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L’existence comme dynamique questionnante selon M A Ouaknin

La frustration existentielle, le manque à être, poussent l‟Homme à chercher un sens à sa vie si ce n‟est la justification de l‟être. La volonté de sens dont parle Frankl rejoint la « quoibilité » élaborée par M.A. Ouaknin176. Pour cet auteur, l‟homme serait une question sur lui-même, à son sujet. Cette pensée platonicienne, que l‟Homme est une énigme pour lui- même qu‟il tente de résoudre, éclaire encore autrement la question de l‟errance psychique. Ouaknin en effet nous permettra de voir le lien entre parole et errance psychique mais également le rapport de cette dernière au désir. Ouaknin portera donc ses réflexions sur le « pourquoi », adverbe interrogatif outil et moteur du philosophe mais aussi de l‟homme quelconque qui se questionnera nécessairement sur l‟orientation donnée et à donner au chemin qu‟il aura à tracer. Et pour s‟orienter, se dirigera-t-il dans sa trajectoire vers la source de son élan (de vie). Ouaknin dira de la quoibilité qu‟elle est le caractère fondamental de l‟Homme, et ce lié à sa capacité à se laisser surprendre, à s‟étonner, ne détenant de Vérité que celle de son désir qu‟il ne pourra jamais saisir toute. Le questionnement incessant qui anime l‟Homme et le fait tel provient du manque, celui-là même qui pousse au désir. Ouaknin proposera au désir la même acception qu‟A. Didier-Weil en en plaçant l‟étymologie du côté de la dé-sidération. Le sujet sidéré serait soumis aux pouvoirs des astres, c‟est-à-dire selon l‟astrologie, au destin. La prédétermination qualifierait ainsi son cheminement voire son être

175 Sartre, J.-P., 1943, Huis-clos (suivi de « Les Mouches »), éd. Gallimard, 2000. 176 Ouaknin, M.-A., op. cit..

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au monde, et le désir serait ce qui détacherait le sujet de cette aliénation, lui offrant la redécouverte de « sa liberté et de sa subjectivité ». C‟est par le manque que naît le désir (de s‟en défaire) et l‟aliénation du sujet à l‟A(a)utre supposé savoir donc détenteur de Vérité sur l‟objet du désir et de sa cause, et par la rencontre du manque dans l‟A(a)utre qu‟il se sépare de celui-ci se retrouvant alors face à son propre manque le poussant à l‟aliénation,…. Entre la rencontre du manque, l‟aliénation et la séparation retombe-t-on sur les trois temps de la loi177

qui rythment le désir qui aliène autant qu‟il met à distance le sujet de sa quête de lui-même. Mais dans ce mouvement dans lequel nulle réponse ne sera trouvée, le sujet se maintiendra « l‟être ouvert à la possibilité de ses possibles et de son futur »178. La seule réponse possible au quoi serait d‟ordre divin : « eye asher eye », c‟est dans l‟être, humain l‟être que le sujet pourra s‟éprouver dans sa propre résolution. Ainsi pas de réponse définitive et une énigme restant à jamais ouverte puisque se confondant avec ses réponse et résolution, ce qu‟illustrera la parole dans sa fonction erratique.

Ouaknin nous dirigera du côté de la parole comme paradigmatique du processus erratique. La parole naît de l‟errance, la nourrit et y répond soit en y positionnant le sujet, soit que celui-ci s‟y positionne par elle en tant que moyen et manifestation de sa façon de faire avec l‟errance, et par-là d‟être-au-monde.

