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Chapitre 5 : analyse transférentielle et contre-transférentielle

5.1. Analyse transférentielle

De manière générale, le transfert est défini en Psychanalyse comme le processus constitutif de la cure analytique, par lequel les désirs inconscients de l’analysant concernant les objets extérieurs viennent se répéter dans le cadre de la relation analytique, sur la personne du clinicien, mis en position de ces divers objets. Dans le transfert, il ne s’agit pas de la personne du clinicien, quand bien même il la prête comme support au phénomène de transfert, mais de sa place, et de sa fonction. C’est la place de l’Autre comme adresse du destinataire à qui parle le sujet. C’est l’appel du sujet au savoir de l’Autre qui inaugure le transfert (ici l’Autre, lieu du trésor des signifiants). Ce que l’analyste répond est moins important que la place d’où il répond. C’est le sujet, dans son discours, qui détermine les places donc aussi la place du clinicien. C’est de ce lieu, l’Autre, que l’analyste parle.

Comme je l’ai notifié, la MAA touche les trois acceptions de l’Autre définies par Hassoun301 : l’Autre comme lieu du Refoulement originaire, l’Autre comme trésor de signifiant, et l’Autre maternant. Notre objectif premier dans la clinique du sujet atteint de démence est de les restaurer. Mais si le transfert semble d’emblée avoir été instauré avec Paulette et Dolorès, je n’en dirais pas autant avec Marguerite.

Restaurer l’Autre comme lieu du refoulement originaire chez un sujet atteint de MAA à un stade sévère passe, selon moi, par une volonté de réduire autant que possible la frustration générée par l’attente, et donc par la favorisation d’un environnement qui tente de répondre au plus vite aux appels du sujet. Souvenons-nous, le refoulement originaire survenait quand la réponse de l’autre (la mère, en général) n’était plus immédiate, frustration à laquelle le sujet répondait par la représentation. J’ai suggéré que

le sujet atteint de démence au stade sévère n’ait plus le pouvoir le faire. Ainsi, par exemple, quand Paulette me demande « air air air », je m’empresse de lui enfiler une veste pour sortir avec elle dans le jardin, ce qui l’apaise immédiatement.

Ensuite, restaurer l’Autre comme lieu des signifiants m’a amenée, dans les trois cas, à accorder une attention particulière au phénomène de palilalie, très présent. J’ai agi de deux façons : d’une part, en me faisant porte-parole, c’est-à-dire non seulement en tentant de verbaliser leur souffrance, mais aussi, plus généralement encore, en expliquant tout ce qui se produit dans l’environnement qui les entoure, le moindre geste qui s’adresse à elles, etc. Ainsi, en ce qui concerne la palilalie de Paulette, mes différentes tentatives d’attribution de sens restèrent finalement vaines, mais ce qui fonctionna, ce fut de répéter les syllabes qu’elle prononçait, ou en tout cas d’en changer le rythme, afin d’enrayer cette répétition extrêmement mortifère et lui permettre d’en produire d’autres. En somme, même si cela a pu surprendre de nombreuses personnes, ma méthode a été de faire parler Paulette. Nous avons pu, de cette façon, discuter de longues heures si nous comptabilisons les entretiens, sans que je puisse un jour avoir une idée de ce qui était en train de se dire. Ce que j’ai pu voir uniquement, c’est que le fait de valider les syllabes qu’elle prononçait l’apaisait (elle souriait, m’embrassait). Cette démarche fait écho à la méthode de la validation de Naomi Feil302, qui apparait pour beaucoup simpliste, mais est en fait très peu appliquée. Dès lors, par exemple, lorsqu’un sujet atteint de démence nous dit qu’il doit partir rapidement pour aller chercher ses enfants et leur préparer le repas (plongeon rétrograde), il n’est surtout pas question de l’en dissuader et de le ramener à la réalité ; de la même manière, je m’appuyais sur les verbalisations de Paulette qu’elle répète à l’infini, je les lui répétais à mon tour pour lui noter que je les ai bien entendues. J’ai procédé de la même manière avec Dolorès et Marguerite mais les effets de cette validation n’ont pas été aussi évidents. Avec Dolorès, je n’ai pas noté d’effets quelconques de la validation, et avec Marguerite, elle a généré une seule fois l’arrêt de la palilalie.

