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La production désirante forme un système linéaire-binaire.

Le corps plein s'introduit comme troisième terme dans la série, mais sans en rompre le caractère: 2, 1, 2, 1... La série est tout à fait rebelle à une transcription qui la ferait passer et la moulerait dans une figure spécifiquement ternaire et triangulaire comme celle d'Œdipe. Le corps plein sans organes est produit comme Anti-production, c'est-à-dire n'intervient comme tel que pour récuser toute tentative de triangulation impliquant une production parentale. Comment voulez-vous qu'il soit produit par des parents, lui qui témoigne de son auto-production, de son engendrement par lui-même? Et c'est sur lui, là où il est, que le Numen se distribue et que les disjonctions s'établissent indépendamment de toute pro­

jection.

Oui, rai été mon père et rai été mon fils.

« Moi, Antonin Artaud, je suis mon fils, mon père, ma mère, et moi. » Le schizo dispose de modes de repérage qui lui sont propres, parce qu'il dispose d'abord d'un code d'enregistre­

ment particulier qui ne coïncide pas avec le code social ou ne coïncide avec lui que pour en faire la parodie. Le code déli­

rant, ou désirant, présente une extraordiniare fluidité. On dirait que le schizophrène passe d'� code à l'autre, qu'il

brouille tous les codes,

dans un glissement rapide, suivant les questions qui lui sont posées, ne donnant pas d'un jour à l'autre la même explication, n'invoquant pas la même généa­

logie, n'enregistrant pas de la même manière le même événe-21

L'ANTI-ŒDIPB

ment, acceptant même, quand on le lui impose et qu'il n'est pas irrité, le code banal œdipien, quitte à le re-bourrer de toutes les disjonctions que ce code était fait pour exclure. Les dessins d'Adolf WolBi mettent en scène des horloges, tur­ bines, dynamos, machines-célestes, machines-maisons, etc. Et leur production se fait de façon connective, allant du bord au centre par couches ou secteurs successifs. Mais les « expli­

cations» qu'il y joint, et dont il change suivant son humeur, font appel à des séries généalogiques qui constituent l'enre·

gistrement du dessin. Bien plus, l'enregistrement se rabat sur le dessin lui-même, sous forme de lignes de « catastrophe»

ou de « chute» qui sont autant de disjonctions entourées de spirales. 14 Le schizo' retombe sur ses pieds toujours vacil­

lants, pour la simple raison que c'est la même chose de tous les côtés, dans toutes les disjonctions. C'est que les machines­

organes ont beau s'accrocher sur le corps sans organes, celui-ci n'en reste pas moins sans organes et ne redevient pas un

organisme au sens habituel du mot. Il garde son caractère fluide et glissant. De même les agents de production se posent sur le corps de Schreber, se suspendent à ce corps, tels les rayons du ciel qu'il attire et qui contiennent des milliers de petits spermatozoïdes. Rayons, oiseaux, voix, nerfs entrent dans des rapports permutables de généalogie complexe avec Dieu et les formes divisées de Dieu. Mais c'est sur le corps sans organes que tout se passe et s'enregistre, même les copu­

lations des agents, même les divisions de Dieu, même les généalogies quadrillantes et leurs permutations. Tout est sur ce corps incréé comme les poux dans la crinière du lion.

*

Suivant le sens du mot « processus », l'enregistrement se rabat sur la production, mais la production d'enregistrement est elle-même produite par la production de production. De même, la consommation prend la suite de l'enregistrement, mais la production de consommation est produite par et dans la producti,?n d'enregistrement. C'est que sur la surface d'inscription quelque chose se laisse repérer qui est de l'ordre

14. W. Morgentbaler, c Adolf W'dl1li ,., tt. ft. L'ArI brut, DO 2.

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LES MACHINES DÉSIRANTES d'un

suiet.

