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Les Pandectes pisanes : fortunes et infortunes d’un texte au Moyen Âge

Parmi les textes fameux du Moyen Âge, nul doute que le manuscrit tenu pour original des Pandectes, c’est-à-dire du Digeste de Justinien, occupe une place à part. En effet, ce manuscrit clairement identifié au  siècle était considéré non seulement comme un manuscrit d’époque justinienne, mais plus encore comme le manuscrit de présentation offert à l’empereur, voire comme un manuscrit rédigé de la main impériale ¹. u’importe qu’en réalité, il se soit agi d’un texte certes du  siècle, mais probablement affecté à l’usage privé d’un haut fonctionnaire byzan- tin et non du prototype de Justinien, la légende s’en est maintenue et l’ouvrage est demeuré entouré d’une aura particulièrement sacrée pendant tout le Moyen Âge et la période moderne. Une aura entretenue précieusement par les cités italiennes qui avaient hérité du précieux document et en faisaient un instrument de la propa- gande urbaine. Ce sont quelques-unes des vicissitudes de ce manuscrit, symbole de la résurrection du droit romain en Occident, mais aussi des ambiguïtés du rapport médiéval aux textes, que la présente communication se propose de rappeler. Dans le fond, et en conformité avec l’esprit de cette rencontre, il s’agira de réfléchir à l’éla- boration d’une culture juridique commune, qui passe par la constitution de textes fiables et la critique philologique que l’on doit leur appliquer. C’est bien le parcours européen d’un manuscrit, puis d’une édition que je voudrai présenter, résumer plu- tôt, parcours plein de circonvolutions, de détours, d’impostures ou d’erreurs, mais aussi de travail acharné sur les sources.

Parler des Pandectes de Justinien au Moyen Âge peut sembler présomptueux. Des juristes, des historiens du droit, se sont penchés sur le problème depuis au moins le  siècle ; depuis le  siècle, nous disposons avec l’Histoire du droit romain

au Moyen Âge (Geschichte des römischen rechts im mittelalter publié entre  et

) de Karl von Savigny d’une somme à ce jour souvent indépassée par l’am- pleur des enquêtes sur les manuscrits. Plus tard, eodor Mommsen, établissant

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à Berlin en  une édition scientifique du Corpus juris civilis a également apporté son écot à la tradition philologique sur la transmission des textes fondateurs de la science juridique médiévale et moderne, malgré les critiques que son approche a pu très vite soulever. Bref, le terrain est largement défriché, et si demeurent des zones d’ombre sur l’origine des manuscrits juridiques réapparus comme par enchantement au  siècle, de récentes études ont apporté des éclairages aussi pointilleux que pré- cieux sur la transmission des textes juridiques, transmission qui constitue un enjeu essentiel de la renaissance de la science du droit au Moyen Âge. Sauf découvertes inopinées, il semble qu’il faille se satisfaire du stock actuel de manuscrits connus pour raisonner sur cette question, ainsi que viennent de le faire pour l’ensemble du

Corpus iuris civilis Charles Radding et Antonio Ciaralli ¹.

Un rapide rappel permettra toutefois de situer les questions que je vais exami- ner dans leur cadre européen. C’est au  siècle que réapparaît l’étude du droit romain et à travers elle que réapparaissent les ouvrages de références juridiques issus de l’Antiquité romano-byzantine. Bien sûr, le droit romain n’avait pas totalement disparu et l’on peut aisément retrouver des traces de remploi du droit romain dans les différents codes juridiques des dominants germaniques du haut Moyen Âge et dans l’Italie lombarde ².

Pourtant au  s., la situation se modifie substantiellement sous l’effet d’une nouvelle application à des réalités sociales contemporaines des textes normatifs de la romanité classique. Pour quelles raisons le droit romain est-il alors apparu comme la solution la plus idoine pour répondre aux besoins juridiques et politiques des socié- tés de l’Europe méridionale est une question qui nécessiterait une réponse longue et nous éloignerait de notre objet, plus modeste mais non moins compliqué dans le détail ³. Toujours est-il que si droit romain il y avait, il avait besoin de textes pour être lu, commenté et pensé comme structure portante des relations sociales du temps, singulièrement en Italie où l’absence de pouvoir supranational laissait libre cours aux expérimentations communales, pourvues assurément d’une délégation d’autorité par la paix de Constance, mais dépourvues d’une force de légitimation qui dépasserait les frontières de leur contado ⁴. C’est là que l’on retrouve la quaestio

. Charles M. R & Antonio C, e Corpus Iuris Civilis in the Middle Ages.