Pour aller dans le sens des propos de A. Ouaknin, nous dirons que le sujet qui recherche « Le » moment qui l‟aura institué, dévoilant ainsi ses mystères, tombera sur « un » moment fondateur, rencontre du Réel. Ne sachant ce qui l‟attend, le sujet tentera de découvrir toute connaissance lui permettant si ce n‟est de prédire l‟imprédictible, au moins de faire face à tout événement inattendu. Mais la rencontre de cet événement marquera toujours un changement entre le sujet et le rapport à son savoir, ce qui le poussera inéluctablement à être autrement. Les œuvres d‟art par exemple, en ce qu‟elles viennent inscrire autre chose que ce qu‟elles ont écrit, témoigneraient d‟une de ces rencontres ou tenteraient de la provoquer. Le décalage qui ouvre au trou dans le savoir et qui pousse dans la rationalisation à la mise en cohérence et en continuité de soi mettra également le sujet face à une potentielle dialectisation erratique entre ce qu‟il était et ce qu‟il sera devenu.

Toute création, en tant que produit nouveau, sera témoin ou cause dudit changement, et les créations de sens, de non-sens ou la présentation au hors-sens telle que dans la cure ou par l‟absurde le seront tout autant. La parole est alors engageante en tant qu‟acte et produit de

177 Didier-Weil, A., les trois temps de la loi, éd. du Seuil, 1995. 178 Ouaknin, M.-A., op. cit. p.51.

création ; elle engage le sujet qui parle à faire l‟expérience de lui-même, naître, se construire puis se reconnaître à entendre comme naître à nouveau avec soi-même et par l‟Autre. La parole, toujours adressée à un Autre, humanise le sujet le faisant appartenir à une communauté dont il partagera les conditions d‟existence. La parole servira donc de repère et moyen de se repérer ne serait-ce que par le questionnement. Et la première interrogation de l‟être porte sur sa justification. Destin, destinée, chemin, avenir, prédiction,…etc. sont autant de signifiants qui font écho à cette question primordiale « qui suis-je ? ». Le désir permet de passer de la prédermination à la rencontre inattendue, de l‟anticipation à la prospective. La parole est donc énonciatrice ; et « obscure », elle serait alors, selon l‟étymologie grecque, le radical de l‟« énigme ». Énigme et parole sont donc racinement liées. La question que nous posons et qui ne trouvera pas de réponse est duelle : la parole humanise-t-elle ou parlons-nous car nous sommes humains ? Nous parlons parce qu‟il y a un manque constitutif à /de l‟être. La parole naît d‟une énigme et l‟énigme est elle-même une parole qui porte comme toute autre l‟indicible, l‟inaccessible, à savoir, son origine. Le sujet ne sachant d‟où il vient, où il va ni ce qui l‟attend parle. À défaut de pouvoir justifier de son être, le sujet s‟éprouve par la parole et dans l‟existence. Si nous reprenons le mythe d‟Œdipe, dont la faute aura été (comme tous les adeptes de l‟oracle de Delphes) d‟en avoir trop su et surtout d‟avoir pensé pouvoir maîtriser ce trop de savoir, nous voyons comment la parole, illustration de soi, sert la prophétie elle-même née de l‟énigme et marquée de son sceau. Laïos voulait connaître l‟avenir de son fils et la parole de l‟oracle aura effacé tout autre possible devant l‟inexorabilité de sa prédiction. Œdipe fit de même et se perdra en pensant pouvoir se désengager de la parole provoquée. Et la parole résolvant l‟énigme du Sphinx scellera le destin d‟Œdipe. Et toutes les paroles qui auront été prononcées par l‟oracle, le Sphinx ou même Laïos en soif de connaissance sur sa descendance, seront toute illustration du chemin/destin d‟Œdipe : l‟homme, sa faute, l‟énigme, sa résolution. Ainsi la parole est-elle bien un besoin de répondre à l‟énigme qui pousse à l‟errance psychique mais également de borner par quelque scansion cette dynamique erratique ; elle est également passion (pathos), épreuve de soi et son issue. C‟est par la parole que le sujet peut créer du lien et s‟en mettre à distance, car toute parole, encore une fois, est création. Mais la parole est aussi un engagement dans une promesse qui ne saurait être tenue, puisque l‟expression d‟une pensée s‟accompagne d‟un effet de perte qui rend toute communication impossible, toute aliénation à elle vaine, toute connaissance de soi incomplète.

