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Le parcours de la famille de Buural

Le parcours circulaire et le parcours linaire

5. Le parcours de la famille de Buural

Nous pouvons ajouter que la fréquence des déplacements varie non seulement à cause de l‟influence géographique mais aussi l‟effectif du troupeau. Quand la famille de Buural possédait un troupeau de mille têtes, elle devait changer de pâturage en été au moins quatre fois et en automne au moins deux ou trois fois ; alors qu‟en diminuant le nombre de leur cheptel à 300 têtes, le changement des pâturages diminue deux fois par rapport au précédent. La fréquence du déplacement de la famille est beaucoup moins importante que ce qu‟indiquaient les auteurs ci- dessus.

Ci-dessous nous trouvons la distance du déplacement de la famille de Buural à travers de quatre saisons.

Eté Automne Hiver Printemps Durée Du 10-15 mai au 10-15 septembre Du 10-15 septembre au 1-10 novembre Du 1-10 novembre au 1-15 mars Du 1-15 mars au 10-15 mai Nombre de mois 4 1,5-2 4-4,5 2 Nombre de déplacements 3 à 5 2 à 3 1 1

Figure 12 : Fréquence des changements de camp de la famille de Buural sur l‟année.

En automne, la famille change en général de place deux ou trois fois. C‟est en été que les changements de camp sont les plus fréquents, de trois à cinq fois. La famille se déplace de quatre à cinq kilomètres selon la qualité de l‟herbe qui varie selon la pluie de la saison, et s‟installe toujours à proximité d‟un point d‟eau. Une saison particulièrement pluvieuse requiert moins de déplacements.

5.1. Le camp d‟été

En été la famille suit la rivière tandis qu‟en automne elle suit la pâture et le sel (khujir). A partir du mois de mai ou juin un point d‟eau apparaît grâce à la pluie dans le champ du camp d‟été de la famille. Tous les éleveurs de bag s‟y approchent. Le camp d‟été de notre famille est en plein air, dans un site exposé au vent, près de la source d‟eau. Ce lieu est éloigné d‟une quinzaine de kilomètres de son camp de printemps. La famille déménage au camp d‟été à mi-mai et y reste jusqu‟à la mi-septembre. Sur le camp d‟été il y a un enclos pour les veaux et un petit enclos en bois portable couvert pour protéger de la pluie les nouveau-nés. Pendant cette saison les changements du pâturage sont plus fréquents selon la quantité et la qualité d‟herbe liée à la densité de pluie de la saison, toujours auprès d‟un point d‟eau proche. Si en effet la saison a été particulièrement pluvieuse, les déplacements sont moindres. Si la taille du troupeau est importante le déplacement se multiplie aussi. La famille se déplace au moins quatre fois, de quatre à cinq kilomètres à chaque fois durant l‟été.

5.2. Le camp d‟automne

En 2006, elle a déménagé au début d‟octobre vers leur camp d‟automne à Kherges ensuite à Tsagaan tolgoi. Ce dernier se trouve dans le nord du camp d‟été. Dans le camp d‟automne est à l‟abri du vent par l‟herbe en hauteur. En automne, la famille change en général de place deux ou trois fois. Du camp d‟automne elle se déplace deux ou trois fois selon les conditions climatiques. Au début de l‟automne, elle s‟installe sur des endroits élevés et vers la fin de la saison elle recherche des endroits abrités du vent, auprès de broussailles pour protéger le troupeau. La fin de cette saison le déplacement prend la direction du camp d‟hiver ; la famille rejoint le camp d‟automne à proximité de celui d‟hiver. La famille y campe de mi-septembre à la fin novembre avant de prendre la direction du camp d‟hiver. La famille se déplace de quatre à cinq kilomètres selon la qualité de l‟herbe qui varie selon la pluie de la saison, et s‟installe toujours à proximité d‟un point d‟eau. Les déplacements sont également proportionnels à la taille du troupeau ; en 2006, la famille se déplaçait davantage en automne car elle possédait mille têtes.

5.3. Le camp d‟hiver

La typologie du lieu du camp consiste souvent en un lieu abrité du vent c‟est-à-dire protégé par des roches, une pente d‟une vallée ou d‟une colline, entre deux versants de montagne, au bas d‟une vallée ….et ouvert au soleil du matin et du soir, qui permet une exposition lumineuse et chaleureuse plus longue dans la journée. De plus, l‟endroit où la première neige tombe en peu de quantité cela signifie que cet endroit aura moins de neige durant l‟hiver. Donc c‟est un endroit adéquat pour camper. Aussi l‟abri du vent est un critère important (Tserenkhand, 1981).

