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1 - Végétation et peuplement

L'histoire du peuplement, reconstituée à partir des traditions historiques relatant les migrations et les fondations de villages, peut être une source d'informations pour une approche historique de l'environnement. En effet, les récits de migrations des populations et de fondations de nouvelles localités, ainsi que les toponymes1 qui en résultent, font souvent référence à la

végétation. Ce sont des indices témoignant de la nature de la couverture végétale existant à l'arrivée des populations; cependant ces indications doivent être interprétées avec prudence et toute hypothèse concernant la reconstitution des paysages végétaux doit être soumise à une analyse critique de ces sources.

a) Récits de migration et végétation : analyse critique

La plupart des récits de migration font référence à une végétation "forestière"2 non encore défrichée par l'homme, refuge

des animaux sauvages. Ces récits dont les chasseurs sont les principaux acteurs ont donc généralement pour cadre une zone inhabitée, donc non cultivée, riche en ligneux, qui est généralement traduite par forêt en français. Or, la définition de ce substantif est une grande étendue couverte d'arbres de haute futaie3. Ce sens n'a

guère évolué dans le temps4. Mais est-il toujours opportun de

l'utiliser pour la traduction de ces références au milieu végétal?

1 Voir en Annexe 2, p. 25, le tableau présentant les toponymes.

2 Le qualificatif forestier n'est probablement pas approprié; il vient de ce que le terme zun en Fon se traduit couramment par forêt; or nous allons voir que cette traduction pose un certain nombre de problèmes.

3 Définition tirée du Larousse en 5 vol. (1987). Les définitions des types de forêt de l'Afrique tropicale sont, elles, bien plus précises. Elles sont basées sur la phénologie de ces formations et les conditions climatiques, et sont classées en "forêt dense humide sempervirente, forêt dense humide semi-decidue, forêt dense sèche, fourré...Je renvoie pour des commentaires à cette nomenclature définie à Yangambi (1956) à Trochain (1957) et Guillaumet (1971). Mon étude ne s'intéressera qu'aux classifications populaires. Il serait intéressant que ce type d'analyse soit opéré conjointement par des linguistes et des botanistes.

4 Consulter en Annexe 2 (p. 40-44) le tableau sur les définitions des déterminants du XVII° au XIX° siècle.

Plusieurs termes sont utilisés dans la tradition orale pour décrire l'environnement à l'arrivée des premiers occupants : on rencontre dans le Sud du Togo et au Sud de la dépression de la Lama au Bénin les termes ave (ewe, guen : dans le Sud Togo) et zùn (fon) traduits habituellement par "forêt".

A Lébé, à Bè et à Togoville, localités fondées par des migrants Aja venus de Notse, les informateurs ont précisé que leurs ancêtres fuyant leurs ennemis se sont installés dans cette zone pour y trouver un refuge1 car elle était alors couverte de forêt (ave).

A Glidji, les informateurs interrogés ont dit que Foli Bebe, considéré comme le fondateur du royaume de Glidji fut le premier à défricher la forêt (ave) qui recouvrait toute la région à son arrivée2.

A Aklaku, les Tougban (clan guen) qui détiennent la chefferie affirment être arrivés les premiers dans cette région où il n'y avait qu'une forêt peuplée d'animaux avec lesquels il n'est pas bon de vivre. Les Fon du village assurent être arrivés en même temps et s'appuient sur l'existence alors d'une vaste forêt inhabitée.

A Ouidah, le fondateur a installé sa maison des champs (gle.xwe : ancien nom de Ouidah3) au milieu de la forêt (zunkan).

Pour terminer je cite ce qui m'a été raconté à Attogon4 :

A l'origine, il n'y avait pas de village, il n'y avait que la forêt (zunkan w

E

dofi); les villages de Henvi, Alada existaient déjà, et il y avait de grands arbres. Un arbre incarnant le vodun Dan se trouvait au bord de la route; il se transforma en homme pour aller informer le roi Tegbesu à Abomey qu'il y avait un endroit inhabité et il lui demanda d'envoyer des hommes et des femmes pour fonder un village.

Cette fondation n'a pas été précédée d'une migration; elle correspond plutôt à une "expansion territoriale5" voulue par les

1 ce qui explique l'étymologie des noms de lieux, bè signifiant se cacher en ewe.

