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4. Recommandations en vue du déploiement d’une politique de

4.4 L’élaboration d’une politique de médiation culturelle

4.4.2 Les conditions indispensables au déploiement d’une politique de

4.4.2.1 Un budget dédié

Chaque projet d’animation ou de médiation culturelle représente en premier lieu un coût nécessaire pour sa réalisation de même que sa promotion. L’obtention d’un budget annuel spécifique pour la médiation culturelle apparaît être ainsi l’une des premières conditions préalables au déploiement d’une politique. La BCTP bénéficie d’ores et déjà d’un budget dédié aux animations. De 2'000 CHF en 2007, ce dernier s’élève aujourd’hui, dix ans plus tard, à 6'350 CHF. Une évolution qui montre bien la reconnaissance de même que l’importance croissante que ce secteur a gagné ces dernières années.

Il semble dès lors intéressant de se pencher plus en détail sur le budget alloué à quelques bibliothèques ayant engagé un médiateur culturel ou créé un service de

médiation culturelle, dans le cas des réseaux. Les sommes présentées ci-dessous rendent compte, pour l’année 2016, du budget alloué à la fois à la médiation culturelle – aux « animations » dans le cas de la BCTP – et à la communication.

Tableau 4 : Exemples de budgets annuels alloués pour la programmation

culturelle

Bibliothèque communale de La Tour-de-Peilz (BCTP) Bibliothèque municipale de Vevey (BMV) Bibliothèque publique et scolaire d’Yverdon-les-Bains (BPSYB) Réseau des bibliothèques de la Ville de Lausanne (BVL) Salaires des intervenants 4'119.- 23'555.- 12'350.- 20'000.- Matériel 262.- 3'000.- 5'200.- 6'000.- Frais de bouche 541.- 1'500.- -12 4'000.- Communication 1'295.- 3'000.-13 6'750.- 20'000.-

Si la mise en commun de ces divers budgets pourrait a priori sembler quelque peu discutable, les structures concernées s’avérant très différentes en plus d’évoluer chacune dans un contexte propre, elle permet toutefois de faire ressortir certains éléments clés. Il est en effet intéressant de constater que le budget aujourd’hui possédé par la BMV pour payer les salaires de ses intervenants s’avère être supérieur à celui du réseau des BVL. Ce budget conséquent, par ailleurs clairement supérieur à celui de la BPSYB14, provient en fait en partie d’un soutien financier accordé à cette bibliothèque par une fondation locale (cf annexe 7). Il n’en reste pas moins qu’en plus de ce soutien, la BMV bénéficie pour sa programmation d’un budget communal qui s’est élevé en 2016 à 23'000 CHF. La médiatrice de cette institution relève que ce budget tend à varier d’une année à l’autre, et ce notamment en fonction de la tenue des cycles thématiques semestriels que cette bibliothèque organise tous les deux ans. L’année 2016 fut ainsi l’occasion pour la BMV d’organiser le cycle Plein Ecran ! qui, de janvier à juin, rassembla pas moins de 72 actions, s’adressant aussi bien au public adulte qu’à la jeunesse (Badoux 2017).

Alors certes, il peut apparaître à nouveau quelque peu vain de vouloir comparer les moyens en possession d’une ville comme celle de Vevey à ceux en possession de La Tour-de-Peilz. La somme précisée ci-dessus rend toutefois bien compte du fait que la

12 Pas de budget spécifique prévu pour les frais de bouche.

13 Le budget alloué à la communication et le budget alloué au matériel se trouvent être en fait regroupés dans un même budget de 3'000 CHF.

volonté de développer la programmation d’une bibliothèque doit s’accompagner de moyens à même de permettre à cette dernière de concrétiser ses ambitions.

