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Une démarche pour un usage élargi de la campagne par les citadins a déjà été envisagée par Maurice Braillard et Albert Bodmer qui, entre 1933 et 1936, mettent au point plusieurs plans directeurs régionaux englobant tout le territoire cantonal dans une tentative de dépasser la dualité ville - campagne en lui articulant les zones non construites. « Le plan directeur régional de 1936 propose une innovation extraordinaire en attribuant, en plus des surfaces réservées à l’agriculture, des surfaces publiques ou sites à classer. En distinguant ces trois types de surfaces, c’est l’ensemble du patrimoine naturel du canton qui est mis en valeur, car on le considère comme une richesse collective, menacée par l’expansion urbaine .»8

Notre Projet territorial urbain transfrontalier de 2004 transforme ces murailles vertes en parcs urbains, afin de permettre leur usage accru par les habitants de la ville. Ces parcs urbains sont enchâssés entre l’ancienne Genève et les cités linéaires projetées qui forment la nouvelle Genève.

Reprenant les principes énoncés par Maurice Braillard en 1936, le projet organise la zone agricole selon un réseau d’espaces publics ordonnant les activités urbaines qui s’y déroulent. Les éléments considérés sont notamment les voies historiques, les chemins pour piétons, les sentiers de randonnées, les réseaux cyclables, les sites protégés, la mise en valeur des cours d’eau, des forêts ainsi que certains aspects de la structure agricole.

Cette conception permet, comme au Canada, de développer l’accessibilité et le rôle social des espaces naturels. Le parc urbain fait référence à l’utilisation des espaces libres en tant qu’éléments structurants qui assurent les liaisons entre les espaces construits.

Notre nouveau projet introduit une réflexion sur l’espace géographique dans lequel il s’insère. Cet espace est fortement défini. Le Lac, le Rhône, l’Arve et les montagnes dessinent une ossature du territoire très présente et indiquent les lignes de force d’une orientation majeure Nord - Est / Sud - Ouest. Celle - ci définit une maille à grande échelle qui, pour l’essentiel, détermine les modes d’occupation du sol, les grandes orientations du réseau et la présence de bandes paysagères. L’implantation du bâti et l’organisation en maille du système viaire nous offrent la clé d’une organisation à échelle territoriale9. Dans notre projet de 2004, les parcs étaient situés à l’intérieur de la nouvelle Genève. Le nouveau concept place les cités linéaires dans le parc

urbain. Elles y sont insérées. Les parcs relient entre eux les espaces urbains, actuels et futurs, l’ancienne et la nouvelle Genève, facilitent l’accessibilité des habitants aux cours d’eau, au lac et aux montagnes. L’intégration des villages, des hameaux, des fermes et des équipements sportifs est réalisée par les parcs et les terres agricoles.

Le projet propose un maillage qui reconnaît l’évolution des structures agricoles. Le maillage principal, constitué des espaces publics majeurs, définit des aires de 480 ha environ. Le maillage secondaire est de 70 ha.

Les exploitations agricoles prennent place aisément à l’intérieur du réseau d’espaces publics en assurant les productions traditionnelles de la région comme les cultures maraîchères, les céréales et les vignes.

Quatre grands parcs structurent l’ensemble du territoire : A Parc Jura – Lac Hypothèse pour une ville - région, travaux d’étudiants, professeur Bernardo Secchi, 1991

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B Parc Jura – Rhône

Délimité par le Mont Jura, le Rhône, Thoiry - CERN au nord et Farges au sud, il comporte trois cours d’eau : l’Allondon, le Ponferret et le Nant d’Avril.

La topographie est vallonnée avec un beau paysage de fleuve et de rivières. L’espace public, perpendiculaire au Jura et à la cité linéaire, relie Thoiry à Collonges selon quatre tracés : de Thoiry au CERN, de Saint - Jean - de - Gonville à Choully, de Péron à Challex puis au bord du Rhône et de Farges au bord du Rhône et à Chancy. L’altitude est comprise entre 600 m au pied de la montagne et 350 m au bord du Rhône.