Manuscripts and transmission om the Sixth Century to the Juristic Revival, Leyde, . Cet ouvrage

est destiné à devenir un classique ; mais seul le chapitre  est consacré au Digeste.

. Voir Charles R, e Origins of Medieval Jurisprudence : Pavia and Bologna, -, Yale University Press, , malgré une tendance excessive à minorer l’apport de la renoatio studiorum de l’école bolonaise d’Irnerius.

. L’examen codicologique fouillé de Radding et Ciaralli révèle que la clé de voûte de la rénovation textuelle fut le texte du Code dont la restauration remonterait aux années -, tandis que des éléments du Digeste réémergent également durant la même décennie (op. cit., p. -).

. Sur cette question fondamentale, je me permets de renvoyer à Patrick G, Villes et sociétés

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vexata de la réapparition du corpus justinien élaboré au  siècle, et singulièrement

de ce manuscrit des Pandectes ¹.

Lorsque se mettent en place les écoles du droit à Bologne, Pavie, Pise ou à Mont- pellier, voire dans d’autres cités, plusieurs sources, partielles ou intégrales, leur sont disponibles. Bien vite, un document apparaît comme singulièrement important, celui conservé en deux volumes à Pise et pour cela appelé littera pisana, contenant l’intégralité du Digeste justinien, c’est-à-dire cette partie du corpus juridique impé- rial, regroupant des fragments extraits des œuvres des jurisconsultes de l’Antiquité recomposé par la volonté de l’empereur et de son conseiller Tribonien.

En réalité, les premiers maîtres bolonais eurent à travailler sur des textes mal connus. La tradition du  siècle, tout particulièrement Odofredo, assigne à Irnerius la fondation de l’école bolonaise à partir des textes retrouvés du cor- pus ; il serait notamment celui qui aurait appelé Infortiat cette partie du Digeste (livres XXIV à XXXVIII). Aucune source ne précise d’où venaient précisément ces textes désormais disponibles à Bologne ². Une tradition, toujours du , évoque le transport progressif de ces manuscrits depuis Ravenne jusqu’à Bologne à l’époque d’Irnerius (premières décennies du  siècle). Rien qui ne rappelle alors l’existence d’un manuscrit majeur, voire originel, conservé à Pise. La question commence à se poser lorsque apparaissent les successeurs d’Irnerius, ceux que l’on appelle les quatre Docteurs. Les manuscrits utilisés par les Bolonais constituent ce que l’on appelle la

littera bononiensis ou plus tard la Vulgate. uels liens ces manuscrits entretiennent-

ils avec le manuscrit du  siècle conservé à Pise ? Aux  et  siècles, l’idée dominante faisait du manuscrit pisan l’archétype de la Vulgate bolonaise, sans que

. Pour un examen récent et détaillé du manuscrit et de sa composition, voir E. R M, « La tradiciòn manuscrita del Digesto en el occidente medieval a través del estudio de las varientes textuales », Anuario de Historia del Derecho Español, , , p. -, avec bibliographie antérieure. Signalons particulièrement B. H. S, « e partes of the Digest in the Codex Florentinus »,

Subseciva Groningana. Studies in Roman and Byzantine Law, I, , p. - ; à compléter par

T. W, « e continuing story of the date and origin of the Codex Florentinus », Subse-

civa Groningana, V, , p. -. Le travail philologique le plus aigu sur les Pandectes florentines

se trouve chez Wolfang R, « Schreiber und Korrektoren des Codex Florentinus », Zeitschri

der Savigny-Stiung für Rechtsgeschichte : Romanistische Abt. , t. , , p. -, qui identifie

pointilleusement les mains des différents scribes et correcteurs.