Comme l’introduction de ce travail s’en est fait l’écho, le projet aujourd’hui nourri par la BCTP consisterait à développer sa programmation afin de pouvoir mieux toucher ses divers publics, tout en se dotant d’une nouvelle image. Face à ce souhait, le budget actuel s’avère clairement insuffisant. L’organisation de davantage d’actions impliquant la participation d’intervenants externes – ce qui concerne au final une grande majorité des actions de médiation de toute bibliothèque – devrait donc s’accompagner d’une hausse certaine du budget tant alloué aux animations qu’à la communication. Le développement, à terme, d’un support promotionnel répertoriant l’entier du programme de chaque saison culturelle, à l’instar de ceux décrits au chapitre 3.6.4.2, s’accompagnerait en effet inévitablement d’un certain coût, comme en témoignent les chiffres présentés dans le tableau ci-dessus.

Plusieurs des médiateurs que j’ai pu rencontrer relèvent qu’une somme de 10'000 CHF permettrait déjà au futur médiateur de donner vie à des projets intéressants tout en développant la programmation. Pour que la BCTP soit en mesure d’élaborer de nouveaux moyens de promotion adaptés à cette évolution – par exemple à travers la conception d’un programme sous forme de livret – le budget alloué à la communication devrait être compris en dehors de cette somme de 10'000 CHF, qui se verrait donc spécifiquement destinée aux salaires et frais de transport des intervenants. Au vu du programme imprimé que la BMV parvient à réaliser avec un budget de 3'000 CHF, un budget situé entre 2'000 et 2'500 CHF, soit une hausse d’un peu plus de 1'000 CHF, donnerait déjà à la BCTP l’occasion de créer un support apte à mettre en valeur sa future programmation.

La somme de 10'000 CHF évoquée précédemment permettrait par ailleurs à la BCTP de développer déjà quelque peu la formule actuelle de son action hors-les-murs Lisons

ensemble, par exemple par l’ajout d’animations organisées en extérieur durant la période estivale propre à cet évènement culturel. Comme le chapitre 3.6.5.2 a pu le relever, la formule aujourd’hui retenue par la BMV pour son action hors-les-murs

Bibliolac rencontre un vif succès auprès de la population et participe, pour le coup, de

façon directe à la hausse de la fréquentation de la bibliothèque. S’il apparaît légitime que la BCTP se retrouve aujourd’hui tentée de suivre cet élan, un développement concret de son action hors-les-murs impliquera une hausse supplémentaire de son budget dédié à la médiation culturelle. Ce type d’action conçue à l’extérieur de la

bibliothèque peut vite s’élever à plusieurs milliers de francs comme en témoigne l’action Bibliolac de la BMV, qui nécessita pas moins de 3'000 CHF en 2016.

Il apparaît malgré tout fortement recommandable que la BCTP cherche à développer son action hors-les-murs. Celle-ci a en effet d’ores et déjà permis à ce jour de créer un lien entre la bibliothèque et des publics qui ne s’y étaient encore jamais rendus15. L’importance de la hausse du budget dépendra finalement de la formule que la BCTP décidera de mettre en place pour cette action, en concertation avec le futur médiateur culturel.

Ces différents éléments laissent entrevoir que, s’il reste primordial pour un médiateur de pouvoir s’autoriser dans un premier temps à rêver ses projets culturels, c’est bel et bien le budget alloué qui définit, ce qui pourra ou non être envisagé. Cette question s’impose donc très vite d’elle-même face à la volonté d’élaborer une politique de médiation culturelle. L’approche consistant à concevoir ses projets en regard d’un budget alloué, ne fait toutefois pas l’unanimité parmi les médiateurs rencontrés. Certains estiment qu’il peut en effet être envisageable de commencer par définir ses idées et les besoins qui en découlent, puis de se consacrer à une recherche de fonds si nécessaire. A ce sujet, il se trouve que la BCTP avait bénéficié en 2011 d’une aide financière, provenant de la même fondation qui soutient aujourd’hui la BMV, pour le développement de ses collections destinées à la jeunesse. Une recherche de fonds ponctuelle, si elle devait s’avérer nécessaire pour le développement futur de la programmation, ne serait ainsi pas une première pour cette bibliothèque, et pourrait dès lors très bien être envisagée à nouveau. Cette démarche impliquera toutefois que le médiateur engagé dispose de temps pouvant y être consacré.