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Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [40] (Page 65-76)

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A v a n t - p r o p o s .

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^ ifz / , a été fuivi par Fiügence ( o ) , E ue ber de Lyon I

( p) , Sédzilius , T bèodulpbe d’O rléans, P ierre de Riga , & par un très grand nombre d’autres m odernes, tant ' Latins que Grecs , comme il paraît par G erm ain pa­ triarche de Conftantinople , { q ) , en un mot par toute la fouie des peintres ( r ) .

Ces quatre Evangiles furent appelles au ten tiqn es par oppofition aux autres nommes apocrypher. On trouve ces deux mots grecs dans l’appendice du con­ cile de Nicée ( s ) , où il eft dit qu’aprés avoir placé pêle-m êle les livres apocryphes & les livres, auten- tiques fur l ’autel , les pères prièrent ardemment le Seigneur que les premiers tombalfent fous l’autel , tandis que ceux qui avaient été infpirés par le St. Efprit relieraient delfus , ce qui arriva fur le champ.

N icépbore ( ( ) , Baronnes ( u ) & AureVms P erugi-

nus ( # ) nous apprennent d’ailleurs que deux évêques nommés C bryfante & M ufonius étant morts pendant la tenue du concile de Nicée , premier écuménique , i l était néceflaire d’avoir leur fignature pour la vali­ dité dudit concile. On porta fur le tombeau des dé­ funts le livre où étaient renfermés les actes divifés

Î

* par fellions ; on palfa la nuit en oraifon ; on mit des gardes autour du tombeau , comme on avait fait au­ tour de celui de notre Seigneur ; & le lendemain on trouva ( ô chofe incroyable ) que les trépalfés avaient ligné.

I

Comme le pape L éon I fit enfuîte { y ) livrer aux flammes les écritures apocryphes qui paffaient fous le nom des ap ôtres, il n’y en a qu’un petit nombre

( o ) Homil. in natalem Cfsrijli.

(p ) L. i. injlruEiion. (<j) Theoria ecdefiaftica. p. 160.

( r ) Job. Molanus , hift.

facrar. ïmagin. J. i j. çfj 28.

(O) Concil. Labb.T. r. p.

84-( t ) L. -8. c. 23.

( u ) T. 4. n. 82. adanmtm

32*.

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Ay a n t-p r o p o s. 63 ^

qui foient parvenues jufqu’à nous , & l ’on ne connaît plus des autres que les noms & quelques fragmens épars dans les écrivains eccléfiaftiques. St. Jé rô m e , par exemple , ( 2 ) fait mention de l’Evangile félon les Egyptiens , de celui de T hom as , de M ath ias , de

B artb elem i , des douze apôtres , de Bafihd.es , d’//-

pelles , & ajoute qu’il ferait trop long de faire l ’énumé­ ration des autres.

Un décret ( a ) connu fous le nom du pape G èlafe , quoique quelques manufcrits l’attribuent au pape D a-

m afe & d’autres au pape H orm ifd as f i b ) note com­ me apocryphes l'Itin éraire de P ier re apôtre en dix li­ vres fous le nom de St. C l é m e n t les A ile s d'A n dré

apôtre , de P hilippe apôtre , de P ier re ap ôtre , de T h o­

m as apôtre ,• Y E van gile d e T h ad ée , de M ath ias , de

T hom as apôtre , de B arn abe , de Jacq zies le m ineur , de P ierre apôtre , de B artb elem i apôtre , d ’A n d ré apô­

tr e , de L u c ie n , à'H éfyque ; le livre de Y E n fa n ce du

Sau veu r , de la N aifian ce du Sau veu r & de Ste. M a ­

rie & de f a fa g e-fem m e , du P a fieu r , de L en ticiu s •> les A ile s de T hécle & de P a u l ap ôtre ,• la tèv èlation

d e T hom as apôtre , de P a u l apôtre , d ’ Etienne apôtre ; le livre du trépas de Ste. M a rie , ceux qu’on appelle

les fo r t s des apôtres , & la louange des apôtres , celui des Canons des apôtres j Y E pitre de JESUS au ro i

A bgare.

