieu de marquer comme part, quelque chose qui est à faire, qui doit se faire ou qui se fait d'ordinaire, il indique quelque chose qui s'est fait, qui a lieu effectivement, dans un cas particulier. Ma part d'héritage, c'est ce que j'ai le droit de réclamer dans une succession à venir; ma portion, c'est ce que j'ai reçu d'une succession maintenant échue ou effectuée (Dictionnaire des synonymes de la langue française, 1870:831).

137 entre plusieurs individus. La nuance proposée ici met l'accent sur l'opération de partage: pour part, le partage n'a pas eu lieu (la succession n'est pas effective), alors que pour

portion, le partage a eu lieu (la succession est effective). Mais il s'agit d'une nuance qui ne

se vérifie plus vraiment dans les exemples contemporains. On peut ainsi revendiquer, réclamer une portion d'héritage alors même que le partage de la dite-succession n'est pas encore effectué:

(314) Paul réclame sa portion d'héritage.

Tout comme on peut employer part après que le partage des biens a été fait:

(315) Il a dilapidé sa part d'héritage.

S'il y a une différence entre part et portion d'héritage, elle est donc à chercher ailleurs. On notera tout d'abord que part et portion d'héritage ont un point commun: une seule part/portion d'héritage est attribuée par individu. Ces deux termes s'emploient plus difficilement au pluriel:

(316) ? Il a demandé à son père les parts/portions d'héritage qui lui reviennent.

Nous relevons néanmoins trois points qui différencient les emplois de part et portion

d'héritage:

i) ces deux mots ne commutent pas toujours, ce qui montre bien que part et portion

d'héritage ne sont pas dans une relation de stricte équivalence sémantique:

(317) une part d'enfant dans la succession * une portion d'enfant dans la succession

ii) on pourra parler de demi-part d'héritage mais pas de *demi-portion d'héritage113:

(318) (à propos de l'inégalité successorale des enfants adultérins)[...] ces derniers n'ont actuellement le droit qu'à une demi-part d'héritage.

[...] * ces derniers n'ont le droit qu'à une demi-portion d'héritage.

(319) Chez les musulmans du Liban, en matière de succession, la loi avantage les garçons: elle accorde une part d'héritage au fils tandis que la fille n'en reçoit qu'une demi-part.

* [...] elle accorde une portion d'héritage au fils tandis que la fille n'en reçoit qu'une demi-portion.

La même remarque vaut pour part d'héritage modifié par l'adjectif double:

(320) La double part d’héritage qui devait lui revenir (Duranty 1860 dans Frantext).

? La double portion d'héritage qui devait lui revenir.

iii) portion est le seul à connaître un dérivé, portionnaire, c'est à dire la "personne à qui revient une portion d'héritage" (TLFi) ou plus largement la personne a qui revient une portion de revenu:

(321) Chaque cultivateur et ouvrier est membre de la famille et portionnaire dans les revenus (Constitution de la colonie française de Saint-Domingue, 1801).

b) En droit commercial, une part est une "fraction du capital social (d'une entreprise)

138 appartenant à un associé" (GLLF):

(322) Dans la SARL, les parts ne peuvent être cédées à des tiers qu'avec le consentement de la majorité des associés représentant au moins les trois quarts du capital social (TLFi).

Toujours en droit commercial, on parle de parts sociales, également de parts de marché:

(323) Les cessions des parts sociales de SARL doivent nécessairement résulter d'actes écrits (notariés ou sous seing privé).

(324) La France est entrée dans le cercle de moins en moins fermé des pays européens où Firefox dépasse les 20% de parts de marché (France Matin du 08.12.2006).

Au contraire des emplois de part en droit civil, la substitution avec portion et partie est exclue (*portions de marché, *portions sociales; *parties de marché, *parties sociales):

(325) * Dans la SARL, les portions/parties ne peuvent être cédées à des tiers qu'avec le consentement de la majorité des associés représentant au moins les trois quarts du capital social.