Ouaknin, à partir de la phrase « c‟est pour cela qu‟on aime les libellules » analyse la parole comme étant une dynamique questionnante tentant de remonter vers le moment fondateur de

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l‟existence. Une affirmation est posée, mais telle une énigme. Donc telle une énigme, elle questionne. Un énoncé qui affirme, qui semble naître de lui-même, doit être considéré comme réponse à une question posée mais insue. Un énoncé sans question à son origine serait, selon Ouaknin, un jugement, c‟est-à-dire un acte injustifié et illégitime à se tenir là comme Vérité, peut-être de l‟ordre de « l‟assertion de certitude anticipée »179. Cette question posée serait sans objet défini, pouvant ainsi s‟ancrer sur n‟importe quel thème pour tenter de trouver sa résolution. « Sans objet défini » ne veut pas dire sans objet ou au contraire pouvant s‟accommoder de n‟importe lequel. Il s‟agirait plutôt pour cette question de reposer sur un objet que le sujet ne saurait ni ne pourrait définir, tombant ainsi toujours à côté. L‟énoncé serait une mise en sens, un « parce que » répondant à un « pourquoi ».

La parole « ouvre sur un questionnement » : cet énoncé de départ « c‟est pour cela que », semble répondre à une question qu‟elle convoque. Cette dynamique est figurée par le jeu du « Jéopardy » dont le but est de trouver la question qui aurait pu donner lieu à la réponse donnée. Cependant une nuance existe entre une réponse quelconque et l‟énoncé tel que formulé par Ouaknin. En effet, commencer par « c‟est pour cela », appelle certes une question mais aussi et surtout emmène à une énigme, le « cela » ne renvoyant à rien de définissable. Et c‟est bien là ce qui permet nombre de réponses possibles. Pour l‟expliciter autrement, nous pourrions avancer que derrière le dit se cache un dire répondant « à une question oubliée,

cachée, et maintenant secrète, qu'aucun temps ne pourra venir révéler »180, et comme le dit H. G. Gadamer « toute définition est une réponse à une question vers laquelle il faut remonter

pour comprendre la réponse elle-même »181. « Vers laquelle » et non « jusqu‟à laquelle », ce qui est un impossible. Pour entendre et comprendre le dire derrière le dit et ainsi renvoyer le sujet à sa propre parole, faudrait-il remonter à la question dont il découle et à laquelle il se veut répondre. C‟est d‟ailleurs dans cette démarche de remonter à la question qu‟émergera le sujet existant dans son être-au-monde inhérent à la dynamique qui l‟a vu naître, ce en quoi consiste d‟ailleurs le jeu de la cure. La formulation « c‟est pour cela » est paradoxale puisqu‟elle débute un énoncé qui devrait être précédé d‟un développement, d‟un cheminement, le « c‟est pour cela » emmenant à la conclusion. Par la parole, tout commencerai par la fin, le constat, l‟effet, l‟après-coup, à partir desquels il faudra « deviner » une origine, remonter le courant jusqu‟à une source potentielle. L‟errance psychique se nourrit de cette dynamique questionnante et naît de son énigmatique origine, ou plutôt du

179 Lacan, J., 1945, « Le temps logique ou l‟assertion de certitude anticipée », dans Écrits, éd. du Seuil, 1966. 180 Ibidem, p.41.

défaut d‟origine. L‟errance psychique comme toute dynamique prendra source d‟un manque à combler ou à fuir.

Parce qu‟elle questionne, interroge, la parole est toujours incomplète, ne portant pas l‟élément qui lui permettrait de disparaître dans sa complétude. M. Blanchot dit à propos que « la question replace dans le vide l‟affirmation pleine, elle l‟enrichit de ce vide préalable »182, vide permettant le déplacement, et l‟ouverture à des univers de discours et de possibles. La pensée, dynamique de penser du sujet, serait de cette essence questionnante, nourrie par ce vide qui en même temps la fonde, et permet l‟adaptation aux situations diverses dans la fidélité de son fonctionnement subjectif. Aller de question en réponse et réciproquement est un « fait » subjectif. La réponse, l‟énoncé ne devra jamais, pour éviter la fixation, la suspension du processus de pensée, se tenir comme absolue, exclusive et vraie. La question pouvant être déclinée selon des nuances infinies, les réponses en sont d‟autant plus infinitisées qu‟elles l‟étaient à leur départ par le vide qui traduit l‟insaisissable. Et c‟est dans cette infinitisation imposant une errance dynamique et signifiante que la parole portera quelque chose du sujet dont il pourra se saisir pour aussitôt s‟en départir pour « autre chose ». De cette errance rendant la parole libre dans sa mouvance, s‟agenceront tous les éléments psychiques en adéquation avec l‟être-au-monde « immédiat » du sujet.

L‟énoncé, avant que de se dire, n‟est pas prévisible… il est contingence sans possibilité de prédétermination, de préinscription. Et cet énoncé, quand bien même s‟érigerait-il en certitude, ne peut être fixé qu‟en un jugement, qui, encore une fois, serait alors dépourvu de question, privant le sujet de son errance, donc de sa dynamique existentielle. La réponse emmène jusqu‟au plus près d‟une Vérité traduite dans une question entourant son mystère, et ne doit pas venir comme un aboutissement, une fin comblant le trou du savoir.

L‟homme est, selon Ouaknin, un « quoi ? », ce qui rejoint la proposition platonicienne que la définition de l‟homme est d‟être une énigme pour lui-même. Ce questionnement, ce « quoi ? » n‟a donc aucune réponse, et n‟en attend pas d‟autres qu‟une recherche, que le processus de penser. « Je pense donc je suis » disait Descartes, alors que là encore faut-il que je sois pour pouvoir penser. « Là où „‟je‟‟ suis, je ne pense pas », nous détournerons cette formule de Lacan pour dire qu‟effectivement être dans un suivisme Ŕ de l‟A(a)utre, d‟un élan même vital, d‟un courant,… Ŕ « sidéré », ne permet pas l‟expérience de l‟être. Dériver n‟est pas errer. Là le désir maintiendra tant l‟errance que le sujet dans celle-ci. L‟errance implique un acte ou tout du moins une implication du sujet qui tentera de faire quelque chose de ce

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qu‟il ignore au lieu de l‟Imaginaire. Et lorsqu‟il rencontrera une parole dans laquelle s‟énoncer il pourra fantasmatiquement s‟éprouver ; et si cette parole est de l‟A(a)utre et devient lieu où se reconnaître, le sujet existera symboliquement, et pourra s‟ériger en repère pour lui-même. L‟existence humaine est une dynamique questionnante, et son secret réside dans l‟errance psychique parmi l‟univers des possibles et des discours que ceux-ci engendrent. Ce sont les modalités et les coordonnées de cette errance qui « formaliseront » le fonctionnement psychique dont témoigne le sujet. Ainsi « Tout homme „‟sain„‟ l'est dans la

mesure où cherchant une réponse en lui-même et ailleurs qu'en lui-même, il trouve à la poser le courage de vivre dans l'espoir de la résoudre. (...) L'homme malade est celui chez qui la recherche lassée altère l'authenticité de la question dans l'attente de la réponse »183. L‟homme, pour exister dans une adaptation de son être au monde, ne doit pas « s‟attendre à » une réponse résolvant le mystère de l‟origine, mais « s‟attendre » lui-même, dans une constante reconstruction comme le propose H. Maldiney184. Dans cette recherche de la question en amont de son énoncé, le sujet devra donc en passer par la déconstruction de tout sens, de tout savoir préalablement établi ou en tension de l‟être. Il s‟agira d‟inverser le cours d‟une quête explicative vers une quête désirante nécessitant de remonter au plus près d‟une question originaire et ainsi de porter un nouveau regard sur le monde et sur soi. Cet inversement est dû à la possibilité et puissance créatrice de l‟interprétation permettant de révéler au moins une nuance polysémique d‟un mot, et ainsi pléthore de possibilités quant au discours.

