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2 ème partie: BORDURE OUEST DU BATHOLITE DE FERKE

III. CONCLUSION A L'ETUDE PETRO-STRUCTURALE

L'analyse de quelques massifs en bordure du batholite de Ferké montre la diversité pétro-structurale. Le métamorphisme est quant à lui relativement faible. Nous pouvons résumer cette étude par les points suivants:

- Au niveau pétrographique

Les granitoïdes ont en grande partie une composition granodioritique et granitique ss. Très peu sont alcalins (Bouaflé, Kongasso et Gohitré). Les granodiorites montrent des affinités pétrographiques avec les tonalites et trondhjémites (plagioclase plus ou zoné, abondance d'amphibole et de biotite). Ces granitoïdes ont conservé leurs structures de mise en place ou ont subi, soit une déformation à l'état solide, soit des phénomènes d'hydrothermalisme. Dans ce dernier cas, on note une altération des minéraux magmatiques. Ces phénomènes affectent également les autres granitoïdes. Certains vont acquérir un caractère alcalin par cristallisation des feldsptahs alcalins (microperthites) (Bouaflé et granite porphyroïde de Kongasso). D'autres ont cependant acquis leur alcalinité durant la cristallisation du magma (massif de Gohitré par exemple) et probablement après la mise en place du batholite de Ferké (par comparaison aux granites alcalins du bassin du Bandama, Doumbia, 1997).

Les volcanites et plutono-volcanites définissent deux grands ensembles. Le premier ensemble est constitué de roches de composition basaltique, gabbroïque, doléritique. Le second ensemble est composé de roches de composition andésitique et

de Ferké. Le second ensemble est particulièrement plus dominant sur le second groupe en bordure est dans la région de Zuénoula. Cet ensemble montre des ressemblances avec la série de Bofia dans la région de Toumodi (Centre de la Côte-d'Ivoire, constituée de volcanoclastites d'affinité calco-alcaline; Mortimer, 1990, 1992; Yao, 1998).

Les roches sédimentaires sont abondantes et de composition gréso-pélitique. Ces formations ainsi que les volcanites permettent d'établir la postériorité du batholite de Ferké.

- Au niveau structural

Trois étapes de déformation distinctes ont été identifiées dans les roches sédimentaires, volcano-sédimentaires et volcaniques.

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la déformation D1 est bien visible en bordure du massif granitoïde de Bouaflé-Koupéla (SE). Elle développe une foliation S1 et des plis P1 de petite taille (plutôt plis d'entrainement). Les flancs longs et courts des plis et les trajectoires de foliation qui tournent dans les granites indiquent un déplacement normal relatif de l'encaissant par rapport aux granites. La linéation L1 à fort plongement est portée par la foliation. Cet éventail de structures montre bien que la D1 est bien liée à la mise en place, en contexte compressif, des granites. L'orientation de la contrainte principale maximale (σσσσ1) est perpendiculaire à l'interface granite/encaissant.

Ce type de déformation a été également décrit autour des granites calco-alcalins de Fronan dans la région de Katiola-Marabadiassa (Doumbia, 1997) et plus à l'est de la Côte-d'Ivoire autour de la granodiorite de Bondoukou (Vidal et al., 1996).

La granodiorite de Dianfla, à quelques kilomètres au NW de Koupéla, semble déformer les roches sédimentaires qui la bordent. Par manque d'affleurements nous n'avons pu le confirmer.

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la déformation D2, marquée par des plis à grand rayon de courbure et les

décrochements N-S, traduit une compression régionale progressive NW-SE. Les relations entre les différentes structures superposées montrent un continuum de déformation. La linéation est subhorizontale et fortement associée à une direction de fluage également subhorizontale et de direction NNE. La présence fréquente de filons de quartz et/ou pegmatite dans ces roches à l'approche du batholite de Ferké montre la postériorité de ce granite. L'analyse détaillée des interfaces batholite de Ferké/encaissant

(généralement de la mylonite) permet de supposer que la mise en place du batholite s'est effectuée pendant la déformation D2 (voir § IV consacré au batholite de Ferké).

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la déformation D3 est peu exprimée, mais non négligeable, de direction N120°. Elle est caractérisée par une schistosité de crénulation dans les métasédiments et métavolcano-sédiments. Elle s'observe de part et d'autre du batholite de Ferké, particulièrement à l'approche de celui-ci.

La carte de la figure III-24 résume l'interprétation des foliations S1 et S2 dans la région de Zuénoula.

- Au niveau des minéraux secondaires et du métamorphisme

Les roches sédimentaires, volcaniques et plutono-volcaniques permettent de mieux estimer les conditions de métamorphisme. Les assemblages minéralogiques secondaires montrent que ces formations ont subi un métamorphisme relativement bas à moyen allant du faciès amphibolite au faciès prehnite-actinote.

Le faciès amphibolite est limité en bordure de certains massifs granitoïdes. C'est plus un métamorphisme de contact qui se développe au cours de la mise en place de certains granitoïdes. Il se caractérise par la cristallisation de l'assemblage Hornblende+Actinote+ Plagioclase+Biotite+Epidote. Le clinopyroxène peut cristalliser, notamment dans les cornéennes (Doumbia, 1997). Ces paragenèses sont issues de conditions de moyenne température à basse pression dont les limites sont respectivement: T≈≈≈≈500°-700°C, P≈≈≈≈2-5 kb.

Le faciès schistes verts est plus répandu dans les formations. Les assemblages minéralogiques secondaires montrent un grand éventail. Aux minéraux les plus communs s'ajoutent, soit la calcite ou la biotite dans les méta-andésites et métavolcano-sédiments, soit de la muscovite±biotite dans les métasédiments argilo-pélitiques près de couloirs décrochants. Ce dernier cas est souvent caractéristique de l'interface métasédiments/batholite de Ferké. La cristallisation de muscovite et de calcite dans des microfractures montrent l'influence de la circulation tardive de fluides.

En résumé, bien que développant un métamorphisme de contact, le métamorphisme lié à la mise en place du batholite de Ferké se limite à des degrés faibles: conditions de basse pression et de haute température. Nous avons représenté dans le tableau III-4 la liste des assemblages minéralogiques en fonction de la tectonique qui affecte les roches de la région de Zuénoula.

Tableau III- 4: Assemblages minéralogiques seconadaires en fonction du type de tectonique. - les traits pleins=occurence fréquente; les traits en pointillés=occurence présente ; (?)= occurrence présente mais très rare et minéraux altérés.

Nous déduisons de ce tableau deux grands types de métamorphisme M1 et M2, liés respectivement aux étapes de déformation (D1 et D2) décrites plus haut. La liaison entre le métamorphisme, les différentes étapes de déformation de mise en place de granite est d'une manière générale caractéristique du domaine birimien de l'Afrique de l'Ouest.

A propos des formations encaissantes du domaine SASCA

L'équivalent du batholite de Ferké dans le domaine SASCA est constitué d'un ensemble de massifs en forme de dykes ou massifs ovoïde (voir chapitre IV). L'encaissant est constitué d'orthogneiss migmatitiques, de paragneiss migmatitiques à biotite±grenat±

sillimanite±cordiérite, de micaschistes et de schistes. Ces deux dernières formations

constituent l'unité d'Hana-Lobo (Papon, 1973) séparée des gneiss, à l'Est du domaine, par la faille de Soubré. Le contact encaissant/massifs de type Ferké ne se fait pas toujours par des failles, contrairement aux régions de Zuénoula et Katiola-Marabadiassa. Nous disposons de très peu de données récentes sur les conditions de métamorphisme de cet encaissant. Cependant les travaux de Tagini (1971) et de Papon (1973) ont permis d'estimer des conditions de métamorphisme de grade élevé, dans des niveaux relativement plus profonds dans les gneiss (faciès amphibolite au sous-faciès granulite à hornblende). Les schistes et micaschistes montrent des conditions relativement moins élevées.

CHAPITRE IV

ETUDE PETRO-STRUCTURALE