2 Foli Bebe est en fait le deuxième roi de Glidji (1694-1733), mais la fondation lui est néanmoins attribuée.

3 Ouidah est une déformation européenne de xweda, nom d'un peuple originaire de Tado.

4 Attogon : inf. : Atto Adilomèn. (17/07/91)

5 Attogon est situé sur le plateau d'Allada qui fut conquis en 1724 par les Aboméens; la fondation d'Attogon remonterait au règne de Tegbesu, c'est à dire après la conquête, entre 1732 et 1774. Cette fondation entre dans le cadre des colonies de peuplement. La terre appartenant au roi, celui-ci décide de placer des hommes sous sa domination afin de contrôler ainsi le territoire nouvellement conquis. Voir la thèse de Michozounnou (1992) pour les stratégies suivies.

rois du Dahomey. La tradition rapporte l'existence d'un couvert forestier (zun) au moment de l'installation des premiers occupants.

Au Nord de la dépression de la Lama, sur le plateau d'Abomey, les termes varient : se rencontrent gbéhàn et zunkan, traduits par "brousse1" ou "forêt". Le terme gbéhàn est composé du

mot "herbe" (gbé) et se réfère donc à une végétation herbeuse ou broussailleuse dont la traduction étymologique me paraît être "brousse"2. Il semble que le terme zùn soit aujourd'hui traduit

indifféremment par "brousse" ou par "forêt" surtout par les jeunes locuteurs, car les informateurs âgés n'utilisent le terme zùn que lorsqu'ils sont repris par les jeunes locuteurs3 ou bien lorsqu'ils

parlent des bois sacrés ou vodun zùn. En effet, ils utilisent le terme gbéhàn pour décrire le milieu à l'arrivée de leurs ancêtres; ils vont ensuite parler de zùn pour la formation arborée4 où ces mêmes

ancêtres ont installé leur vodun. Cette formation végétale existait ou bien elle s'y est développée, favorisée par les interdits religieux assurant la protection du vodun.

Une étude botanique de certains bois sacrés situés sur le plateau d'Abomey, réalisée par Kokou (1993), l'a amené à classer ces formations par leur aspect physionomique : c'est ainsi que les forêts sacrées de Gb

E

zun (Abomey), Avokanzun5 et Gedezun à

Wankon sont classées dans les "fourrés" selon la nomenclature de Yangambi (1956); leur flore est relativement réduite et dominée par une espèce épineuse, Acacia ataxacantha. Seule la forêt de Agbogbo, près de Kana, correspond à un type de forêt dense semi- décidue en relation avec l'existence d'une source.

Mon hypothèse est que dans cette région le terme gbéhàn étant le plus fréquent (deux tiers des citations) et étant donné son étymologie, sa traduction par "brousse", ou encore "savane", semble plus logique; j'en déduis que la traduction du terme zùn varie selon les circonstances et le contexte où il se rencontre : dans

1 La définition du dictionnaire de biogéographie contient une connotation "sauvage", "non anthropisée" par opposition aux champs. Il me semble que l'on retrouve ce sens dans la perception populaire.(Dictionnaire en cours d'élaboration au Museum National d'Histoire Naturelle, au Laboratoire d'Ethnolobiologie où j'ai pu consulter les définitions).

2 Mais il m'a été quelquefois traduit par "forêt".

3 J'ai constaté ce glissement à plusieurs reprises dans cette région. On peut se demander si en l'occurence il n'y a pas appauvrissement du vocabulaire, les "jeunes" n'utilisant plus qu'un seul terme pour une notion autrefois exprimée par plusieurs, les "anciens" sachant percevoir la différence entre "zun" et "gbéhàn", différence que les jeunes ne font plus.

4 pour désigner une formation végétale dense, touffue. 5 Photographie n°12, Annexe 5.

un récit, au Sud de la Lama, il peut se traduire par forêt1, alors que

sur le plateau d'Abomey il est préférable d'employer le mot brousse.2 Dans cette zone, le terme zun peut désigner une

formation végétale dense, touffue, voire impénétrable, principale caractéristique des bois sacrés.

