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E v a n g i l edans la région de l’ombre de la mort. Et maintenant
elle eft arrivée & a brillé pour nous qui étions affis
dans la mort. Et comme nous treffaillions tous de
joie dans la lumière qui a brillé fur nous , il nous
eft furvenu notre père
Simeon, & en treftaillant de
joie il a dit
àtous : Glorifiez le Seigneur
Je s u s- Ch r i s tfils de
Di e u, que j’ai reçu enfant dans mes
mains dans le temple , & pouffé par le Saint-Efprit je
lui ai dit & confeffé : Parce que maintenant mes yeux
ont vu votre falut, que vous avez préparé devant la
face de tous les peuples. La lumière pour la révéla
tion des nations & la gloire de votre peuple d’Ifraël.
Tous les faints qui étaient au profond de l’enfer en
tendant ces chofes , fe réjouirent davantage. Et en-
fuite il furvint comme un hermite (r ) & tous lui de
mandent qui êtes-vous ? Et leur répondant, il dit : Je
fuis la voix de celui qui crie dans le défert ,
Jeh a nB a p tifle
, prophète du Très-Haut, préfent devant la
face de fon avènement
pourpréparer fes voies, pour
donner la fcience du falut à fon peuple, pour la
rémif-fion de leurs péchés. Et moi
Je h a nvoyant
Jé s u sve
nir à moi, j’ai été pouffé par le Saint-Efprit & j’ai dit :
Voilà l’agneau de
Di e u, voilà celui qui ôte les péchés
du monde. Et je l’ai baptifé dans le fleuve du Jourdain,
& j’ai vu le Saint-Efprit defcendant fur lui en efpèce
de colombe. Et j’ai entendu une voix du ciel difant :
Celui-ci eft mon fils bien-aimé , dans lequel je me fuis
bien complu , écoutez-le. Et maintenant ( f ) le pré
cédant devant fa face, je fuis defcendu vous annoncer
que dans très peu le fils de
Di e umême fe levant
d’en-haut nous vifitera, venant à nous qui fommes
affis dans les ténèbres
&dans l’ombre de la mort.
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XIX. Mais lorfque le père
A d a mpreiliier formé
eut entendu ces chofes, que
Jé s u sa
étébaptifé dans
le Jourdain , il cria à fon fils
Seth: Racontez à vos
fils les patriarches & les prophètes toutes les chofes
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D E N l C O D È M E .
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que vous avez entendues de M ich el archange , quand je vous ai envoyé aux portes du paradis , afin que vous priaffiez Di e u, & qu’il oignit ( O ma tête lorfque j ’étais malade. Alors Seth s’approchant des faints pa triarches & des prophètes , dit : Moi Seth , comme j ’étais priant le Seigneur aux portes du paradis , voilà que l’ange du Seigneur, M iche \ m’apparut, difant: J ’ai été envoyé vers vous par le Seigneur , je fuis établi
( u ) fur le corps humain. Je vous d i s , Seth: Ne priez point Die u dans les larmes & ne le fuppliez point à caufe de l’huile de la miféricorde du bois , afin que vous oigniez votre père A d am pour la douleur de fa tête , parce que vous ne pourez le recevoir en aucune façon , fi ce n’eft dans les derniers jours & les der niers tems , fi ce n’eft quand cinq mille & cinq cent ans auront été accomplis , alors le très tendre fils de
Di e u viendra fur la terre relfufciter le corps humain
d'A dam ( * ) , & reffufciter en même tems les corps des m o rts, & lui-même venant fera baptifé dans l’eau du Jourdain ( y ). E t lorfqu’il fera forti de l’eau du Jourdain , alors il oindra de l’huile de fa mifericorde tous ceux qui croiront en l u i , & l’huile de fa miféri corde fera pour la génération de ceux qui doivent naî tre de l’eau & du Saint-Efprit pour la vie eternelle. Alors Jé s u s - Ch r i s t le très tendre fils de Di e u
defcendant fur terre , introduira notre père A d a m vers l ’arbre de miféricorde dans le paradis. Tous les patriarches & les prophètes entendant toutes ces chofes de Seth , treffaillirent davantage de joie.
X X . E t comme tous les faints trelfaillaient de joie , voilà qqe Sathan prince & ch e f de la mort dit au prin ce des enfers: Je m’apprête à prendre Jé s u s de Na zareth lui-même , qui s’eft glorifié d'être fils de Di e u , & qu i eft un homme craignant la mort & difant : ( 2 )
(t) Marc. 6. v. 13. & Jac. 5. v. 14. (« ) Ex JuAœ v. 9. 0*0 Matth. 27. v. S2.
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(y) Matth. 3. v. 1 (z) Matth. 2S. v. 38. &Pf. 4 f. v. 2. ... -i -i.