. Pour des études de cas très détaillées de modalités de transmission des différents textes du

Corpus iuris civilis, voir Carmen T-M, Tradición textual del Codex Iustinianus. Un estudio del Libro , Francfort/Main,  ; pour un exemple d’étude consacrée à une autre source

essentielle, le Codex, voir G. S, La memoria del diritto comune. Sulle tracce d’uso del Codex

di Giustiniano (secolo -), Rome, , et Emanuele C, Tres libri codicis. La ricomparsa del testo e l’esegesi scolastica prima di Accursio, Frankfurt/Main, . À compléter par le travail de

H.   W, « Zur Textgeschichte des Infortiatum und zu seiner Glossierung durch die frühen Bologneser Glossatoren », Ius commune, , , p. -.

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l’on sache comment les deux sources avaient pu converger ¹. Il est certain, sur la base de la vingtaine de manuscrits juridiques datables du milieu du  siècle, que les maîtres bolonais ont corrigé tel ou tel passage du Digeste tel qu’ils le possédaient dans un sens qui reprend la leçon des Pandectes pisanes, ce qui tend à illustrer la thèse d’une connaissance de cette source par les Bolonais ². On a ainsi une série notable de modifications sous la forme de gloses interlinéaires qui amendent le texte que les Bolonais avaient sous les yeux et donnent une leçon proche de celle conte- nue par la Pisana. Cela suffit-il à prouver un recours direct au texte pisan, certes pas. À tout le moins devait-il exister un filon extra-bolonais de transmission des sources normatives utilisées à Bologne ; et ce filon a dû etre alimenté par la littera pisana, ou des fragments recopiés à partir de ce texte. En tout état de cause, on trouve des attestations de modifications de lecture proposées dès l’époque des quatre Docteurs (deuxième moitié du  siècle ³), et poursuivies par la suite.

Cependant, le texte conservé à Pise n’était pas considéré comme un exemplaire lambda ; il a acquis très vite une réputation particulière, au point qu’on lui a attri- bué un nom spécifique celui de Pandectes ⁴. Le terme désignait dans le lexique latin

. La question des relations entre la littera florentina (F) et les vulgates bolonaises du  siècle a été reprise de manière très claire dans un article récent de Maria Victoria S R, « Situaciòn actual de los estudios sobre la tradiciòn manuscrita del Digesto en Occidente », Anales de

la faculdad de derecho, Uniersidad de la Laguna (Tenerife), , , p. -. Je remercie l’auteure

de m’avoir très amicalement envoyé un tiré-à-part de son travail qui pose excellemment les problèmes de la tradition textuelle et historiographique de ce manuscrit. Techniquement, il semble acquis que les manuscrits les plus anciens de la vulgate bolonaise dépendent d’une copie du manuscrit pisan, baptisée Codex Secundus par Mommsen et aujourd’hui perdue ; les plus anciens manuscrits conservés de la littera Bononiensis (la vulgate bolonaise) seraient des manuscrits écrits dans la seconde moitié du  siècle dans l’Italie méridionale, avec des traces d’écritures bénéventaines. Ces manuscrits, à la différence de la Pisane, comportent la tripartition du Digeste justinien en Digestum vetus, Infortiatum, et Digestum noum : Juan M, « Tre autografi di due amanuensi del Codex Secundus », Juris

vincula. Studi in onore di Mario Talamanca, Naples, , V, p. -. Radding et Ciaralli ne citent

pas ces études.

. G. P, « Iterum homines querebant de legibus. Una nota sulla riemersione dei Digesta nel Medioevo », Rivista internazionale di Diritto comune, , , p. -.

. Plusieurs exemples reproduits par Severino C, « Visite alla Pisana », dans Le Pandette

di Giustiniano. Storia e fortuna di un codice illustre. Due giornate di studio (Firenze, - giugno ),

Florence, , p.  sq., ainsi bien sûr que par R & C, op. cit., p. -.

