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1 - Les paysages : évolution des connaissances Dans ce chapitre, la discussion s'appuiera essentiellement sur les descriptions des paysages réalisées par les voyageurs européens, auteurs de récits ou de rapports. Devant le nombre d'informations à traiter et pour éviter de paraphraser trop systématiquement les auteurs cités1, j'ai regroupé les descriptions

les plus représentatives sous forme de tableaux qui seront commentés. Il sera fait recours aux sources orales lorsque celles-ci permettront d'éclairer l'interprétation des documents écrits.

a) Le littoral

1° La côte observée des navires2

Les premières descriptions apportant des informations sur les paysages datent de la première moitié du XVII° siècle. Ce sont essentiellement des observations du littoral tel que le voyaient les voyageurs à bord de leur navire. De la Côte de l'Or à celle des Esclaves, ces informations, bien que succinctes, font état d'un changement de la couverture végétale à partir du Cap des Trois Pointes situé au Ghana. C'est pourquoi je déborderai ici de l'aire géographique retenue pour mon étude. Seul un certain recul permettait de constater qu'au XVII° siècle, cette partie du Golfe de Guinée, par rapport aux régions situées à l'Ouest de ce cap, était plus sèche et la végétation semblait différente. En effet, les voyageurs ont noté un changement notable non seulement de la végétation mais aussi du climat (Bosman, Barbot, d'Elbée) à l'Est de ce lieu : c'est la fin des grands bois, le pays est plus découvert, uni, sans arbres, les terres apparaissent plus peuplées3, ce qui est pour

certains un des facteurs de la déforestation, aridité et sécheresse

1 Dans le texte, seuls les noms d'auteurs seront cités, les références complètes, date de publication ou de rédaction et pagination, figurant dans les tableaux. 2 Annexe 2, p. 45.

3 Ce qui ne veut pas dire qu'elles l'étaient nécessairement; des formations végétales ouvertes mettent en évidence les établissements humains, qui e n milieu forestier sont dissimulés à la vue par la végétation. Dans la région étudiée, les villages étant souvent entourés d'une ceinture de végétation apparaissent plus clairement à l'observateur étranger. Celui-ci peut ainsi se tromper sur la densité supposée du peuplement.

les caractérisant. Voici ce qu'écrit dans son journal le Sieur d'Elbée (1671) sur la Côte de l'Or de Boutra à la Volta :

Depuis Boutra jusques à Commendo, terres assez hautes et plus découvertes. Cap Corse (Cape Coast) est un lieu sec et aride, sans bois [...] Frederisbourg, terre pareille et tout le païs fort peuplé ce qui est cause qu'il est plus découvert. Environs de Cormantin : tout ce païs là est découvert [...] De Biamba jusques à la rivière Volta, païs fort découvert, bien peuplé. (p. 373)

Bien que les informations sur la végétation soient très imprécises, variant des grands aux petits arbres, buissons, broussailles et arbustes, elles nous renseignent sur une modification des paysages végétaux à partir de Commendo à l'Est du Cap des Trois Pointes. Ce changement correspond à la diminution de la pluviométrie observée sur la côte depuis ce cap jusqu'au Nigeria. Si l'on compare ces informations à la première carte de la végétation de l'A.O.F. dressée en 1912 par le botaniste explorateur Auguste Chevalier1, nous remarquons le long de la côte

une bande de terre non recouverte de forêt, commençant précisément au Cap des Trois Pointes et s'étendant jusqu'à la plaine d'Accra où elle "rejoint" l'ouverture de la savane du Bénin. La légende de cette carte indique l'existence de savanes littorales ce qui corrobore les descriptions des voyageurs, où l'élément arboré est marginal ; encore s'agit-il de palmiers et de rôniers2, cette

dernière espèce étant particulièrement abondante dans certains types de savanes. Lorsque la végétation est plus dense, elle semble signaler l'emplacement des villages (Labarthe, Bouet, Guillevin) ou bien suivre le réseau hydrographique (Bosman, d'Elbée).

Les paysages végétaux de la zone côtière devaient donc être relativement similaires à ceux que l'on peut encore observer aujourd'hui. A cette époque cependant, le cocotier n'était guère répandu sur toute cette côte, comme semble l'attester le croquis du Chevalier des Marchais réalisé en 17243. Retenons de ces

descriptions que les voyageurs avaient observé dès les premières navigations le long du littoral du golfe de Guinée des modifications climatiques4 aux conséquences visibles sur la nature de la

végétation.

