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2. Etat des lieux

3.6 Les opportunités de la médiation culturelle en bibliothèque

3.6.5 Opportunités vis-à-vis de la création de partenariats

Le recours à la médiation culturelle se dote aujourd’hui d’une perspective nouvelle à travers la volonté de faire de la bibliothèque un acteur à part entière du développement culturel de sa région. Si la médiation culturelle participe, nous l’avons vu, à redonner le droit de parole à des personnes qui ne l’ont pas sur la scène publique quotidienne, elle

en sa qualité d’institution qui compte pour une ville. Comme le soulignait Huchet en 2008, « […] nous avons dépossédé la bibliothèque d’un rôle actif qu’elle avait à revendiquer : sa présence effective dans les manifestations, sa parole en tant qu’institution responsable et motrice […] » (Huchet, Payen 2008, p. 26). La responsable de la BCTP relève à ce titre avoir constaté que cette institution fait encore souvent face aujourd’hui à un manque de reconnaissance en tant qu’acteur culturel à part entière. Cette « invisibilité structurelle » (Lahary 2015, p. 58) découle en partie du fait que la bibliothèque rend tout au long de l’année des « milliers de microservices » (2015, p. 58) et peine ainsi à se donner une visibilité, et donc une utilité, au-delà de sa mise à disposition de ressources documentaires.

La médiatrice de même que le responsable de la BMV relèvent que le développement de projets menés en partenariat a provoqué un vrai changement dans la façon dont la bibliothèque est perçue au niveau local. Elle note ainsi l’apparition d’une dynamique nouvelle, certains acteurs locaux prenant désormais eux-mêmes l’initiative de contacter la bibliothèque pour des propositions de projets ou d’acquisitions en vue d’enrichir les collections. Elle cite l’exemple de l’Agenda 21 de la Ville de Vevey qui contacte désormais de manière ponctuelle la bibliothèque pour lui faire part de propositions d’achats de documents. Un exemple qui tend à démontrer que le renouveau apporté par un médiateur peut participer à doter une bibliothèque d’une nouvelle place et d’une reconsidération des opportunités dont elle se fait porteuse. Le responsable de cette bibliothèque précise pour sa part que l’action hors-les-murs

Bibliolac, qui s’appuie elle-aussi depuis ses débuts sur le recours au partenariat, s’est traduite par un impact fort au niveau de la municipalité de Vevey qui, depuis, porte un regard différent sur la bibliothèque et ses potentiels6.

3.6.5.2 Accroître la visibilité de la bibliothèque

En plus de la question de la reconnaissance évoquée ci-dessus, le partenariat recèle une opportunité supplémentaire à travers la possibilité de doter la bibliothèque et ses actions d’une visibilité accrue. Chaque collaboration se veut en effet une occasion pour une bibliothèque de « se donner à voir » (cf chapitre 3.6.5.1) auprès de nouveaux publics ainsi que d’autres institutions. Et ce ne sont pas les idées de partenariats qui manquent, comme en témoignent les divers exemples présentés au cours du chapitre 3.6.

6 Informations recueillies lors d’un entretien mené le 8 juin 2017 à la Bibliothèque municipale de Vevey

La BCTP a à ce jour d’ores et déjà organisé plusieurs animations en collaboration avec des partenaires locaux ou régionaux. Elle a ainsi été amenée à collaborer avec plusieurs artistes que ce soit pour ses animations destinées aux jeunes publics, à l’instar des contes, ou dans le cadre des expositions que la bibliothèque accueille à raison de deux à trois fois par an. Les conférences proposées chaque année représentent un autre exemple d’actions reposant sur l’intervention de professionnels externes. Certains évènements particuliers ou plus ponctuels ont pu offrir une occasion supplémentaire de créer des projets en partenariat. La 9ème Journée nationale du jeu,

qui s’est tenue en mai 2017, a ainsi amené la bibliothèque à collaborer avec la ludothèque de la ville, qui se trouvait à la tête de l’organisation de cet évènement. En engageant un médiateur culturel, cette bibliothèque se donnerait la possibilité de pouvoir créer en interne les projets développés avec des partenaires, à défaut de s’appuyer sur des actions pré-construites par ces derniers (cf chapitre 4.2.2). Elle se retrouvera ainsi en mesure de renforcer l’impact de ses actions, et en cela sa visibilité, de même que la reconnaissance de ses nombreux potentiels.

3.6.5.3 Aller toucher des publics "éloignés" ou "empêchés"

Nous l’avons vu au chapitre 3.6.1, l’une des premières opportunités du partenariat ressort dans la possibilité qu’il offre d’aller toucher certains publics spécifiques – et notamment des publics dits "éloignés" ou "empêchés" –, dans le cadre de projets menés en collaboration avec des associations ou institutions locales. Ce type de partenariats se révèle intéressant en ce qu’il permet au médiateur de bénéficier du statut de "public captif" des publics concernés, qu’il s’agisse de résidents d’un EMS, de personnes touchées par des problèmes d’alcool, de migrants ou de jeunes en difficulté, pour ne prendre que ces quelques exemples. Une collaboration instaurée avec les institutions s’occupant de ces personnes devient ainsi une précieuse opportunité d’entrer en contact avec de nouveaux publics et de nouer des liens.

