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2. Etat des lieux

3.6 Les opportunités de la médiation culturelle en bibliothèque

3.6.4 Opportunités vis-à-vis d’une nouvelle image

Nous l’avons vu, l’engagement d’un médiateur culturel s’accompagne de vrais potentiels vis-à-vis du développement de l’offre d’activités culturelles d’une bibliothèque. Or, non content d’élargir le champ des possibles de l’institution, son intervention permet également d’impacter de façon directe l’image de la bibliothèque. Un élément d’autant moins anodin que, comme le chapitre 3.6.2.1 a pu en rendre compte, des obstacles symboliques demeurent entre toute une part de la population et la bibliothèque, en tant qu’institution culturelle. Cet aspect ne doit par ailleurs pas faire oublier que le monde des bibliothèques véhicule également encore malgré lui de nombreux clichés, et ce notamment auprès des adolescents et jeunes adultes. La chance qu’offre aujourd’hui la médiation culturelle de renouveler l’image des bibliothèques apparaît ainsi comme une opportunité à saisir. La BCTP, aujourd’hui située dans l’entresol d’une école, ne sait que trop bien toute l’importance que peut représenter pour une institution le travail de promotion, non seulement dans une

optique de visibilité, mais également, et peut être surtout, vis-à-vis de l’image renvoyée aux publics.

3.6.4.1 Une nouvelle image véhiculée par les médias et les réseaux sociaux

L’un des principaux potentiels liés au développement de la programmation ressort au niveau de la visibilité accrue dont une bibliothèque peut alors rapidement bénéficier au sein de la presse locale. La promotion dans les médias de projets originaux, n’hésitant pas à sortir du cadre littéraire habituel, renforce en effet les chances d’une bibliothèque de toucher de nouveaux publics en allant susciter leur curiosité. Tout l’enjeu réside ainsi désormais dans cette nécessité de « "se donner à voir" [et] de se penser en dehors du rapport à la lecture » (Munch, 2006, p. 2).

Une nouvelle dynamique qui passe aussi désormais immanquablement par les réseaux sociaux. Dans la continuité des éléments relevés ci-dessus, plus les actions mises en avant se révéleront originales, plus leurs chances seront élevées d’attirer de nouveaux publics. De plus, les réseaux sociaux offrent une liberté de ton dont une bibliothèque a tout intérêt à tirer profit. Une promotion audacieuse, n’hésitant pas à recourir à un vocabulaire plus proche de celui des jeunes générations, augmentera ainsi en toute logique ses chances de retenir l’attention des internautes.

Bien qu’il ne s’agisse pas de son domaine de compétences propres, un médiateur culturel peut tout à fait participer à amener un vent nouveau dans la façon d’aborder ces moyens de communication. Le compte Facebook de la BMV, qui fut créé par la médiatrice culturelle de cette institution, affiche ainsi aujourd’hui un ton décalé qui va dans le sens d’un rajeunissement et d’une refonte de l’image, couramment associée aux bibliothèques, de lieux refermés sur eux-mêmes.

3.6.4.2 Développement d’une identité visuelle propre

L’étape consistant à définir une identité visuelle propre pour son programme culturel a son utilité en ce qu’elle permet à une bibliothèque de se distinguer des autres évènements culturels de la région. La patte visuelle retenue pour le programme de même que pour les flyers s’avère donc un premier point de contact clé pouvant se traduire par un impact réel au niveau de la visibilité de la bibliothèque. L’approche retenue par les bibliothèques publiques de Vevey et d’Yverdon-les-Bains ressortent à ce titre comme des exemples aussi réussis qu’originaux.

Conçu sous la forme d’un petit livret d’une cinquantaine de pages, pouvant facilement tenir dans la poche, le programme conçu par la BMV présente chacune des activités prévues pour la saison, à raison d’une activité par page. Cette répartition aérée,

doublée de textes promotionnels faisant mouche avec leur ton non dénué d’humour, se veut une manière d’établir un premier point de contact concret entre les publics et les actions proposées.

L’approche retenue par la BPSYB s’avère également intéressante. Contrairement à la BMV, le programme destiné aux publics adultes (dès 11 ans) se retrouve imprimé sous une forme distincte de celui destiné aux jeunes publics (0 à 10 ans). Chacun de ces deux programmes possède dès lors son identité visuelle propre. A défaut de livret se feuilletant à la façon d’un livre, cette bibliothèque a choisi un format sous forme de dépliants. Le programme pour les jeunes se révèle particulièrement originale sur ce point, avec une construction visuelle qui donne tout son sens à l’aspect dépliant du programme.

