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Indifférents : Pas de problème avec les services d’eau (sans représentation)

4. Chapitre 4 Résultats

4.2 Présentation des données et analyse des résultats

4.2.1 Indifférents : Pas de problème avec les services d’eau (sans représentation)

Ces citoyens sont satisfaits des services d’eau en général. Ils n’hésitent pas à affirmer que l’eau est bonne et qu’ils ne craignent pas de la boire. Dans ce contexte, ils n’ont aucune sensibilité à l’égard du service. Bien sûr, certains d’entre eux ont parfois eu des problèmes avec leur raccordement d’eau ou d’égout, mais ces derniers ont vite été corrigés et ils n’en conservent pas une mauvaise impression puisqu’ils nous ont raconté ces événements sans amertume ni rancœur envers la Ville ou le Service d’eau en général. Malgré que ces citoyens ne soient pas particulièrement informés de l’ensemble de ce que sont les services d’eau, ils ont tous été capables d’y associer l’eau que l’on boit et les eaux usées que l’on rejette. Ces citoyens qui ne manifestent pas d’intérêt particulier pour les services d’eau ne s’impliquent en aucune façon dans sa gestion. Ils ne sont engagés démocratiquement que pour des sujets ou des décisions qui les touchent directement : le stationnement, les sens uniques, la mobilité réduite, l’éviction de locataires, etc. Les infrastructures d’eau ne font pas partie de cette liste. Elles ne les touchent pas et ils demeurent impassibles; préférant laisser les « experts » gérer le Service en question.

Ma connaissance du service d’eau elle est de base. Il y a l’eau qui vient de la municipalité, on la reçoit à la maison pour se laver et boire. La gestion de la qualité de l’eau est probablement liée à l’usine Atwater à Verdun. À l’usine Atwater, c’est toute l’eau qu’on boit qui arrive par le canal de l’Aqueduc qui a été construit il y a cent ans. Il y a un système d’égout, les eaux usées sont rejetées dans le système d’égout. La gestion de ce système-là était assez floue, mais on a eu un

mini-cours sur tout ce que ça impliquait lors du déversement des eaux usées. On a appris que les déversements d’eau, il y en avait à tous les ans et dans plusieurs villes. Ça ne m’a pas empêché de dormir. Mais est-ce qu’il y a eu des répercussions, je ne le sais pas. Je me range du côté des experts qui ont dit que c’était la chose la plus optimale et la plus efficace à faire à ce moment- là. Mais il faudrait que la prochaine fois, ce soit fait autrement parce que ça a été fait comme caché. Finalement, ma connaissance du service est en partie liée aux expériences que j’ai vécues. Que ce soit un puisard pluvial bouché dans la ruelle ou un refoulement d’égout lors d’une grande pluie -- qui n’a heureusement pas causé de dommages parce que mon sous-sol n’a pas de pièces aménagées -- ou encore la nécessité de remplacer l’entrée d’eau à cause d’une fuite sur notre bout de tuyau qui a été confirmée par la Ville. Donc, le service d’eau c’est invisible et le contact qu’on a avec c’est notre robinet et la toilette qui « flushe ». Alors comme ça fonctionne bien et que l’eau est toujours bonne à boire, ce n’est pas un sujet dont on parle ou qui nous vient à l’esprit dans une conversation. Je n’ai pas d’intérêt ou de préoccupations par rapport au service d’eau en autant que ça n’endommage pas la santé.

Je sais qu’il y a beaucoup de travaux qui sont faits sur les réseaux mais je ne pourrais pas préciser qui en a la responsabilité, la ville ou l’arrondissement. J’ai eu connaissance que l’ouverture des rues pour remplacer les vieux tuyaux n’était pas toujours nécessaire. On m’a expliqué que ce sont des vieux tuyaux faits en brique qui datent de 1915-1925 à peu près et que maintenant, ils insèrent une membrane dedans qui va permettre de conserver ou d’augmenter la durée de vie. Ça m’intéresse parce que je sais que le réseau a manqué d’entretien et qu’il est vieux et en mauvais état. J’ai lu dans le journal qu’il y avait apparemment 40% de fuites d’eau et qu’ils voulaient les réduire à 30% et qu’il fallait investir des milliards de dollars. Je me dis que s’ils avaient investi au bon moment, ça coûterait peut-être moins cher aujourd’hui. Mais d’un autre côté, ça ne me dérange pas si les taxes augmentent à condition que l’argent serve à la bonne chose et que tout le monde paie sa part. Je pense qu’il y a eu beaucoup de négligence les 40 dernières années et qu’il faut qu’ils investissent et qu’ils améliorent ce qui a été négligé. Pis moi à quelque part, ça me rassure de savoir qu’on entretient les infrastructures et qu’on y porte attention. Mais bien sûr, ça crée des inconvénients, les rues en travaux ne sont pas accessibles, il y a des trous un peu partout, il y a des contournements et on a été approvisionné en eau potable par des bornes fontaines. Aussi, il y a des trottoirs de bois qui sont installés pour donner accès aux commerces, et ça dure longtemps. Ça devient un casse-tête pour circuler en automobile. Oui, ça été pénible cet été. Le pire c’est quand tu as l’impression qu’il ne se passe rien sur le chantier, il y a plein de cônes oranges, tout est bloqué et le chantier est vide. Mais sur le chantier de la rue St-Denis, j’ai vu des travailleurs à 9 heures le soir qui travaillaient avec des lumières, ce n’était pas

