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3. Chapitre 3 Méthodologie

3.2 Démarche méthodologie

3.2.4 Outils de cueillette des données

Pour atteindre nos objectifs de recherche et tenir compte de l’importance d’appuyer l’étude de cas sur une diversité de sources d’informations factuelles (Yin, 1981), nous avons retenu

40 L’infolettre du Plateau accessible à l’adresse :

http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=7297,138923631et_dad=portalet_schema=PORTAL (page consultée le 25 juillet 2016). Cette infolettre hebdomadaire est disponible depuis le 10 février 2012.

L’infolettre de Verdun accessible à l’adresse :

http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=8637,142356312et_dad=portalet_schema=PORTAL (page consultée le 25 juillet 2016). Cette infolettre mensuelle est disponible depuis janvier 2016.

plusieurs dispositifs de cueillette de données. L’outil principal de cueillette des données que nous avions retenu à priori était l’entretien semi-dirigé. D’entrée de jeu, nous avons constaté qu’il était très difficile de recruter des citoyens pour un entretien « long » portant sur les infrastructures d’eau et sur la participation citoyenne à leur gestion. Il nous fallait proposer un outil de cueillette plus court. Nous avons donc développé en parallèle un dispositif préalable aux entretiens : le questionnaire court. Ce questionnaire comportait cinq courtes questions à répondre en quelques minutes. Nos premières questions visaient à savoir si le citoyen se rendait fréquemment au conseil d’arrondissement, s’il y venait pour un sujet en particulier, que nous lui demandions d’identifier, et s’il appartenait à un groupe ou une association. Nous lui demandions ensuite s’il avait une opinion ou des commentaires sur les services d’eau, d’aqueduc et d’égouts, et la raison de cette opinion. Nous sollicitions ensuite le citoyen pour un entretien plus long et recueillions ses caractéristiques sociodémographiques. Les questionnaires courts ont permis de connaître la perception et l’opinion des répondants à partir des réponses obtenues spontanément en quelques minutes. Une copie du questionnaire court est fournie en annexe 2. Cette démarche, en plus de nous permettre de recueillir plus de données, a permis de recruter les répondants pour les entretiens semi-dirigés. Les entretiens semi-dirigés nous ont ensuite permis d’explorer plus en profondeur et de mieux comprendre comment les citoyens se représentent les infrastructures d’eau et de connaître quels sont les savoirs dont ils disposent pour participer à la prise de décision pour la gestion de ces infrastructures.

Pour appuyer le choix de l’entretien, nous avons relevé, dans la littérature, trois arguments principaux présentés ici par Poupart (1997) :

Le premier est d’ordre épistémologique : l’entretien de type qualitatif serait nécessaire parce qu’une exploration en profondeur de la perspective des acteurs est jugée indispensable à une juste appréhension et compréhension des conduites sociales. Le deuxième type d’argument est d’ordre éthique et politique : l’entretien de type qualitatif apparaît nécessaire parce qu’il ouvrirait la porte à une compréhension et à une connaissance de l’intérieur des dilemmes et des enjeux auxquels font face les acteurs sociaux. On relève finalement des arguments méthodologiques : l’entretien de type qualitatif s’imposerait parmi les « outils d’information » susceptible d’éclairer les réalités sociales, mais surtout, comme instrument privilégié d’accès à l’expérience des acteurs. (Poupart 1997, 174)

Par ailleurs, et parce que nous cherchons à identifier des représentations sociales, il s’avère que l’entretien est un outil de cueillette « classique » et très bien adapté : « Dans l’entretien de recherche […] les interventions de l’enquête sont doublement déterminées. L’enquêteur cherche à saisir, à travers le discours de l’enquêté, la façon dont celui-ci construit ou se représente un objet ou phénomène donné » (Carcassone-Rouif, Salazar Orvig et Bensalah 2011, 117).

Le guide d’entretien a été préparé à partir de notre problématique et s’est inspiré d’autres recherches. Le contenu des différents outils de cueillette de données (questionnaires et guides d’entretien) présenté par différents auteurs (Callaghan, Moloney et Blair, 2012; Michel-Guillou, 2011) suggère d’élaborer un guide d’entretien en plusieurs parties : associations de mots, échelles d’opinion, caractéristiques sociodémographiques, etc. Nous nous sommes inspirés de ces exemples pour développer nos questions ouvertes.

