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Le rapport entre la linguistique et la psychanalyse est des plus complexes. Si, dans un premier temps, la linguistique a eu à se dissocier de toute « influence psychologisante » pour se constituer en science (aujourd’hui la psycholinguistique témoigne de l’autonomie actuelle de la linguistique à l’égard de la psychologie), la problématique de l’inconscient réactualise pour la linguistique la question du sujet dans le langage, à partir d’une nouvelle expérience, le transfert, et d’un nouveau cadre épistémologique, la dualité conscient / inconscient. Cependant, le problème de l’influence de la psychanalyse sur la linguistique est rarement évoqué par les linguistes. Cela ne doit pas nous étonner car le sujet épistémologique de la théorie linguistique (ainsi que son « objet d’étude ») se trouve menacé par une telle « influence » ; d’une part, la psychanalyse met en cause la constitution historique et logique de la science moderne, et, en conséquence, la linguistique, dans sa prétention à la scientificité s’en trouve affectée ; d’autre part, la psychanalyse rend impossible l’habitude de la linguistique actuelle de considérer le langage en dehors de sa réalisation dans le discours d’un sujet doté

218 Gentil, M., Tournier, CL., Pollak, P., Benabid, AL. (1999).Effect of bilateral subthalamic nucleus stimulation and dopatherapy on oral control in Parkinson's disease. European Neurology, 42, (3), p. 136-140.

d’inconscient, en considérant ce sujet comme implicite, égal à lui-même, unité fixe qui coïncide avec son discours. Ce postulat cartésien, qui sous-tend la linguistique moderne et que Chomsky a mis au jour, est ébranlé par la découverte freudienne de l’inconscient et de sa logique. Alors qu’il est difficile de parler d’une « influence directe » de la théorie psychanalytique sur la linguistique, on doit tenir compte de nombreuses recherches transversales à la linguistique (stylistique, sémiotique, phonétique, critique et théorie littéraire, etc.) qui ont réussi à intégrer dans leur théorie du langage la référence à la psychanalyse. L’une des manières pour la linguistique de s’ouvrir au subjectif a été mise en évidence par des théories de l’énonciation. Grâce à l’énonciation, ce qui était considéré comme appartenant au domaine de la sémantique ou de la pragmatique a été réintroduit à l’intérieur de la formalité de la théorie linguistique. De Jakobson, Benveniste à Lacan, entre autres, l’étude de l’énonciation reste aujourd’hui le domaine privilégié de rencontres entre la linguistique, les théories du langage et la psychanalyse.

Il me semble que ce terme d’énonciation a toute son importance pour envisager la répétition palilalique du sujet dément non comme seulement déficitaire (Irigaray), mais surtout comme une lutte pour maintenir sa subjectivité qui, de par le processus démentiel, se trouve incontestablement en danger.

Si je devais traduire la définition « médicale » de la palilalie amenée dans les divers travaux présentés, en termes psychanalytiques, je dirais, à ce stade du travail, qu’il y a un Signifiant, ou un ensemble de Signifiants, qui se répète(nt) à l’infini. La prochaine étape est donc de définir précisément ce concept de Signifiant ayant traversé des siècles de réflexion.

4. 1. Le signifiant

Dans le champ psychanalytique, Freud et Lacan notamment ont examiné les différentes caractéristiques du langage. Ainsi, dans la Psychopathologie de la vie quotidienne, Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, et L’interprétation des rêves, Freud décrit les mécanismes par lesquels le désir inconscient peut se dire en rusant avec la censure, mécanismes dont les plus connus sont la condensation et le déplacement. Elles incluent déjà une réflexion sur l’importance de la polysémie par laquelle un même

énoncé peut avoir à la fois un sens manifeste et un sens latent – voire condenser une pluralité de significations différentes.