. Une question non subsidiaire est celle de l’apport des Pandectes à l’école pisane de droit. De la même manière que Pise fut un lieu central dans la traduction des textes médicaux arabes et grecs, la cité s’est enorgueillie d’un grand lettré, connaisseur en droit (il a assuré les fonctions de juge et a rempli de longues missions pour sa ville à Constantinople) et qui a traduit les passages grecs des Pandectes : Burgundio de Pise (+  à Pise). Voir Peter C, Burgundio on Pisa : Richter,

Gesandter, Übersetze, Heidelberg, Sitzungsberichte der Heidelberger Akademie der Wissenschaen,

Phi.-hist. Klasse, , et Walter B, Medioeo greco-latino : Da Gerolano a Niccolò Cusano, Naples, , ad indicem (subsiste encore un manuscrit conservé à Leyde contenant les traductions latines des pandectes par Burgundio). Il est malheureusement impossible d’aller plus loin sur la façon

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un recueil de lois, mais ce sens générique n’est jamais documenté pour les premiers glossateurs lorsqu’ils parlent du Digeste. Le mot Pandectae désignant le Digeste n’est utilisé que par les canonistes et ce, dès les compilations canoniques du  siècle qui incluaient des fragments de droit civil ; en ce sens, il désigne le Digeste. Mais les civilistes des  et  siècles n’utilisent presque jamais ce mot et préfèrent ren- voyer aux différents éléments du Digeste, tels qu’ils étaient étudiés dans les écoles de droit (Digeste vieux [Livres -] ; Infortiat [Livres , -, ], Digeste nou- veau [, -, ]). Lorsque le mot Pandectes apparaît sous leur plume, il désigne par antonomase le manuscrit pisan. L’on trouve dans les gloses pré-accursiennes les expressions de Pandecta, ou authenticum Pandectarum, authentica pandecta ¹. Une question se pose et demeure insoluble : par quels cheminements et pour quelles raisons, les Bolonais conférirent-ils à ce manuscrit un statut aussi archétypique et quels usages en firent-ils ? La question n’est pas de pure érudition car elle met en jeu le rapport au texte, le rapport aux auctoritates, tel qu’il se définissait dans la jeune tradition juridique européenne. Approche européenne et pas seulement bolonaise : en effet, la connaissance de ce manuscrit n’est pas le seul fait des Bolonais ; un juriste « lombard » du milieu du  siècle, Vacarius, « importateur » du droit romain en Angleterre à la demande de l’archevêque, éobald de Canterbury, vers , qui n’a pas enseigné à Bologne mais y a certainement étudié, explicite dans son ouvrage inti- tulé Liber pauperum à plusieurs reprises les différentes lectures possibles dans divers passages du Digeste, citant les variantes des Bolonais ou des Pisans ² (Vaccarius ne parle pas seulement de la littera pisana, mais de Pisani, comme si s’opposaient deux écoles et non deux traditions textuelles ³).

Pourquoi les Italiens qualifiaient-ils ainsi ce manuscrit d’Authenticus et continuaient-ils à élaborer une littera communis, qui n’était pas la simple édition de ce manuscrit proto- ou archétypique ? uestion insoluble en termes philologiques, mais qui trouve un début de réponse si l’on s’éloigne quelque peu des manuscrits pour réfléchir à la relation des intellectuels au texte. Dans cette naissante science

dont l’éminent savant pisan a utilisé le Codex pisanus dans le cadre de sa carrière juridique. uant à la postérité de ses traductions latines, elle semble quasi-nulle : Emanuele C, « Ego quidem mundi

dominus. Ancora su Federico Barbarossa e il diritto giustinianeo », in Studi sulle società e le culture del Medioeo per Girolamo Arnaldi, L. G & P. S M (éd.), Florence, , p. -

, a pisté en vain les traces des traductions latines de Burgundio dans les manuscrits de la vulgate bolonaise.

. S. C, art. cit., p. . . K. S, op. cit., I, .

. Sur cet aspect, Richard William S, « Master Vacarius and the Beginning of an English Academic Tradition » in Medieval Learning and Literature, Oxford, , et Peter S, « Vacarius and the Civil Law » in Church and Government in the Middle Ages, Londres, , et l’article en ligne de Charles C, « Magister Vacarius “hic in Oxonefordia legem docuit” : () An Analysis of the Dissemination of Roman Law in the Middle Ages » (novembre ) :

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juridique, le texte connu et commenté était en réalité celui du maître qui ensei- gnait. C’est ainsi que l’on trouve toujours au  siècle, des Digestes qui sont appelés

Libri Martini (livres de Martinus), Libri Rogeri, Libri Bandini, etc. La Pisane est le

manuscrit qui n’appartient à personne. Le fait qu’il soit tenu comme Authenticum

Pandectarum n’a pas suscité l’abandon des livres tels qu’ils étaient retenus par les

