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Lorsque le cycle complet du parasite nécessite au moins deux hôtes intermédiaires

1.3.1 La bothriocéphalose

Le cycle du Bothriocéphale est relativement complexe. Il a été décrit par Janicki en 1917 (Neva et Brown, 1994). Il nécessite obligatoirement un passage par le milieu aquatique. Les œufs sont rejetés avec les excréments dans les fleuves, les lacs, les rivières. Ce parasite est parfois appelé Ténia des Lacs (Euzéby, 1984). L'eau douce, à 15-25°C favorise le cycle parasitaire.

Ce parasite a une aire de répartition assez importante, et très particulière. Il est présent en Europe du Nord, autours des lacs suisses et italiens, au niveau du delta du Danube, mais également sur tout le continent asiatique, en Australie, en Baltique, en Israël et en Afrique (Soulsby, 1982 ; Gentilini, 2001 ; Deluol, 1989 ; Nozais, 1996).

En Haute Nubie, comme en Egypte, la pêche n'est pas comme la chasse, une pratique sacrée; elle relève plus d'une activité « annexe », mais tout de même courante. En Nubie, la pêche semble peu pratiquée de part la rareté des vestiges osseux pouvant être liée à une mauvaise conservation de ces restes (Chaix, 1993). Cependant, les poissons d'eau douce de type Characidés, Cyprinidés, Siluridés nécessaires au cycle parasitaire, sont archéozoologiquement identifiés (Gautier, 1986 ; Chaix, 1984, 1990 ; Mohamed Ahmed,

1992; Bonnet, 2000). En effet, des poissons chat, Claria sp., des saumons africains du genre

Hydrocyon sp., des perches du Nil, Lates niloticus L. appartiennent à la faune nubienne. La

contamination se fait par l'intermédiaire des larves infestantes logées dans les filets des poissons. Les poissons du Nil semblaient être consommés, comme aujourd'hui encore, soit en sauces ("tirkine"), soit salés ("fasikh"). La salaison, la préparation de sauce ne tuent pas les larves enkystées; la parasitose se transmet sans problème.

En Egypte ancienne, la consommation de poisson est relativement importante. Sur le papyrus Harris I, il est mentionné des quantités précises de poissons livrés aux temples de la ville de Thèbes. Il est également l'un des constituants principaux de l'apport en protéines des

artisans de Deir el-Medineh au cours des XIX et XX ème dynasties (Gamer-Wallert, 1970 ;

s'explique par la consommation crue ou salée des poissons qui sans aucun doute proviennent du Nil et son donc des poissons d'eau douce (hôtes intermédiaires).

A Chypre, les données archéozoologiques ne font pas référence à des poissons

dulçaquicoles qui auraient pu être hôtes intermédiaires du Diphyllobothrium. En effet, les

études de l'ichthyofaune réalisées à Khirokitia n'ont livré que des restes d'espèces marines côtières (le site étant à quelques kilomètres de la mer). De plus, il ne semble pas exister à Chypre de Siluridés autochtones. Les Salmonidés recensés sont "indigènes" et issus de l'importation (communication personnelle J. Desse). Si le commerce ou l'échange de poissons dulçaquicoles peut être prouvé, il faudra discuter de la possibilité d'avoir la Bothriocéphalose. En Israël, des œufs type Diphyllobothrium sont retrouvés à Beit Shean et Caeseria. Au

XIIIème siècle, à Acre, cette parasitose a été retrouvée en contexte de latrines. Aucun reste de

poissons n'a été retrouvé au cours des analyses. Les auteurs (Mitchell et Stern, 2001) argumentent cette observation parasitologique de la manière suivante :

- le Diphyllobothrium n'est pas endémique dans l'Est de la

Méditerranée à cette époque.

- aucune étude n'a jusqu'alors mis en évidence cette parasitose

avant et après le XIIIème siècle.

- cette parasitose n'est pas endémique actuellement.

En conséquence, les poissons porteurs des larves infestantes ne sont pas locaux, mais proviennent peut être de pays comme l’Egypte, …, et donc du commerce. A Caeseria (Période romaine), port et comptoir commercial important, les poissons salés, fumés (afin de les conserver) ont pu arriver d'autres pays. Pour Beit Shean (200 - 300 A.D.), le commerce est peut être également responsable de la présence du parasite, mais sans données archéozoologiques, il est difficile de conclure à la simple exportation du poisson pour le moment.

Au vue de tous ces résultats, la Bothriocéphalose n'est pas une pathologie parasitaire dominante dans les pays étudiés, aussi bien dans la vallée du Nil qu'au Proche-Orient. A l'heure actuelle, le pourcentage des individus parasités sont des habitants des zones Palé-artiques.

1.3.2 La dicrocoeliose

La dicrocéliose n'a été trouvée qu'à Kerma, lieu où, les prélèvements ont été réalisés in

situ, dans les restes animaux momifiés. Elle est inféodée principalement aux ruminants,

herbivores domestiques (ovins, bovins), et entre autre aux troupeaux africains. La contamination se fait par "phytophagie", par ingestion du deuxième hôte intermédiaire, la fourmi, présente sur les feuillages, les herbes et dans des fruits. En revanche, c'est une affection parasitaire rarissime et toujours accidentelle chez l'homme. Chez l'homme, les œufs

ne sont qu'en transit, c'est une pseudo-parasitose.

Ce parasite est cosmopolite. Il est aussi bien retrouvé en Europe, en Asie, en Afrique du Nord, dans les savanes sub-sahariennes (Nozais, 1996 ; Otranto et Traversa, 2002).

Le cycle biologique est terrestre (ce qui différencie cette Petite Douve de Fasciola,

Grande Douve du foie). Les œufs éliminés avec les fèces dans le milieu naturel ne peuvent poursuivre leur développement qu'en pénétrant dans le premier hôte intermédiaire, un

gastéropode pulmoné terrestre du genre Helicella, Cochlicella ou Zebrina pour D.

dendriticum (Rudolphi, 1819) ou (D. lanceolatum, Dujardin 1845), et du genre Limicolaria

pour D. hospes (Looss, 1907). Une fois sorti de cet hôte, le parasite est ingéré par son

deuxième hôte intermédiaire, une fourmi du genre Formica spp. dans le cas de D. dendriticum

et, Camponotus sp. pour D. hospes, qui infestée, va se retrouver paralysée, prête à être ingérée

par l'hôte définitif au cours de son repas phytophagique (Brumpt, 1949; Frank et al., 1984;

Acha et Szyfres, 1989, Otranto et Traversa, 2002).

Les mollusques, Limicolaria sp. (hôtes intermédiaires) ont été retrouvés à Kerma au

cours des fouilles archéologiques (Arkell, 1957).

Actuellement, lors des rites (sacrifices) et des traitements secondaires des animaux, le foie est consommé cru (Chaix, 1992). Il est donc plus que probable d'observer cette pseudo-parasitose aujourd'hui. Cette pathologie n'est pas identifiée chez les individus de Kerma. Il y a 2400 ans, la consommation de foie ne semblait pas être courante puisque les œufs ne se retrouvent pas dans les restes fécaux ou intestinaux.

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