Du côté de Lacan, les Propos sur la causalité psychique comportent une définition du « mot » comme « nœud de significations » et reprend la question de la polysémie219. C’est aussi dans ce texte qu’apparaît le terme de signifiant, que Lacan emprunte à la linguistique et qu’il pose ainsi : « Notre définition du signifiant (il n’y en a pas d’autre) est : un signifiant, c’est ce qui représente le sujet pour un autre signifiant.220 »

Dans son célèbre Cours de linguistique générale, Saussure propose de définir le signe linguistique comme la combinaison (obligatoire) d’un concept (le signifié) et d’une image acoustique (le signifiant) : « le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique221». L’image acoustique222 correspond à « l’empreinte psychique de ce son [matériel], la représentation que nous en donne le témoignage de nos sens ; elle est sensorielle […].223 » Elle constitue cette représentation naturelle du mot sans passer par la parole. Le terme « phonème » est en revanche utilisé uniquement pour traduire une action vocale. Saussure établira deux principes fondamentaux :

1. « Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l’association d’un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire.224 » 2. « Le signifiant, étant de nature auditive, se déroule dans le temps seul et a les caractères qu’il emprunte au temps : a) il représente une étendue, et b) cette étendue est mesurable dans une seule dimension : c’est une ligne.225 »

Un autre grand nom de la linguistique, Benveniste, va apporter un élément majeur à la définition saussurienne du signe qui va me permettre d’avancer un peu plus dans ma

219 Lacan, J. (1946). Propos sur causalité psychique. Écrits, Tome I. Paris : Seuil, 1966, p. 166.

220 Lacan, J. (1958). Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien. Écrits, Tome I. Paris : Seuil, 1966, p. 819

221 De Saussure, F. (1916). Cours de linguistique générale. Paris : Grande bibliothèque Payot, 1998, p. 98.

222 Le terme « acoustique » est employé pour traduire le fait qu’il implique la possibilité de se parler à soi sans bouger la langue ou les lèvres.

223 De Saussure, F., op. cit., 1998, p. 98.

224 Ibid., De Saussure, F., 1998, p. 100.

réflexion sur la palilalie. Dans son ouvrage Problème de linguistique générale226, Benveniste insiste sur un oubli fondamental de Saussure : le référent, autrement dit, la

réalité extérieure au langage. Pour Benveniste, l’arbitraire concerne le lien entre le signe linguistique et l’objet qu’il désigne, et non celui unissant signifiant et signifié. L’articulation entre signifiant et signifié n’est pas arbitraire mais nécessaire. L’arbitraire du signe s’illustre alors dans le lien que le signe entretient avec la réalité extérieure : ce qui est arbitraire, c’est que tel signe, et non tel autre, soit appliqué à tel élément de la réalité et non à tel autre.227 La chaîne signifiante, c’est l’articulation temporelle d’un signe sur l’axe des oppositions (axe syntagmatique). Dans un syntagme, un signe n’acquiert sa valeur que parce qu’il est opposé à ce qui précède ou ce qui suit.

Une différence des plus importantes séparera la vision saussurienne et la vision lacanienne du signe linguistique : si pour Saussure, le signifié prévaut sur le signifiant, il y a disparition de l’ellipse qui rassemble le signifiant et le signifié dans l’unité du signe, accentuation corrélative de la barre qui les sépare, faisant dominer le signifiant sur le signifié :

« Le premier réseau du signifiant est la structure synchronique du matériel du langage en tant que chaque élément y prend son emploi exact d’être différent des autres ; tel est le principe de répartition qui règle seul la fonction des éléments de la langue à ses différents niveaux, depuis le couple d’opposition phonématique jusqu’aux locutions composées dont c’est la tâche de la plus moderne recherche que de dégager les formes stables.228 »

Pour Lacan, l’articulation d’un signifiant à un autre signifiant dans la chaîne signifiante est la présence même du désir. En effet, le principe de la métaphore paternelle implique que le signifiant représente le sujet pour un autre signifiant : un signifiant S2 en lieu et place d’un signifiant S1 refoulé fait advenir le sujet parlant, autrement dit S2 représente le sujet pour le signifiant S1. Au fil de la chaîne signifiante, ce mouvement se

226 Benveniste, E. (1966). Problème de linguistique générale, 1. Paris : Gallimard, 1976, 356 p.

227 Ibid., Benveniste, E., 1976, p. 50.

228 Lacan, J. (1955). La Chose freudienne ou sens du retour à Freud en Psychanalyse. Écrits, Tome I. Paris : Seuil, 1966.

renouvelle constamment puisque, comme l’a défini Saussure pour le signe, le sens d’un signifiant ressort des autres signifiants qui le suivent ou le précèdent. Pour Lacan, dans le signifiant, ce qui a un sens est le désirable : le signifiant lui-même est le désirable. S1 apparaît comme le désirable uniquement à partir du signifiant S2. La chaîne signifiante est donc marquée par une négativité radicale : l’objet absolu manque, mais, de son côté, le manque n’est pas absolu puisque le désir fait contrepoids. C’est cette distinction qui va conduire Lacan à distinguer l’imaginaire, le réel et le symbolique (cf. introduction).

Si le signifiant occasionne le désir dans le symbolique, le manque de l’objet dans le réel va l’amener à être posé dans l’imaginaire. Le signifiant qui apparaît à la place de l’objet manquant et le symbolise du même coup explique la maintenance du désir dans le registre du symbolique. En d’autres termes, l’imaginaire recouvre le signifiant pris tout seul à l’instar du symbolique où il fonctionne, nécessairement articulé et opposé aux autres signifiants : « C’est dans la chaîne du signifiant que le sens insiste, mais aucun des éléments de la chaîne ne consiste dans la signification dont il est capable au moment même.229 » Le réel serait « l’entre-deux signifiants » où « le signifiant est aboli de n’être plus qu’un signifiant ». À mesure de sa réflexion, Lacan définira le système des signifiants comme constituant l’inconscient, et à partir de là, le déplacement et la condensation avancés par Freud sont réinterprétés dans l’œuvre de Lacan en termes de métonymie et de métaphore.

Grâce au jeu de la chaîne signifiante (S1, S2, … Sn) présente dans l’inconscient, le grand Autre, lieu d’opération du langage, fait supposer le sujet. Lors de ses premiers séminaires, Lacan fait intervenir l'Autre au niveau de la parole, et le présente comme tout à fait indispensable pour comprendre le fonctionnement du discours. L’Autre permettait d'établir certaines strates dans ce discours puisque, suivant le circuit de ce discours, il y aurait ou non passage par cet Autre. L’Autre se profile ou non derrière une parole – fondatrice, pleine. Cette parole fondatrice est structurée grammaticalement comme un message venant de l'Autre, sous une forme inversée. En effet, quand le bébé commence à articuler quelques sons, il emprunte des signifiants qui viennent de l'Autre, en articulant sa demande et en répétant cette demande, qui, étant donc d'emblée du symbolique rate

forcément l'objet, puisque il y a l'impossibilité totale d'adéquation entre le symbolique dans lequel cette demande est articulée et le réel qui est visé.

Cette demande, dans sa répétition, vient faire trou dans l'Autre, qui est incarné par un grand Autre réel qui est la mère, et, puisque, comme le dit Lacan, le message revient de l'Autre sous une forme inversée, forcément cette demande articulée correspond en sens inverse pourrait-on dire à une demande du grand Autre et un désir énigmatiques. C'est le fameux jeu entre : « Che voï ? », « Que me veux-tu ? », qui est la demande de l'Autre qui se transforme pour le sujet en « que me veut-il ? » il suffit d'articuler les premiers signifiants venant de l'Autre pour mettre en route ce système de places, de positions... pour faire face à ça, à une demande et un désir énigmatiques chez le grand Autre.

La nature du signifiant semble moins importante que sa fonction et le rapport des signifiants entre eux. Avec son graphe du désir, Lacan représente bien que le signifiant (image acoustique) et le signifié (représentation mentale) ne sont pas liés. Par conséquent, le sens d’un mot reste ouvert tant que la fin de la phrase n’est pas dite. Le sens est toujours donné par l’écoute d’un Autre (qui ne se confond pas avec l’allocutaire).