Mais à partir de ces références à une végétation "forestière", peut-on en déduire, comme Gayibor3, que s'étendait à perte de

vue, une véritable forêt épaisse où l'on pouvait trouver toutes les essences de la flore tropicale et dont l'abondance de la faune faisait une réserve de chasse de premier ordre...

Si ces références au milieu végétal existant à l'arrivée des premiers occupants peuvent difficilement être interprétées comme des indices pouvant servir à la reconstitution des paysages végétaux, elles peuvent exprimer une volonté d'affirmer un droit sur la terre. Celui-ci en effet se démontre par l'antériorité de l'occupation du sol, laquelle s'appuie sur l'existence à l'arrivée des premiers occupants d'une végétation dense, non défrichée, refuge des animaux sauvages. Je rejoins la position de Mignot (1985) dans son analyse du droit foncier des Guen du Sud-Est du Togo qui considère que la référence systématique dans la tradition à l'existence de la forêt dans la région où les Guen se sont installés signifie que cet espace, inexploité à leur arrivée, était donc inhabité. C'est la mise en valeur de la terre qui est la condition juridique de l'occupation4. Que ce soit au Togo ou au Bénin, le

tableau dépeint à l'arrivée des premiers occupants est le même, la référence à l'existence de la forêt ou de la brousse implique l'antériorité de l'occupation : les premiers arrivés ont été les premiers à défricher, cet argument sert de justification pour affirmer le droit sur la terre. Dans le cadre du royaume d'Abomey, la référence à la végétation peut s'interpréter selon le même schéma, bien que l'ensemble de la population reconnaisse que le roi détient toutes les terres ainsi que les personnes qui y résident.

1 Tous les îlots forestiers analysés par Kokou au Sud de la dépression de la Lama (Ouidah, Allada, Attogon) correspondent à des formations de forêt dense semi-décidue, bien que certaines ne soient plus aujourd'hui que des mosaïques forêt-savane.

2 Les premiers auteurs européens à avoir traduit ce terme au XIX° siècle ont également choisi "brousse". Il s'agit notamment de Burton (1862, vol. 1, p. 172; en anglais, bush).

3 Gayibor (1986, p. 14).

4 Mignot (1985). On retrouve cette idée chez Dupré (1991) : les figures emblématiques du fourré, des arbres et des jardins venaient légitimer des droits fonciers et politiques. La forêt n'est donc pas la seule référence employée du monde végétal. Ceci me renforce dans ma position concernant les problèmes de traduction posés par les termes employés par les informateurs.

En effet, les AyinOn, qui sont considérés comme les premiers arrivés sur le plateau voient leur droit sur la terre reconnu implicitement, comme l'atteste le terme de AyinOn qui sert à les désigner et qui signifie "terre.mère", traduit par "maître de la terre".

b) Ethnonymes et noms de plantes

Parmi les noms d'arbres utilisés par la toponymie, deux espèces se distinguent : zatin (Daniellia oliveri) et fOntin (Vitex doniana). Ces deux espèces sont communes sur le plateau d'Abomey et sont caractéristiques des savanes guinéennes et soudaniennes1. Ce sont deux espèces utiles et protégées au cours

des défrichements. L'origine du nom de ces arbres viendrait selon les habitants du nom des peuples Za et Fon ; le zatin serait ainsi "l'arbre des Za", et le fOntin, "l'arbre des fon" 2.

Selon Michozounnou (1992), le nom des Za serait lié à l'histoire de leur arrivée dans la région; il s'agirait à l'origine d'Ayizo venus des environs du lac Nokoué. Tous les noms des villages Za comportent le préfixe "za", révélant ainsi leur occupation de l'espace. Selon les Za eux-mêmes, leur nom signifierait "balayer"3. Cependant, Michozounnou n'exclut pas

l'hypothèse que ce nom vienne de celui de l'arbre zatin qui dominait dans le lieu où ils établirent leur premier village, Zado, ce nom signifiant "za en grand nombre". Michozounnou conclut en supposant qu'une combinaison des deux a pu avoir lieu et que le terme za a dû apparaître sur le plateau d'Abomey; il est dès lors difficile de savoir qui de l'arbre ou du groupe humain a donné son nom à l'autre.