Notre guide d’entretien comportait quatre sections. La première, consacrée à des questions générales sur les infrastructures d’eau, visait à obtenir des informations sur le niveau de connaissance des services reliés à l’eau, à savoir si, au cours des cinq dernières années, le citoyen avait vécu des problèmes reliés à ces services, s’il y avait eu des travaux dans son quartier et s’il avait été affecté par des inconvénients et, finalement, s’il avait reçu de l’information sur les services d’eau. La deuxième partie du guide d’entretien visait à connaître le type d’implication démocratique du citoyen et les raisons de cette implication. Ce sujet permettait de demander au répondant ce qu’il pensait d’une implication sur les questions reliées à la gestion de l’eau. La troisième partie de l‘entretien consistait à lui demander d’indiquer sur le guide d’entretien les mots qu’évoquent « Eau », « Égout » et « Aqueduc »41. Finalement, la quatrième partie nous a permis de recueillir des informations sur les caractéristiques sociodémographiques des répondants qui sont reconnues pour exercer une influence sur les représentations : genre, groupe d’âge, occupation, niveau d’études, discipline d’obtention du diplôme, secteur d’activité, type de logement et niveau occupé. Il faut souligner que le secteur d’activité réfère au domaine dans lequel le répondant travaille ou a travaillé, ou encore dans le cas d’un étudiant, à son domaine d’études. Dans certains cas, le secteur d’activité peut être différent de la discipline d’obtention du diplôme. Une copie du guide d’entretien se trouve à l’annexe 3.

Comme autre dispositif de collecte de données, nous avons analysé des sources documentaires primaires qui nous ont permis d’obtenir des informations empiriques sur, premièrement, la

41 Les réponses des participants à cette partie de l’entretien ont été incomplètes et insatisfaisantes. Elles sont de ce fait inexploitables.

gestion des infrastructures à la Ville de Montréal ou dans d’autres villes, au Québec et en Nouvelle-Zélande, deuxièmement, sur des consultations publiques sur les infrastructures ayant eu lieu à Longueuil et à Gatineau et, troisièmement, sur d’autres exemples de consultation repérés en cours de recherche. Les sources documentaires sont « une méthode de collecte de données qui élimine, du moins en partie, l’éventualité d’une influence quelconque qu’exercerait la présence ou l’intervention du chercheur, de l’ensemble des interactions, événements ou comportement à l’étude, en annulant la possibilité de réaction du sujet à l’opération de mesure » (Cellard 1997, 251). Les rapports consultés proviennent d’organismes publics crédibles. Ce sont, pour la plupart, des documents publics officiels. Pour Bryman (2008), deux des quatre critères d’évaluation de Scott (1990) sont facilement rencontrés par les sources documentaires étatiques « as authentic and as having meaning » (Bryman 2008, 521), toutefois, les critères de crédibilité et de représentativité doivent être évalués avec précaution à cause du biais possible de ces documents et de leur « vue à sens unique ». Cette mise en garde est aussi partagée par Cellard (1997). Dans notre cas, ni la crédibilité ni la représentativité des documents officiels retenus ne semble poser problème.

Nous avons inclus, dans notre analyse documentaire, une analyse du contenu de la presse locale, soient les journaux locaux disponibles en format papier ou en version électronique dans les arrondissements Le Plateau Mont-Royal et Verdun et que les citoyens rencontrés en entretien ont identifiés comme sources d’informations sur les services d’eau. Notre analyse s’est toutefois limitée à relever la présence d’articles, d’opinions ou d’avis aux citoyens sur les projets d’infrastructures d’eau dans la période 2000-2015. L’année 2000 est utilisée comme référence car les préoccupations plus concrètes de la part des autorités de la Ville de Montréal au sujet de l’état des infrastructures d’eau sont apparues au tournant de l’an 200042. Moscovici (1976) justifie l’examen de la presse en indiquant qu’il permet de « dégager, d’une manière différente, [une] représentation sociale [… et de] mieux comprendre les régularités les plus significatives des échanges qui ont lieu autour d’elle » (Moscovici 1976, 292).

Dans notre analyse, nous avons pris en considération les mises en garde que font plusieurs auteurs (May, 2001; Cellard, 1997) quant à la possibilité que les sources documentaires puissent comporter un biais ou refléter un point de vue. Nous avons, dans la mesure où cela était possible, diversifié leurs origines et utilisé la liste d’éléments de vérification développée par Bryman afin de valider la qualité de nos sources (Bryman 2008, 534, notre traduction) :

42 Réalisation d’une première étude d’importance présentant un premier bilan d’état des infrastructures d’eau à Montréal et des investissements requis pour en assurer la pérennité (SNC-Lavalin, 2002) et création du Fonds de l’eau en 2004.

« Qui a préparé le document ?

Pour quelle raison ce document a-t-il été préparé ?

Est-ce que les personnes ou les groupes qui ont rédigé le document ont la crédibilité pour le faire ?

Est-ce que la matière est authentique ?

Est-ce que les personnes ou les groupes avaient un angle de traitement particulier et si oui, pouvez-vous identifier un biais particulier ?

Est-ce que le document représente bien son genre si non, est-il possible de définir en quoi il ne l’est pas ?

Est-ce que le document est clair?

Pouvez-vous corroborer les événements ou les récits présentés dans le document ? Y a-t-il des interprétations de ce document différentes des vôtres, si oui, quelles sont-elles et pourquoi les avez-vous rejetées ? »