écoles. La raison en est peut-être et paradoxalement le trop grand respect des livres, la religion de l’écrit, la canonisation des textes dont parle le père Chenu. De la pré- ciosité du manuscrit pisan, il ne découlait pas que celui-ci dût servir de fondement à un usage encadré de l’écrit et de la transmission du matériau juridique. Demeu- rait intacte une présomption d’authenticité pour les différents livres utilisés. Toute forme du texte, Pisane ou pas, méritait d’être respectée par le seul motif qu’elle exis- tait. Si peu à peu s’impose une littera Bononiensis, version bolonaise du texte, avec les gloses, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un texte vivant. Il n’y a pas d’arché- type de la littera Bononiensis ¹. Les exégètes, depuis Mommsen, l’ont recherché avec avidité, traçant des stemmas des manuscrits, mais sans résultat avéré. Et pour cause ! Les contaminations, les divergences entre la leçon de la pisane et la leçon bolonaise sont très nombreuses, la plus fameuse est l’inversion du dernier titre du Digeste (le ms. pisan inverse l’ordre des deux derniers titres ; en sens inverse, le ms. pisan contient quelques suppléments au texte des glossateurs) ; elles ont été recensées au  siècle en vue de l’élaboration d’une vulgate unanimement admise, avec force raffinements, remplaçant l’archétype disparu par des mystérieux sous-archétypes, mais au Moyen Âge, cela ne posait guère de difficultés ². Il n’en reste pas moins que le manuscrit précieux dormait tranquillement, que l’on s’y référait quelquefois sans exiger une confrontation directe pour valider une hypothèse de lecture incertaine. À partir des  et  siècles, le statut du document se modifie progressive- ment. Il se modifie sous l’effet d’un changement de culture juridique.

D’abord dès le  siècle, la recherche d’une normalisation des textes se fait plus grande, du moins l’exige-t-on plus fermement. Les statuts universitaires bolonais, comme les statuts de la ville, prévoient que les péciaires doivent tenir des éditions

bene correcta et emendata, sous peine d’une lourde amende ; on sait cependant que

la réalité des manuscrits juridiques recopiés ad usum scolarum était loin de tenir les engagements requis ³. Un plus grand respect, gage d’une fiabilité accrue, donc.

. S. C, art. cit., p. .

. Charles M. R & Antonio C, « e Corpus Iuris Civilis in the Middle Ages : A case study in historiography and medieval history », Zeitschri der Savigny-Stiung für Rechtsges-

chichte (ZRG). Romanistische Abteilung, , , p. -.

. Sur ces problèmes, indispensables sont les études de Franck S, « L’édition de lec-

turae par les stationnaires bolonais », Tijdschri oor Rechtsgeschiedenis, , , et Id., « La car-

cerazione del copista », Rivista Internazionale di Diritto Comune,  , tous deux repris dans Id.,

L P  :    ’ ... 

Ce mouvement favorise-t-il le recours aux Pandectes pisanes, comme à une aucto-

ritas incontestée ? On ne peut l’affirmer pour le  siècle, où pourtant l’effort de

la plus grande normalisation non seulement du texte mais de l’exégèse est entrepris grâce à Accurse dont la glose s’impose comme glose ordinaire, laquelle est désormais enseignée comme une source d’autorité à quasi-parité de dignité avec le texte juri- dique lui-même. Or, Accurse n’a que très rarement utilisé la Pisane. Plus souvent, sa magna glossa recensait les divergences de lecture sans trancher : « si habes..., si

habes... », écrit-il à plusieurs reprises, renvoyant ainsi à une diversité possible des

leçons trasmises ¹.

En revanche, ce qui mérite d’être relevé dans cette perspective, c’est l’aura toujours plus grande dont bénéficiait le manuscrit en lui-même. Curieusement pourtant, les statuts de la ville n’accordent pas une place de choix au traitement de la précieuse relique. Dans les statuts de la ville de , il est bien question de pandectes, mais le contexte de la phrase laisse clairement entendre que le mot pandecta est alors utilisé dans un sens générique et synonyme de lois, sans référence au manuscrit lui-même ², comme si les juristes de la ville avaient élargi l’acception du mot. Rien