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3. MÉTHODOLOGIE

3.2. Protocole expérimental

3.2.4. Outils

Nous avons construit nous même le matériel de recueil des données pour la présente recherche, en nous inspirant d’outils mis en place et utilisés par des auteurs dans d’autres recherches.

™ Entretien

L’entretien est le même lors des passations en T1 et en T2 afin de rendre une comparaison test- retest possible.

o Corps de l’entretien

Les questions de l’entretien ont été inspirées pour une grande part de l’étude d’Ammaniti et coll. (1999) et de l’interview qu’ils décrivent de manière détaillée dans l’ouvrage intitulé

« Maternité et grossesse ». Nous avons déjà décrit cette étude dans notre partie théorique, ainsi que l’IRMAG, ou Interview pour les représentations maternelles pendant la grossesse.

L’utilisation de cette interview comme base de notre propre entretien nous a semblé intéressant au vu des objectifs que ces auteurs se sont donnés. En effet, l’IRMAG se propose d’évaluer, entre autres, trois caractéristiques des représentations maternelles prénatales qui nous semblent se rapprocher de nos propres buts, à savoir évaluer l’anticipation et la relation d’objet virtuelle des futures mères. Ces trois variables concernent les représentations de soi en tant que mère mais aussi les représentations de l’enfant. Elles sont : l’ouverture aux changements et flexibilité, la différenciation et l’émergence de fantaisies. Ces trois échelles d’évaluation des représentations sont décrites comme suit par les auteurs (M. Ammaniti et coll., 1999, annexe n°2, pp 150/164) :

* Ouverture aux changements et flexibilité : en ce qui concerne les représentations de soi en tant que mère cette échelle se rapporte à « la capacité de reconnaître [les] changements physiques et psychologiques [qui ont lieu pendant la grossesse] et la façon dont elle se dispose à accepter les mutations que la maternité comportera dans sa vie et dans la vie du couple ». Et en ce qui concerne les représentations de l’enfant, elle « évalue la capacité de la mère à modifier cette représentation au fur et à mesure que la grossesse avance et que de nouvelles informations sur l'enfant sont acquises ». Les auteurs considèrent, entre autres, comme indices de cette variable, « la reconnaissance des modifications qui ont eu lieu dans la façon de représenter l'enfant dans le temps, en particulier après que des signes tangibles de sa présence se sont manifestés (premiers mouvements, images sur l'échographie) et la capacité de créer un espace d'attente et d'accueil de l'enfant en se disposant à la découverte de ses caractéristiques, de ses besoins. »

* Différenciation : en ce qui concerne les représentations de soi en tant que mère cette échelle se rapporte au « degrés de conscience » qu’à la mère de « ses besoins et désirs spécifiques, différenciés par rapport à ceux du partenaire et des figures parentales, en particulier sa propre mère. » Et en ce qui concerne la représentation de l’enfant, elle « évalue à quel degré la mère est consciente que l'enfant a des caractéristiques mentales et physiques qui lui sont propres, avec des limites définies et des besoins spécifiques. L'acceptation et la reconnaissance de l'enfant en tant qu'individu séparé y sont reliées ».

* Emergence des fantaisies : en ce qui concerne les représentations de soi en tant que mère cette échelle se rapporte à « l'émergence des fantaisies relatives à la grossesse et à la future maternité [autrement dit à] l'ensemble des images, métaphores, analogies, rêves les

yeux ouverts ou nocturnes, les expectatives, les craintes et les désirs qui caractérisent dans l'imagination l'expérience de la grossesse et la représentation de soi en tant que mère ». Et en ce qui concerne la représentation de l’enfant, elle évalue « mesure l'émergence des fantaisies relatives à la représentation de l'enfant, [elles se manifestent par] des craintes ou des désirs sur sa conformation, par l'utilisation de métaphores ou de métonymies pour en décrire les mouvements ou l'image lors de l'échographie, pour lui attribuer des états d'âme, des sensations, des inclinations, etc. [et concernent] son intégrité et sa santé, ses qualités physi-ques et son caractère, son sexe, ses ressemblances ou différences par rapport à la mère ou à son partenaire, ainsi que par rapport aux familles proches [,] la fonction que la mère attribue à l'enfant dans sa propre vie ou dans sa vie de couple, les expectatives sur son futur, etc. Les rêves relatifs à l'enfant sont considérés comme un indice de la présence de fantaisies. »

Enfin, nous nous sommes essentiellement inspirés de deux parties de l’IRMAG, à savoir la cinquième (« perceptions, émotions positives et négatives, fantaisies maternelles et paternelles : espace de l’enfant interne ») et la sixième (« perspective temporelle, expectatives futures – accouchement, enfant, votre fonction et vos capacités, père, organisation de la vie, style maternel, convictions sur les compétences/incompétences de l’enfant »).

Notre entretien (annexe n°5) est un entretien semi-directif qui vise donc à évaluer l’anticipation prénatale de la future mère (d’un point de vue comportementale, affectif et fantasmatique) et de la situer dans le processus d’actualisation du virtuel parental. Il se compose de trois parties :

a- les représentations de la parturiente elle-même en tant que mère b- les représentations concernant son enfant à venir

c- les représentations concernant la relation avec cet enfant

La première partie s’inspire des questions 31 et 34 de l’IRMAG se rapportant aux caractéristiques des représentations de soi en tant que mère : ouverture aux changements et émergence des fantaisies, selon Ammaniti et coll. Elle a pour but de cerner l’investissement de la fonction maternelle de la participante, ses représentations, projections et angoisses à ce sujet. Et éventuellement comment elle se situe par rapport à sa propre mère.

La deuxième partie s’inspire des questions 16, 20, 23, 21, 18 et 22 de l’IRMAG se rapportant aux caractéristiques des représentations de l’enfant : ouverture au changement,

différenciation et émergence des fantaisies. Elle vise à cerner les représentations et angoisses concernant l’enfant à venir mais surtout à déterminer les caractéristiques de l’enfant virtuel au moment de la passation.

Enfin, la dernière partie s’inspire des questions 15 et 17 de l’IRMAG se rapportant aux caractéristiques des représentations de soi en tant que mère : émergence des fantaisies et aux caractéristiques des représentations de l’enfant : ouverture au changement, différenciation et émergence des fantaisies. Son objectif est de cerner le dialogue psycho- corporel qu’entretient la mère avec son enfant à naître, à travers lequel la relation affective consciente et inconsciente de la mère avec l’enfant à venir peut être approchée. Enfin, elle permet d’avancer dans l’appréhension de la qualité de l’objectalisation de l’enfant virtuel au moment de la passation.

o Planches photographiques

La passation des planches photographiques correspond à une méthode projective utilisée par S. Stoléru et coll. (1985), dans la recherche intitulée « De l’enfant fantasmatique de la grossesse à l’interaction mère – nourrisson » que nous avons déjà décrite dans notre partie théorique. Selon les auteurs, ce matériel projectif est complémentaire du matériel recueilli par l’entretien. Les réponses des sujets seraient donc en lien avec leurs représentations et avec l’enfant virtuel de la grossesse.

Nous n’avons malheureusement pas pu utiliser les photos qui ont servi dans le cadre de l’étude menée par Stoléru et coll. Les planches qui composent notre protocole sont au nombre de cinq (annexe n°6) et mettent chacune en scène un nourrisson :

* en train de se faire habiller

* sur un tapis d’éveil

* auquel est donné le bain

* qui est en train de pleurer

* en train d’allaiter au sein

Le matériel met donc en présence les participantes, de manière plus directe et concrète, avec la représentation de l’enfant qui sera actualisé en post natal, relation et objet de cette relation étant pour l’instant encore virtuels. Les réactions des parturientes à ces planches

seront alors un indice de l’état de leur relation d’objet virtuelle. Notre hypothèse est donc que les réactions et récits que suscitera ce matériel projectif permettront de confirmer ou de compléter les informations concernant les représentations anticipatrices maternelles recueillies avec l’entretien. La passation se déroule ainsi : la consigne suivante est donnée

« Je vais vous présenter des photos, imaginez une histoire à partir de chacune d’entre elles. » puis les planches sont posées l’une après l’autre sur le bureau, face à la participante.

o Dessin de l’enfant

Le dessin de l’enfant nous a été inspiré par l’étude de Cupa et coll. (1992) intitulé « Bébé imaginé et interactions précoces ». Ce procédé vise à évaluer par un autre moyen les capacités d’anticipations maternelles de l’enfant à venir et l’état de l’enfant virtuel lors de la passation.

Le recueil d’un tel matériel nous semble particulièrement intéressant dans l’optique de comparaison test-retest qui est la nôtre.

Une feuille de dimension A4 ainsi qu’un crayon sont donnés à la participante et la consigne suivante est énoncée : « Dessinez votre enfant tel que vous l’imaginez actuellement »

™ Questionnaires

Les questionnaires écrits (annexes n°7 et n°8) ont été établis afin d’alléger l’entretien oral précédemment décrit.

o Questionnaire 1 (De début)

La première partie du questionnaire concerne l’histoire et le vécu de la grossesse, ainsi qu’une partie brève sur les représentations que la participante a des relations avec ses propres parents durant l’enfance.

L’objectif de cette partie est de recueillir des informations anamnestiques sur la parturiente pouvant être utiles à l’analyse du protocole. Cependant, elle vise également à évaluer ses capacités d’anticipation en explorant ses réactions aux différents évènements qui ont marqué la grossesse (annonce de la grossesse, échographies, premiers mouvements fœtaux

ou tout autre fait marquant qui sera mentionné), ainsi que l’évolution dans le processus d’actualisation de l’enfant virtuel à travers les changements perçus par la mère concernant la relation avec l’enfant à venir tout au long de la grossesse, lors d’évènements tels que les échographies ou la perception des mouvements fœtaux, par exemple. Cette partie a d’ailleurs été inspirée, pour une grande part, par l’étude d’Ammaniti et coll. sur l’ouverture au changement et la flexibilité des représentations (correspondant aux questions 2, 3, 11, 12 et 15 de l’interview). Les trois dernières questions de cette partie sont destinées à cerner la façon dont la parturiente se place en tant que mère par rapport à ses propres parents (questions 36 et 37).

La seconde partie de ce questionnaire porte sur les représentations de l’accouchement.

L’accouchement étant le sujet principal des séances de préparation à la naissance, il nous a semblé important de recueillir des informations sur ce sujet. Cependant, il ne correspond pas à un des objectifs principaux visés par notre recherche. C’est pourquoi il fait l’objet du questionnaire écrit et non pas de l’entretien oral qui peut par définition recueillir des données plus précises. Cette partie pourra éventuellement compléter l’évaluation de l’impact des séances de préparation sur l’anticipation maternelle prénatale. Elle a été inspirée par l’étude d’Ammaniti et coll. (question 14) ainsi que par le contenu de séance de préparation (douleur, péridurale et différents déroulements possibles de l’accouchement).

o Questionnaire 2 (De fin)

La première partie de ce questionnaire concerne l’accouchement et est identique à la seconde du premier questionnaire, ceci afin de pouvoir comparer les réponses qui y seront apportées.

La seconde concerne les séances de préparations à la naissance et vise à explorer le vécu que les participantes ont eu des séances, les émotions positives ou négatives qu’elles ont pu ressentir, les moments déstabilisants ou rassurants. Il s’agit ici de nous éclairer sur l’impact des séances sur le travail d’anticipation.