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1 ère partie: BORDURE EST DU BATHOLITE DE FERKE

I- 2-1: Pétrographie et Minéralogie

Le massif de Dianfla est situé dans le SE de la région de Zuénoula (fig. III-1), à environ 5 km à l'Est de l'apophyse granitique de Danangoro rattachée au batholite de Ferké (cf

§ 4). Il est de forme légèrement elliptique, circonscrit avec un axe d'allongement orienté NE. Il

se distingue aisément des volcanites et métasédiments par sa signature spectrale (voir figures II-9, 10 & 11) spécifique (très faible couverture végétale et une teinte gris bleutée sur les scènes satellitales). Ce massif affleure sous forme de petits inselbergs isolés ou de petites dalles. A l'affleurement c'est une roche massive à grain moyen à fin et de couleur leucocrate à mésocrate. Quelques filons riches en quartz et épidotes recoupent le massif suivant une direction N80°. Le fait le plus important est la présence de nombreuses enclaves sombres, microgrenues et souvent arrondies ou anguleuses (fig. III-6A) que l'on rencontre dans le massif. Ces enclaves sont relativement plus nombreuses au Sud du massif. Nous donnerons les caractères pétrographiques de ces enclaves à la suite de la description du faciès principal du massif. Tous ces caractères (forme et enclaves) ont amené Jaujou (1970) à classer le massif de Dianfla parmi les granites "type Bondoukou". Nous décrirons le massif dans sa partie centrale, dans sa partie sud et donnerons quelques caractéristiques de la partie nord du massif.

Le massif de Dianfla est riche en feldspaths et quartz constituant les phases minérales essentielles. Dans cette texture grenue, nous avons la biotite et l'amphibole qui y sont disséminées. Ce massif est connu sous le nom de granodiorite Dianfla (Jaujou, 1970; Tagini,

1971; Fabre et Morel, 1993b; Fabre et al., 1993a). Nous adopterons également cette appellation compte tenu de sa minéralogie.

- le clinopyroxène a une composition de diopside (clino-pyroxène, Wo46En41Fs13),

(fig. III-3C) avec un XMg (≈ 0,76) relativement proche de celui des amphiboles qui lui sont en

contact (voir tableau III-2). Les relations texturales entre le clinopyroxène, la biotite et l'amphibole montrent que la réaction de transformation du Cpx peut être exprimée par:

Clinopyroxène+Biotite+Quartz ⇒⇒⇒⇒ Hornblende+FeldspathK(interstitiel)+Oxyde±Epidote (Droop, 1982).

- la biotite est le minéral ferromagnésien le plus abondant. Elle est sub-automorphe,

peu limpide, avec de nombreuses inclusions de zircons, d'oxydes, d'épidotes (clinozoïsite), de titanite et parfois d'aiguilles de rutile. Les cristaux s'agglomèrent pour former de grands cristaux millimétriques. Les cristaux sont souvent chloritisés. L'analyse de la chlorite et de la titanite qui sont souvent les produits de déstabilisation de la biotite montrent les caractères

suivants: presque la totalité du titane (sous forme de TiO2) et du calcium (CaO) entre dans la

composition de la titanite ou du rutile. Alors que le fer (FeO), le magnésium (MgO) et l'alumine (Al2O3) entre dans la composition de la chlorite. L'analyse des biotites peu chloritisées les situe dans le champ des biotites rééquilibrées dans le diagramme de Nachit (1994), (fig. III-3B).

- l'amphibole est souvent déstabilisée en biotite. Les reliques des cristaux

d'amphiboles ont une composition d'actinote [(Mg/Mg+Fe) ou XMg ≈ 0,75-0,79] dans la

nomenclature de Leake et al. (1997), (fig. III-3A). Au Sud du massif, la roche plus riche en enclaves sombres est également riche en amphiboles vertes poecilitiques, sub-automorphes, avec un cœur à pyroxène.

Les amphiboles poecilitiques, à caractère "primaire magmatique", cristallisent aux dépens des pyroxènes. Elles ont une composition de magnésio-hornblende avec un rapport XMg plus faible (≈0,70-0,76), sont plus pauvres en silice (Si≈7,34; sur la base de 23 oxygènes dans la formule structurale) et particulièrement très riches en TiO2 (≈1 et dix fois plus que les autres amphiboles). Les amphiboles non poecilitiques de cette partie sud du massif ont des compositions semblables à celles du reste du massif (actinote avec XMg ≈ 0,77-0,80) et sont

amphiboles vertes disséminées dans la roche (Ampa) et les amphiboles poecilitiques (Ampb).

Leake (1971) fixe à 7,5 atomes de Si la limite supérieure de composition des amphiboles magmatiques. Au-delà de cette limite, les amphiboles sont considérées comme secondaires. Dans le cas des amphiboles poecilitiques, Si est inférieure à cette limite. Ceci les place dans le champ des amphiboles à caractère magmatique,ce qui confirme nos observations microscopiques. Les associations amphibole-clinopyroxène-biotite, telles que nous les observons dans le massif, sont comparables à celles décrites dans les granodiorites du massif armoricain (Euzen, 1993). Les amphiboles cristalliseraient tardivement aux dépens du clinopyroxène, à basse température. Le clinopyroxène et la biotite constitueraient les minéraux Fe Mg au liquidus. Euzen (1993) suggère également, pour les amphiboles à faible teneur en TiO2, une cristallisation de la biotite avant l'amphibole dans les magmas calco-alcalins, à

cause de leur caractère potassique (voir p. 88). Il faut cependant noter que les teneurs en TiO2

des amphiboles poecilitiques et des biotites sont proches (voir tableau III-2).

Ceci pourrait traduire une cristallisation sub-synchrone des deux minéraux. Nous avons noté plus haut la déstabilisation des autres amphiboles en biotite. Ceci traduirait également deux générations de biotite: une première génération qui cristalliserait en même temps que l'amphibole poecilitique et une seconde génération plus limpide qui cristalliserait aux dépens de l'amphibole. L'amphibole qui reste de cette transformation acquiert un caractère secondaire avec de plus fortes teneurs en Si (>7,5). Les reliques de pyroxène sont souvent riches en oxydes et les limites avec l'amphibole ne sont pas nettes, ce qui montrerait que les deux minéraux ne sont pas en équilibre.

- le plagioclase est le minéral le plus abondant. Il est automorphe et également bien

visible à l'affleurement (2 à 3 mm). La plupart des cristaux sont saussuritisés ou albitisés (An≈10). Quelques plagioclases sont zonés (fig. III-6B) avec un cœur saussuritisé et ou séricitisé avec de nombreuses inclusions d'épidotes (clinozoïsite) et de biotite. Parfois les grands cristaux zonés sont recoupés par des plagioclases non zonés, altérés. La roche acquiert une texture tonalitique probable lorsqu'on passe à la bordure ouest du massif.

Figure III- 6: Planche photographie montrant les enclaves sombres basiques (A), le plagioclase zoné (B), la déstabilisation de la biotite primaire en biotite secondaire (C), la déstabilisation de l'amphibole (D), une amphibole poecilitique à cœur de clinopyroxène (E).

- les feldspaths potassiques sont peu abondants. Les minéraux montrent une

croissance interstitielle. Les cristaux de grande taille peuvent englober le quartz ou le plagioclase. Le minéral dominant est le microcline. On rencontre quelques rares perthites ou des feldspaths zébrés. Les réactions symplectiques occasionnent souvent l'apparition de feldspaths potassiques interstitiels.

- le quartz est peu abondant et représente environ 10% des phases minérales. Il

limpide et est soit interstitiel, soit en amas. Il présente une extinction onduleuse.

Le contact entre les enclaves sombres basiques de "composition gabbroïque" et la granodiorite est rarement sinueux. Ceci montre également que ces enclaves ne sont pas liées au magmatisme de la granodiorite de Dianfla. Il faut cependant noter que les roches volcaniques affleurant dans ce secteur sont essentiellement de composition andésitique et formations associées (voir paragraphe II). Quelques lambeaux de métabasaltes ont été identifiés au Sud de la granodiorite de Dianfla. Ces observations montrent l'existence d'un substratum, au moins basaltique, pour la granodiorite de Dianfla. Ceci est contraire aux observations de Fabre et Morel (1993b), de Fabre et al. (1993a) qui pensent que le volcanisme de ce secteur est essentiellement d'affinité calco-alcaline andésitique.

En conclusion à cette étude pétrographique et minéralogique, nous pouvons retenir que la granodiorite de Dianfla ne montre pas de déformation des minéraux. Elle présente une recristallisation et/ou altération des minéraux primaires: l'amphibole et la biotite tendent à se déstabiliser pour donner de la biotite plus ou moins limpide pour le premier et de la chlorite pour le second. Les phénomènes post-magmatiques semblent faibles, en particulier le métamorphisme, et limités à des phénomènes de retromorphose et d'hydrothermalisme.