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I. « Culture locale » : qu’est-ce à dire ?

I.3. Cadre méthodologique

I.3.2. Outils complémentaires

Les entrées famille et association culturelle ont été mes principaux outils, mais je n’ai pas pour autant négligé le recours à la presse locale, à l’observation participante et au comparatisme.

I.3.2.1. La presse locale

La presse m’a semblé constituer un outil intéressant en tant que source

d’informations sur l’actualité permettant de qualifier la culture locale au quotidien. Le

journal lu en majorité dans les Landes est Sud-Ouest. Outre l’information

internationale, nationale, qu’il fournit, il diffuse aussi les informations locales, sur trois rubriques ; à savoir : Côte landaise - Dax - Mont de Marsan. Le journal Sud-Ouest se fait l’écho des différentes manifestations culturelles des petites communes comme des villes plus importantes. Tous les résultats sportifs y sont répertoriés, de même

que la vie des associations….

Je me suis donc intéressée aux articles de presse consacrés aux activités culturelles et à la vie quotidienne, afin de qualifier au plus près la culture locale. Ces

informations recoupent les autres données de mon étude. Elles apportent un

éclairage parfois différent sur certains points développés en dernière partie. J’ai jugé

opportun de réaliser une enquête sur les manifestations à caractère culturel

annoncées dans le journal Sud-Ouest. Pour ce faire, j’ai effectué une analyse de leur

annonce dans le journal Sud-Ouest Edition Dax-Sud Landes (relevé systématique des manifestations culturelles annoncées pendant une année (2006).

I.3.2.2. Observation participante et approche

« comparative »

Dans un souci d’ouverture et afin de ne pas tomber dans le piège du local spécifique

et fermé, j’ai réalisé des enquêtes sur d’autres terrains extérieurs au nôtre, animée

par un projet comparatif. Certaines de ces études ont d’ailleurs été effectuées avec une démarche d’observation participante.

Un regard vers l’extérieur

C’est dans cette optique que je me suis rendue en 2006 en Thiérache (Carte 14) afin de mettre en évidence d’éventuels traits de la culture rurale et en saisir les points

communs et différences par rapport à mon espace d’étude. Considérant que la

ruralité se définit notamment par rapport à la ville et à l’urbanité, je remarque en

Thiérache l’existence d’initiatives endogènes qui s’inscrivent dans le caractère rural

et identitaire des territoires concernés. La participation aux « temps forts » (concerts, fêtes, randonnées…) est importante pour les manifestations mettant en scène la ruralité (« Ferme au cœur de la ville », conférence sur les races de vaches, course de moissonneuses-batteuses). Pour autant, cette ruralité est-elle la même de part et d’autre du territoire français, du nord au sud de l’Hexagone ? Tel est le questionnement qui a motivé mon déplacement en Thiérache.

De même, je me suis rendue dans le midi languedocien et camarguais (Carte 13) à la rencontre de la culture méridionale en prenant comme exemples la Feria de Nîmes et les traditions festives de La Camargue, avec ses fêtes votives.

Effectivement, grâce à mes observations et enquêtes exploratoires, j’ai constaté,

dans le Sud-Ouest comme dans le Sud-Est de la France, l’existence de fêtes plus ou

moins fortement inspirées par l’Espagne. Pour autant, cette culture festive est-elle vraiment identique dans l’ensemble de la France méridionale ? Cette ouverture orientale réalisée principalement en pratiquant l’observation participante a apporté un nouvel éclairage à mon analyse comme je le montre dans ma dernière partie.

La confrontation des observations réalisées, sur ces divers terrains m’a conduit à

concevoir un schéma constitutif d’une identité culturelle à caractère local.