C'est un étrange sujet, sans identité fixe, errant sur le corps sans organes, toujours à côté des machines dési­

rantes, défini par la part qu'il prend au proouit, recueillant partout la prime d'un devenir ou d'un avatar, naissant des états qu'il consomme et renaissant à chaque état. « C'est donc moi, c'est donc à moi... » Même souffrir, comme dit Marx, est jouir de soi. Sans doute toute production désirante est déjà immédiatement consommation et consumation, donc

« volupté ». Mais elle ne l'est pas encore pour un sujet, qui ne peut se repérer qu'à travers les disjonctions d'une surface d'enregistrement, dans les restes de chaque division. Le prési­

dent Schreber, toujours lui, en a la plus vive conscience : il y a un taux constant de jouissance cosmique, si bien que Dieu exige de trouver de la volupté en Schreber, fût-ce au prix d'une transformation de Schreber en femme. Mais cette volupté, le président n'en éprouve qu'une part résiduelle, comme le salaire de ses peines ou la prime de son devenir­

femme. « C'est mon devoir d'offrir à Dieu cette jouissance;

et si, ce faisant, un peu de plaisir sensuel vient à m'échoir, je me sens justifié à l'accepter, au titre d'un léger dédommage­

ment à l'excès de souffrances et de privations qui ont été mon lot depuis tant d'années. » De même qu'une partie de la libido comme énergie de production s'est transformée en énergie d'enregistrement (Numen), une partie de celle-ci se transforme en énergie de consommation

(Voluptas).

C'est cette énergie résiduelle qui anime la troisième synthèse de l'inconscient, la synthèse conjonctive du « c'est donc ..

.

» ou production de consommation.

Nous devons considérer comment cette synthèse est for­

mée ou comment le sujet est produit. Nous partions de l'oppo­

sition entre les machines désirantes et ·le corps sans organes.

Leur répulsion, telle qu'elle apparaissait dans la machine paranoïaque du refoulement originaire, faisait place à une attraction dans la machine miraculante. Mais entre l'attraction et la répulsion l'opposition persiste. Il semble que la récon­

ciliation effective ne puisse se faire qu'au niveau d'une nou­

velle machine, qui fonctionne comme « retour du refoulé » . Qu'une telle réconciliation existe ou puisse exister, tout en témoigne. De Robert Gie, l'excellent dessinateur de machines paranoïaques électriques, on nous dit sans autre précision :

« Il semble bien que, faute de se délivrer de ces courants qui 2)

L'ANTHBDIPB

le tourmentaient, il a pour finir pris fortement leur parti, s'exaltant à les figurer dans leur victoire totale, dans leur triomphe ». 15 Freud plus précisément souligne l'importance du tournant de la maladie chez Schreber; lorsque celui-ci se réconcilie avec son devenir-femme et s'engage dans un pro­

cessus d'auto-guérison qui le ramène à l'identité Nature = Production (production d'une humanité nouvelle). Schreber en elfet se trouve scellé dans une attitude et un appareil de travesti, à un moment où il est pratiquement guéri et a retrouvé toutes ses facultés: « Je me trouve parfois installé devant un miroir ou ailleurs, le torse à demi-nu, et paré comme une femme de rubans, de colliers faux, etc. ; ceci n'a d'ailleurs lieu que lorsque je suis seul ... » Empruntons le nom de « machine célibataire » pour désigner cette machine qui succède à la machine paranoïaque et à la machine mira­

cu1ante, formant une nouvelle alliance entre les machines désirantes et le corps sans organes pour la naissance d'une humanité nouvelle ou d'un organisme glorieux. Il revient au même de dire que le sujet est produit comme un reste, à côté des machines désirantes, ou qu'il se confond lui-même avec cette troisième machine productrice et la réconciliation rési­

duelle qu'elle opère: synthèse conjonctive de consommation sous la forme émerveillée d'un « C'était donc ça! » .

Michel Carrouges a isolé, sous le nom de « machines céli­

bataires », un certain nombre de machines fantastiques qu'il découvrait dans la littérature. Les exemples qu'il invoque sont très variés, et ne semblent pas pouvoir à première vue rentrer dans une même catégorie : la

Mariée mise à nu

... de Duchamp, la machine de

la Colonie pénitentaire

de Kafka, les machines de Raymond Roussel, celles du

Surmâle

de Jarry, certaines machines d'Edgar Poë,

l'Eve future

de Villiers, etc. 16 Pourtant les traits qui fondent l'unité, d'importance variable selon l'exemple considéré, sont les suivants : d'abord la machine célibataire témoigne d'une ancienne machine para­

noïaque, avec ses supplices, ses ombres, son ancienne Loi.