Le rapport signifiant / signifié ne se fixe qu’à partir de l’Autre. Sans Autre, le signifiant ne leste pas le signifié de sens, alors le signifiant peut défiler ou sauter au profit d’un autre signifiant.

Pour Lacan, le signifiant doit d’abord être conçu dans son autonomie par rapport à la signification. Cette autonomie fut clairement abordée dans les textes freudiens, notamment dans Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, où Freud démontre l’importance du jeu de l’enfant avec les phonèmes, hors de tout souci de signification. Il y a ainsi du non-sens irréductible à toute intention de signifier. La dimension asémantique du signifiant est accentuée par Lacan à l’occasion du séminaire sur les psychoses : « tout vrai signifiant, en tant que tel, est un signifiant qui ne signifie rien.230 » C’est la psychose en effet qui permet de saisir de la façon la plus directe comment un signifiant peut se manifester dans un sujet sans que sa signification puisse à proprement parler se constituer,

en tant qu’elle ne renvoie pas à une autre signification. Pour Lacan, un signifiant considéré isolément ne signifie rien, il ne prend sens que de son rapport avec un autre signifiant, la chaîne toute entière ne se comprenant qu’à partir de son dernier terme (Lacan appelle « axiome de spécification » le fait qu’un signifiant ne saurait se signifier lui-même). Ainsi, cette structure de chaîne qui est celle par quoi le sujet peut être représenté, est-elle en même temps ce qui produit des effets de signifié, les deux fonctions venant à s’articuler au point que l’on peut identifier ici effet de signifié et effet de sujet. Reste qu’il faut distinguer, de la phrase effectivement dite, ou dicible, cette autre chaîne où le désir inconscient insiste. Ici, la question du signifiant renvoie à celle de la répétition : retour réglé d’expressions, de séquences phonétiques, de simples lettres qui scandent la vie du sujet, quitte à changer de sens à chacune de leurs occurrences, qui insistent donc en dehors de toute signification définie.

Ce que je retiens surtout de cette sous-partie est l’importance capitale de l’Autre pour conférer au signifié un sens. Si le sujet dément est en permanence tourné vers cet Autre, l’incapacité des autres à réceptionner son discours palilalique souvent considéré comme insensé pose la question de la manière de l’entendre… Prêter attention au dire plutôt qu’au dit est alors crucial.

4. 2. « Quand dire c’est faire »

Les travaux psychanalytiques cités précédemment ont permis une avancée dans ce travail en liant le signifiant à l’Autre ; voyons maintenant les approches psychanalytiques, pragmatiques, et sémiotiques concernant le dit et le dire. Toutes trois sont nécessaires pour approcher la palilalie du sujet atteint de démence.

4. 2. 1. La pragmatique

Le langage est un ensemble complexe qui inclut la phonologie, la syntaxe ou encore la sémantique. Cependant l’utilisation du langage ne peut pas être réduite à la maîtrise du vocabulaire ou d’une grammaire. En 1965, Chomsky procède à une réinterprétation de l’opposition saussurienne de la langue et de la parole à travers la différenciation des

notions de compétence et de performance langagières. La première correspond à une connaissance implicite de la langue et de ses usages, tandis que la seconde a trait à l’utilisation réelle que le sujet en fait, en fonction du contexte et des caractéristiques qui lui sont propres.

J’ai insisté sur le fait que l’étude d’Irigaray est une vision formelle du langage qui n’est pas suffisante pour appréhender une utilisation sociale du langage – encore moins dans le champ de la démence. Il faut y intégrer une fonction de communication. Cette fonction, c’est la pragmatique du langage. Dans un numéro spécial de la revue Brain and Language, Chomsky soutient d’ailleurs que toute théorie du langage qui se veut complète passe obligatoirement par la pragmatique231, communément définie comme l’étude des signes dans leur rapport avec leurs utilisateurs.