La BCTP, qui possède naturellement une programmation moins dense que celle de ces deux bibliothèques, propose pour sa part un aperçu de l’entier de son programme semestriel au sein d’une même affiche promotionnelle, imprimée sous la forme d’affiches et de flyers (cf annexe 4). Cette approche offre l’intérêt d’une visibilité exhaustive des activités prévues en un coup d’œil, ce qui n’est pas négligeable face à la profusion de l’offre culturelle actuelle. En parallèle à cette affiche semestrielle, des flyers personnalisés sont également imprimés pour chaque animation. Si l’affiche ne possède donc pas l’espace suffisant pour accompagner chaque animation d’un descriptif, les flyers permettent toutefois d’y apporter un complément. Il va de soi qu’à travers son projet d’engagement d’un médiateur culturel, cette bibliothèque vise aujourd’hui à développer sa programmation. Le choix d’une forme de promotion plus adaptée, tel le livret créé par la BMV, pourrait alors s’avérer intéressant. Il s’agit cependant là d’un aspect qui sera amené à être discuté avec le ou la futur(e) médiateur/rice engagé(e), tout en tenant compte du fait que la création d’un support promotionnel de ce type implique naturellement un coût, comme nous le verrons au chapitre 4.4.2.1.

3.6.4.3 Impact sur la fréquentation d’une bibliothèque

Les différents éléments relevés dans ce chapitre semblent de toute évidence présenter une opportunité réelle face à la volonté des bibliothèques de changer leur image. Yan Buchs5, responsable de la BMV, relève que depuis la parution en 2015 de la première version du programme décrit précédemment, la fréquentation de la bibliothèque a connu une hausse de 26%, pour atteindre en 2016 un total de 40'968 personnes. A

5 Informations recueillies lors d’un entretien mené le 8 juin 2017 à la Bibliothèque municipale de Vevey

ses yeux, il ne fait donc aucun doute que cette démarche promotionnelle, à laquelle s’ajoutent naturellement la diversité et la qualité de la programmation conçue, a participé de façon directe à cette hausse de fréquentation.

Le fait de s’intéresser ici au nombre de « visiteurs » à défaut du nombre d’inscrits ou de prêts de documents n’est pas anodin. L’émergence du concept de bibliothèque troisième lieu, voulue comme un second « chez soi » convivial et ouvert à tous, s’est en effet accompagnée d’un changement dans la façon d’appréhender les résultats d’une bibliothèque publique. Plus que la question du nombre d’inscrits ou de prêts effectués sur une année, l’élément clé réside ainsi bel et bien désormais dans cette notion de « fréquentation ».

Comme la médiation culturelle et ses mises en pratiques à travers l’intervention d’un médiateur culturel s’avèrent être encore récentes dans le monde des bibliothèques publiques, la question de leur impact concret vis-à-vis de la fréquentation de ces institutions gagnera à être réabordée au cours de ces prochaines années.

3.6.4.4 Promotion destinée aux nouveaux arrivants

Une opportunité supplémentaire liée à la question de l’image des bibliothèques ressort au niveau des séances d’accueil des nouveaux habitants d’une ville. Dans le prolongement de la démarche consistant à promouvoir la programmation auprès des nouveaux inscrits de toute bibliothèque, le réseau des BVL a ainsi pris l’habitude ces dernières années de présenter un stand lors de ces séances d’accueil, qui se tiennent 2 à 3 fois par année. Tout en donnant une vraie visibilité au réseau, cette démarche, qui rencontre un immense succès, renforce la position des bibliothèques comme acteurs clés de la ville. Une bibliothèque dotée d’une programmation originale verra donc ses chances de toucher de nouveaux publics augmenter à l’occasion de ce type de séances, qui possèdent l’avantage de mettre la bibliothèque en contact avec des publics très diversifiés. Cet élément laisse ainsi mieux entrevoir en quoi l’engagement d’un médiateur peut représenter un vrai plus pour renouveler l’image d’une bibliothèque et, en cela, ses publics.

3.6.5 Opportunités vis-à-vis de la création de partenariats