Les A ile s d e P ie r r e , fon E v an g ile & ceux de T ha-

dee , de Ja c q u e s le m in eu r , & d'A ndré , ne fe trou­ vent pas dans quelques manufcrits de ce décret. Le favant F ab riciu s a publié une notice de cinquante Evangiles apocryphes que l’on trouvera dans ce recueil avant la traduction de quatre confervés en entier.

I

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x

)

I n annalibus abbrevia- tis ad annum

325.

( y ) E p ifi.

9j.

ad T u r ib iu m c . I s . ( 2 ) F ro em . in M a t t h .

( « )

I n j u r e canon, d ijl.

I J.

can.

A y A N T- P R O P O s.

A ta n t.d ’écrits didés ( c ) par up zèl-e..,qui n’était point félon la fcience , les ennemis An:, chriftiariifme ne manquèrent pas d’en oppofer-d'autres qu’ils d é­ coraient des mêmes titres. Pour,; ne parler d’ab.ord que des Evangiles , St. Irén ée ( d .) .dit-que les difci- ples de Valentin étaient parvenus à un-tel peint, d’au­ dace , qu’ils donnaient- le titre d'E van gile d e v érité à un écrit qui ne s’accordait en rienr ayec las<Ejvap, giles des apôtres ; de forte , ajo u te-t-il, que cîje z eux l’Evangile même n’eft pas fans blafphêm e..

T ertu llien nous apprend ( e ) que cette Infamie avait commencé par les Juifs , & que par e u x , & à caufe d’e u x , le nom du Seigneur eft blafphémé parmi les nations. En e ffe t, au rapport de St. Ju ftin ( / ) , d’E u-

fè b e ( g ) & de N icépbore ( b ) , les Juifs de la Palef- tine avaient envoyé dans toutes les parties du mon­ de tant par mer que par terre des écrits remplis de blafphêmes contre

JESUS

, pour, les faire publier & même enfeigner à la jeuneffe dans les écoles des villes

& des champs.

Quoique les empereurs Conjiantin ( i ) & T héodofe

( k ) ayent donné chacun un é d it, portant ordre fou» peine de mort de brûler tous les écrits contre la re­ ligion des ch ré tien s, on trouve encor des traces des blafphêmes des Juifs dans les A Jles de P il a t e , mieux connus fous le nom d’E van gile d e Nicodèm e. On y lit ( /) que les Juifs , en préfence de P il a t e , repro­ chèrent à Jé s u s qu’il était magiGien & né de la for­ nication. On

(e).Rôm. cr. ie. v. 2.

C

d ) .

L. 3.

a d v e r fu s h e re fes . c. n . ( e ) Contra Marcion. 3. 23. (/") Dialog. eum Tryphon,

p.

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( g ) L. 9. hift. c. 5 .

( h ) L. 7. hift. c. 26. ( i ) Socrates I. r. c. 9• Ge­ las hiji. concil. Nicœni. 2. 3«J. çff hift. tripartit. s. ï f .

( k ) A d . Synodi ephçjîn. a. e, 435. T .i i. Harduin. p. 1720. & Coi. Jnftinian. de Suimna

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^... -jl n r . --ac.-6 î % t On ne doutera pas que ce ne foit-là le blafphême de Y E van gile de la vérité , fi l’on fait attention qu’ O-

rigène ( wi ) témoigne que Celfe intitulait D ifc o m s de

vérité un ouvrage dans lequel il faifaic reprocher par un Ju if à JESUS d’avoir fuppofé qu’il devait fi naif- fance à une vierge : d’étre originaire d’un petit ha­ meau de ja Ju d é e , & d’avoir eu pour mère une pau­ vre villageoife qui ne vivait que de fon travail , la­ quelle ayant été convaincue d’adultère avec un foldat nommé P a n t h e r , fut chaflee par fon fiancé qui était charpentier de profefïion. Qu’après çet affront , er­ rant miférablement de lieu en lieu , elle accoucha fe- crétement de JESUS ; que lui fe trouvant dans la né- ceftité fut contraint de s’aller louer en Egypte , où ayant appris quelques-uns de ces fecrets ( n ) que les Egyptiens font tant v alo ir, il retourna dans fon pays , & que tout fier des miracles qu’il favait faire , il fe pro­ clama lui-même Di e u.

