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S. DeKoven Ezrahi186 s'intéressant à la littérature et au poète D. Pagis187, veut montrer que la question de l‟errance est à la base des actes créateurs du poète. Celui-ci écrivait d'abord de manière explicitement autobiographique, avant de passer quelques années plus tard à une écriture plus romanesque mettant en scène un personnage imaginaire nommé Dan. Selon Ezrahi, Pagis aura « créé » un personnage à qui il ressemblait, au point que sa proximité identitaire avec Dan lui aurait permis de se réapproprier quelque chose de sa propre histoire et de l'intérioriser, la symboliser. Pagis incarnerait dans ses personnages et décor des realias188 propre à sa culture subjective, repères psychiques, qu'il pourra ainsi découvrir à travers ses écrits, tel un acte d'interprétation dans la cure.

Ainsi déterminé par ces realias, l'écrivain et tout sujet écrivant sa vie en la liant de manière moëbienne à son environnement, ne se dira, ne s'exprimera et n'existera qu'à partir de ces objets subjectifs. Symbolisés, ces objets repères pourront être substitués, comme signifiants, à d'autres. Pris dans leur dimension réelle, ou plutôt de réalité, ces objets perdraient pour un temps leur qualité de repère au profit du statut d‟ancrage. Ce qu‟ils représentent, refoulé, inconscient, tu, ne viendra plus déterminer le rapport du sujet à son désir et au langage ; le sujet ne saura plus se dire ou exister à partir donc en dehors d'eux pour un autre lieu signifiant. Pour reprendre Kristeva, le sujet, pour se dire dans son fonctionnement psychique, passera du questionnement moteur de sa dynamique existentielle « qui suis-je ? » à son lieu d‟émergence dans un rapport à lui-même et au monde soumis à l‟immédiateté, représenté par une question « où suis-je » : seul l‟ici lui sera habitable, et la possibilité d‟un ailleurs sera bannie. Le sujet passera de l'acte d‟existence à la désignation voire à l'auto-désignation niant l'Autre qui le ferait se lire autrement. Ce « changement existentiel », comme en parle Ezrahi, sera à peine voilé. Kristeva dira que le discours poétique n‟est que déclinaison de celui du

186 DeKoven Ezrahi, S., Booking passage: exile and homecoming in the modern Jewish imagination, Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 2000

187 D. Pagis, 1930-1986, poète Israélien.

188 Realias : du latin realis Ŕ « vrai chose », objet culturel ou unité lexicale qui désigne une réalité particulière à telle ou telle culture.

borderline qui, même s'il est empreint de subjectivité et naîtrait d'une perte, celle-ci serait perte à créer et avoisinerait ainsi la psychose. Nous dirons nous que si ces realias subjectifs restent dans une position de repères, le discours poétique serait du côté d‟un acte, discours qu‟une interprétation pourrait révéler dans sa nature signifiante, mais qu‟en position d‟amarre ou de bitte d‟amarrage, ils ancreraient le sujet « immédiat » dans une sémiotique ne le laissant plus émerger dans une chaîne signifiante en fonction des changements de ses Umwelts, donc sans possibilité de réagencements psychiques.

Il est ici à noter la proximité de ce point avec la problématique de l‟exilé qui, changeant de lieu de vie, devra trouver d‟autres repères soit en écho à ceux existants, soit produits de création. Et dans le temps de la non encore découverte, les repères identitaires d‟antan pourraient se figer en « carte d‟identité » empêchant souvent le sujet de trouver de nouvelles coordonnées d‟existence lui rappelant ce qu‟il aura été pour ce qu‟il doit et est en train de devenir.

Pour dresser un profil à cette force psychique qu‟est l‟errance, nous nous appuierons sur le modèle proposé par B. Chatwin, journaliste et écrivain. Dans son Anatomie de

l‟errance189

, Chatwin profile à partir de ses expériences la force qui l‟aura poussé à se déplacer et à écrire, le deuxième fait nécessitant le premier. L‟auteur se questionne sur le besoin de déplacement chez l‟homme, en interrogeant sa propre histoire de vie. Reprenant un titre et les propos de R. Burton, L‟Anatomie de la mélancolie (1621), il place le mouvement erratique comme défense contre cette-dernière. L‟anatomie de l‟errance est un ouvrage présentant quelques idées de l‟auteur et résumant le prochain livre qu‟il comptait rédiger. Si l‟auteur aura pensé développer dans un écrit ses hypothèses sur ce qui pousse l‟homme à se mouvoir plutôt qu‟à se poser, il l‟aura d‟abord vu dans sa forme « intolérante » :

… une sorte d‟ „‟Anatomie de l‟errance‟‟ qui développerait l‟affirmation de Pascal sur l‟homme assis tranquillement dans sa chambre. La thèse était à peu près

la suivante : en devenant humain, l‟homme avait acquis, en même temps que la station debout et la marche à grandes enjambées, une « pulsion » ou instinct

migrateur qui le pousse à marcher sur de longues distances d‟une saison à l‟autre.

Cette « pulsion » est inséparable de son système nerveux et, lorsqu‟elle est réprimée par les conditions de la sédentarité, elle trouve des échappatoires dans la

violence, la cupidité, la recherche du statut social ou l‟obsession de la nouveauté.

Ceci expliquerait pourquoi les sociétés mobiles comme les tsiganes sont égalitaires, affranchies des choses, résistantes au changement, et aussi pourquoi, afin de

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rétablir l‟harmonie de l‟état originel, tous les grands maîtres spirituels Ŕ Bouddha,

Lao Tseu, saint François Ŕ ont placé le pèlerinage perpétuel au cœur de leur message et demandé à leurs disciples, littéralement, de suivre le Chemin (p.26).

Intolérance car trop de sens et de détails ne laisseraient pas de place à l‟imagination : une explication à partir d‟une intuition, d‟une rationalisation réduirait ce qui est de l‟ordre de l‟expérience à une production de l‟esprit dont le contenu resterait confus. De même, lorsqu‟il propose d‟intituler la problématique de sa réflexion « Alternative nomade », il se heurte à la même difficulté que nous avons rencontrée à savoir rationnaliser « un sujet qui fait appel à

des instincts irrationnels » (p.105). En effet, lorsqu‟il regarde sa propre condition et celle de

chacun pris isolément, il se rend compte qu‟il pourrait avoir à porter de main ce dont il a besoin pour vivre, sans nécessité de se déplacer, avec la garantie de trouver chaque chose à sa place et de se prémunir de tout éventuel imprévu. Force lui sera de constater qu‟une envie et un besoin irrépressible de se mettre en mouvement le condamnera à activement et physiquement être. L‟auteur verra en son appartement « un endroit pour accrocher son

chapeau » (p.37), alors que le changement de lieu, le déplacement, conditionne ses créations

et productions d‟écriture. Le chapeau est cet instrument certes qui protège tel un couvercle, mais incarne aussi le repère d‟un ailleurs, ce que l‟on met pour sortir d‟un lieu couvert vers un ailleurs ouvert. Il a alors double fonction de venir représenter tant l‟ici sécurisant que l‟ailleurs de la découverte. Limite entre soi et le monde, il sert, comme d‟autres outils, à maintenir un lien virtuel entre dedans et dehors. Chatwin dira vouloir partir quand il est chez lui et vouloir rentrer chez lui quand il est au loin. Différer la satisfaction sera permis par les repères symboliques intériorisés ou incarnés dans des objets fétiches (comblant Imaginairement) ou souvenirs (comblant Symboliquement). Les nomades transportant leur habitat ou faisant de leur environnement leur habitation, ne seront pas soumis aux mêmes tiraillements, et, si tel était le cas, ils seraient compensés par leur itinéraire figé, seul moyen d‟ailleurs pour le sédentaire de pouvoir les rencontrer sans hasard, sans errance.

Chatwin considère que le déplacement de l‟homme relève d‟un besoin primaire, vital, d‟un désir ensuite. Les peuples qui auraient conservé quelque chose du nomadisme évolueraient paradoxalement dans des civilisations immuables non à cause d‟un environnement inchangé et inchangeable, mais grâce à un mode de penser qui préserve les repères des temps jadis. Le changement pour conserver le même, là où la répétition détruirait tout repère « ancestral » au profit de témoins de l‟actuel. L‟auteur prendra l‟exemple de Tombouctou habitée par des personnes aux mœurs culturelles, cultuelles et sociétales différents dans une ville qui est et restera identique à ce que ses autochtones ont connu d‟elle.

Le nomade ne craindrait donc pas le changement et peut-être serait-ce par cette sérénité que le sédentaire lui suppose le secret d‟un vivre bien chez soi, et vivrait lui une nostalgie d‟un paradis qui semble être perdu pour le civilisé. C‟est par ses déplacements que l‟homme pourrait spirituellement s‟enrichir et se préserver de la folie. L‟environnement permet de se soustraire aux mouvements de repli sur soi et de ruminations introspectives caractéristiques de la mélancolie et autres mouvements dépressifs, comme si la dynamique psychique avait besoin du mouvement du corps dans l‟espace pour se nourrir et perpétuer. La dynamique autant que le mouvement serviront, comme nous le montrerons dans un chapitre ultérieur, à la connaissance du monde et de ses possibilités de lien à lui par l‟expérience et l‟appropriation de ses limites et potentiels. L‟appropriation d‟ailleurs est indispensable et indissociable de la possibilité d‟évoluer dans un environnement aussi bien instable et figé que changeant et fiable.

Revenons à la fonction fétiche ou souvenir des objets extérieurs investis par le sujet. Chatwin fera dire à Maximilien Tod que les objets permettent de retracer la chronologie de la vie d‟un homme dont l‟histoire importe peu puisque la somme de ses objets, ou dans de rares heureux cas « la somme de l‟absence de biens » (p.93), le constitue. Il ne s‟agira pas là d‟avancer que les collections et biens divers peuvent tout dire de leur propriétaire ou l‟œuvre de son auteur, mais qu‟en observant ce que le sujet aura conservé, quelque chose de ce qu‟il est, intimement, en ses racines, pourraient transparaître. Les choses possédées, loin de la perversion décrite par Freud, configurent simplement selon Chatwin un espace indéfini en lieu de vie. L‟homme s‟appropriant un objet, s‟approprie un endroit où s‟établir au moins psychiquement, et à partir duquel il pourra entrer en lieu avec ses semblables, et renoncer pour un temps à convoiter l‟objet du désir de l‟autre. Si l‟amoncellement de propriétés viendrait menacer à terme la dynamique psychique et l‟existence du sujet, s‟en départir totalement le vouerait à la folie puisque sans lieu, sans identité, le sujet se perdrait dans une jouissance sans borne. Ces objets fabriqués, produits, acquis, viendraient compenser ce paradis perdu qui nous offrait nombre de découvertes et notamment de soi par les créations qu‟elles engendraient, paradis dont le sujet se serait lui-même banni en commençant une vie sédentarisée, et qu‟il recherchera notamment dans son origine qu‟il situe bien souvent dans son enfance. Les objets en question seraient métaphores inconscientes ou non de nos racines, à savoir les fondements que nous allouons à notre être-au-monde et/ou à notre identité. Rappelons que selon Heidegger, s‟approprier un objet c‟est devenir un autre à son contact.

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Le livre Anatomie de l‟errance « fini » ne paraîtra pas de son vivant puisque l‟auteur n‟aura jamais pu en être satisfait. Ces notes auront été publiées à titre posthume. Alors qu‟il désespérait de ne pouvoir formaliser sa pensée erratique, il découvrit lors d‟un reportage, une carte postale d‟une vieille dame illustrée d‟un paysage de Patagonie, avec une requête « allez-

y pour moi ». Chatwin décidera de partir alors vers cette destination inconnue, faisant son

désir de celui de cette inconnue. Il retracera les réflexions tirées de son périple, dont certaines figureront dans cette anatomie de l‟errance, disant bien ce qu‟elle est, une force poussant à l‟expérience de vie et de l‟existence, insaisissables par le discours…. Chatwin montrera, comme d‟autres à travers leurs œuvres, le lien entre dynamique existentielle et errance psychique : c’est bien parce que je ne sais pas où je vais que je me questionne sur d’où je viens et que je peux découvrir qui j’aurai été pour devenir ce que je dois être. C’est bien parce que je ne sais pas d’où je viens que je me questionne sur où je vais en découvrant ce que j’aurai été pour être ce que je deviens.

Si la parole permettra au sujet dans son errance de construire des repères lui évitant de se perdre et, dans un engagement actif, d‟éprouver cette errance, elle aura cette autre fonction de l‟y maintenir, puisque toute parole porte et transporte en son sein une Vérité qui ne pourra jamais être que mi-dite laissant donc tout son mystère à l‟énigme que l‟Homme est pour lui- même et qu‟il résout en s‟y confrontant, par la découverte de soi dans ses modalités d‟être- au-monde.

3. Conclusion

C‟est par la recherche que le sujet pourra faire l‟expérience de lui-même, car ne sachant ce qui surviendra, il sera mis face à ses limites (représentationnelles) et potentiels (créatifs). Rappelons que chaque objet ou sujet porte en lui-même ce qui le limite, un noyau de Réel qui échappera à toute tentative de symbolisation et maintiendra ainsi la dynamique erratique telle que nous la définissons. C‟est cette même dynamique qui poussera le sujet a toujours vouloir se saisir de ce vide qui l‟entoure et d‟où il peut ek-sister, à vouloir faire lien par du sens entre dire et dit, signifiant et signifié, énonciation et énoncé.

Du fait de ce que Frankl nomme frustration existentielle, originaire Ŕ manque à être le tout sachant d‟une jouissance absolue Ŕ le sujet est condamné à toujours rechercher justification à son être et par là à toujours émerger dans une place nouvelle qu‟il pourra visiter dans l‟après-coup ou avoir du mal à habiter. Une manière de parvenir à faire avec cette frustration (et celles qui en découleront) serait, à la manière cynique, de s‟y loger pour faire l‟expérience « empirique » de ce qu‟il tente de mettre en mots et à quoi pourtant il ne peut rester que sourd.

Le signifiant représente le sujet pour un autre signifiant. En éprouvant tant le signifiant que son articulation à d‟autres dans une chaine, le sujet touchera à ce qu‟il est, un parlêtre, un être animé, habité par la parole et l‟habitant, qui l‟ouvre à et en fait un questionnement permanent sur ses Umwelts, que le sujet devra éprouver par et à partir des réponses qu‟il appelle.

C‟est par la parole que le sujet construira et déconstruira le sens, s‟ancrant et se désaliénant en fonction des rencontres qu‟il fera et de ce qu‟il en fera, processus que nous allons maintenant aborder.

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Si Freud entend le symptôme comme une formation de compromis entre l'expression d'un désir refoulé et les exigences du refoulement, ce qui manifeste un conflit inconscient, nous le saisirons dans le sens lacanien comme un « effet du symbolique dans le réel »190, effet de structure du sujet. Pour reprendre Freud, les processus primaires, modes de fonctionnement de l'appareil psychique, prennent leur essence de l'inconscient et se caractérisent notamment par un non contrôle de l'énergie psychique et ainsi par le libre glissement des signifiants. L‟association libre, intrinsèquement liée au désir, repose sur l'errance psychique. Pour trouver la justification à son être ou l‟objet (cause) de son désir, le sujet se mettra en quête qui visera un objet à jamais inconnu. Cette quête du Graal sera donc orientée par l‟errance psychique, et non l‟inverse.