L’observation participante

Compte tenu de mon objet d’étude, j’ai jugé indispensable de m’immerger dans la

réalité de mon terrain. L’observation participante, méthode privilégiée de

l’anthropologie de terrain, mise au point et définie par B. K. Malinowski, relève certes plus de méthodes informelles (entretiens ouverts, observation directe et participation aux activités) que de méthodes formelles (entretiens structurés, protocoles d’analyse). Pour autant, cette méthode reste l’idéal type de l’enquête de terrain. D’une part, elle permet de mettre à distance ses propres automatismes, ses conditionnements culturels, et, d’autre part, de se fondre dans le paysage social, d’être moins intrusif et de se faire accepter. Il s’agit donc de pénétrer de l’intérieur

une culture, non seulement grâce à l’observation visuelle directe, à l’écoute et

l’échange verbal, mais aussi en expérimentant un autre rapport au corps (gestes, empathie, interactions sociales fines, etc. ).

Par conséquent, l’expérience directe est primordiale dans l’étude des individus et de

leur culture. Le terrain est effectivement à la fois le lieu d’une expérience vécue, et le

lieu de matérialisation de mon objet d’étude. Je me suis engagée davantage pour

tenter de comprendre en profondeur la vie d’un groupe, à savoir celle de la banda de

Pouillon, « Los Campesinos » (une banda étant un groupe de musiciens mobiles). Il

a été relativement facile de m’intégrer au sein du groupe, d’une part, cette formation

musicale étant en manque de percussionnistes, je me suis proposée comme telle, d’autre part, j’avais eu de bons contacts avec eux lors de mon précédent travail de

recherche sur les bandas. J’ai donc pu participer à leurs activités (répétitions, sorties, animations de manifestations festives) sans dévoiler ma véritable intention.

Ajoutons enfin que je suis devenue membre de la Commission des Fêtes Populaires de Dax depuis 2005 après avoir effectué un stage d’observation pour les Fêtes de

Dax 2004 au sein du service « Fêtes » de la Mairie. J’ai tout à fait conscience des

éventuels problèmes que soulève cette méthode, basée sur la grande proximité de l’objet « étudié ». C’est toute la question de la juste distance, trop participer risque de

réduire la distanciation nécessaire à l’objectivation et participer trop peu empêche la

compréhension de l’intérieur. C’est pourquoi il m’est apparu indispensable de diversifier mes outils afin de pratiquer, comme le préconise P. Bourdieu, une «

objectivation participante », c’est-à-dire l’objectivation du rapport subjectif du chercheur à son objet d’étude. Le chercheur doit être à la fois sujet et objet, celui qui agit et qui regarde agir (BOURDIEU P., 2003).

I.3.2.3. Veille documentaire

J’ai choisi enfin de procéder à une collecte régulière de prospectus à l’Office de

tourisme de Dax, afin d’identifier et de décrypter l’image que donnaient ces

documents (à visée touristique) de mon espace d’étude de mars 2007 à mars 2011).

En effet, ce principe de veille illustre et permet de comprendre, d’une part, quelles sont les images de culture locale diffusées et, d’autre part, quelles sont les alliances entre culture locale et éléments génériques.

Dès lors, nous observons un phénomène de dynamiques culturelles, de modernité qui vient au secours de la tradition. Notons, par exemple, l’existence d’un rapport particulier avec l’Espagne (voir les thèmes qui ressortent et les lieux qui parlent). Ceci conforte mon hypothèse selon laquelle la culture locale est une construction permanente.

Ainsi, le terrain que j’ai choisi pour réaliser ce travail de recherche (« Chalosse et

Pays de Dax ») présente l’intérêt d’être au contact d’univers géographiques différents

(la ville et la campagne), dépassant les frontières administratives pour s’ouvrir aux échanges et influences du monde basque et du monde béarnais. Pour autant, le cadre départemental s’impose à l’ensemble du territoire landais comme bien souvent dans les espaces ruraux. Comment donc une culture locale peut-elle exister dans ce

cadre et dans le contexte global de la société actuelle ? Les références théoriques

que j’ai mobilisées et les outils méthodologiques auxquels j’ai eu recours ont permis

d’élaborer une méthode pour aborder cette question. Ce sont les résultats de mes investigations que je vais à présent exposer pour définir les éléments endogènes qui participeraient de la constitution de cette culture locale supposée sur mon terrain sud-landais.

II. La culture locale sous sa