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Panorama de l'évolution des études du quartier de Cergy-Puiseu

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En septembre 1977, l'équipe de St Christophe renforcée, se met au travail pour bâtir... avant Noël le dossier de réalisation de la Zone d'Aménagement Concertée (ZAC) de Cergy-Puiseux.

Marcel Bajard, avait le site bien en main. Il positionna rapidement les points forts du quartier :

La gare, au centre de la limite de la "ZAC" afin de mieux la valoriser. De longues palabres furent nécessaires pour conjuguer la géographie, la voirie et l'assainissement, ce tte dernière viabilité à cause de la tranchée SNCF était particulièrement coûteuse à installer sur ce plateau.

Autour de la gare on localisa un ersatz de "maille centrale" de 12 carrés de cent mètres par cent mètres, résidus d'études antérieures. Ce tracé symbolisait la volonté de maintenir à proximité de la gare une réserve foncière. Elle permettra à l'aménageur d'insérer de nouvelles activités ou de nouveaux programmes rémunérant mieux le terrain que les seuls logements. Elle sera aménagée lorsque la SNCF sera en mesure de tran sp o rter des voyageurs. Ainsi c e t t e form alisation du "bloc" n 'en gageait pas démesurément l'avenir, sa taille lui conférait une réelle souplesse d'usage. Ailleurs, au delà de ce tte trame, s'étendaient sur des parcelles de plus en plus vastes, des terrains destinés au "mélange individuels denses, et collectifs peu denses".

Entre-temps était tombée dans la trappe la notion de "maillage routier isomorphe" qui devait conférer à tous les terrains de ce quartier la propriété d'être à un temps d'accès de l'autoroute équivalent. En supprimant le sacro-saint principe de la hiérarchie des voies, on pensait pouvoir diffuser sur tout le territoire du quartier une circulation d'importance moyenne, ne nécessitant plus de voiries primaires, considérées alors comme des égouts à voitures par la ch a rte des élus e t par les urbanistes en général- Son statut retrouvé, chaque rue automobile participait à définir l'urbanité qui était désespérément absente des premiers quartiers réalisés, et mal vécus par les urbanistes. C ette page, résultant d'un rêve urbain "moderniste" jusqu'à présent non assuré, était tournée.

Le quartier étant affiché "résidentiel", il fallait en tirer la première conséquence, et retrouver les attributs de la résidentialité.

Ainsi, réapparurent les voies prim aires, les secondaires e t les chem ins piétons- Le dogme du piéton fut réduit à son cardo et son décumanus sur lequel les enfants pourraient cheminer vers leurs écoles sans traverser des voies primaires. Les secondaires catalo g u ées com m e un bon apprentissage de la vie, n 'é ta ie n t plus dénivelées et devenaient des boulevards urbains avec des tro tto irs e t des bandes parallèles de stationnement. C et accord tacite entre ingénieurs et urbanistes était dicté par la facture élevée des passerelles piétons du quartier de Cergy. Ces dispositions n'étaient plu5 tenables financièrement avec une baisse de densité du parc de logements.

Enfin, ce "rude plateau de Puiseux" était émaillé de 3 parcs principaux chargés d'"égayer" le site. Sur ces bases, par affûtages successifs de dessins contradictoires fut mis au point le schéma d'aménagement du quartier.

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Ce dessin, qui servit de base au consensus ingénieur urbaniste, avait dans sa caligraphie, quelque chose de magique, qui dépassait de loin la seule représentation urbaine qu'un projet de quartier doit définir : points essentiels du quartier et lieux symboliques clefs, nature des séquences urbaines et hiérarchies respectives, variété en largeur e t longueur des espaces, et leurs qualifications respectives : parc des Bellevues (le point le plus haut du site) place du marché (croisement du Cardo et décumanus) place de la gare e tc... Par sa qualité graphique, son pouvoir de suggestion des espaces choisis, par l'équilibre de ses traits, il jouait un rôle de support, et d'amplificateur de l'imaginaire, auprès de chaque spectateur, et permettait à chacun, de dépasser la seule signification technique. Conscients de ce tte attirance, nous avons demandé à un jeune architecte, réputé pour son habilité de p ersp ecteu r, d'exprim er les diverses athm osphères des lieux principaux proposés par le plan.

A l'aide de photos aériennes, de vues générales, ou de détail du terrain vierge, une série de dessins de la future réalité furent esquissés. L'idée de description d'une promenade urbaine était née. Une fois encore, par un effet cumulatif ces dessins proposaient à une autre échelle une nouvelle force de suggestion attachant l'atmosphère floue du lieu, sans qualifier précisément l'architecture, qui disposait et conservait ainsi, et encore, son propre espace de création.

Il est difficile dans le néant d'arriver à suggérer aussi exactement une physionomie de q u artier sans engager l'a rc h ite c tu re de chaque éd ifice, par touches pointillistes. Décidément ce quartier doit beaucoup à des doigts fragiles.

C ette fragilité d'expression, qui doit suggérer le réel et définir l'irréel, est tout l'art du projet urbain, découvert dans ces instants de plaisirs créatifs.

L'évidence du parti était confirmée comme la signification d'un livre lorsqu'il est enfin ouvert.

Sachant que ce dossier allait être "délicat" à faire admettre aux élus, il représentait, sur quelques points, des modifications importantes par rapport aux pratiques anciennes» l'esprit de la charte n'étant pas encore entré dans l'esprit de tous les élus : retour à la ville-ville, e t veilleuse sur la ville à la campagne, «ju'on leur avait expliqué en long e t en large, hier. Le scénario de la promenade, appuyé par un montage de diapositives en double projection, faisait apparaitre simultanément le terrain et sa transformation dans la dialectique "avant" "après" ; ainsi le public chemine dans le projet avec l'aisance que suscite une perspective plaquée sur la réalité. Ce procédé, assez inusité encore, a eu un effet de "conviction-choc". A la réflexion, pour une fois, il a servi une bonne cause. Les dessins de Bernier, ont été pour tous, un objectif d'espace, d'esprit de la ville, qu'ij fallait absolument atteindre pour ne pas trahir une démarche antérieure, dont la qualité était reconnue par tous...

Ce sénario construit, la présentation aux élus fut faite, e t le vote enlevé. Ceux qui ont assisté à c e tte scéance mémorable savent à quel point notre anxiété était forte, lorsque le Maire de St Ouen l'Aumône, futur Député socialiste, à construit un réquisitoire sévère contre l'aménageur, en visant bien au delà de ce projet, qu'il jugeait fort bon, 3 l'exception de quelques détails, l'idée même de la Ville Nouvelle qu'il ressentait comme une intrusion insupportable de l'état dans ses prérogatives "d'élu majeur".

Son discours éloquent, appuyé, argum enté, e t ach évé, j’eus l'im pression que soU réquisitoire avait ete préparé par nos soins, tant le propos était techniquement mur, ® les remarques judicieuses. Pour la première fois, on vivait l'amorce de dialogue sur fond du débat". La qualité de la discussion qui suivit, a rendu le vote majoritaire pm’ unanime encore, car chacun avait compris que l'opposition de A. Richard au projet eta» de pure forme tactique et que sa compréhension de fond du sujet, meilleure que tout a u tre , a v a it co n fo rté les hésitants dans l’évidence de la qualité du proje* présenté..-finesse de la démocratie où le dit, prépare le non dit, qui engage l'action et 13 décision.

la promenade urbaine