Cet écrit pernicieux , quoique réfuté par Origène , fit cependant une telle imprefTion , que deux pères écrivirent ferieufement qu’en effet Jésus avait été ap- pellé fils de P an th er , & cela , dit St. E piphan e ( o ) , parce que Jo fe p b était frère de Clèophas fils de Jhcv

ques furnommé P a n t h e r , engendrés tous les deux d’un nommé P an ther. E t félon St. D am afcèn e ( p ), parce que M arie était fille de Jo a c h im fils de B arm an t b er ? fils de P an ther.

Comme ces furnoms ne fe trouvent point dans les

deux généalogies différentes de Jésus écrites l’une

par St. M atthieu ( <7) , l’autre par St. L u c (r ) , l’égli-

fe s’en çft tenue au confeil de St. P a u l ( r ) de ne

Sutntna Triti. ( / ) Art. 2. (w* ) L. 1. contra Celfum. ( 0 ) Hceref. 78. (/>) L. 4 .deJîde orthod. c. 15-cc. 9. ( « ) Voyez Y Evangile de l'Enfance art. 37. note d.

( q ) C. I. v. I. ( r ’t C. 3. v. 23. O ) I .Timoth. c. 1. v. Pièces attribu ées , & c . I I I . Part.

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66

A V A N T - P R O P O S.

point s'attacher à des fables & à des généalogies fans fin, quiproduifentplutôt des doutes que l’édification

de Dieu qui eft dans la foi.

L aclan ce ( t ) remarque auffi qu'H ièroetes avait pris le titre d’am ateu r de la v é r it é , dans deux livret adref- fés aux chrétiens. Il ajoutait aux blafphèmes de Cèl-

f e , que l é Ch r i s t ayant été chatte par les Ju ifs , rattembla une troupe de neuf cent hommes , avec lefqueîs il fit le métier de brigand. Ces nouvelles calomnies furent aufti aifément réfutées par Eufèbe de Céfarée que celles de Cf//f l ’avaient été par

Origine. - '

-J ’ai honte de parler ici d'autres ouvrages encor fubfiftans. L ’A r é tin , par exemple ( ■«) , compare M a ­

rie à L è d a qui devint enceinte de Ju p ite r transformé en cygne ; comme lî c’était en cette occafion que l ’Ef- I prit faint eût pris la forme d’un pigeon. Le jéfuite j

S an cbez ( x ) agitant de bonne foi la queltion fi la vierge- M a rie fournit de la femence dans l’irtcarna- tion du CHRIST , s’autorife pour l’affirmative du fen- timent de Suare? ( y ) & de P ero M ato ( z ) . Ces théo,- logiens ignoraient-ils que tout ce qui concerne ce myftère ineffable eft fi au-defius des lumières de notre faible fa ifo n , qu’il falut que Dieu révélât fon fil s à

P ierre ( a ) & à P a u l ( b ) avant de confier au premier

VEvangile de la circon cijion, & au fécond V Evangile

du prépuce ( c ) ?

Il en a été des A éles des apôtres tout comme des Evangiles. E ’impofture des méehans & la pieufè= eu- riofité des fimples les ont également multipliés.

Ou-(t) Inftitut. divin. î. J. c. 2 .

f a ) jQuatro libri délia humar nita di Chrijlo. Venet. 1538.

(s: ) Trait. d e watrim. L. 2. âifp. 21. ». I I .

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f i ) In affend. ad de Slemnel •( â)'Matt. c. 16. v. a S 3 « .« u ... ... 1 . difp» t r a c t . I/.

Av a n t-p r o p o s.

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tre les AEles apocryphes mentionnés dans le décret de G élaJ’e , St. E piphane ( d ) dit que les ébionites en avaient fuppofé dans lefquels ils prétendaient que P au l était né d’un père & d’une mère , Gentils , & qu’étant venu demeurer à Jérufalem , il devint profélyte & fut circoncis dans l’efpéran'ce d’époufer la fille du pontife ; mais que n ’ayant pas eu cette vierge , oit

bien ne l ’ayan t p a s eue vierge , il en fut fi irrité qu’il écrivit contre la circoncifion , contre le fabbat & contre toute la loi. Cette alTertion paraiflait fondée fur ce que P a u l lu i-m êm e fe dit ( ? ) natif de Tarfe en Cilicie dans les A tfes autentiques écrits par L u c. Mais F ab riciîls ( / ) en cite un manufcrit g re c , dans lequel P au l ne dit pas qu’il eft né à Tarfe , mais qu’il a été fait citoyen de cette ville. E t St. Jé r ô m e lui- même , fi favant dans les langues , vient à l’appui î de ce fentiment. Dans deux de fes ouvrages ( g ) il

(. fait naître P a u l à G ifcfiale, ville de la Galilée. Sur ce que le même P a u l ^écrit à T im othée ( h )

qiâ’ H erm ogènes & ( z ) D entas l ’ont abandonné , & qu’il lui parle en même tems ( k ) des grandes perfécutions & des fouffrances qu’il avait effuyées à Icône & à Antioche ; un de fes difciples , pour fuppléer aux A ftes

des apôtres qui n’en difent qu’un mot ( / ) , compofa les A â e s de T bècle & de P au l. Cet ouvrage a été fi célèbre autrefois , que l’on ne fera pas fâché d’en trouver ici le précis avec les noms des pères qui l’ont cité.

f Dorique P a u l , dit l’auteur, après fa fuite d’Antioche s en allait à Icône , deux hommes pleins d’hypocrifie,

(b) Galat. c. i. v. 16. ( c ) Galat. c. 2. v. 7. ( d ) Haref. JO . n . t6. ( ? ) Aü. c. 83 v. 3. ( f ) Codex Apocrypb. p. $71. ( g ) Devinsilluflr. c. j. Et

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comment, in tpijl. ad. Pkiletn.

(h) II. Timoth. c. I. v . i J. ( i ) Ibid. c. 6. v. 9. ( k j Ibid. c. 3. v. 11. (/ ) A â. c. 14. v. i. E ij ■ - -r rr u 1— rv ■

-A v A N T - E R O P O S .

D énias & Hermogènes , fe joignirent à lui. Cependant un certain Onèjîpbore avec fa femme L ettre & fes en fans Sim nne & Z e n o n , vint l ’attendre fur le che­ min royal qui conduit-à Lyftres pour le recevoir chez lui. Comme il n’avait jamais vu P a u l , il Je reconnut à fa taille co u rte , fa ( ? « ) tête chauve , fes cuifles courbes , fes grolfes jambes , fes fourcils joints & fon nez aquilin. C’était-ïà le fignalement que T ite en avait donné.

Comme P M i lprêchait à Icône , la vierge T bècle qui était fiancée à un prince de la ville nommé T b am iris

( n ) , paflait les jours & les nuits à l’écouter de la fe­ nêtre de fa maifon , voifine de celle ù’OnèJipbore où fe tenait l’aflemblée. E lle n’avait point encor vu la fi­ gure de P a u li niais elle défirait de paraître devant lui & d’être du nombre des femmes & des vierges qu’elle y voyait entrer. T beoclia fa mère fit avertir fon gendre qu’il y avait trois jours que T bècle féduite par les dif- cours trompeurs de cet étranger, oubliait de boire & de manger.

Les tendres repréfentations de T bam iris pour la dé­ tourner des difcours de P a u l, furent auffi vaines que les larmes de la mère & des fervantes ( o ). T bam iris alors voyant fortir d’auprès de P a u l deux hommes qui fe querellaient vivem ent, les alla joindre dans la rue & les invita à fouper, ce qu’ils acceptèrent. Ces deux hypocrites, D em as & H erm ogènes, gagnés par la bonne chère & les grands préfens que leur fit T bam iris , lui déclarèrent que P a u l empêchait les jeunes gens de fc

( r ,i) G r a b iu s ( T . x .