1 Annexe 1, carte p. 22.

2 Le cocotier sauvage (Trad. pers. de l'édition hollandaise de 1701) de Bosman peut être identifié au rônier (Borassus aethiopum) d'après la description du renflement du stipe.

3Voir ce croquis en annexe 2, p. 24.

2° La végétation littorale de la Volta à Ouidah1

Les informations sur la végétation littorale sont relativement nombreuses mais concernent essentiellement la physionomie. Seul Isert (1793)2, pionnier de l'exploration botanique de cette région

de l'Afrique, a nommé précisément les plantes observées dans le récit de voyage qu'il publia peu de temps après son retour. Son ouvrage représente une source majeure pour un essai de restitution des paysages végétaux à la fin du XVIII° siècle. En effet, ce médecin naturaliste s'est efforcé d'identifier ou de décrire les espèces végétales rencontrées au cours de ses expéditions le long du littoral depuis Accra jusqu'à Ouidah en se référant fréquemment à la classification établie par le botaniste suédois Linné. Certaines des espèces citées sont caractéristiques des formations végétales littorales, comme Chrysobalanus icao3

(Chrysobalanus orbicularis)4, petit arbuste buissonnant commun

dans toutes les brousses sub-littorales, Convolvulus brasiliensis (Ipomoea brasiliensis), plante herbacée poussant en communauté derrière la plage5, et Scaevola lobelia (Scaevola plumieri), un petit

arbuste succulent sur le cordon littoral. Paradis (1976, p. 48) note que Scaevola plumieri, espèce dominante de la pelouse littorale, se rencontre de la frontière togolaise à Cotonou6. D'autres voyageurs

ont également décrit les formations végétales du littoral, mais leurs informations ne concernent que leur physionomie. Bouet (1851)7

parle de buissons, de fourrés d'arbres et de brousses, faisant allusion à une végétation basse, fermée. Le voyageur allemand Zöller parcourut la côte togolaise en 1884 et décrivit ces mêmes paysages végétaux, insistant sur l'aspect impénétrable de cette végétation car les buissons sont hérissés de piquants, principale caractéristique de ces formations. Ce fourré littoral, qui se trouve en arrière de la pelouse à Scaevola plumieri décrite ci-dessus, a

1Annexe 2, p. 46.

2 Berlinois d'origine, il était au service de la compagnie danoise. Il a séjourné à deux reprises sur la côte du golfe de Guinée, entre 1783 et 1789.

3 Les binômes latins sont soulignés mais ils sont de plus en italique lorsqu'ils sont cités par un auteur ancien, comme Isert. La nomenclature actuelle est précisée entre parenthèses.

4 Également mentionné sur le littoral à Ouidah par Guillevin (1862, p. 17) : broussailles appelées icaque.

5 Signalée par Paradis (1976, p. 34) sur le littoral béninois.

6 Il se trouve également au Togo, où il est cependant plus rare car la zone littorale est largement cultivée et subit de plus une forte érosion marine entrainant le recul de la côte (information de B. Roussel)

aujourd'hui quasiment disparu1 suite à la plantation de cocoteraies

et de filaos.

Ces plantations remontent essentiellement au début du siècle et sont le fait du gouvernement colonial (français au Bénin et allemand au Togo) et des planteurs afro-brésiliens. Hubert (1908) dans son étude de la végétation remarque que le cocotier (Cocos nucifera) est à peu près la seule espèce ligneuse sur le cordon littoral dans toute la zone maritime jusqu'un peu au Nord de Porto Novo. Un rapport du Gouvernement colonial de 1917 indique que les cocoteraies ont été récemment plantées sur le littoral, principalement dans la région de Grand Popo et de Ouidah (p. 3). Cependant Albéca (1895, p. 153) nous apprend que les cases construites le long de la mer sont indiquées de loin par les cocotiers que l'on plante partout. C'est un arbre qui tend à devenir, comme le palmier, une source de richesse. On vend la chair des noix et les traitants l'expédient en Europe où elle est transformée en huile. La population indigène avait compris l'intérêt de la culture du cocotier avant son développement à l'époque coloniale. Ce palmier a d'abord été planté aux abords des habitations avant de conquérir tout le littoral. Zöller en 1884 (p. 81) n'avait d'ailleurs pas manqué de faire le rapport entre habitat et plantation de cocotier, car selon lui l'absence de cocotiers montrait la date récente de fondation de certaines localités. Cet auteur, décrivant la nudité de la côte près de Lomé, précise que les cocotiers qui viennent juste d'être plantés mettent longtemps à pousser.