Elle n'est cependant pas elle-même une machine paranoïaque.

Tout l'en distingue, ses rouages, chariot, ciseaux, aiguilles, aimants, rayons. Jusque dans les supplices ou la mort qu'elle

15. L'Art brut, n" 3, p. 6'.

16. Michd Carrouges, Les MtJChines célibataires, Arcanes, 19'4.

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LES MACHINES DÉSIRANTES donne, elle manifeste quelque chose de nouveau, une puis­

sance solaire. En second lieu, cette transfiguration ne peut pas s'expliquer par le caractère miraculant que la machine doit à l'inscription qu'elle recèle, bien qu'elle recèle effectivement les plus hautes inscriptions (d. l'enregistrement mis par Edi­

son dans l'Eve future). Il y a une consommation actuelle de la nouvelle machine, un plaisir qu'on peut qualifier d'auto­

érotique ou plutôt d'automatique où se nouent les noces d'une nouvelle alliance, nouvelle naissance, extase éblouis­

sante comme si l'érotisme machinal libérait d'autres puissan­

ces illimitées.

La question devient : qu'est-ce que produit la machine célibataire, qu'est-ce qui se produit à travers elle ? La réponse semble être: des quantités intensives. Il y a une expérience schizophrénique des quantités intensives à l'état pur, à un point presque insupportable - une misère et une gloire célibataires éprouvées au plus haut point, comme une clameur suspendue entre la vie et la mort, un sentiment de passage intense, états d'intensité pure et crue dépouillés de leur figure et de leur forme. On parle souvent des hallucinations et du délire; mais la donnée hallucinatoire (je vois, j'entends) et la donnée délirante (je pense ... ) présupposent un

Je sens

plus profond, qui donne aux hallucinations leur objet et au délire de la pensée son contenu. Un « je sens que je deviens femme », « que je deviens dieu », etc., qui n'est ni délirant ni hallucinatoire, mais qui va projeter l'hallucination ou inté­

rioriser le délire. Délire et hallucination sont seconds par rapport à l'émotion vraiment primaire qui n'éprouve d'abord que des intensités, des devenirs, des passages. 17 D'où vien·

nent ces intensités pures? Elles viennent des deux forces précédentes, répulsion et attraction, et de l'opposition de ces deux forces. Non pas que les intensités soient elles-mêmes en opposition les unes avec les autres et s'équilibrent autour d'un état neutre. Au contraire, elles sont toutes positives à partir de l'intensité = 0 qui désigne le corps plein sens organes. Et elles forment des chutes ou des hausses relatives d'après leur

17. W. R. Bion est le premier à avoir insisté sur cette importance du Je sens; mais il l'inscrit seulement dans l'ordre du fantasme, et en fait un parallèle affectif du Je pense. Cf. Elements of Psych04nalyIÎs, Heinemann, 1963, pp. 94 sq.

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L'ANTI-ŒDIPB

rapport complexe et la proportion d'attraction et de répulsion qui entre dans leur cause. Bref, l'opposition des forces d'at­

traction et de répulsion produit une série ouverte d'éléments intensifs, tous positifs, qui n'expriment jamais l'équilibre final d'un système, mais un nombre illimité d'états stationnaires métas tables par lesquels un sujet passe. Profondément schi­

zoïde est la théorie kantienne d'après laquelle les quantités intensives remplissent

la matière sans vide

à des degrés divers. Suivant la doctrine du président Schreber,

l'attraction et la répulsion

produisent d'intenses

états de nerf

qui rem­

plissent le corps sans organes à des degrés divers, et par les­

quels passe le sujet-Schreber, devenant femme, devenant bien d'autres choses encore suivant un cercle d'éternel retour. Les seins sur le torse nu du président ne sont ni délirants ni hallucinatoires, ils désignent d'abord une bande d'intensité, une zone d'intensité sur son corps sans organes. Le corps sans organes est un œuf : il est traversé d'axes et de seuils, de latitudes, de longitudes, de géodésiques, il est traversé de