Enfin, le grand Autre maternant est également absent chez le sujet atteint de démence qui perçoit incessamment l’institution comme un Autre malveillant. Les conduites d’agrippement de Paulette et Dolorès en sont un indicateur. En général, dès que

302 Feil, N. (2005). Validation, la méthode de Naomi Feil: Pour une vieillesse pleine de sagesse. Aider et

nous nous trouvons dans une situation d’angoisse, nous faisons appel au lien avec cet Autre. Le sujet atteint de démence n’y parvient pas. Mon objectif fut donc de restaurer cet Autre maternant, en leur vouant une « préoccupation clinique primitive303 ». Cela est passé par plusieurs choses : veiller à ce qu’elles soient dans un environnement exempt de tout danger, les emmener loin des résidents qui devenaient agressifs à cause de la palilalie, mais aussi, accorder un sens le plus adapté possible à leurs comportements et verbalisations. Les enjeux du regard et du toucher sont tout aussi grands. J’utilise souvent dans les récits des rencontres l’expression « capter par le regard », qui est une condition sine qua non dans la clinique du sujet atteint de MAA. Le toucher apparaît également comme une condition au transfert dans de nombreux cas. Avec Paulette, j’ai pu remarquer que sans ce regard ou ce toucher, il m’était beaucoup plus difficile, si ce n’est impossible d’établir un lien avec elle. Pour Dolorès, les choses sont assez différentes puisqu’elle plongeait spontanément son regard dans le mien, sans que je n’aie à le chercher ; de même, elle me touchait systématiquement les mains et le visage. Enfin pour Marguerite, la relation transférentielle a été la plus difficile à mettre en place puisqu’elle ne supportait pas d’être touchée et je ne suis que très rarement parvenue à la capter par le regard. Je ne développe pas plus ces questions du regard et du toucher ici puisqu’un chapitre entier leur sera consacré lors du quatrième axe de ce travail.

Enfin, l’un des signes de la restauration de cet Autre maternant est aussi, selon moi, les nombreux agissements en miroir. Chez Lacan, ce concept de miroir avait un rôle prépondérant, notamment le stade du miroir puisque formateur de la fonction du Je. Un Autre, en général la mère, vient nommer l’enfant qui se contemple dans le miroir. C’est ainsi dans le dire de l’Autre et la contemplation de sa propre image que l’enfant pourra vérifier son unité. Nous le retrouvons également chez Winnicott où le visage de la mère apparaît comme le premier miroir de l’enfant : « Que voit le bébé quand il tourne son regard vers le visage de la mère ? Généralement ce qu’il voit, c’est lui-même. En d’autres termes, la mère regarde le bébé et ce que son visage exprime est en relation directe avec ce qu’elle voit.304 » Cet effet miroir a eu lieu avec Paulette et Dolorès. En revanche, je n’ai rien noté de tel chez Marguerite.

303 Quaderi, A., op. cit., 2010.

304 Winnicott, DW. (1975). Le rôle de miroir de la mère et de la famille dans le développement de l'enfant.

5. 2. Analyse contre-transférentielle

Dans son Séminaire sur Le Transfert, Lacan dit à propos du contre-transfert qu’il est fait « des sentiments éprouvés par l’analyste dans l’analyse, déterminés à chaque instant par ses relations à l’analysé. 305» Le transfère précède le contre-transfert (Heimann, Neyraut306).