b) Le système lagunaire

1° De la rivière à la lagune2

Les lagunes 3 du Togo et du Bénin sont des retenues d'eau

continentale entre des cordons littoraux sableux, anciens et récents, et les formations argilo-sableuses du continental terminal (terre de barre); elles sont en relation plus ou moins permanente avec la mer et communiquent entre elles par des chenaux4. Au

Bénin, ce sont les lagunes de Porto Novo, Ouidah, Grand Popo et les lacs Nokoué et Ahémé qui sont d'anciennes rias colmatées,

1 Voir en Annexe 5, la photographie n°5 d'un îlot de ce type de formation à l'entrée d'Aneho (Togo). La sacralisation du lieu a permis sa conservation. 2 Annexe 2, p. 48-49.

3 Projet COMARAF : programme lagunes en Afrique de l'Ouest.

4 Depuis la construction de la route Cotonou-Abomey, les crues du lac Nokoué ne peuvent plus se déverser dans les marais à l'Ouest en direction de Ouidah. Voir au sujet du complexe lagunaire du bas-Ouémé, Pélissier (1963, p. 37).

séparées de l'océan par des marais d'où émergent des buttes sableuses. Au Togo, elles forment un réseau continu d'Ouest en Est de 35 km constitué du lac Togo, des lagunes de Zowla et d'Aneho et d'un chenal de 15 km qui le relie au fleuve Mono à Agbanakin; la lagune de Lomé est elle reliée au complexe de la Volta.

Ce système lagunaire d'une grande complexité a été très mal compris des voyageurs européens, ce qui peut s'expliquer par les difficultés d'accès à ce milieu particulier, comme le laisse entendre Norris (1790, pp. 39-47) : le pays des Popo est un pays bas et marécageux environné d'eaux stagnantes et entrecoupé de plusieurs branches de rivières qui forment une multitude d'îles (...) (ce pays) étoit difficile d'accès. Par ailleurs, il écrit que le cordon littoral est un défilé étroit et plein de sable aride et qui n'a qu'un demi-mille de large entre la mer et la rivière qui coule parallèlement à la côte l'espace d'environ 200 milles, de la Volta au Bénin. Des chenaux, dont l'extrême complexité a été relevée par plus d'un auteur (Bertin, Clergeau), relient tous ces plans d'eau, ce que Norris a peut-être voulu exprimer sur sa carte d'après des informations orales qu'il aurait recueillies1.

Le réseau lagunaire est resté globalement méconnu jusqu'à la colonisation. Isert parle de fleuve ou de rivière coulant de Ouidah à Popo ; il explique qu'avant d'arriver à Fida (Ouidah) il faut passer la rivière de Popo et divers marais, qui au reste ne sont guère profonds et sont tous guéables. (1793, p. 135). Labarthe (1803) est le premier auteur à employer le terme de lagon qui est dans ce cas synonyme "d'étang". Les explications des auteurs à propos du réseau hydrographique restent confuses jusqu'à la fin du XIX° siècle et les missions d'exploration du réseau lagunaire et du cours du fleuve Mono ne seront que la première étape vers la connaissance de ce complexe. Le Chevalier des Marchais en 1724 (p. 40, verso) explique que dans le royaume de Juda deux rivières venant l'une de la ville d'Ardre et l'autre de Jacquin le traversent en long et il n'y a pas d'autres rivières, elles ne sont point considérables puisqu'on les passe à gué n'ayant pas plus de 9 pieds de profondeur. [...] la rivière nomé Euphrate qui est à une demi lieue de Xavier, ou la terre commence à s'élever (...) Les deux rivières forment plusieurs marais de sorte qu'on ne voit la terre couverte d'arbres qu'après avoir passé l'Euphrate.