gradients

qui marquent les devenirs et les passages, les des­

tinations de celui qui s'y développe. Rien ici n'est représenta­

tif, mais tout est vie et vécu : l'émotion vécue des seins ne ressemble pas à des seins, ne les représente pas, pas plus qu'une zone prédestinée dans l'œuf ne ressemble à l'organe qui va y être induit. Rien que des bandes d'intensité, des potentiels, des seuils et des gradients. Expérience déchirante, trop émouvante, par laquelle le schizo est le plus proche de la matière, d'un centre intense et vivant de la matière : « cette émotion sise hors du point particulier où l'esprit la recher­

che ... cette émotion qui rend à l'esprit le son bouleversant de la matière, toute l'âme s'y coule et passe dans son feu ardent » . le

Comment a-t-on pu figurer le schizo comme cette loque autiste, séparée du réel et coupée de la vie ? Pire ': comment la psychiatrie a-t-elle pu en faire pratiquement cette loque, le réduire à cet état d'un corps sans organes devenu mort - lui qui s'installait à ce point insupportable où l'esprit touche la matière et en vit chaque intensité, la consomme ? Et ne faudrait-il pas mettre cette question en rapport avec

18. Artaud, Le nse-nerfs, Gallimard, Œuvres complètes l, p. 112.

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LBS MACHINES DtsIRANTES une autre, en apparence très différente : comment la psycha­

nalyse fait-elle pour réduire, cette fois le névrosé, à une pauvre créature qui consomme éternellement du papa-maman, et rien d'autre ? Comment a-t-on pu réduire la synthèse conjonctive du « C'était donc ça ! », « C'est donc moi ! » à l'éternelle et morne découverte d'Œdipe, « C'est donc mon père, c'est donc ma mère . . . » Nous ne pouvons pas encore répondre à ces questions. Nous voyons seulement à quel point la consommation d'intensités pures est étrangère aux figures familiales, et combien le tissu conjonctif du « C'est donc . . . est étranger au tissu œdipien. Comment résumer tout ce mouvement vital ? D'après un premier chemin (voie brève) : les points de disjonction sur le corps sans organes forment des cercles de convergence autour des machines désirantes;

alors le sujet, produit comme résidu à côté de la machine, appendice ou pièce adjacente à la machine, passe par tous les états du cercle et passe d'un cercle à l'autre. Il n'est pas lui­

même au centre, occupé par la machine, mais sur le bord, sans identité fixe, toujours décentré,

conclu

des états par lesquels il passe. Ainsi les boucles tracées par l'Innommable,

« tantôt brusques et brèves, comme valsées, tantôt d'une ampleur de parabole », avec pour états Murphy, Watt, Mer­

cier, etc., sans que la famille y soit pour rien. Ou bien autre chemin plus complexe, mais qui revient au même : à travers la machine paranoïaque et la machine miracu1ante, les pro­

portions de répUlsion et d'attraction sur le corps sans organes produisent dans la machine célibataire une série d'états à partir de 0 ; et le sujet naît de chaque état de la série, renaît toujours de l'état suivant qui le détermine en un moment, consommant tous ces états qui le font naître et renaître (l'état vécu est premier par rapport au sujet qui le vit).