Que ce soit dans le cas de Paulette, de Dolorès, ou de Marguerite, j’ai eu beaucoup de mal à accepter les premiers sentiments que j’ai pu éprouver vis-à-vis d’elles, ces sentiments violents de peur et d’impuissance face à leur état physique et psychique. Je l’évoquais dans le préambule pour Paulette mais cela vaut pour Dolorès et Marguerite, leur cachexie, leurs yeux fixes, leurs verbalisations si rythmées, parfois sur leurs mouvements, me renvoyaient l’image de machines programmées, de robots, pour lesquels il me faudrait lire des milliers de fois la notice pour essayer de comprendre leur fonctionnement. J’ai souvent ressenti beaucoup de honte et de haine vis-à-vis de moi de pouvoir penser d’une telle façon.

Si rester enfermée dans cette culpabilité ne m’aurait rien apporté, c’est dans la réflexion et les lectures que j’ai pu trouver refuge pour tenter de l’élaborer. Comme pour beaucoup (et être psychologue formée en gériatrie ne nous permet pas d’y échapper !), la réalité de la démence provoque un effroi et par conséquent, la désillusion de l’infinitude du moi, laissant planer une angoisse. Ces termes d’effroi et d’angoisse sont à entendre au sens freudien du terme, le premier correspondant à un « état qui survient quand on tombe dans une situation dangereuse sans y être préparé ; il met l’accent sur le facteur surprise307 » et le second caractérisant un « état caractérisé par l’attente du danger et la préparation à celui-ci, même s’il est inconnu.308 » Le moi voit alors sa part de finitude alors qu’il s’illusionnait jusqu’alors de son infinitude. Le sujet atteint de démence me renvoie à une part de moi-même, me voyant « vieille », « malade », « frappée » par la

305 Lacan, J. (1960-1961). Leçon du 8 mars 1961. Le Séminaire livre LVIII, Le transfert. En ligne :

http://www.gnipl.fr/Recherche_Lacan/2013/09/09/lviii-le-transfert-1960-1961-lecon-du-8-mars-1961/ 306 Cf. préambule, p. 13-14.

307 Freud, S., op. cit., 1981, p. 56.

déchéance (c’est le moi hideux de Messy309), c’est pourquoi il est envahi par une peur irrationnelle de mourir :

« […] mais comment rester au monde d’aujourd’hui dès lors que les objets investis sont principalement ceux du souvenir ? Et que le Moi ploie sous la menace de l’aliénation ? Et que le corps porte témoignage de l’amoindrissement des ressources, la volonté ne suffit pas à commander au désir, l’usure grippe la merveilleuse machine qui avait pour coutume d’être fiable. La chair pèse […], elle évoque la menace d’une échéance. Quoiqu’irreprésentable, celle-ci évoque la finalité de l’existence […]. Ainsi le sujet ne cesse-t-il de buter sur ce qui ne cesse de lui rappeler sa détresse et son impuissance, c’est-à-dire sa castration.310 »

La proximité d’avec la déchéance physique et psychique résonne comme la matérialisation du réel de la mort. Ainsi, le sujet dans le besoin, qui nécessite de l’aide, incarne la dépendance, la maladie, la mort à venir, relève de l’horreur. Cela génère un conflit entre ce que j’ai été, ce que je voudrais être et ce que je vois dans le sujet atteint de démence. En termes psychanalytiques, il s’agit ici d’un conflit qui oppose l’idéal du moi et le moi hideur ; un conflit entre cet idéal qui appelle à la vigueur du corps et de l’esprit, à l’autonomie, l’activité, contre le « vieux » dépendant, sénile et grabataire. Il s’agit d’une véritable attaque narcissique. Le « modèle » social (capacités intellectuelles, apparence physique…) auquel il s’agit en temps normal de s’assujettir est remis en cause face à la démence, douloureuse épreuve de réalité qui vient souligner l’inéluctabilité de la finitude et ses prémisses que sont le déclin physique et/ou cognitif.

De cette abjection première est ensuite née l’idéalisation qui a finalement suscité le désir d’en faire un travail de recherche.