un chantier vide. C’est vrai que la rue St-Denis, c’est une artère principale. Mais quand on s’informe sur les travaux par l’infolettre ou par le journal du quartier, on sait qu’il y a des travaux dans une rue et on les contourne si on peut. En fait, l’impact des travaux varie selon le quartier. Sur le PMR, on vit des changements de sens de circulation et, ajoutés aux travaux, cela rend les déplacements en automobile très compliqués. Mais après, on sait que c’est pour le mieux et que ça va être bon pour longtemps.

Mon implication citoyenne est motivée par des circonstances ou des événements que je vis ou que mon entourage vit et qui ont des impacts négatifs sur la qualité de vie et sur la qualité du milieu dans lequel notre petite communauté vit. Dans notre arrondissement, on vit plutôt dans notre quartier et c’est ce qui se passe dans notre quartier qui nous intéresse et nous interpelle. Je participe au conseil d’arrondissement lorsqu’il y a un enjeu qui me touche et je vais m’exprimer sur cet enjeu. Que ce soit les vignettes de stationnement, les saillies de trottoirs, l’éviction de locataires, le changement de sens de circulation des rues locales, des projets d’aménagement de ruelles, les modifications de la vocation d’un parc, etc. Je m’implique parce que certaines décisions qui sont prises me touchent, me dérangent, ont un impact sur ma qualité de vie, sur la qualité de vie dans mon quartier. Je suis intrigué et intéressé par ce qui se passe localement. En plus, lorsque je vais prendre ma retraite, j’aurai des choses pour m’impliquer et me tenir occupé. Quant à une implication possible dans la gestion du service d’eau, je n’ai pas de problème avec l’eau. C’est pas que ça m’intéresse pas l’eau, mais ça ne me cause pas de souci, alors je ne me vois pas m’impliquer dans ça. Peut-être que si on annonçait une grosse décision comme la privatisation de l’eau ou que l’eau influençait tout à coup ma qualité de vie, ça me mobiliserait un petit peu, c’est sûr. Ça dépendrait du dossier. Mais pour m’impliquer, il faudrait que je m’informe beaucoup sur le sujet parce que ce n’est pas un savoir acquis et il faudrait quand même s’y connaître un peu en la matière. Je ne me sentirais pas à l’aise de participer si je n’ai pas l’impression d’apporter un point de vue assez large et d’avoir une conversation intelligente avec les différents acteurs. Après tout, c’est le travail des ingénieurs qui sont spécialisés là-dedans. Mais comme je vous ai déjà dit, c’est méconnu, on en souffre pas. En fait moi, je réalise qu’on s’implique quand on souffre.

Les citoyens ne pensent pas spontanément aux services d’eau, ni n’en discutent avec leurs proches ou leurs amis. Tant que tout va bien, que l’eau coule du robinet et qu’elle disparait après usage, ce service, pourtant essentiel, est « invisible » et ne fait donc pas partie des « sujets » sur lesquels ce citoyen est prêt à se mobiliser. Les citoyens trouvent que l’eau est bonne à boire et qu’il y en a en quantité. Ils confirment dans leurs mots que le service d’eau et,

par conséquent, les décisions qui sont prises par la Ville à ce sujet, ne font pas partie de leurs pensées car elles ne nuisent que temporairement (durée des travaux) à leur qualité de vie et ne leur crée pas de soucis À l’opposé, et précisément parce que ces interventions municipales ont un effet quasi immédiat et négatif sur leur vie quotidienne, les modifications apportées à la politique de stationnement de l’arrondissement ou encore à la gestion de la circulation par l’imposition de sens uniques dans leur quartier les mobilisent. Pour de telles décisions, ces citoyens manifestent leur intérêt à y prendre part car ces sujets les touchent personnellement. Ce désintérêt, cette absence des services d’eau dans leurs pensées et dans leur discours entre citoyens signifie qu’il y a absence de représentation des services d’eau pour ce groupe de répondants. L’analyse que nous en avons faite, à l’aide de la liste de critères de Mariotti (2003), est corroborée par les propos des répondants aux entretiens. Notre conclusion sur l’absence de représentation des réseaux d’eau chez les adhérents au groupe des indifférents est validée.