Le fOntin présente le même cas. Les Fon interrogés l'expliquent ainsi : l'arbre tire son nom du peuple Fon, qui lui même a été appelé ainsi par les autres hommes à cause de leur façon de saluer : a fOn an4. Voici les traditions recueillies à Lissèzun et Gnijazun :

Cet arbre est appelé l'arbre des FOn, parce qu'il leur est très utile; les FOn sont aussi appelés "a fOn an oku dewu"" (bonjour tu vas bien?); la façon dont on salue indique souvent l'origine, or le

1 Voir tableau "Arbres et écologie"en Annexe 2, p. 29.

2 Michozounnou (1992, p. 76-78) et mes enquêtes personnelles à Lissèzun et Gnijazun.

3 Information orale de Daka, chef actuel des Za à Za-zumè, cité par Agbanu (1989, p. 47) repris par Michozounnou (1992, p. 76). Il faudrait recueillir d'autres versions.

4 Il arrive très souvent qu'un nom soit créé par un peuple voisin pour désigner un lieu ou une ethnie. (UNESCO, 1984)

premier mot au premier contact est a fOn an ; c'est une manière de saluer; l'arbre a pris son nom des gens appelés fOn par les autres (étrangers). La première plante que nos ancêtres ont connue est

fOntin ; Il pousse partout en grand nombre dans la brousse

gbehanmE, comme les za, aux mêmes endroits. Le fOntin  est un arbre important dans la vie des fOn. A la naissance de tous les enfants, on utilise son écorce et ses feuilles pour laver le nouveau né. 1

Le zatin semble avoir été dénommé par les hommes dès leur arrivée et le fOntin  seulement après leur installation. Le Hérissé (1911) rapporte une tradition sur l'origine du terme :

Quand l'unité dahoméenne fut terminée, quand...elle eut commencé à dominer les pays au sud de la Lama, un nom apparut pour désigner l'ensemble des populations du nouveau royaume. Le fait est original et mérite d'être relaté tel que nous l'avons entendu de la bouche d'un des chroniqueurs les mieux documentés.

"Tegbesou était notre roi. Quatre grands royaumes se partageaient alors les terres que nous connaissions : Adja, Ayo, Kétou et Houn; notre royaume était le plus jeune; c'est pourquoi il s'appelait hou, car on dit d'un tout jeune enfant e dô houn mê.

Le roi des Ayo convoqua chez lui les rois des Adja, de Ketou, Danhomé et aussi celui de Savé qui était un pays ayo. Il appela ensuite un devin musulman.

(...) il lui demanda s'il pouvait prédire lequel des quatre royaumes deviendrait le plus puissant.

Le devin disposa quatre petites buttes de terre, sur lesquelles il versa de l'encre. "Chacune de ces buttes, dit-il, représente un des royaumes (...) Sur l'une poussera un kaké (sorte de tamarinier à bois rouge et très dur) (Prosopis africana); sur l'autre un baobab; sur le troisième un ficus; sur le quatrième un fon. Dans trois ans je reviendrai."

Trois ans passèrent; le devin reparut et le roi des Ayo appela de nouveau les quatre rois. Voici les paroles qu'ils entendirent : "le kaké est un arbre très dur, on ne fera jamais rien de son bois; le baobab est très gros, mais son bois est excessivement tendre, aussi disparaîtra-t-il vite; le ficus est un arbre à l'ombre duquel le commerçant aimera toujours s'abriter, mais qui à cause de sa trop grande ramure résistera mal au vent. Devant le fon, tous les autres arbres s'inclineront; on courbera la tête devant lui, parce que son fruit est couronné" (le fon est un arbre qui donne un fruit noir, gros comme une prunelle, pourvu d'une sorte de cupule).