Dans les trois cas également, je note la difficulté à terminer les séances, et la culpabilité d’abandonner les résidentes, seules dans leur chambre. Searles traduit parfaitement ces sentiments :

« Nos réactions coupables les plus troublantes sont liées au fait que, dans notre relation avec le patient […], nous avons régressé vers une relation défensivement symbiotique avec lui, dans laquelle nous avons une image omnipotente de nous-même et du monde. Lorsque nous

309 Messy, J., op. cit., 2002, p. 20.

310 Herfray, C. (2001). De quoi parle la vieillesse ? La vieillesse en analyse. Toulouse: Erès, 2007, p. 31-87.

sommes dans cet état d’omnipotence subjective, nous sommes totalement responsables de ce qui se passe dans l’analyse car il n’y a pas de monde extérieur à nous ; il n’y a pas d’autre personne réelle, de chair et de sang311 ».

Au moment du départ, je procédais chaque fois de la même façon : je tentais de capter leur regard afin d’expliquer que je devais partir. Mon erreur (reproduite dans les trois cas !) a probablement été d’oublier que le sujet atteint de démence à un stade sévère n’a plus la capacité d’anticiper. Ainsi, quand je leur disais que j’allais partir, il aurait fallu que je parte sur le moment et non que je retourne déambuler Paulette, que je reprenne les mains de Dolorès, auquel cas elles ne se souviendraient probablement pas que je leur avais dit que je devais partir. Puis l’agrippement physique était difficile à gérer, surtout avec Paulette, car elle s’accrochait de toutes ses forces. Clore un entretien avec un sujet qui ne s’arrête pas de parler est une chose, mais clore un entretien avec un sujet qui se lie à vous, physiquement, en est encore une autre. La fin des premiers entretiens avec Paulette et Dolorès entraînaient de violents sentiments de culpabilité, liés au fait d’une part de les laisser seules, alors qu’elles demandaient tant d’attention. Difficile, sur le moment, d’avoir en tête et d’accepter que l’affection adressée correspondait à de l’amour de transfert, et qu’ainsi, il ne s’adressait pas vraiment à moi. Freud le disait : « Ce dernier ne revêt pas un seul trait nouveau provenant de la situation présente, mais se compose entièrement de répétitions et de décalques de réactions antérieures.312 » De plus, leur pathologie démentielle faisait que je n’étais qu’un insu pour elles, oublié dès mon départ car manquant dans leur environnement. Et moi, je quittais un objet imaginaire, car d’elles, je n’en savais que la souffrance que j’éprouvais.

Ce sentiment de culpabilité a également été intense lors de la sortie avec la psychomotricienne, puisque j’avais cette horrible impression de délaisser Paulette. Je culpabilisais de ne pas la sentir bien, même très angoissée lorsque nous prenons le verre. Tout se passe comme si le mal être de Paulette était ma faute. Et pourtant, une autre personne réelle, il y avait. Que la psychomotricienne m’inondait de ses questions était bien une réalité. Qu’elle ait décidé d’emmener Paulette boire un verre alors qu’il lui est

311 Searles, H. (1966). Sentiments de culpabilité chez le psychanalyste. Le contre-transfert. Paris : Gallimard, coll. « Folio essais », 2008, p. 272.

difficile de rester assise était aussi une autre réalité, un choix, qui ne m’appartenait pas, mais auquel j’aurais certainement pu réagir d’une autre manière que de laisser dire.

Le contre-transfert avec Paulette fut massif, en atteste la première rencontre de laquelle j’étais sortie étouffée. Son agrippement de la main, puis du bras, puis de la taille, ce corps à corps qui en résultait, les pas synchronisés, et surtout, ses fortes expirations, me donnaient l’impression de ne faire qu’un corps. Mc Dougall parle à ce sujet de « fusion mortifère », en référence au transfert originaire, « fondamental », où le patient traite l’analyste comme une partie de lui-même, comme si la frontière Moi - non Moi n’était plus établie313. Le rythme de respiration de Paulette (deux pas, une forte expiration) me renvoyait brutalement, je ne sais pourquoi, à ma plus jeune enfance au cours de laquelle je vivais de fortes crises d’asthme et pendant lesquelles j’étais dans un état de détresse respiratoire si grand que je peinais ensuite à retrouver une respiration normale. Cela me donnait l’envie de fuir aussi loin que possible de cette unité. J’en voulais à Paulette de me faire revivre ces scènes. Mais je m’étais engagée auprès d’elle. La palilalie était moins présente depuis que nous marchions ensemble. Alors je devais encore rester un peu, pour elle. Cette façon de me laisser guider par elle, et dans la déambulation, et dans la respiration, cette façon de se servir de moi comme un prolongement d’elle, fit naître chez moi un constat à ce moment-là : c’est comme si je devais en passer par me faire objet pour re-subjectiver Paulette.

