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ANALYSE PETRO-STRUCTURALE DES MASSIFS GRANITIQUES

II. LES MASSIFS DE GOHITAFLA-OUREÏTAFLA, CAMPEMENT SENOUFO ET GUERIAFLA

La distinction entre ces différents massifs est basée à la fois sur leurs signatures spectrales et leur pétrographie.

Le massif de Gohitafla-Ouréïtafla est localisé au cœur du batholite de Ferké. Les données linéamentaires montrent des formes sub-circulaires qui s'enchevêtrent en forme de pelures d'oignon et qui sont recoupées par des linéaments radiaux (fig. II-2). Il est formé par un granite mélanocrate à clair (biotite et muscovite), beaucoup moins rosâtre et moins grossier

que celui du massif du village Mossi. Des types pétrographiques à magnétite ont été identifiés au Sud du massif (fig. IV-1). A 200 m au Nord du village de Ouréïtafla, des enclaves allongées et des types pétrographiques beaucoup plus sombres traversent le massif. Le massif du campement Senoufo représente la bordure SE du massif de Gohitafla-Ouréïtafla; c'est un granite riche en biotite. Plus à l'Ouest vers la bordure du batholite de Ferké, le massif de Guériafla présente une granulométrie beaucoup plus fine et paraît sensiblement plus riche en muscovite.

II-1:COMPOSITION DES PHASES MINERALES

La biotite est le minéral dominant au cœur des massifs. Sa composition la place dans le champ des associations calco-alcaline et alumino-potassique dans le diagramme de Rossi et Chèvremont (1987), (fig. IV-33C). Lorsqu'on passe sur les bordures des massifs, la muscovite devient plus abondante. Le plagioclase est de l'albite. Certains types pétrographiques sont à

magnétite et/ou ilménite, hématite. Le quartz est abondant.

II-2:FABRIQUES MINERALES

II-2-1: Structures macroscopiques

La disposition des biotites dans un plan et la présence d'enclaves aplaties définissent la ou les foliations de ces massifs granitiques. Nous avons reporté dans des diagrammes de densité les pôles de foliation, la linéation et quelques fractures mesurées sur le terrain (fig. IV-11).

A)LE MASSIF DE GOHITAFLA

La foliation est marquée par l'alternance de lits clairs et sombres, elle s'apparente à un rubanement lit-à-lit (fig. IV-12A). Les lits clairs sont quartzo-feldspathiques avec de la muscovite et les lits sombres sont constitués essentiellement de biotite.

Figure IV- 11: Diagrammes de densité (hémisphère inférieure) des pôles de foliation (S), de linéation (L) et de fractures ou filons de quartz-pegmatite (C) mesurés dans les massifs de Gohitafla-Ouréïtafla-campement Senoufo et Guériafla. - 1=volcanisme calco-alcalin et pyroclastites; 2=granitoïdes divers;

3=métasédiments et volcano-sédiments; 4: batholite de Ferké; 5=bordure orthogneissique à mylonitique; 6: linéaments relevés par analyse satellitale.

Ce rubanement est soit subhorizontal, soit fortement penté. Dans le premier cas, les lits sont beaucoup plus fins et accompagnés de schlierens. Localement, ce rubanement peut changer de direction mais il reste toujours faiblement penté vers l’E-NE. Dans le second cas, la direction du rubanement reste généralement constante (NE).

La linéation minérale, matérialisée par l'étirement des quartz et feldspaths, est subhorizontale et orientée NE-SW. Deux familles de fractures, remplies ou non de quartz ou pegmatite, peuvent être relevées au toit du massif. La première famille est orientée N50° à N90°E, avec des déplacements dextres, et est subparallèle à la linéation minérale. Les données terrain ne nous permettent pas de relier ces deux types de structures. La deuxième famille, sénestre, est de direction N150°E subparallèle au rubanement fortement penté.

Figure IV- 12: Planche photographique montrant le rubanement lit-à-lit dans les massifs de Gohitafla (A) et Ouréïtafla (B); (C) et (C'): microplis d'écoulement dans les enclaves surmicacées du massif de Ouréïtafla. - 1=corps granitique; 2=faciès plus sombre; 3=enclave

surmicacée; 4=pegmatite.

L'organisation régulière du rubanement subvertical (Rb) le long de ces fractures sénestres également subverticales, la présence de structures de type C/S attestent du caractère

synchrone de ce rubanement (Rb) et les fractures. Sur le terrain, les fractures dextres recoupent les rubanements et montrent un caractère plus tardif de la mise en place du massif (fractures remplies quartz ou de pegmatite). La présence fréquente des fractures au toit du massif montre également leur caractère tardif par rapport à la mise en place du massif.