1 Lissèzun : Inf : Finkpon vigan Semèvo Ajonu; Gnijazun : Inf. : Nyijazunon Mankabanon (11/91).

Cette prédiction allégorique s'est réalisée, semble-t-il. Les Adjas vivent encore comme des sauvages.(...) Ils ne labourent pas leurs champs et ne connaissent pas la jachère comme les Dahoméens; ils se contentent d'un défrichement sommaire par le coupe-coupe et le feu et ils ensemencent sans même retourner la terre. Au lieu de cultiver le palmier pour trafiquer de ses fruits, ils l'abattent pour s'enivrer de son vin.(...) ils sont comparables au "kaké" qui peuple leurs forêts et dont ils n'ont jamais pu tirer aucun parti, parce que son bois ébrèche leur hache1. (p. 47-49)

Cette histoire ne semble pas connue des informateurs que nous avons interrogés. Retenons que cette tradition insiste sur l'émergence de l'appellation fon après la domination des Alladaxonou sur l'ensemble du pays. Dans cette situation, c'est l'arbre qui aurait donné son nom au peuple; or nous avons vu que les personnes interrogées expliquaient le nom des arbres d'après leur nom ethnique. Il y a peut-être eu un double glissement sémantique, des hommes à l'arbre, puis de l'arbre à la population du royaume, facilitant ainsi l'intégration de tous et la naissance de l'idée de "nation Fon" (reprise d'ailleurs par les Européens au XIX° siècle).

Ces informations nous paraissent intéressantes car elles permettent d'appuyer certaines hypothèses sur l'histoire du peuplement de cette région, à savoir l'antériorité des Za sur les Agasuvi dans la région d'Abomey, puis de discuter la question Fon. Selon Michozounnou, les Fon se seraient constitués en un groupe social se présentant comme la fusion des Yoruba, Za, WemEnu et Xweda avant l'arrivée des Agasuvi2. Toutefois, il nous semble

difficile de répondre à cette question, car les premiers documents écrits se référant au peuple Fon datent de la fin du XVII° siècle3 et

sont donc postérieurs à l'arrivée des Agasuvi sur le plateau mais antérieurs au roi Tegbessou (1732-1774) cité dans la tradition recueillie par Le Hérissé. Les traditions orales dans ce domaine sont

1 Plusieurs idées pourraient être développées : le retard de l'abattage du kaké peut être expliqué par le niveau de la technologie du fer avant l'importation d'outils européens; si les Ajas n'étaient pas entrés dans l'économie de traite, cela peut expliquer le retard de la culture du palmier, ils n'avaient donc pas besoin de trouver un produit de substitution pour maintenir leurs revenus comme les Dahoméens. Quant au royaume de Kétou, il se trouvait dans une situation géographique défavorable entre Danhomé et Abeokuta, Kétou fut détruite sous Glélé. Les ruines témoignent de la splendeur passée de Savé, situé au carrefour entre Baribas Danhoménou, Ayo et Mahis.

2Le travail de Michozounnou est le plus récent à ce jour à tenter la synthèse des informations concernant cette question. D'autres auteurs, notamment Law (1991), Gayibor (1985, p. 376), Djivo (1980, p. 51) et Glèlè (1979, p. 179) se sont interrogés sur l'origine des Fons.

3 Selon Michozounnou (1992, p. 111) et Gayibor (1985, p. 376). Je ne me suis pas directement intéressée à cette question.

d'un faible recours; le terme fon semble désigner l'ensemble des populations cohabitant sur le plateau placé sous l'autorité des rois Alladahonu. Cette évolution des appellations des habitants nous paraît un élément fondamental permettant la remise en question du concept d'ethnie; en effet, dans cette région, la notion d'ethnie ne semble pas fixée, ni dans le temps, ni dans l'espace. Elle évolue selon les mouvements des populations et les relations que celles-ci entretiennent, relations dépendantes d'un ensemble de facteurs socio-historiques et écologiques. Concernant les noms des arbres, retenons qu'il s'agit des espèces parmi les plus communes sur le plateau. Les hommes, à leur arrivée ou au cours de leur histoire, ont retenu les composantes dominantes de leur environnement au nombre desquelles figurent ces arbres.

2 - D'ou provient la toponymie

a) Toponymie, végétation et peuplement

Mohamed El Fasi, dans sa contribution à l'étude publiée par l'UNESCO (1984) sur les ethnonymes et toponymes africains, dit que la connaissance des noms de lieux peut apporter à l'histoire une aide précieuse, car les noms de lieux ne changent presque jamais. Et c'est de ce point de vue que l'étude des toponymes peut révéler des faits se rattachant au passé et donner ainsi des