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Mon ame eft trifte jufqu’à la mort. E t me caufant plufieurs maux & à plufieurs autres que j'ai rendus aveugles & boiteux , & que de plus j'ai tourmentés par diffërens démons , il les a guéris d’une parole. E t il vous a enlevé les morts que je vous ai amenés. Or le prince des enfers répondant, dit à S atban : Quel eft ce prince fi puiffant, puifqu’il eft un homme crai gnant la mort ? Car tous les puiffans de la terre font tenus affujettis par ma puiffance après que vous les avez amenés affujettis par votre force. Si donc il eft puiffant dans fon humanité , je vous dis véritablem ent, il eft tout-puiffant dans fa divinité , & perfonne ne peut réfifter à fon pouvoir. Et lorfqu’il dit qu’il craint la mort , il veut vous tromper , & malheur à vous fera dans des fiécles éternels. Or S atb an répondant dit au prince du Tartare : Qu’avez-vous héfité & qu’a vez-vous craint de prendre ce Jé s u s de N azareth, votre adverfaire & le mien ? Car je l’ai tenté & j ’ai excité contre lui par le zèle & la colère mon ancien peuple Juif. J ’ai aiguifé une lance pour fa paffion , j ’ai m êlé du fiel & du vinaigre , & je lui ai fait donner à boire , & j ’ai préparé du bois pour le crucifier & des clous pour percer fes mains & fes pieds , & fa m ort eft très proche , & je vous l’am enerai, affujetti à vous & à moi. Or le prince du Tartare répondant, dit : Vous m’avez dit que c’eft lui qui m’a arraché les morts. Ceux qui font détenus i c i , pendant qu’ils vi vaient fur la terre, n’ont point été enlevés par leurs pouvoirs, mais par des divines prières, & leur Di e u
tout-puiffant me les a arrachés. Quel eft donc ce JESUS de Nazareth , qui par fa parole m’a arraché les morts fans prières ? C’eft peut-être lui qui m ’a arraché & a rendu à la vie par fon pouvoir , L a z a r e mort depuis quatre jours , fentant mauvais & diffous ( a ) , que je détenais mort. S atban répondant au prince des en fers , dit : C’eft ce même Jé su s de Nazareth. Le prince des enfers entendant ces chofes lui dit : Je vous con jure (a) Joh. 11. v. 44.
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d e N i c o d è m e . 1 7 7
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jure par vos vertus & par les miennes , ne me l’a menez pas. Car lorfque j’ai appris la force de fa paro le , j ’ai trem blé très effrayé de crainte , & en même tems tous mes mauvais miniftres ont été troubles avec m o i , & nous n’avons pas pu retenir L a z a r e même , mais fe fecouant avec toute la malignité & la viteffe
pojjtbles , il eft forti fain d’avec nous , & la terre même qui tenait le corps mort de L a z a r e l’a aulfi-tôt ren du vivant. Or je fais maintenant que le Die u tout- puiffant a pu faire ainfi ces chofes , lui qui eft puiffant dans fon empire , & puilfant dans fon humanité , & qui eft le Sauveur du genre-humain. Ne me l’amenez donc p o in t, car tous ceux que je retiens ici renfermés en prifon fous l’incrédulité , & enchaînés par les liens de leurs péchés , il les dégagera & les conduira à la vie éternelle de fa divinité.
X X L E t comme S atban & le prince de l’enfer di raient ces chofes alternativem ent, tout-d’un-coup on entendit une voix comme le tonnerre ( b ) & un bruit comme un orage. P rin ces, levez vos portes ; & portes éternelles élevez-vous, & le roi de gloire entrera ( c ) . Or quand le prince du Tartare eut entendu ces
r ô le s, il dit à S atban : Eloignez-vous de moi & forteZ dehors de mes demeures ; fi vous êtes un puiffant com battan t, combattez contre le roi de gloire. Mais qü’a- vez-vous avec lui ? E t il renvoya S atban hors de fes demeures. E t le prince dit à fes impies miniftres : Fer mez les folides portes d’airain , & pouffez les verrouX de f e r , & réfiftez vaillam m ent, de peur que nous ne foyons emmenés captifs en captivité. Toute la mul titude des faints entendant ces p aroles ils dirent au prince des enfers, en le réprimandant d’une voix forte î Ouvrez vos portes afin que le roi de gloire entre.
E t D avid,ce divin prophète s’écria difant : Eft-ce que
lorfque j ’étais vivant fur la terre je ne vous ai pa9 bien p réd it? ( d ) Que les miféricordes du Seigneur
(b) Apoû. 14. v. 2. (r)Ef- 2*4- v. 7. (et) PC
166.
v. 15. fq. r Pièces attribu ées 1 & ç . I II. Part, M ^178
E v a n g i l ele louent & fes merveilles pour les enfans des hom
mes , parce qu’il a rompu les portes d’airain & brifé
les verroux de fer. Il les a retirés de la voie de leur
iniquité, car ils ont été humiliés à caufe de leurs
in-juftices. Et après cela un autre prophète, favoir ,
St.Efàias