B)LE MASSIF DE OUREÏTAFLA

Le massif de Ouréïtafla est localisé à la bordure est du granite de Gohitafla. Le rubanement est plus marqué et le plus souvent subvertical. Les enclaves surmicacées qui définissent ce rubanement sont souvent courbes et suivent la bordure du massif pour se confondre avec les fractures subméridiennes sénestres. Ces enclaves surmicacées sont affectées de microplis en condition d'écoulement. Dans un plan vertical perpendiculaire à ces enclaves (fig. IV-12C&C'), les microplis indiquent des mouvements inverses subverticaux en bordure ouest du massif. Signalons que ce genre de microplis a été également décrit dans l'ultramylonite de Zuénoula (voir fig. III-22). Le raccourcissement subhorizontal est à l'origine de la formation de ces microplis, comme indiqué sur la fig. IV-12C'.

Les arguments de terrain permettent de suggérer:

(i)- un synchronisme entre les microplis "d'écoulement" et la mise en place du granite: plan d'aplatissement des enclaves subparallèle au granite (et/ou à la

pegmatite), microplis identiques dans le faciès granitique légèrement plus sombre,

(ii)- un synchronisme entre les fractures cisaillantes sénestres méridiennes et les enclaves : présence de structures C/S sénestres dans le plan horizontal dans les

enclaves, subparallélisme entre les enclaves et ces fractures, linéation subhorizontale et portée par le rubanement.

En résumé, le rubanement qui affecte le massif de Ouréïtafla est à la fois la conséquence de la mise en place du granite et des cisaillements décrochants sénestres. La présence de fractures décrochantes (remplies de quartz et pegmatite) globalement perpendiculaires au rubanement (fig. IV-12B), montre leur postériorité à la mise en place du granite, probablement en contexte relaxatif. Une analyse plus détaillée des enclaves surmicacées du massif de Oureïtafla est exposée au paragraphe II-2-2B.

C)LE MASSIF AU NORD DE OUREÏTAFLA

Les foliations mesurées ont toutes un azimut vers le SW-SE. Les pendages sont faibles (< 45°). La présence d'enclaves surmicacées aplaties permet de mieux identifier la foliation. Localement, une seconde foliation très peu marquée est sécante sur la première avec un azimut N-NE et des pendages également faibles. Très peu de fractures ont été relevées. Cependant, lorsqu'elles apparaissent, elles sont remplies de pegmatite et recoupent les foliations sur une direction N90°E. Dans ce massif, la linéation portée par la foliation change de direction (azimut NW-SE) mais reste subhorizontale.

D)LE MASSIF DU CAMPEMENT SENOUFO

Le massif du campement Senoufo est situé au SE des massifs de Gohitafla et Ouréïtafla. Le type pétrographique dominant est un granite à biotite avec très peu de muscovite. La foliation, très peu marquée, est matérialisée par un aplatissement des micas, du quartz et des feldspaths. Localement, de petits cristaux subautomorphes (2 à 5 mm) de feldspath indiquent la foliation. La plupart des mesures de terrain indiquent un azimut vers le NE. La linéation est subhorizontale avec un azimut vers le SW. Lorsque l'on se rapproche du massif de Gohitafla, cette linéation change de direction (vers le NE-E). Nos observations microscopiques et magnétiques nous permettront de préciser la signification de ces structures.

E)LE MASSIF DE GUERIAFLA

Le massif de Guériafla est situé à l'extrême SE des massifs décrits plus haut. Il affleure sous forme de grandes collines allongées, ce qui permet de mieux observer les structures sur de plus grandes superficies.

C'est un granite à biotite dominante et qui s'enrichit en muscovite sur sa bordure est. Sur sa bordure NE affleurent des types pegmatitiques à grenat de taille d'environ 2 mm. Comme dans le massif du campement Senoufo, la foliation est peu marquée conférant ainsi une structure linéaire au massif. Cependant nous pouvons à certains endroits identifier une foliation. Elle est la conséquence de l'aplatissement des minéraux et de quelques enclaves surmicacées. Les pendages sont faibles (< 30°). Lorsque les pendages sont redressés, de

petites zones de cisaillement confèrent une texture d'orthogneiss au granite. La foliation a un azimut NE ou SW. La linéation portée par la foliation est subhorizontale et orientée NE-SW.

II-2-2: Etude microscopique des structures

L'étude des lames minces montre que les minéraux ont subi une faible déformation. On note toujours un alignement des micas et un étirement du quartz. Les structures révèlent que la déformation s'est déroulée entre l'état sub-magmatique et l'état solide avec recristallisation en bordure des massifs. La coupe depuis le massif de Gohitafla jusqu'au massif de Guériafla permet de mieux comprendre les différentes étapes de la déformation. Ensuite, nous avons essayé d'interpréter les mécanismes qui affectent les enclaves surmicacées du massif de Ouréïtafla.

A)COUPE GOHITAFLA-GUERIAFLA (fig. IV-13 A-F)

Cette coupe montre une intensification de la déformation depuis le massif de Gohitafla jusqu'au massif de Guériafla. En se basant sur les classifications de Paterson et al. (1989) et Bouchez et al. (1992), nous pouvons distinguer trois grandes étapes dans la déformation: