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Chaque enseignant apporte à sa classe de langue des matériaux que l'on peut appeler des outils pour l'aider dans sa tâche. C’est en ceci que le premier « P », la présentation, varie d’un cours à l’autre et d’un enseignant à l’autre. C’est aussi dans l’utilisation de ces outils que l’on voit l’influence des méthodes développées au cours des années et parcourues rapidement dans notre premier chapitre. L’enseignement des langues à Lyon 1 est en fait basée sur les trois P mais force est de constater que l'approche est plus éclectique qu'intégrative.

1. Livres de méthodes

Le livre de méthode est un outil utilisé par l’enseignant pour la préparation de ses cours (et non à l'intérieur du cours avec les étudiants) aussi bien pour des raisons pédagogiques que pour des raisons pratiques. Il existe des livres de méthode pour toutes les théories linguistiques. Il était même question récemment de rendre obligatoire pour tous les enseignants de premier cycle l'utilisation d'un livre de méthode particulier.

Contraindre tous les enseignants à suivre une seule méthode donc une théorie particulière, aurait enlevé à cet outil un aspect de ce qui le rend utile pour l'enseignant, c’est-à-dire un choix personnel par sa préférence donnée à une théorie plutôt qu'à une autre. Certains enseignants préfèrent entamer chaque cours avec la « grammaire », d'autres avec des tâches de communication, etc. Les livres de méthode sont conçus pour toutes ces préférences et ont en plus un « planning », un « livre de l'enseignant » avec les réponses, en fait, tout le nécessaire pour faciliter la préparation du cours. En général, ils suivent les trois P. Il suffit, pour l'enseignant, de se sentir à l'aise avec telle ou telle approche pour mettre en place un ‘bon’ enseignement.

Cependant, Lightbown nous met en garde pour ce qui concerne « la bonne méthode ». « Research on learning styles should make us sceptical of claims that a particular teaching method or textbook will suit the needs of all learners. » 132 Le même argument est vrai pour « teaching styles ».

2. Vidéo et audio

132 Lightbown et Spada, 1993, p. 41.

Le laboratoire audio-oral a toujours été l'outil privilégié du structuralisme-behaviorisme par l’utilisation d'exercices structuraux. Jusqu'à récemment à Lyon 1, de nombreux enseignants ont utilisé très souvent ce type de laboratoire. Les laboratoires ne sont plus entretenus et il reste quelques enseignants qui regrettent l'utilité de cet outil pour effectuer leur « pattern drills ».

Cependant, le laboratoire de langues pourrait trouver une utilité en dehors des

« pattern drills » et ainsi rendre service à l’enseignement des langues aujourd’hui.133 Le laboratoire est un lieu de travail individuel, où chaque étudiant se concentre sur l'écoute d'un document choisi par son enseignant. Il peut pratiquer sa prononciation sans être entendu par ses pairs. L'intérêt, pour les enseignants comme pour les étudiants, est au niveau pratique : tous les étudiants travaillent en même temps sans déranger la classe, l'étudiant a accès à plusieurs accents, il écoute la langue parlée par des autochtones, mais surtout il développe ses compétences de compréhension de l'oral au lieu de se concentrer sur l'écrit. Selon certains enseignants de Lyon 1, les étudiants ont tous la possibilité de pratiquer la langue grâce au laboratoire de langues alors qu’en cours, il n’y a jamais assez de temps pour faire parler toute la classe.134

La vidéo est un support très souvent utilisé par les enseignants. Pour certains, c'est un moyen facile d’assurer un cours, parfois intéressant pour les étudiants mais qui comporte peu d’investissement et de rentabilité pédagogiques. Pourtant, les enseignants qui s’investissent dans l’utilisation de ce moyen comme outil pédagogique savent que ce n’est pas un moyen de facilité. Le traitement de chaque vidéo nécessite une préparation pédagogique souvent longue à cause de la nature du document. Bien que la préparation pédagogique d’une vidéo se fasse mieux en équipe à cause du travail que cela impose, elle s’élabore encore individuellement. La culture du service de l'enseignant, calculé sur un certain nombre d'heures de face à face avec les étudiants, fait que les enseignants ne sont pas encore tous prêts à réaliser un véritable travail d'équipe.

3. Textes :

133 Voir Ph. Ely Bring the Lab back to Life, où l’auteur décrit des activités communicatives ou autres qui démontrent l’utilité d’un tel outil.

134 La pratique de la langue au laboratoire de langues reste cependant très limitée.

Le cours de langue classique au Centre Commun de l’Enseignement des Langues se base sur un support textuel, soit un article de magazine ou article de journal, soit parfois un article trouvé sur Internet. C’est à partir d'un texte que la plus grande partie de la Présentation (le premier P) se constitue. Le texte est souvent le point de départ pour étudier un aspect de la langue tel qu’une structure spécifique, du lexique, ou des expressions que l’enseignant estime importantes à mémoriser. Il est assez facile d'exploiter des textes de cette façon. Les étudiants peuvent se retrouver en un seul groupe pour la lecture du texte, se séparer en petits groupes pour une analyse plus précise, faire un travail à la maison,135 parfois préparer un exposé et tout cela à partir d’un seul texte. Le fait que le texte est facile à photocopier n'est pas un aspect négligeable.

135 En effet, à Lyon 1, les enseignants ont l'habitude de donner régulièrement du travail à réaliser en dehors du cours, notamment le même travail pour toute la classe et souvent sur le texte étudié en cours.