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Les sources historiques, écrites et orales, comme l'observation géographique et ethnographique montrent que les paysages, objet de cette étude, sont organisés, construits, transformés en fonction d'un certain nombre de facteurs, dont les principaux sont les activités économiques, agriculture et cueillette, mais aussi les pratiques religieuses qui concourent à structurer et codifier l'espace. Les sols, la végétation constituent la trame de base, points de départ des activités humaines qui contribuent à l'aménagement de l'espace. Celui-ci se trouve divisé en plusieurs zones où l'intervention des hommes est plus ou moins effective, aboutissant à sa partition organisée dont le paysage est le résultat visible.

1 - Espaces humanisés

Bien que la zone étudiée comprenne une certaine diversité de paysages végétaux, de la forêt à la savane, l'organisation de l'espace présente quant à elle une certaine homogénéité. Des caractéristiques se retrouvent dans les deux types de milieux, bien qu'a priori les zones habitées et exploitées ne sont pas perçues de la même façon. La partition de l'espace, que se soit dans la région de Ouidah, le Sud du Togo, le plateau d'Allada ou celui d'Abomey, s'organise en auréoles concentriques autour du village : celui-ci apparaît comme un îlot de verdure, dissimulé au coeur d'une végétation arborée, cerné par des champs cultivés, eux-mêmes entourés par la "brousse" ou la forêt.

En savane, les paysages ouverts montrent avec plus d'évidence la verdure luxuriante des établissements humains. Les photographies aériennes révèlent les ceintures de végétation entourant les

établissements humains qui se distinguent ainsi plus nettement du paysage environnant1.

Un rapport d'ensemble2 sur le Dahomey, daté de 1909, permet d'introduire la discussion du présent chapitre en intégrant la notion de densité variable de la population, non sans conséquence sur l'extension des terres exploitées :

Le sol du bas-Dahomey, riche et fertile est cultivé autant que l'a permis la densité de la population variable avec les régions. Dans le cercle de Porto Novo, il n'existe plus un lopin de terre en friche, l'aspect de la banlieue est celui d'un vaste jardin.... Le Mono est une véritable forêt de palmiers, mais la main d'oeuvre peu nombreuse ne peut suffire à l'exploitation de ses richesses.

En effet, il existe de grandes disparités dans la distribution géographique du peuplement dans toute la zone considérée dans cette étude. L'extension des cultures autour des établissements humains dépendra en partie du nombre de leurs habitants3. Les sources historiques permettent difficilement d'évaluer la densité de la population à l'époque précoloniale; cependant elles permettent néanmoins de saisir des variations régionales que nous tenterons de mettre en valeur. Avant d'examiner la perception et la partition de l'espace selon les sols, la végétation et les activités humaines4, il est nécessaire de comprendre comment les hommes se sont installés sur leur terroir et ce qui a déterminé leur choix.

1 Ceci est particulièrement frappant dans la région d'Abomey. Le plateau d'Allada, intensivement cultivé, ne présente plus de ceinture de végétation autour des villa- ges. Photographies aériennes consultées : BEN 86 Allada et BEN 86 Détohoun 1 (Abomey), IGN Cotonou.

2 Archives Nationales du Bénin Porto Novo. Dahomey et dépendances.

3 Selon Mondjannagni (1977, p. 243), le pourcentage des terres cultivées dans le

Sud du Bénin serait de 25%, contre 75% de brousses et de friches.

4 Il ne s'agit pas ici de faire une étude géographique approfondie qui n'aurait

guère été possible dans le cadre de ce travail, étant donnée l'étendue importante recouverte par notre approche.

a) Les fondations de villages : critères d'implantation

Les sources orales recueillies au Togo et au Bénin permettent d'analyser les fondations d'établissements humains. L'analyse des traditions orales conduit à distinguer deux types de facteurs à la base des fondations d'établissement : écologiques et/ou politiques.

1° Gibier et fertilité des terres

L'existence de terres fertiles et l'abondance de gibier sont deux éléments fondamentaux que l'on retrouve dans le plus grand nombre de traditions. Jusqu'à l'époque coloniale, les populations de notre aire d'étude ont souvent connu des mouvements migratoires. Ces migrations sont la conséquence d'événements socio-historiques internes (comme la diaspora des Adja de Notsé1) dont les origines demeurent souvent mal connues. Elles peuvent concerner toute une population ou bien seulement certaines familles ou même quelques-uns de leurs membres. En effet, des dissensions familiales ont pu également provoquer des scissions de la communauté avec déplacement de certains membres2. La croissance démographique et la surexploitation des terres ont pu entraîner le départ de certains (exemple des Wemenu installés à Lissezun)3. Michozounnou (1992, p. 115) précise en outre que

l'agriculture engendre aussi certaines migrations (déplacements après épuisement des sols). Dans tous ces cas, la fertilité des terres a conditionné l'installation définitive des hommes.

Au Togo, à Lebe et à Togoville, les circonstances de fondation sont identiques. A l'origine de la migration se placent des événements historiques qui ont provoqué la fuite de Notse d'une partie de la population. Celle-ci a d'abord recherché un refuge, puis s'est déplacée pour s'installer en un lieu favorable à la survie du groupe. A Lébé, comme à Togoville, la présence d'eau, de bonnes terres à cultiver (terre de barre) et la possibilité de pêcher ont conditionné l'installation. Au

1 Voir la thèse de Gayibor (1985) sur l'aire culturelle Aja-Tado.

2 Ce qui était le cas à Tinji, comme nous l'avons vu dans la première partie.

3 Michozounnou (1992, p. 90-91) pense également que l'essor démographique est

Bénin également, la fertilité de la terre est un critère fondamental1; la présence de gibier en abondance a pu aussi décider les chasseurs à s'installer sur leur lieu de chasse (Adjarra, Tinji, Lissèzun, Gnijazun, Mougnon). Les deux critères, fertilité du sol et faune, apparaissent complémentaires encore aujourd'hui.

De nombreux récits mettent en valeur le rôle joué par les chasseurs2 dans la reconnaissance du pays et de nouveaux territoires avant le déplacement des populations. De nos enquêtes, il semble ressortir que chaque communauté familiale avait son ou ses chasseurs, qui étaient des hommes forts, puissants, dotés de pouvoirs magico- religieux. Le rôle des chasseurs ne se cantonnait certainement pas à pourvoir la population en viande. Deux types de situation se distinguent des traditions recueillies : un ou des chasseurs étaient envoyés en éclaireur avant chaque déplacement de population afin de rechercher des terres disponibles et fertiles pouvant permettre l'installation d'une communauté; ou bien, au cours d'une chasse, un chasseur repérait des terres fertiles et décidait de s'y installer; une fois l'emplacement choisi, il retournait auprès des siens leur rendre compte3.

Citons les informations recueillies à Tinji, village situé sur le plateau d'Abomey pour donner un exemple du rôle joué par les chasseurs :

Tinji n'était pas un village, c'était une brousse ("gbéhàn") et nos ancêtres Gudugbe et Logo étaient à AdamE. Ils passaient dans la brousse pour tuer des animaux. Ils venaient chasser ici. Quand ils ont fini de tuer, ils ramassent tout et retournent à AdamE avec le gibier. Ils ont constaté la fertilité de la terre, alors ils ont décidé de rester et de cultiver. (26//11/91)

Ce texte montre que les activités des chasseurs s'étendaient à toute région inhabitée, où le gibier se trouvait en abondance. Les informations orales que j'ai obtenues sur la chasse situent les activités des chasseurs essentiellement pendant la saison sèche, période des feux de brousse. Au cours de cette saison, les animaux fuient les régions parcourues par les incendies pour se réfugier dans les zones où la végétation étant plus dense, le feu n'en atteint que les lisières. De même, les migrations avaient probablement lieu pendant la saison

1 Question abordée au cours de toutes mes enquêtes; tous les informateurs ont

insisté sur cet aspect.

2 Le rôle des chasseurs sera développé dans la troisième partie. 3 Ce que Gayibor (1985, T.I, p. 361) a également montré.

sèche, pour faciliter le déplacement et pour arriver avant les pluies afin de défricher et préparer les terres à cultiver.