Car en effet, vouloir restaurer l’Autre maternant, c’est aussi prendre le risque de répondre – maladroitement – à la demande de fusion du sujet. J’ai pu vivre une autre expérience avec Dolorès lorsqu’elle m’a happé les cheveux pour me ramener à elle. Plus aguerrie puisque je l’avais vécu sous d’autres modalités avec Paulette, je ne ressentis pas cette fois de colère envers elle, mais au contraire, je savais que la rassurer la ferait me lâcher à un moment donné. Ceci est peut-être à mettre en lien avec l’idée de « symbiose thérapeutique314 » dont parle Searles pour expliquer cet état du transfert à un moment de la cure qui fait que l’analyste se sente coupable de tout ce qui arrive au patient. Acceptée

313 McDougall, J. (1978). Le contre-transfert et la communication primitive. Plaidoyer pour une certaine

anormalité. Paris : Gallimard, coll. « Connaissances de l’inconscient », 1981, p. 117-138.

314 Searles, H. (1973). À propos de la symbiose thérapeutique : le patient comme thérapeute symbiotique, la phase de symbiose ambivalente, et le rôle de la jalousie dans le Moi fragmenté. Le contre-transfert. Paris : Gallimard, coll. « Folio essais », 2008, p. 15-40.

par le clinicien, elle représente un mode de relation soignant / soigné qui crée une « dépendance symbiotique réciproque. » La relation symbiotique, lieu d’un mélange inextricable d’amour méconnu, de haine, d’emprise, d’omnipotence et de tyrannie, emprunte des modalités d’expression explosive ou silencieuse. Elle est liée à un conglomérat d’identifications et d’introjections partielles à une mère ambivalente, persuadée de sa profonde nocivité et du caractère destructeur de son amour, vivant dans l’alternance angoissante de sentiments extrêmes à l’égard de l’enfant. La symbiose a pour fonction de défendre le sujet contre sa forte ambivalence à l’égard de sa mère en maintenant avec elle un sentiment d’omnipotence fantasmatique. La symbiose n’est pas un état heureux. C’est un état qui reflète un besoin absolu de différenciation, de non-séparation psychique pour l’enfant et pour sa mère. L’enjeu est bien de tenter de recréer le Moi fragmenté du sujet en partant de l’origine de sa formation, c’est-à-dire la symbiose mère-enfant.

Dès lors, le fait de tenir plus fort Paulette permis d’éviter tant que possible la « fusion mortifère » évoquée plus haut, et de marquer une limite claire entre nos deux corps. Avec Dolorès, je faisais désormais en sorte de maintenir la sollicitude à son égard mais de ne plus trop approcher mon corps.

Ce qui a été le plus difficile avec Marguerite fut son rejet lorsque j’essayais de lui prendre la main ou de l’approcher. Ce moment est plus difficile à gérer car plus irritant, plus éprouvant pour le moi, parce que j’avais le sentiment d’être mise en cause, non seulement dans mon état, mais aussi dans ma fonction de clinicienne. J’ai initialement considéré ce rejet comme un obstacle au transfert, pour finalement me questionner sur la possibilité qu’il constitue la conséquence de l’absence de transfert. Comme je l’ai noté précédemment, l’établissement du transfert avec Marguerite a été complexe, notamment du fait de mon impossibilité à capter son regard et de son intolérance au toucher.

Je terminerai cette partie avec la place du tiers dans la relation entre la résidente et