Un autre espace public, parallèle à la cité linéaire, relie Challex au CERN, suivant un chemin de crête dans les vignes. Il prolonge celui qui part de Divonne.

2 GENÈVE,

PROJET POUR UNE MÉTROPOLE TRANSFRONTALIÈRE – 2013

10 Voir IAUG - DAEL, 1896 - 2001 Projets d’urbanisme pour Genève, op.cit.

A Parc Jura – Lac

Délimité par le Mont Jura, le lac, Divonne - Coppet au nord et Thoiry-Vengeron au sud, il comporte cinq cours d’eau : la Versoix, l’Allondon, le Journeau, le Gobé et la Divonne à la limite nord.

L’espace public, perpendiculaire aux cités linéaires qui relient Gex à Thoiry et Coppet à Bellevue, suit trois tracés principaux : de Divonne à Coppet, de Echenevex à Versoix et de Ferney au Vengeron. L’altitude est comprise entre 600 m au pied de la montagne et 370 m au bord du lac.

Un autre espace public, parallèle au Jura et aux deux cités linéaires, relie Divonne au CERN. L’anneau du CERN est matérialisé en surface par une promenade reprenant la proposition de 1999 faite par l’équipe chargée d’élaborer le plan directeur du site de l’aéroport 10. La rive du lac est publique et une promenade relie Coppet au Vengeron puis aux anciens parcs du Reposoir, de Mont-Repos et du jardin botanique.

D Parc Voirons – Lac

Délimité par le lac, le Mont des Voirons, les cours d’eau de l’Hermance au nord et de l’Arve au sud, il comporte six cours d’eau : le Foron, la Seymaz, l’Hermance, le Chambet, la Chandouze et le Nant d’Aisy.

L’espace public, perpendiculaire aux Voirons, au lac et aux trois cité linéaires qui relient Bons - en - Chablais à Saint - Cergues, Jussy à Chêne - Bourg et Hermance aux Eaux - Vives, suit quatre tracés : de la gare d’Annemasse à Frontenex, d’Annemasse à Vésenaz, de Saint - Cergues à la Pointe de Bellerive et de Bons - en - Chablais à Hermance, sur les rives du lac.

L’altitude est comprise entre 650 m au pied des monts et 370 m au bord du lac. Un autre espace public, parallèle aux cités linéaires, suit trois tracés : de Bons - en - Chablais à Annemasse, de Douvaine à la Gradelle et de Hermance aux Eaux - Vives, par la rive du lac, en rejoignant les anciens parcs de la Grange et des Eaux - Vives.

C Parc Salève – Rhône – Arve

Délimité par le Rhône, la rivière de l’Arve, les monts Salève et Vuache, il comporte cinq cours d’eau : la Laire, l’Eaumorte, la Drize, l’Aire et l’Arende.

L’espace public perpendiculaire aux cités linéaires qui relient Viry aux Cherpines et Neydens à Veyrier, suit trois tracés : de Valleiry à Chancy, de Saint - Julien à Cartigny et d’Archamps à Aire - la - Ville, descendant en pente douce vers le Rhône. L’altitude est comprise entre 600 m au pied des montagnes et 350 m au bord des cours d’eau.

Un autre espace public, parallèle aux cités linéaires, comporte trois tracés : de Chancy à la Praille, de Valleiry à la Praille, en passant par Viry et Saint - Julien et d’Archamps à Veyrier.

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Bâti, équipement

Après une longue période de stagnation, la ville s’est transformée durant les années 1960, selon le double mouvement d’implosion au centre et d’explosion en périphérie, caractérisé notamment par la réalisation de cités - satellites et de grands ensembles sur les communes de Meyrin, Vernier, Onex et Lancy. Ainsi, le développement de l’habitat s’est opéré principalement sur la rive droite et à l’ouest du canton.