Pour estimer la fertilité de la terre, les hommes se fiaient à l'apparence de la végétation1 et utilisaient des charmes pour les confirmer dans leur choix.

A Sèdjè Denu (Bénin), les informateurs m'ont expliqué que si les arbres sur une terre (ayigba) sont grands et ont des feuilles vert foncé, cette terre doit être fertile et favorable à l'installation des hommes. cette pratique appelée zun ∂a nu kpi kp

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n (forêt.cheveux.fin. action de regarder) permet d'apprécier la fertilité de la terre. Si les herbes sont rabougries (gbe

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ci keje), n'ont pas bien poussé malgré la pluie, alors il en serait de même pour les cultures et les hommes. Des arbres comme le loko (Milicia excelsa), awalalatin (non identifié) montraient que la terre était fertile; ils ont été abattus pour cultiver. (30/07/92)

Le récit de la migration des Kotafon depuis la dépression de la Lama au Bénin jusqu'à Aklaku (Togo) où ils sont établis est à ce titre significatif :

Nos ancêtres décidèrent de fuir les exactions dahoméennes et se déplacèrent du Ko vers le sud du pays; ils emportèrent avec eux leurs instruments agricoles et des grains (nuku : chose.grain). Ils possédait un charme (ébo) qui leur permettait d'essayer les terres qu'ils parcouraient. Cela consistait à faire germer un grain de maïs2. Si la culture ne réussissait pas dans les moments suivants, ils poursuivaient leur chemin. C'est ainsi qu'ils arrivèrent à Aklaku. (17/08/90)

2° Fondements religieux

Une fois l'emplacement du nouvel établissement arrêté, d'autres facteurs interviennent avant la décision finale. Les divinités doivent être consultées et rien ne peut se faire sans leur accord. A Sèdjè Denu, en pays Ayizo, l'usage veut que le vodun ayigba (vodun.terre) qui est Sakpata soit consulté; s'il accepte, alors nous savons que c'est un

1 Igue (1970, p. 165) a noté également une étude préalable de la couverture végéta-

le chez les Yoruba.

2 La germination du maïs après le semis est très rapide; quelques jours seulement

suffisent à la jeune pousse pour sortir de terre. Cette caractéristique a pu être interprétée comme un aspect magico-religieux et jouer un rôle dans l'adoption de cette plante dont on voit ici une application.

endroit où l'on peut habiter. Ce sont les bokOnO qui consultent le vodun Fa1.(30/07/92)

Mondjannagni (1977, p. 105) explique que chez les Ayizo, sur le plateau d'Allada, le chef des premiers occupants noue un pacte avec la divinité Terre, Sakpata. L'usage veut que ce pacte soit matérialisé par la mise en terre d'un morceau de termitière contenant ou non la reine des termites2. Si au bout de quelque temps, la termitière se reconstitue, cela signifie que le pacte n'est pas accepté par la divinité de la terre, les migrants repartent alors à la recherche de nouvelles terres.

Si l'accord des divinités telluriques est scellé, alors les nouveaux occupants installent leur propres vodun. En effet, les hommes emportent au cours de leurs déplacements la représentation de leurs divinités et de leurs ancêtres, et toute fondation est précédée de leur installation. C'est ainsi que les Guen venus d'Accra ont installé leurs vodun dans la forêt sacrée de Glidji-Podji, et les Togo ont fait de même à leur arrivée à Togoville. Le récit recueilli à Lissèzun permet de comprendre pourquoi les vodun suivent les hommes au cours de leur migration. Ils président à l'installation et sont les garants de l'avenir de la nouvelle communauté qui dépend du succès des futures récoltes.