C'est cela que Klossowski a montré admirablement dans son commentaire de Nietzsche : la présence de la

Stimmung

comme émotion matérielle, constitutive de la plus haute pensée et de la perception la plus aiguë. 19 « Les forces centri­

fuges ne fuient pas à jamais le centre, mais s'en rapprochent à nouveau pour s'en éloigner derechef : telles sont les véhé­

mentes oscillations qui bouleversent un individu tant qu'il

19. Pierre Klossowski. Nietzsche et le cercle vicieux, Mercure de France, 1969.

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L'ANTI-ŒDIPE

ne recherche que son propre centre et ne voit pas le cercle dont il fait lui-même partie ; car si les oscillations le boule­

versent, c'est que chacune répond à un individu autre qu'il ne croit être, du point de vue du centre introuvable. De là qu'une identité est essentiellement fortuite et qu'une série d'individualités doivent être parcourues par chacune, pour que la fortuité de celle-ci ou de celle-là les rendent toutes nécessaires. » Les forces d'attraction et de répulsion, d'essor et de décadence, produisent une série d'états intensifs à partir de l'intensité = 0 qui désigne le corps sans organes (<< mais ce qui est singulier, c'est que là encore un nouvel afflux est nécessaire, pour seulement signifier cette absence »). Il n'y a pas le moi-Nietzsche, professeur de philologie, qui perd tout d'un coup la raison, et qui s'identifierait à d'étranges person­

nages ; il y a le sujet-nietzschéen qui passe par une série d'états, et qui identifie les noms de l'histoire à ces états :

tous les noms de l'histoire, c'est moi

.. Le sujet s'étale sur le pourtour du cercle dont le moi a déserté le centre. Au centre il y a la machine du désir, la machine célibataire de l'éternel retour. Sujet résiduel de la machine, le sujet-nietzschéen tire une prime euphorique (Voluptas) de tout ce qu'elle fait tourner, et que le lecteur avait cru être seulement l'œuvre en fragments de Nietzsche : « Nietzsche croit poursuivre désor­

mais, non la réalisation d'un système, mais l'application d'un programme... sous la forme des résidus du discours nietz­

schéen, devenus en quelque sorte le répertoire de son histrio­

nisme. » Non pas s'identifier à des personnes, mais identifier les noms de l'histoire à des zones d'intensité sur le corps sans organes ; et chaque fois le sujet crie « C'est moi, c'est donc moi ! » On n'a jamais fait de l'histoire autant que le schizo, et de la manière dont il en fait. Il consomme en une fois l'histoire universelle. Nous commencions par le définir comme

Homo natura,

et le voilà pour finir

Homo historia.

De l'un à l'autre, ce long chemin qui va de Holderlin à Nietzsche, et qui se précipite (<< L'euphorie ne saurait se prolonger chez Nietzsche aussi longtemps que l'aliénation contemplative de Holderlin ... La vision du monde accordée à Nietzsche n'inau­

gure pas une succession plus ou moins régulière de paysages ou de natures mortes, qui s'étend sur une quarantaine d'an­

nées ; c'est la parodie remémorante d'un événement : un seul acteur pour la mimer en une journée solennelle - parce que 28

LBS MACHINES DÉSIllANTES tout se prononce et redisparalt en une seule journée - dÔt­

elle avoir duré du 3 1 décembre au 6 janvier - par-delà le calendrier raisonnable. »)

*

La thèse célèbre du psychiatre Clerambault semble bien fondée : le délire, avec son caractère global systématique, est second par rapport à des phénomènes d'automatisme parcel­

laires et locaux. En effet, le délire qualifie l'enregistrement qui recueille le procès de production des machines désirantes ; et bien qu'il ait des synthèses et des affections propres, comme on le voit dans la paranoïa et même dans les formes para­

noïdes de la schizophrénie, il ne constitue pas une sphère autonome, mais est second par rapport au fonctionnement et aux ratés des machines désirantes. Toutefois Clerambault se servait du terme « automatisme (mental) » pour désigner seu­

lement des phénomènes athématiques d'écho, de sonorisation, d'explosion, de non-sens, où il voyait l'effet mécanique d'in­

fections ou d'intoxications. Il expliquait une bonne partie du délire à son tour comme un effet de l'automatisme ; quant à l'autre partie, « personnelle », elle était de nature réaction­

fections ou d'intoxications. Il expliquait une bonne partie du délire à son tour comme un effet de l'automatisme ; quant à l'autre partie, « personnelle », elle était de nature réaction­

Dans le document L'ANTI-CEDIPE GILLES DELEUZE FELIX GUATTARI (Page 21-57)