La rivière de Jaquin doit être la lagune de Ouidah, et l'Euphrate un cours d'eau, le Toho, qui alimente le lac Nokoué et passe un peu au Nord de Savi. Labarthe (1803) cite également l'Euphrate en précisant qu'elle tombe à Popo ; il s'agirait alors du Kouffo. La rivière de Xavier, selon lui, se déverse dans une lagune à

une lieue de Ouidah, et celle de Tori se jette dans celle de Dolou, probablement la lagune de Djonou, et il doit s'agir soit du Tadouba qui a sa source près de Tori-Bossito (d'où son nom "européen"), soit du Dati qui vient des environs d'Allada ; il précise qu'elle forme une très belle nappe d'eau, peut-être le lac Nokoué.

2° La végétation du complexe lagunaire

Les descriptions du réseau lagunaire ont essentiellement porté sur la topographie en essayant de comprendre la formation et l'origine de ces étendues d'eau. La nature marécageuse de ce milieu a frappé les auteurs qui ne se sont guère étendus sur la végétation. En effet, les sols qui caractérisent cette zone sont souvent hydromorphes, qu'ils soient riches en alluvions fluviatiles ou pauvres comme les sables des cordons littoraux, favorables au développement du cocotier. De la nature des sols, soumis ou non à des inondations, et de leur taux de salinité dépendent les associations végétales qui s'y développent.

a- Prairies marécageuses et savanes littorales

L'arrière littoral décrit par nos auteurs se caractérise généralement par des zones marécageuses où les roseaux1 (Zöller,

Hubert) dominent. Isert a reconnu Cyperus articulatus, Flagellaria indica, qui est une plante herbacée grimpante commune dans les halliers péri-lagunaires, et un Typha, cette dernière espèce formant des peuplements denses, souvent monospécifiques sur les sols ne s'asséchant jamais2. En 1908, Henri précisait que les nympheacées

(Nymphea) ne se rencontrent que dans les eaux douces et stagnantes dans le Sud du Dahomey où elles dominent effectivement les formations végétales sur les sols argileux non salés, de même qu'au Togo. Dans cette région, de vastes zones marécageuses occupées par des prairies à Paspalum distichum, Cyperus articulatus, Typha australis3 précèdent généralement la

mangrove.

1 Il doit s'agir de Typha australis d'après Roussel, commentaires botaniques au texte de Zöller réédité en 1990.

2 reconnus par Guyot et al. (1994) dans le Sud Togo.

3 Mondjannagni (1969, p. 107) précise que tout porte à croire que la mangrove à palétuviers fut jadis très étendue et se trouve actuellement au stade ultime de sa régression : son emplacement est occupé par la formation herbeuse à Paspalum distichum.

Souvent, voisinent des zones recouvertes d'herbes ; elles sont signalées, par Isert, dans le delta de la Volta où il cite précisément une espèce d'Andropogon, et Zöller qui signale dans la région de Lomé de vastes savanes où prolifère une herbe dont les chevaux se régalèrent. Roussel écrit que cette description est encore valable de nos jours, de grandes graminées du genre Andropogon pouvant constituer des peuplements très étendus1.

Les descriptions concernent essentiellement les prairies ou savanes marécageuses où se trouve fréquemment Andropogon gayanus var. bisquamulatus. Les zones de bas-fond et les régions lagunaires sont souvent occupées par des forêts marécageuses à Mitragyna inermis et à Symphonia globulifera (surtout au Bénin), qui, elles, n'ont pas été décrites, peut-être à cause des difficultés de pénétration. Zöller a peut-être évoqué une raphiale dans la région de Grand-Popo, car une palmeraie d'Elaeis guineensis paraît peu probable dans cet environnement lagunaire, alors que les raphiales y sont nombreuses, mettant en évidence l'état de dégradation des forêts marécageuses (Guyot et al., 1994).