Quand Da Ajonu est venu, il était accompagné du vodun Masé huèhùn qu'il a amené de Jigbé wém

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pour garder sa maison, ses enfants. Celui ci est notre t

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. Da Ajonu a aussi amené le vodun H

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vìosò qui est installé ici avec Sakpata, Dan. Nous demandons la pluie à H

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vìosò. Ainsi, quand le t

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Masé garde les enfants et la maison, c'est H

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vìosò qui lui permet de nourrir les enfants en donnant la pluie qui fait pousser les cultures. Il a amené le vodun Sakpata car il est le frère de H

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vìosò ; il reçoit la pluie de H

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vìosò. le vodun Sakpata est le vodun de la terre ayikungban et il protège la maison contre les épidémies et toutes calamités ; il donne la vie à l'homme. Le vodun Gun aussi est venu avec Da Ajonu. (07/92, Vigan Semevo)

1 Iroko (1991, p. 5) précise que le vodun Fa présidait à la fondation des localités. Le c

hef des migrants le consultait aussi pour connaître le signe oraculaire sous lequel sera fondé le nouvel établissement. D'après cet auteur, la plupart des signes ont

été oubliés aujourd'hui.

2 La présence de termitière est généralement interprétée comme un indice de la

fertilité des terres. L'activité des termites, modifiant les propriétés du sol, est con- nue pour favoriser la croissance d'arbres et d'arbustes. Iroko (1991, p. 5) signale le m ême usage en pays yoruba; il écrit que la fondation de Sakete est issue d'une ter- mitière.

Le rôle du vodun To L

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gba1 n'a pas encore été abordé, il est pourtant fondamental dans toute fondation. En effet, à l'entrée de tous les villages2 se trouve la représentation de ce vodun qui est à la fois le gardien du village et le régulateur des relations sociales. La représentation matérielle de ce vodun, sous la forme d'une statue anthropomorphe, annonce au voyageur étranger la proximité d'un lieu habité.

3° Facteurs politiques

Parallèlement aux critères écologiques, des facteurs politiques souvent en relation avec la religion peuvent intervenir dans la fondation de nouveaux villages. Dans le contexte du royaume d'Abomey, un certain nombre d'envoyés royaux ont été chargés de créer des fermes de cultures qui sont devenues des villages ou des postes de contrôle de la circulation des biens et des personnes sur le territoire dahoméen, connus sous le nom de Denu.

Le long de la voie qui menait de Ouidah à Abomey, les rois ont créé des établissements et placé des hommes qui dépendaient d'eux et travaillaient pour eux. Un certain nombre de "postes de douanes" ou de villages dépendants du roi furent ainsi établis; ils avaient de plus une assise religieuse3, sous les hospices du vodun Dan. Tel fut le cas du village de Koto Ayivedji, situé sur l'ancienne voie de Ouidah à Abomey, parcourue par les marchands et les envoyés royaux4.

La fondation d'Attogon (17/07/91) relève d'une décision royale : la tradition historique explique que c'est le vodun Dan qui est allé trouver le roi Tegbessou pour lui demander d'envoyer des hommes et des femmes pour fonder un village, ce que le roi fit. Il installa le vodun

1 Selon Argyle (1966, p. 175), LEgba serait le plus jeune fils de Mawu et Lisa; il est

le messager entre ses parents et les autres vodun. Il est le seul à comprendre les langages tous différents des autres vodun, et c'est pour cela que les hommes

s'adressent à lui ; il a donc une fonction protectrice car il communique les souhaits des hommes aux vodun. Il faut donc se le concilier par des offrandes.

2 Ce que j'ai pu observer dans tous les villages visités.

3 Les informateurs emploient cette image pour l'installation d'un vodun. Ils

parlent "d'assoir le village nouvellement fondé sur le vodun".

4 Informations recueillies à Koto (07/07/91). Rappelons la fondation dans la

dépression marécageuse de la Lama du village de Wondonou, déjà abordée dans la 1° partie ; les rois y aménagèrent une halte où les hommes placés par le roi pratiquèrent des cultures.

Agasu, qui est le T

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de la famille royale, ainsi que tous les vodun qui relevaient de lui.

De même à Za-Johitin (20/07/91), c'est le roi Glèlè qui envoya le cultivateur (glesi) Adahé; celui-ci consulta Fa pour savoir si son entreprise réussirait et lui demander à quel vodun il devait se consacrer. Le bok

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(devin) consulté lui dit de s'en remettre au vodun Dan appelé to na ji (village ou pays va naître).