3.6.5.4 Bénéficier de compétences externes

Comme les divers exemples d’actions décrits tout au long de ce chapitre 3.6 ont pu s’en faire l’écho, le développement d’activités de médiation culturelle s’accompagne très vite de la nécessité de recourir à l’aide de professionnels externes et, en cela, à l’apport précieux d’un savoir-faire ou d’une expertise sortant du cadre de compétences de la bibliothèque. Ce type d’intervention peut ainsi se concrétiser aussi bien à travers la performance d’un artiste engagé par la bibliothèque que celle de personnes invitées pour les besoins d’une conférence, de même qu’à travers la présence d’un ou plusieurs professionnels externes ayant pour but d’accompagner le bon déroulement

d’une action. Le projet de court-métrage présenté au chapitre 3.6.1.4 offre un bon exemple de ce dernier cas de figure. Cet exemple permet par ailleurs d’établir un lien avec une autre opportunité du partenariat qui ressort dans la mise à disposition de matériel, pouvant vite se révéler indispensable.

Autant d’éléments qui ont leur importance en ce qu’ils montrent bien qu’un médiateur culturel, au-delà de ses compétences propres, reste lui aussi tributaire de l’apport d’une aide extérieure pour mener à bien ses projets. Un médiateur n’a en effet aucunement pour prétention ni pour fonction d’intervenir en tant que spécialiste des sujets abordés dans le cadre de ses actions. Le recourt au partenariat, loin de n’être qu’un élément de faire valoir venant se greffer à ses projets, s’avère être ainsi une part intégrante de ces derniers.

3.6.5.5 Inscrire l’offre de la bibliothèque dans son "terreau local"

En engageant un médiateur culturel, la BCTP se donnerait les moyens de pouvoir porter une attention accrue à tout ce qui se fait et se discute parmi la population, et se retrouverait dès lors mieux à même de repérer les partenariats potentiels se présentant au niveau local. En allant « éplucher » (cf annexe 8) de la sorte l’actualité de la commune, un médiateur offrirait par ailleurs à la bibliothèque une opportunité d’organiser des conférences et débats directement rattachés aux sujets faisant l’actualité de la ville et ses environs ou, de façon plus générale, en Suisse ou dans le monde.

L’initiative instaurée par le médiateur de la BPSYB à travers la création d’une grainothèque, menée en partenariat avec l’Agenda 21 de la Ville d’Yverdon-les-Bains, a ainsi été l’occasion d’organiser, lors de son vernissage, une conférence rattachée au thème du développement durable, à travers la question des jardins bio. Cette soirée, qui s’appuyait sur un sujet rencontrant de toute évidence un intérêt certain parmi la population locale, a donné lieu à une discussion vivante entre les intervenants présents et la quarantaine de personnes réunies. Un exemple qui montre bien qu’en s’intéressant à la réalité de son contexte et, en cela, aux tendances du moment de même qu’aux sujets prêtant à débat, une bibliothèque peut tendre à devenir un véritable centre communautaire.

3.6.5.6 Rattacher l’action de la bibliothèque à celle de l’Agenda 21

Le fait que l’Agenda 21 ressorte à deux reprises dans les exemples présentés ci-dessus n’est pas anodin. Ce programme de développement durable rencontre en effet actuellement un écho particulier dans le secteur des bibliothèques publiques. Comme l’écrit Vosgin, s’il se retrouve fréquemment « perçu par le biais réducteur de

l’écologie » (2016, p. 51), l’Agenda 21 considère en réalité la participation de l’ensemble de la population à la culture, toutes classes sociales confondues, comme un élément à part entière du développement durable. A cette reconnaissance de la culture comme « levier de revitalisation et de solidarisation des communautés » et « quatrième pilier du développement durable » (2013 p. 21), Désilets ajoute que la médiation culturelle ressort comme une opportunité concrète d’« améliorer l’accès et la participation citoyenne à la culture » (2013, p. 19). Cette prise en compte se révèle intéressante en ce qu’elle laisse transparaître une image de la bibliothèque publique en tant qu’acteur de changement. « Dans la ville, le quartier, le village, sur le campus. La bibliothèque peut être d’utilité publique, bien au-delà de ses missions les plus traditionnelles, les plus anciennes, celles qui correspondent le plus aux idées reçues » (Lahary 2010, p. 15).

Surtout, cette démarche participe au final de façon directe à concrétiser la mue d’une bibliothèque publique en un véritable centre communautaire invitant l’ensemble de la population à se retrouver.

Il est à noter que la Ville de La Tour-de-Peilz n’a pas inscrit à ce jour l’Agenda 21 au cœur de son programme de développement durable. La question a toutefois été débattue en 2012 à l’occasion d’une motion déposée par Geneviève Pasche (2012), ce qui démontre que le sujet n’en est pas moins bien présent dans les discussions. Si ce programme venait à y être instauré dans les années à venir, il représenterait alors une opportunité de partenariat non négligeable pour la bibliothèque, à l’instar de celui établi par la BMV ou la BPSYB avec l’Agenda 21 de leur ville respective.

3.6.5.7 Créer des partenariats entre bibliothèques publiques

En plus des divers exemples évoqués à ce stade, des projets de partenariats peuvent également être envisagés entre bibliothèques publiques. Lors du cycle thématique

Plein Ecran ! organisé en 2016 par la BMV, une collaboration fut ainsi instaurée avec la

BPSYB, dans le cadre d’un atelier qui invitait les participants, dès 12 ans, à découvrir les différentes étapes pratiques de la création d’un jeux vidéo. Dans le prolongement de cette démarche, une collaboration pourrait être imaginée entre la Bibliothèque de La Tour-de-Peilz et celle de Vevey. Si la BCTP venait à engager un médiateur culturel, il pourrait par ailleurs être envisageable qu’une charte soit signée afin d’éviter que des doublons ne surviennent au niveau de l’offre de ces deux bibliothèques voisines.

3.6.6 Limites du développement des actions de médiation culturelle en