La différence entre le « vouloir-dire » et le « pouvoir-dire » se retrouve refléter dans la clinique par l‟analyste incarnant la dynamique questionnante : « que voulez-vous dire ? », « qu‟est-ce que cela vous évoque ? », l‟une demandant le sens posé, l‟autre demandant de s‟en départir pour autre chose. Aussi l‟analyste lui-même devrait se garder de tout diagnostic, de toute révélation, sauf s‟il s‟agit à travers eux d‟ouvrir à tous les autres possibles que cela pourraient être. Lorsque l‟on tombe sur une certitude, une évidence, il s‟agit, afin de relancer la machine erratique, de les confronter à leurs opposés, de manière à les mettre en dialogue et en rapport, en lien dans une distance radicale qui dessinera un cadre de possibles dans lequel pourra se mouvoir à sa guise le sujet.

Toujours suivant les propositions de Ouaknin, nous avançons que tout objet d‟investissement est préalablement imprégné de signification. Pour autant, le rapport de signification est bien une relation impossible. Signifiant et signifié ne sauraient entretenir de

183 Ouaknin, M.-A., idem, p.52.

lien autrement que par une distance radicale, l‟un ne pouvant tout dire de l‟autre, l‟autre ne se laissant pas exclusivement dire par l‟un. Ainsi cette signification, toujours trouée, incomplète, viendra questionner l‟interprète qui questionnera à son tour le sujet énonciateur afin de saisir les tenants de la mise en sens. Ouaknin marquera là la différence fondamentale entre « être » et « exister », le premier verbe renvoyant à un état passif d‟acceptation, de duperie, le deuxième impliquant le sujet de manière active dans une démarche interprétative et questionnante. L‟être serait la réponse à l‟existence : de l‟être faudrait-il partir pour toucher à l‟existence, id est toutes les possibilisations de l‟être-au-monde, toutes les possibilités d‟être pour le sujet et tous les univers de discours d‟où il pourra se dire. L‟existence est l‟épreuve de l‟être éprouvé. Aussi devrait-on considérer le monde, les œuvres, et toutes manifestations d‟une quelconque structuration psychique comme une proposition, une réponse possible parmi d‟autres, si tant est qu‟ils autorisent à un autre point de vue, à une dynamique poussant le sujet à remonter vers la question qui les aura constitués. En effet, si ces objets ne s‟ouvrent pas à l‟interprétation en se présentant comme des objets finis et non comme « forme [toujours] en formation », alors le sujet qui s‟y soumet rythmera son être au temps du savoir enfermé dans l‟objet et enfermant le sujet au détriment de son existence et des autres possibilités que permettrait l‟ailleurs de la mise en sens. Le sujet sera, selon son investissement et son ancrage à l‟objet, soit pris dans l‟immédiateté, annulant toute chronologie et temps psychiques possibles, soit Ŕ et ceci est le cas le plus courant Ŕ le sujet sera pris dans l‟immédiateté de l‟objet, annulant tout déplacement spatio-temporel en dehors du cadre que définit cet objet, leurrant le sujet sur une possible liberté de mouvance. Il s‟agira alors pour se préserver, que le sujet « décide » de ne jamais considérer la certitude, ni même l‟évidence, de ne jamais être mais toujours devenir, de ne pas expérimenter mais faire l‟expérience de « comment et jusqu'où il serait possible de penser [et d‟être] autrement »185

. Le sujet devra se préserver de toute identification totale au sens qu'il se donne et/ou à l'image qu'il se construit. Il s‟agit dans le cadre de notre praxis de toujours déloger le sujet de ses certitudes en favorisant par la parole la dynamique erratique, en évitant les fixations et mouvements cycliques qui appellent un maintien ou un retour au même, ouvrir à l‟Imaginaire