La linguistique vise à décrire et à formaliser des structures récurrentes, susceptibles d’être utilisées dans des contextes différents ; « la linguistique ne s’intéresse pas à la communication.232 » La pragmatique s’intéresse quant à elle au langage en contexte ; elle a pour objet ce qui relève de l’utilisation du langage : « Les notions d’utilisation, d’usage, d’acte ou d’action et de contexte constituent le dénominateur commun à toutes les approches pragmatiques des phénomènes langagiers.233 » Les habiletés pragmatiques permettent au locuteur d’utiliser le langage en situation de communication, en tenant compte de celui qui parle, de l’interlocuteur, et du contexte de cette interaction. La mise en œuvre des habiletés pragmatiques est donc indispensable pour toutes les situations dans lesquelles l’interprétation d’un énoncé va dépendre du contexte.

Le terme pragmatique vient du grec pragmatikos, « qui concerne l’action ». La pragmatique s’est d’abord construite en contre-pied de la linguistique issue du Cours de Linguistique Générale de Saussure (1976), qui visait principalement à une description de l’usage linguistique. Elle s’en distingue car elle construit des modèles qui exercent une prise directe sur l’usage du langage. La pragmatique s’inscrit dans un vaste champ

231 Stemmer, B. (1999). An On-Line Interview with Noam Chomsky: On the nature of pragmatics and related issues. Brain and Language, 68, (3), p. 393-401.

232 Nespoulous, JL. (1986). Les domaines de la pragmatique. Rééducation Orthophonique, 146, p. 127-136.

233 Hupet, M. (2006). Le bilan pragmatique. Dans : Estienne, F. & Piérart, B. (2006). Les bilans de langage

d’étude, celui de la communication humaine, intéressant diverses disciplines telles que la psychologie clinique, la sociologie, la neuropsychologie et la linguistique. Hupet décrit la compétence pragmatique comme une compétence communicative différenciée de la compétence linguistique, qui est davantage assimilée à la maîtrise du code et à l’ensemble de ses paramètres phonologiques, sémantiques, lexicaux, et syntaxiques qui concernent un cadre d’analyse nettement plus normé et structuré. 234

Les études sur l'énonciation effectuent le lien avec la pragmatique. Plusieurs niveaux de linguistique pragmatique se distinguent : 1) les déictiques (ou symboles indexicaux -selon les terminologies); 2) le sens littéral et non-littéral (en particulier les présupposés et les implicatures) ; et 3) les actes de langage.

L’acte de communication met en jeu au moins deux individus : un locuteur et un interlocuteur. Le locuteur (émetteur) utilise un système de codes linguistiques, gestuels et sociaux, pour produire un message destiné à un interlocuteur (récepteur). Le message véhicule d’une part un contenu sémantique et d’autre part un contenu relationnel, et évolue en fonction des signaux verbaux et non verbaux en fonction de l’interlocuteur. La situation de communication nécessite un contexte qui lui confère un sens. Selon Bateson, l’expérience est une image générée par le biais d’organes sensoriels particuliers et de voies nerveuses ; elle relève donc de la perception. Communiquer, c’est donc, dans un premier temps, coder l’information qui arrive à la psyché. Dans un deuxième sens, le récepteur doit la décoder pour lui conférer un sens. Il s’agit bien là de la rétroaction (feedback) : « la cause produit un effet, qui à son tour agit sur la cause (qui devient donc effet de la cause qui était précédemment l'effet, etc., dans une logique causale circulaire).235 »

234 Hupet, M. (1996). Troubles de la compétence pragmatique : troubles spécifiques ou dérivés ? Dans : De Weck, G. (1996). Troubles du développement du langage. Perspectives pragmatiques et discursives. Lausanne-Paris : Delachaux & Niestlé, p. 89-112.

235 Bateson, G. (1977). Vers une écologie de l’esprit (traduit de l'Anglais par Drisso, P., Lot, L. et Simion,

La pragmatique a pour objectif de réinsérer l’énoncé produit dans l’acte de communication, c’est-à-dire de décrire les relations entre l’énoncé, les interlocuteurs et la situation de communication236.

En somme, s’intéresser à la palilalie demande de porter une attention particulière aux conditions dans lesquelles elle apparaît. Si le discours en lui-même est difficilement