Il reste à noter la présence de savanes guinéennes, à faux karité (Lophira lanceolata) ou à rônier (Borassus aethiopum) incluses non seulement sur les cordons littoraux anciens, mais aussi sur les terres argileuses. Seules les savanes à rônier apparaissent dans les descriptions des paysages. Isert (1793) mentionne le rônier dans le delta de la Volta, Duncan (1847) en signale un important peuplement sur le cordon littoral près d'Aneho2 (Togo) et Albéca indique l'existence d'une forêt où les

palmiers abondent à proximité de Godomey. La photo accompagnant le texte d'Albéca montre un peuplement dense de Borassus aethiopum généralement appelé "rôneraie" ou savanes à rônier3.

b- La mangrove4

Dans le delta de la Volta, Isert décrit longuement la végétation des rives de ce fleuve : il distingue Rhizophora mangle (Rhizophora racemosa), Avicennia, (Avicennia germinans), Pterocarpus lunatus (Drepanocarpus lunatus) et Hibiscus Tiliaceus,

1 Dans Zöller (1990) p. 26. 2qui n'existe plus aujourd'hui.

3 Ceci illustre une fois de plus le problème de la terminologie : le terme forêt est dans ce cas synonyme de peuplement.

4 C'est une formation végétale édaphique, liée aux complexes lagunaires en relation avec la mer. Trois espèces principales caractérisent cette formation : Avicennia africana, Rhizophora racemosa

, connus sous le nom de palétuviers, Acrostichum aureum, la fougère des mangroves.

toutes ces espèces faisant partie des associations végétales de la mangrove ; il ne s'étend malheureusement pas sur celle de la zone à l'Est du Mono et se contente d'écrire que la rivière de Popo est bordée de buissons, de palmiers et d'arbrisseaux. Cependant, de nombreux auteurs signalent l'existence d'arbres de la mangrove, les palétuviers (Rhizophora), sur les rives des lagunes. Rhizophora et Avicennia constituent généralement la mangrove "haute" souvent inextricable, comme n'ont pas manqué de l'observer certains auteurs (Bertin, 1890). Elle est suivie de la mangrove "basse"1 qui dépasse rarement les dix mètres de hauteur et où se

rencontrent Drepanocarpus lunatus et Hibiscus tiliaceus, communs dans les bas-fonds boueux près de la mer (Paradis, 1981).

Les palétuviers sont signalés dans le delta de la Volta (Isert), au Nord du lac Togo en petites communautés (Zöller, carte allemande de 1902), sur les rives de la lagune de Ouidah, d'Agoué à Ouidah (Duncan), près de la bouche du roi (Clergeau), de Ouidah à Godomey (Bertin, Albéca). Ils sont également signalés sur le chenal reliant le lac Nokoué à la lagune de Porto Novo en 1889 (Maigre), sur les bords du chenal de Cotonou (Albéca). Nous avons très peu d'informations sur la végétation des rives du lac Nokoué ; deux auteurs seulement signalent l'existence de palétuviers, près de l'ouverture à Cotonou, au contact des eaux salées et sur le chenal aboutissant à la lagune de Porto Novo, dont les eaux sont saumâtres. L'histoire a retenu l'ouverture artificielle du chenal de Cotonou en 1885, laquelle aurait entrainé des modifications sur la flore et la faune (Paradis, 1975). Retenons pour le moment que des palétuviers sont signalés en certains points du lac Nokoué. L'immensité de cette étendue d'eau a limité les observations. Cependant, Hubert précise en 1908 que le palétuvier (Rhizophora vulgaris) n'est répandu qu'à l'ouest de Ouidah. Il semble ne pouvoir se développer que le long des lagunes de cette région. Les roseaux comme les papyrus abondent surtout dans les lagunes de l'est. Mais Chevalier signale l'existence de la mangrove sur le pourtour du lac Nokoué sur sa carte de la végétation de l'A.O.F. dressée en 19122; son exploration botanique au Dahomey date de

1908-1910. Cette question reste à débattre et nous y reviendrons lors de la discussion sur la communication du lac Nokoué avec la mer.

Aujourd'hui, quelques lambeaux de mangrove sont localisés seulement sur les rives de la lagune de Grand Popo à Ouidah, soumise aux flux et reflux de la marée. Guyot et al. (1994) dans un article sur la végétation des zones inondées du Sud du Togo

1 D'après Guyot et al. (1994) 2 Annexe 1, p. 22.

concluent que la mangrove considérée jusqu'ici comme réduite à des lambeaux dégradés apparaît bien conservée, voire en extension le long des différents cours d'eau. Elle est présente le long du Gbaga (chenal du Mono), sur les berges du Mono et à l'entrée de la lagune d'Aneho. Elle est absente aujourd'hui de la rive Nord du lac