1. L’errance psychique comme signifiance flottante

« L‟immobilité du sédentaire, c‟est la mort qui m‟a saisie par les pieds. Elle m‟a dépossédé de ma quête. Maintenant, il ne me reste

que le nomadisme des mots. Comme tout exilé »191. M. Mokkedem.

Le mot « quête » vient du latin « quaerere », chercher, qui a donné le verbe espagnol « querer », vouloir. L'étymologie latine du verbe « désirer », desiderare, exprime le regret de

190 Lacan, J., 1974-1975, Le Séminaire XXII : RSI, 1974-197 5, éd. hors commerce de l'Association Freudienne Internationale, leçon du 10 décembre 1974

191 Mokkedem, M., 1990, Les Hommes qui marchent, éd. Grasset, 1997. Ces propos sont tenus par le personnage de sa grand-mère Zohra.

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l'absence d'un objet qui pousse le sujet à souhaiter ses retrouvailles. Pour autant le désir naît du manque à être, imperfection qui pousse le sujet à chercher la complétude que rien ne pourrait pourtant concrétiser. Qu'il ait été perdu ou qu'il n'ait jamais été présent, ce n'est pas tant le manque d'objet qui pousse à la quête que la surprésence de son absence qui se fait ressentir. Si l'errance est un processus universel, la quête est éminemment subjective, singulière, intime, puisqu'elle est une question de soi à soi sur soi. L'errance psychique s‟incarne dans la structure même du langage, la quête est la manière de s‟y inscrire, sa façon d‟être-au-monde. Si l'errance est un processus commun à tout sujet, quelle que soit sa structuration psychique, l'émergence d'une quête ne serait le lot que de celui qui consent à la perte. La quête serait la conjugaison poétique Ŕ union et harmonisation des repères internes et externes Ŕ, et la création grammairienne de l'errance psychique. Et l'Autre se fait relecteur, relais-écho d'une réponse à la quête. Cette réponse à la quête questionnant l'être et son origine se situe donc dans la rencontre entre soi et l'Autre. Nous pouvons alors dire que l'errance psychique supporte l'attente d'une rencontre là où la quête la vise ; c'est dans la quête plus que dans l'errance que s'exprimera la parole singulière du sujet puisqu'elle participera à l'articulation des signifiants entre eux. En d'autres mots encore, l'errance psychique est de la règle ce que la quête marque d'exception ou plutôt de la Loi (Symbolique) ce que la quête marque de règle (Imaginaire).

La quête, dans sa déclinaison, sera donc le compromis qui marquera le fonctionnement structurel du sujet.

Dans son séminaire « Les non-dupes errent »192, Lacan emploie le terme « erre » dans son acception nautique : l'erre est la manière d'avancer mais aussi « l'élan acquis par un

navire lorsqu'il cesse d'être propulsé »193. La dynamique ainsi créée se maintient par-delà la propulsion (dans le monde ?). Au pluriel, « les erres », synonyme de « souille », sont les traces laissées par le passage du gibier, objet-proie qui aura amené l‟homme à se déplacer. Par la dynamique existentielle, quelques traces du passage de signifiants auxquel(le)s le sujet s‟assujettira seront laissées. La trace liée à la chute d‟un signifiant, emmènera le sujet vers un autre lieu/signifiant pour se dire, qui chutera à son tour,… etc., et ces différentes traces métaphorisées par une chaîne de signifiants articulée en un savoir dresseront les points de repère, galbe dans lequel se déploiera la dynamique psychique. Pour mieux entendre ceci,

192 Lacan, J., 1973-1974, Le Séminaire XXI : Les non-dupes errent, éd. hors commerce de l'Association Freudienne Internationale, Leçon XV, 11 juin 1974.

passons par l'appréhension de la méthode psychanalytique de l'association libre telle que définie par Lacan, et reprise dans la langue de Shakespeare par S. Pauly194.

L'association libre est dite en anglais par l‟expression « signifiance flottante », et la « chute du signifiant » se dira « defiles of signifier », defile voulant dire « souille » en français. La chute