(326) * Les cessions des portions/parties sociales de SARL doivent

nécessairement résulter d'actes écrits

(327) * Firefox dépasse les 20% de portions/parties de marché.

c) En droit fiscal, une part est un "élément de calcul de l'impôt sur le revenu":

(328) Marié, célibataire, concubin ou veuf, de la situation familiale dépend le nombre de parts fiscales à déclarer à l'administration.

On pourra à ce sujet parler de demi-part:

(329) Toute personne dont l'invalidité entraîne au moins 80% d'incapacité peut bénéficier d'une demi-part supplémentaire.

La substitution est, encore une fois, impossible avec portion et partie:

(330) * Marié, célibataire, concubin ou veuf, de la situation familiale dépend le nombre de portions/parties fiscales à déclarer à l'administration

(331) * Toute personne dont l'invalidité entraîne au moins 80% d'incapacité peut bénéficier d'une demi-portion/demi-partie supplémentaire.

3.1.1.1.2 En marine

Dans le langage de la marine, on trouve l'expression naviguer à la part, une part référant à "ce qui revient à chacun des membres de l'équipage après une prise" (Le Robert):

(332) Quel que soit le genre de pêche auquel se livre le matelot, son gain lui est attribué suivant deux types distincts : par moitié ou à la part (Le matelot

de Grand-Fort Philippe, Delbecq, 1902).

On parlera également d'une part de prise:

(333) Il rentrait de la campagne de Chine avec sa masse, sa part de prise, les profits du pillage (P.Mille 1908 dans Frantext).

139 3.1.1.1.3 Théâtre

Dans l'univers du théâtre, une part est une "partie des bénéfices attribuée à un artiste dans une compagnie théâtrale" (Le Robert). Cet emploi de part est à l'origine de l'expression

sociétaire à part entière, elle-même à l'origine de la locution adverbiale à part entière:

(334) Un sociétaire à part entière ne sue pas (H. de Montherland, 1954 dans

Frantext).

(335) Les personnes handicapées sont des citoyens à part entière et non pas des citoyens entièrement à part (L'humanité du 12.12.2006).

3.1.1.1.4 Bilan

Un premier point commun aux emplois de part dans les langages de spécialité du droit, de la pêche et du théâtre, est l'attribution d'une part à un individu: une part est une fraction d'un patrimoine revenant à chacun des cohéritiers, une fraction du capital social appartenant à un associé, ce qui revient à chacun des membres de l'équipage après une prise, une partie des bénéfices attribuée à un artiste dans une compagnie théâtrale. Sont récurrentes dans ces définitions des marques linguistiques qui renvoient à une opération d'attribution (revenant à, appartenant à, attribuée à) ainsi qu'au destinataire de cette opération (cohéritiers, associé, membre d'équipage, artiste dans une compagnie théâtrale). Ces emplois professionnels se caractérisent également par une double relation méronymique. On note une première partition dans l'opération de division d'un tout (patrimoine, capital social, prise de pêche, bénéfices114) en parts. Une seconde relation de partie/tout s'observe au niveau des destinataires des parts: chaque destinataire fait en effet partie d'un ensemble plus grand (un héritier ou un associé parmi plusieurs, un membre d'équipage ou de compagnie théâtrale).

Mais revenons à ce qui nous a poussé à examiner ces emplois professionnels, c'est à dire la notion d'attribution. Si les parts que nous venons de traiter sont directement liées à leurs destinataires, qu'en est-il des emplois non spécialisés? Y retrouve-t-on cette idée d'attribution?

3.1.2. Traces de la relation d'attribution dans l'environnement cotextuel de

part: de l'attribution à la possession

On constate que le cotexte de part est riche en marques linguistiques qui se rattachent directement au champ sémantique de l'attribution.

140 La première et plus évidente trace de la relation d'attribution est le verbe attribuer (on

s'attribue une part de quelque chose, on attribue une part de quelque chose à quelqu'un):

(336) S'attribuer une part du gâteau.

(337) On m'attribue une part de responsabilité dans la situation actuelle de la Corse (L'Express du 12.02.1998).