Le choix de l’emplacement de la gare de Cornavin (inaugurée en 1858) a été fait au XIXème siècle pour une population de 80’000 habitants, sur la rive droite, en bordure de ville, afin notamment de protéger la population des nuisances. Les agrandissements se sont succédé, la liaison avec la Suisse se faisant sur la même rive. Le déplacement de la gare a été plusieurs fois proposé, mais jamais réalisé11. Or la population et surtout les activités ont beaucoup augmenté dans le canton de Genève, ainsi que la population des territoires français frontaliers. La difficulté croissante de l’accès à la gare ne semble pas troubler les CFF qui rénovent actuellement Cornavin et prévoient pour les prochaines années son extension, en l’élargissant sur le quartier des Grottes.

En 1920 un terrain d’aviation est installé à quelques kilomètres de la ville, à Cointrin. Le véritable développement de l’aéroport international de Genève commence dans les années 1960. Sa fréquentation a fortement augmenté, le nombre de passagers par année doublant en vingt ans, de 1990 à 2010. Il atteint 12 millions en 2010. La fermeture des lignes intercontinentales, suite à la décision de Swissair en 1996, a été largement compensée par le succès des vols low - cost, notamment suite à l’implantation de la compagnie Easyjet en 1999. Le fort développement du logement sur la rive droite (Meyrin, Vernier) à partir des années 1960 a eu lieu parallèlement au développement de l’aéroport, dans un site peu propice à l’habitat, en raison des nuisances dues au bruit des avions et de la pollution atmosphérique. Il en a forcément résulté des conflits avec les riverains et des arguments faciles contre le développement, alors que ce sont les logements qu’il n’eut pas fallu construire dans ce secteur.

La gare routière, installée à la place Dorcière, à proximité de la gare de Cornavin, est difficile d’accès, surtout pour les liaisons internationales. Les projets de sa décentralisation, toujours sur la rive droite, n’ont jamais abouti.

Les organisations internationales, qui représentent l’une des activités

principales de Genève et font sa réputation, sont toutes situées sur la rive droite. Un pont sur le lac permettrait un développement de ces activités sur la rive gauche du lac, et même en France voisine.

Sur la rive gauche, en particulier au centre - ville, se rassemblent les commerces de prestige (horlogerie, bijouterie, boutiques, grands magasins) et les banques. Balexert, seul grand centre commercial du canton, est situé sur la rive droite, tout comme Ikea et les grands magasins de meubles et d’électroménager de Meyrin.

Les principales zones industrielles se situent toutes à l’ouest du canton, soit à Meyrin, Vernier, la Praille, toutes trois avec un accès ferroviaire, ainsi qu’à Plan - les - Ouates. Le secteur de La Praille, étant donné sa proximité avec le centre - ville, est actuellement l’enjeu d’un projet de transformation urbaine qui ne tient malheureusement pas compte de son potentiel ferroviaire et de sa situation dans la Nouvelle Genève.

Le rééquilibrage

L’actuel projet de développement de la gare de Cornavin par les CFF est aberrant. Non seulement il propose la démolition d’une partie d’un quartier, mais il ne tient compte ni du développement transfrontalier ni de la répartition des habitants sur l’ensemble de l’agglomération.

Déjà actuellement, l’accès de la gare est difficile en transport public et privé, car la traversée par les ponts depuis la rive gauche et le passage des voies ferroviaires depuis la rive droite ralentissent fortement la circulation. Le site de La Praille est plus adéquat pour la grande gare centrale de Genève (voir plus haut).La création d’un pont haut sur le lac permettrait de développer la partie sud - est du canton. La proposition est de renforcer le projet de notre groupe de 1990, qui visait à créer un pôle de développement sur la rive gauche avec une mixité d’activités, d’équipements et de logements, première étape d’une cité linéaire sur la rive Sud du lac. Ce site serait également tout à fait désigné pour le développement de nouvelles organisations internationales, en connexion directe avec le périmètre de l’ONU et l’aéroport.

Ainsi la densification de la rive gauche du lac contribuerait au rééquilibrage de la ville qui s’est diluée depuis l’après - guerre en direction de l’ouest, selon un axe Grand - Saconnex, Bernex, en passant par Vernier, le Lignon, Lancy - Onex, voire la Praille. Elle offrirait de magnifiques endroits pour habiter, accessibles à tous, et non plus réservés à quelques privilégiés.