A toutes régions le camp d‟hiver comporte un enclos. Il comprend un enclos en bois dans les régions boisées et dans la région de Gobi un enclos en pierre. La réalisation de l‟enclos en pierre qui fait la fierté de la famille en raison de sa rareté et de sa solidité. Il n‟est pas toujours

facile de trouver les pierres de grosse taille, particulièrement dans les régions désertiques. En plus, une telle fabrication nécessite une quantité considérable de travail. Avant l‟existence des coopératives il y avait des abris même en bouse (Natsagdorj, 1963). De nos jours, certaines familles font fabriquer un enclos avec des blocs de brique.

L‟enclos d‟hiver de notre famille d‟accueil, était construit en pierres par le grand-père de Buural. Aujourd‟hui il est défait par endroits et les pierres sont éparpillées. En effet, la famille monte un enclos en bois sur la trace de l‟ancien enclos. Ce camp comporte aussi un enclos en bois pour les veaux.

Figure 13 : Vue générale du camp d‟hiver. Le camp d‟hiver est en train d‟être installé. Au premier plan, les parties de l‟enclos à monter ; au second plan, le chariot de transport et la yourte ; en arrière plan, l‟enclos en bois en partie monté. Novembre 2005 dans la vallée de Bayan-Aarag de la commune Bayantsagaan, A. Amarsanaa.

Selon Sambuu (1971 : 57-59) en hiver quelques familles campent ensemble dans les régions du Khangai tandis que dans les régions de Gobi une ou deux familles campent ensemble en hiver. Badamkhatan (1987 : 120) écrit que les parents préfèrent voisiner avec leur fils quand il se marie. Ou bien à cause de l‟insuffisance du pâturage les parents désignent à leur fils un lieu près d‟eux en partageant la source rivière et les pâtures. Cependant, si les troupeaux de deux familles sont de nombre important ils sont obligés de se séparer à cause des pâturages.

Au début de l‟hiver les familles d‟éleveurs arrivent à leur camp et y restent pendant trois ou quatre mois. Le pâturage du camp s‟étend en moyenne de trois à sept km. Les familles d‟éleveur passent la fête du nouvel an dans leur camp et le quittent le troisième jour de la nouvelle année (Tserenkhand, 2005 : 169). Le camp d‟hiver de la famille de Buural, appelé Tsagaan Aarag, est situé dans une étroite vallée, entre deux pans la montagne de Bayan-Aarag à l‟abri du vent. Dendegmaa est très contente de son camp en disant : « le vent ne souffle point par ici. La fumée sortant de notre cheminée n‟est pas écrasée par le vent ». C‟est le signe que le lieu est protégé du vent. La famille y déménage au début de novembre et y vit jusqu‟à mi-mars. La famille de Buural retrouve d‟année en année le même camp d‟hiver et le même camp de printemps, qu‟il a hérités de ses parents.

5.4. Le camp de printemps

Le camp de printemps de la famille de Buural se situe à deux ou trois kilomètres de leur camp d‟hiver. Le lieu appelé Nöölögtiin khönz se trouve devant la montagne de Bayan-Aarag, sur une pente. La famille de Buural y reste de la mi-mars à la mi-mai. Ce camp comprend un grand enclos en bois qui est divisé en compartiments où les nouveau-nés sont gardés. Auprès de ce camp il y a un puits qui est indispensable à la famille et au troupeau.

Si deux familles passaient ensemble l‟hiver elles se séparent au printemps. C‟est la période de la mise-bas des nouveau-nés. Le camp de printemps comprend un grand enclos en bois qui est divisé en compartiment où les nouveau-nés sont gardés. Quand il fait très rude on les garde même dans la yourte afin de mieux les protéger. La yourte est capable d‟abriter jusqu‟à 200 bêtes, d‟après Tserenkhand (2005 : 169). La fin de la période de la mise-bas signifie le déménagement sur le camp d‟été.

En bref, la distance de la mobilité de la famille de Buural ne change pas vraiment de la période pré-communiste. Par contre, la fréquence est réduite par rapport la période de negdel à cause du transport et de la main d‟œuvre. La famille se déplace entre sept et dix fois par an dont

une seule fois au début de l‟hiver et au printemps. La famille utilise les deux types de la mobilité traditionnelle le belcheer selgekh et l‟otor. Le parcours circulaire définit leur mode de mobilité annuelle mais le parcours linaire est utilisé pour engraisser le troupeau si le pâturage est insuffisant dans leur région. Ces deux techniques ont toujours servi à la famille quand elle gardait le troupeau du negdel. Alors il y a une continuité les techniques d‟élevage basées sur l‟utilisation du pâturage et le parcours adapté, par contre la distance et la fréquence sont réduites.