(338) Sans préjudice d’éventuelles suites judiciaires, qui ne relevaient pas de son mandat, le juge Gomery ne se contente pas de blâmer les exécutants. Il

attribue une part de la responsabilité au premier ministre Jean Chrétien,

qui suivait personnellement le programme, et surtout à son chef de cabinet, M. Jean Pelletier (Le Monde diplomatique de janvier 2006).

Les exemples avec le verbe donner sont également nombreux:

(339) Il m'a donné une part de tarte.

(340) La formation donne une part importante à la pratique en entreprise : les élèves effectuent 14 semaines de stage de mai à septembre entre la première et la deuxième année (Document de l'académie de Nancy-Metz)115.

De l'attribution d'une part découle une relation de possession entre cette part et son destinataire: si on m'attribue une part, elle devient ma part. On relève ainsi un nombre très important d'exemples dans lesquels part est précédé d'un déterminant possessif116:

(341) Ne touche pas à ma part de tarte. Rends-moi ma part de tarte! (342) Chacun sur terre a sa part de peine.

(343) Bouygues et Telecom Italia désirent renforcer leur part dans Bouygues Télécom.

(344) Jacques Chirac a tracé sa véritable feuille de route pour les futures élections européennes, tout en veillant à éviter la polémique. Se félicitant que l’Europe sociale progresse plus vite, il a revendiqué sa part dans cette évolution qui, selon lui, date de son mémorandum social de mars 1996 (L'humanité du 03.03.1999).

Il peut d'ailleurs s'agir de locutions figées (pour ma part, de sa part) qui sont obligatoirement composées d'un possessif:

(345) Pour ma/ta/sa part117, ... Je viens de ma/ta/sa part.

Ce qui est sensiblement plus étonnant, c'est que l'on retrouve un possessif dans l'emploi de locutions qui en sont normalement dépourvues. Les énoncés suivants sont d'intéressants exemples dans lesquels la locution verbale prendre part118 est employée avec un possessif:

(346) L'union européenne est prête à prendre toute sa part dans le processus de paix.

(347) Je veux m'adresser aux partenaires sociaux [...]. Je les invite, ainsi que les représentants des organisations étudiantes et lycéennes, à prendre toute

leur part dans l'élaboration de ces nouvelles dispositions (allocution

télévisée de J. Chirac le 31 mars 2006).

115

Nous reviendrons infra sur cet exemple.

116 Nous reviendrons sur les spécificités de certains de ces exemples infra.

117 A ne pas confondre avec pour une part.

141 Mais la possession ne s'exprime pas qu'au travers de la détermination de part. On relève également des verbes qui expriment une relation de possesseur à possédé (acquérir,

détenir, posséder) ou dans une relation inverse de possédé à possesseur (revenir à, appartenir à):

(348) Pierre détient des parts de marché. Pierre acquiert des parts de marché. Pierre possède des parts de marché. (349) Cette part de tarte revient à Paul.

Ces parts de marché appartiennent à Paul.

La notion de possession se retrouve également dans l'ajout d'un complément du nom qui réfère à un possesseur dans une structure de la forme la part de + nom propre:

(350) Ne touche pas à ça, c'est la part de Paul.

Le destinataire d'une part sous la forme d'un complément du nom figure d'ailleurs dans les deux locutions suivantes:

- la part du Lion: d'après le TLFi, il s'agit de "la plus grosse part que s'adjuge

abusivement le plus fort, le plus autoritaire", par allusion à une des fables de La Fontaine, La Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion119.

- la part du pauvre, "part de repas, notamment de galette des rois, qui était mise de

côté pour l'arrivée éventuelle d'un pauvre" (TLFi). Cette locution connaît un synonyme vieilli, la part de la Vierge.

On remarquera que dans ces locutions, tout comme dans les syntagmes une part d'enfant

dans la succession ou la part de Paul, le N dans le SN part de N2 (lion, pauvre, enfant, Paul) ne réfère pas au tout soumis à partition (à l'inverse de une part de tarte où c'est le

référent du N tarte qui est objet d'un découpage) mais au destinataire de la part en