Spe-cileg. p . p > . ) o b f e r v e q u e

Paul d a n s le Philofatris d e

Lucien efl: d c fig n é p a r c c s

m o t s : Ce chauve au nez aquù-

lin qui a été ravi par les airs jufqu'au troifiéme ciel.

( n ) St. Grégoire d e N y f f e

cite ce trait dans fa quator­ zième Homélie fur le Canti­

que , T . i . p . 676. D.

( 0 ) St. Jean Chryfoflome ( Homil. de Theclâ, T- I p . 885. ) & St. Epiphane, ( Hat-

ref. 78. ». itf. ) commentent

cet endroit. -- ---, --

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Av a n t-p r o p o s. 69

m arier, en leur perfuadant que la réfurreètion ne fera que pour ceux qui perfévéreront dans lachalfcté. Vous n’a v e z , ajoutèrent-ils , qu’à le faire conduire ;u gou­ verneur comme enfeignant la nouvelle dodrine des chrétiens ; & fuivant le décret de C èfar on le fera mourir , & vous aurez votre fiancée à laquelle nous enfeignerons ( p ) que la réfurredion que P a u l annonce comme à venir eft déjà faite dans les enfans que nous avons, & que nous fommes relfufcités lorfque nous avons connu Di e u.

Tbav.tlru tranfporté d’amour & de colère courut le lendemain matin avec des gens armés de bâtons fe faifir de P a u l ,• & l’ayant traîné devant le gouverneur

Cafiefîtis , il l’accufa de détourner les Vierges du ma­ riage , & toute la troupe criait : Ge magicien a cor­ rompu toutes nos femmes.

P a u l fut mis en prifon , & Thècle pendant la nuit détacha fes boucles d’oreilles (<7) dont elle fit préfent au portier de la maifon pour fe faire ouvrir la porte ; & courant à la prifon , elle donna fon miroir d’argent au geôlier pour avoir la liberté d’entrer vers P a u l dont elle baifa les chaînes en fe tenant debout à fes pieds.

Le gouverneur en étant inform é, la fit comparaître avec P a u l devant fon tribunal, 8c lui demanda pour­ quoi elle n’ époufait pas T bam iris ? Comme T b c c le, au- lieu de répondre, avait les yeux fixés fur P a u l ^ fa mère criait au gouverneur : B rû le z, brûlez cette mal- heurcufe au milieu du th é â tre , afin d’effrayer toutes celles qui ont écouté les enfeignemens de ce magicien.

CP ) •St. Hilaire ( Comment, in 2. Timoth. c. 11. ) femble citer ce pafiàge, quand il dit en parlant de l’héréfie iVHy- inenée & de Philete : ils pré­ tendent que comme nous

l'en-feigne me autre écriture, la ré- furreétîon fe fait dans les fils.

( <7 ) Jean Cbryfojlomc , Homélie 25 fur les aftes, pro- pofe cet exemple de Tbécle.

tf ôs si fi ig Ss ÿ Ë s ... —

^ 7 0 À V A K T - P R O P O S . ^

Alors le gouverneur très affligé ordonna que P aul fût fouetté & chatte de la ville , & condamna Tbècle k être brûlée. Comme elle parcour ut des yeux la foule des fped ateurs, elle vit le Seigneur affis ( r ) fous la forme de P a u l, & dit en elle - même : P au ! eft venu me re­ garder comme fi je ne pouvais pas fouffrir avec cou­ rage. E t comme elle tenait les yeux arrêtes fur lu i, il s’élevait au ciel en fa préfence. Le gouverneur la voyant nue ne pouvait retenir fes larmes , & il admirait fa rare beauté.

I

t b è c le ayant fait le figne de la croix monta fur le bûcher. Le peuple y mit le feu qui ne la toucha poinjt, quoiqu’il fût embrafé de tout côtés ; parce que Die u

prenant pitié de T h èch fit entendre fous terre un grand b ru it, un nuage chargé de pluie & de grêle la cou vrit, & le fein de la terre s’ouvrant & s’écroulant engloutit plufieurs fpedateurs ; le feu s’éteignit, & T bècle échap­ pa fans avoir aucun mal.

