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Chapitre II : Aide à la décision de groupe 35

2.6 Techniques et outils d’aide à la décision de groupe

2.6.2 Outils d’aide à la prise de décision de groupe

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) permettent la prise de décision collective à distance grâce à l’utilisation de logiciels d’aide à la prise de décision collective.

Parmi les plus courants, on trouve les logiciels de brainstorming électronique ou de

brainwriting, des outils de votes collectifs, d’analyse multicritères, de matrice de consensus

[Favier 97]. De leur poste de travail, les participants peuvent faire parvenir leurs idées, en interaction simultanée (mode synchrone) ou non (mode asynchrone), à un logiciel d’analyse qui compile et distribue les résultats.

La prise de décision assistée par ordinateur offre plusieurs avantages :

 l’anonymat réduit la pression à la conformité et l’appréhension de l’évaluation par les autres, le nombre d’idées émises est plus important que lors de séance de brainstorming en coprésence ;

 sauvegarde automatique des contributions, ce qui permet la mise en mémoire des réunions et le suivi des projets ;

 prise en charge de grands groupes et sous groupes qui sont dispersés géographiquement.

De nombreux systèmes d’aide à la décision de groupe sont conçus pour faciliter la prise de décision grâce à l’apport de la prise de décision assistée par ordinateur : outils de brainstorming, votes, pondération des décisions, génération et annotation des idées, etc. Ces systèmes encouragent tous les participants à s’engager dans la prise de décision, par exemple en permettant de conserver l’anonymat ou en garantissant que chaque participant puisse prendre au moins une fois la parole.

Dans le contexte de l’aide à la décision collective coopérative, les premiers systèmes développés sont : Co-oP [Bui 86] et MEDIATOR [Jarke 87].

L’environnement de discussion dans Co-oP est coopératif, distant et démocratique. Le système offre une variété de facilités de communication, allant de la messagerie électronique

modèles d’aide à la décision multi-critères pour l’échange d’informations et l’agrégation des préférences.

MEDIATOR [Jarke 87] est aussi un DSS. Il peut être appliqué dans des cas où la situation

devient peu conviviale. Dans un tel cas, le contrôle d’accès aux données privées, les représentations de problèmes et des outils pour l’aide à la négociation sont nécessaires. Dans

MEDIATOR, le groupe constitué d’agent humains et agents machines inclut un médiateur

humain. Le rôle du médiateur est d’aider les participants à établir une représentation du problème commune et, en empruntant une attitude de compromis et de consensus, trouver une solution acceptable. La communication est réalisée au travers des structures de manipulation des données (ceci est similaire au concept des architectures de tableau noir en IA).

Le système procède en trois phases: la représentation individuelle, l’intégration de vues et la phase de négociation. Dans la première phase, chaque participant utilise les outils et les bases de données publics et privés du système afin d’établir sa représentation individuelle du problème. Ensuite, chacun construit ses relations de préférences en utilisant la méthode d’aide à la décision multicritère (tous les participants utilisent la même méthode), appelé UTA [Jacquet-Lagreze 84]. Durant la seconde phase, le médiateur humain tente de construire une représentation commune du problème. Les définitions individuelles des sources de connaissances, les alternatives, les critères, les fonctions d’utilité et les matrices de décision sont transférés dans une base de données commune. La troisième phase procède par négociation et se réfère seulement à la représentation commune. Le médiateur peut réaliser les négociations par la recherche d’un consensus, à travers l’échange d’information, et par la recherche d’un compromis quand le consensus n’est pas obtenu. Les participants sont conscients du processus de la négociation qui est représenté graphiquement ou sous forme de données relationnelles dans une matrice.

De plus, de nombreux GDSS de première génération, comme GroupSystems [Nunamaker 97], sont fondés sur une architecture client-serveur et supportent seulement les processus de prise de décision collective sur des réseaux locaux d'entreprise.

TCBWorks [Nunamaker 97], un système de la première génération des GDSS à base de

web, a été conçu pour permettre aux membres d'une équipe d’interagir, d’analyser les résultats et prendre des décisions. TCBWorks utilisait les technologies web de première génération pour construire des GDSS à base du web. TCBWorks intégrait la discussion structurée et la prise de décision multicritères dans un outil et ne supportait pas explicitement le processus de prise de décision de groupe.

Un autre produit appelé GroupIntelligence est un outil de reporting basé sur le web pour les produits GroupSystems. Ainsi, GroupSystems a été utilisé exclusivement dans des environnements de salle de décision face-à-face avec des réseaux d'ordinateurs fonctionnant sous Windows.

Clairement, les systèmes présentés ci-dessus sont appropriés pour des environnements de prise de décision de groupe coopérative. Au contraire, des systèmes tels que CAP : Conflict

Analysis Program [Fraser 86] (un progiciel qui peut être utilisé dans l’analyse des conflits du

monde réel), SPANSS : [Meister 05] (intègre certaines techniques d’analyse de conflits dans un système d’aide à la négociation), NEGO [Kersten 85] (un système d’aide à la négociation qui aident des décideurs à obtenir un compromis) alors que CAKES-NEGO : Causal

négociation peuvent être explicitement représentées en utilisant une cartographie cognitive),

DINE : DIstributed NEgotiation [Biro 92] (un système distribué d’aide à la négociation fondé

sur un modèle général d’aide à la décision multicritère) et DECISION CONFERENCING [Quinn 93] (un outil de groupe permettant une aide et une plus grande implication des managers, sont dédiés à des situations où il y a un désaccord important sur les jugements factuels et de valeurs. Ces systèmes sont généralement qualifiés comme des systèmes d’aide à la négociation [Jelassi 89].

Par ailleurs, le projet DICODESS [Gachet 03] définit un cadre logiciel de développement de systèmes d'aide à la décision distribués et coopératifs. Ce framework est basé sur la technologie distribuée Jini et se compose de différents services collaborant pour résoudre certaines tâches d'aide à la décision. La communication entre les différents acteurs humains d'un système d'aide à la décision (décideurs, consultants, experts, etc.) s'avère primordiale; il semble donc logique d'utiliser l'infrastructure distribuée du framework pour développer des services Jini consacrés à la communication entre les utilisateurs. Le framework DICODESS possède déjà plusieurs services de communication de base (chat service, voting service,

structured query service). D'autres services s'avèrent cependant nécessaires pour doter le

projet de véritables fonctions de coopération.

2.7 Conclusion

Le recours à la décision de groupe s’est fait sentir au sein des organisations qui se sont aperçues que les modèles de décision traditionnels adaptés au cas uni-décideur ne correspondaient plus à la réalité organisationnelle. Le déplacement vers des systèmes d’aide à la décision collective, d’un SIAD mono-utilisateur à un SIAD multi-participant provient d’une prise de conscience que le processus décisionnel est souvent un phénomène de groupe. Même lorsque la décision est assumée organisationnellement par un seul, la décision est presque toujours préparée par un travail collaboratif. La nécessité de rendre compte, d’informer, de communiquer entre eux, voire de coopérer devient un impératif généralisé.

Dans ce cadre, le développement des technologies de l’information et des télécommunications (TIC) a favorisé l’émergence de nouveaux types de système appelés systèmes d’aide à la décision de groupe (GDSS). Ces systèmes permettent à plusieurs décideurs éventuellement dispersés au travers de larges lieux géographiques, d’interagir entre eux en même temps afin d’atteindre des objectifs communs.

Dans ce chapitre, nous avons présenté le domaine des systèmes d’aide à la décision de groupe (GDSS) en donnant leurs définitions leurs caractéristiques et en dégageant leurs principales structures topologiques. En particulier, si les acteurs sont situés dans même lieu, on privilégiera une salle de réunion. A l’inverse, si les acteurs sont situés en des lieux éloignés, on utilisera des approches de type distribué. Ces approches sont donc fondées sur un dispositif particulier de réunion de décision, le travail essentiel étant dans la communication et le partage d’informations. La bonne conduite de ces réunions de décision est assurée par un facilitateur..

L’expansion de ces systèmes a mis en évidence la nécessité de développer une autre fonction non moins importante pour le succès du processus d’aide à la décision collective, à savoir la facilitation de la prise de décision de groupe. Nous développons dans le chapitre suivant le concept de facilitation, les qualités requises pour un facilitateur ainsi les apports des