Toutes ces fondations, quelques soient les facteurs qui les présidèrent, se sont établies à l'origine dans des zones non exploitées, savane, brousse, forêt ou marécage; elles se sont organisées, structurées sur des bases culturelles afin de tirer parti des ressources naturelles disponibles. L'espace, peu à peu, s'est structuré autour des habitations dont le nombre grandissait avec l'arrivée de nouveaux habitants qui créaient ainsi de nouveaux quartiers. L'installation des divinités contribua à organiser l'espace et leur représentation matérielle concourt à le codifier.

b) Zones habitées 1

1° Le village et sa végétation a- Les jardins-vergers

Les villages (To 2) sont souvent dissimulés par une ceinture arborée. Zöller (1884, p. 44) indique que palmiers, cocotiers et bananiers se trouvent à proximité des villages. Toutee (1895, p. 76-77) explique que les villages se distinguent au milieu des champs par les frondaisons des vergers ou des arbres d'agrément conservés ou plantés pour l'ombrage. Ces arbres de village sont composés de fruitiers, citronniers, papayers, manguiers, cocotiers, bananiers, et de baobab. Ces "vergers" ou "jardins" signalent donc aux observateurs étrangers l'existence d'une zone habitée3.

1 Voir Tableaux "Sources orales, sources écrites et espace" en Annexe 3 (pp. 57-61)

ainsi que le croquis schématique de l'organisation de l'espace (p. 55).

2To peut aussi signifier région, pays; fait référence plus globalement à l'espace

occupé par les membres d'une communauté dont le chef prend le nom de Togan.

Bern (1893) précise que des cocotiers et des bananiers entourent les villages; Chaudoin (1890, p. 43) observa avant d'arriver à Ouidah une ravissante petite forêt de ces palmiers, très touffue; (...) c'est Jombodji. C'est un village dans une forêt de palmiers. Foa (1895, p. 412) précise que la végétation se développe librement; dans tous les endroits sans construction et dans l'enclos de chaque case,1 il y a quelques arbres ou arbustes. On rencontre ainsi par la ville, et semés avec une irrégularité artistique, des manguiers, des bananiers, des cocotiers, des corossols, des mimosées, des acacias multicolores, encombrés de plantes grimpantes qui ajoutent leur feuillage capricieux aux enclos élevés par l'homme (...) il y a des rues qui semblent des allées de bosquet, des cases qui sont des nids de feuillage. (...) Les divinités fétiches, semées çà et là, se détachent comme des statues mal ébauchées, de ce cadre de verdure.

On voit peu d'endroits sans végétation ; il est rare que la nature ne fasse pas à chaque recoin de petits jardins à sa fantaisie2.

A l'époque précoloniale, l'espace habité des villes et des villages paraît relativement dispersé et les espaces libres occupés par des arbres fruitiers, des arbres d'ombrages, des cultures, remplissant le tissu urbain. Forbes (1851, p. 70) décrivant la ville d'Abomey précise qu'à l'intérieur même de la cité se trouvent des terres cultivées. Toutes les maisons sont entourées d'un mur de terre qui renferme des arbres forestiers et fruitiers. Si les enclos familiaux comprennent des arbres et arbustes, il en est de même des espaces libres, et les jardins vergers n'apparaissent pas clairement définis dans l'espace3. De nos jours, les villes et villages comportent encore une végétation arborée relativement dense, où les arbres fruitiers occupent une place importante.

Les plantations à proximité des habitations sont appelées kpago et sont essentiellement composées d'arbres fruitiers que l'on retrouve se repèrent également par leur ceinture d'arbres fruitiers. Après l'abandon d'un

site habité, une végétation forestière s'installe rapidement, le climax étant

forestier. Cet état de fait à fait dire à Aubréville (1949, p. 313) que les Koukouya étaient des créateurs de forêts.

1 Voir en Annexe 3 (p. 73) l'illustration de la ville de Ouidah (Foa, 1895).

2 En effet, un observateur étranger, devant la luxuriance de la végétation existant