Cependant P au l avec Onèjlphore qui avait quitté les richelfes mondaines pour le fuivre avec fa femme & fes enrhns, jeûnait cache dans un monument fur le che­ min qui conduit d’Icone à Daphné. Un des enfans étant allé vendre la tunique de P a u l , pour acheter du pain , apperçut Thécie auprès de la maifon de fon père ; & il la conduifit vers P aul. Et far ce qu’elle lui dit : je vous fuivrai où que vous alliez : P a u l lui répliqua : nous fonimes dans un tems où régne le libertinage & vous êtes b elle ; prenez garde qu’il ne vous furvienne pas une fécondé tentation pire que la première.

b e-là P au l renvoya Qnêflpbore chez lui avec toute fa Famille, & prenant T bècle , il s’en alla à Antioche. Us n*y furent pas plutôt arrivés qu’un Syrien nomme

A lex an d re qui en avait été gouverneur, voyant T bècle, feh fut amoureux & offrit de grands & riches prefens

( r ) Cetèe .apparition eft I ê iè f I. I. de Theclâp. àyr, ) rapportée par Ba/Île dé Séîêu- J & par d'autres.

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A v a n t - p r o p o s . 71 IjÜ

4

à P a u l qui lui dit : je ne connais pas cette femme dont vous me parlez , & elle n’eft pointa moi. Le gouver­ neur l’ayant embrartee & baifee dans la ru e , elle cou­ rut vers P a u l , en criant d’une voix trille : N 'in fo’ tez point une étrangère & ne violez point la fervante de

Di e u. Je fuis des premières familles d'Icone , & j ’ai é t é

contrainte de quitter la ville parce que je refuütis d’épou- fer T ham iris. Et fe faififfant d’A lex an d re , elle lui dé- j chira fa tunique , fit tomber la couronne de fa tête , & lerenverfa parterre devant tout le monde. A lex an d re tranfporté d’amour & de honte la conduifit au gouver-

J

n e u r, qui gagné par un préfent d’A lex an d re , la con- i damna aux bêtes.

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j

T bècle fe voyant condam née, demanda au gouver­ neur d’être confervée charte jufqu’au jour qu’elle de­ vait combattre. Elle fut confiée à une veuve fort riche nommée T rijina ou T riphena , dont la fille venait de mourir & qui la regarda comme fa fille.

Tbècle fut d’abord expofée à une lionne très cruelle , qui lui léchait les pieds. Et comme T rijin a qui n’avait pas rougi de la fu ivre, l’eut ramenée dans fa maifon , voici que fa fille qui était morte lui apparut en fonge & lui dit : Ma m ère, prenez à ma place T bècle la fer­ vante du Ch r i s t, & demandez-lui qu’elle prie pour moi afin que je fois tranfportée dans un lieu de repos.

T bècle pour calmer les pleurs de la m è r e , fe mit à prier le Seigneur , difant : Seigneur Dieu du c i e l & de la terre , JESUS-CHRIST fils du T r è s -H a u t, fa ite s que f a fille Ealconille vive éternellem ent. Ce qu’entendant T ri-

J i n a , elle pleura davantage, difant: O ju gem en sin ju fies!

v crim e indigne ! de livrer au x bêtes une telle p erfoim e !

I

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T becle fut expofée une fécondé fois aux bêtes , après qu’on l’eut dépouillée de fes h a b its, & on lâcha contr’eile des lions & des ours ; & la cruelle lionne courant à e lle , fe coucha à fes pieds. Une ourfe l’ayant attaquée , fut arrêtée & mife en pièces par la lionne.

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v a n t p r o p o s

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Ënfuite un lion accoutumé à dévorer des hommes & qui appartenait à A e x a n d r e , fe jetta contr’elle. Mais la lionne, en le com battant, tomba morte avec lui. On lâcha enfuite plufieurs béte-s , pendant que Tbècle

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