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2. Analyse des résultats

2.2 Opinions des MGs, des patients et des SPs

L’étude des opinions des médecins et patients sur la VC a permis d’identifier un retentissement de ce mode de consultation médicale dans quatre domaines : d’abord un impact sur le relationnel, puis sur la prise en charge médicale, sur l’organisationnel et sur le coût en pratique. Sur les 23 articles, 19 discutaient de l’opinion du MG et 14 de ces 19 articles (74%) énonçaient une majorité de

21 jugements positifs sur la VC(16,17,18,20,21,22,27,29,31,33,34,35,37,38). 16 études sur 23 évaluaient l’opinion des patients avec 69% d’entre elles portant sur des

arguments majoritairement positifs (16,18,19,21,22,23,24,26,36,37,38). L’avis des spécialistes était peu évoqué dans l’ensemble des études et n’était détaillé que dans 5 articles(18,20,21,23,34) dont 3 montraient une satisfaction globale élevée (20,21,23) sur l’utilisation de ce système.

Le calcul de la récurrence des arguments a été effectué pour avoir une certaine mesure de ce qui est le plus évoqué et qui semblerait avoir de l’importance parmi les opinions. Ce sont des fréquences calculées en pourcentage sur la base de la totalité des articles mentionnant l’avis des MGs ou celui des SPs ou bien des patients. L’ensemble des arguments apportant une réponse à nos objectifs sont détaillés dans les quatre parties suivantes.

2.2.1 Impact sur le relationnel

Aspect positif :

Dans plusieurs études, les MGs exprimaient leur satisfaction sur l’efficacité de la VC pour communiquer à 3 avec le patient et le spécialiste (22,23,35). Pour les SPs il y a une augmentation de la confiance mutuelle avec le généraliste suite aux échanges via VC et une meilleure compréhension réciproque de leur travail (18,34) surtout s’ils se connaissaient déjà avant. Concernant le ressenti des patients, il leur apparaissait que le MG avait une meilleure attitude lors de la VC ; ils étaient satisfaits de la possibilité d’avoir un débriefing avec le MG sur l’avis spécialisé en temps réel (19,24,25,30,36,37) (38% des études sur l’avis des patients). Certains patients ont entièrement confiance en ce système et se sentent à l’aise pour communiquer (22,24,36). La relation qui s’établit via VC leur semble similaire au

22 FAF. Il apparait dans l’étude d’Anette Johansson (25) que l’implication du médecin généraliste dans les nouvelles technologies semble être un facteur influençant positivement la satisfaction du patient.

Aspect négatif :

Il existe aussi des ressentis négatifs suite à l’usage de la VC. Elle a été perçue par certains MGs comme un frein à la communication avec le patient par perte d’empathie, de naturel et par difficulté à capter les subtilités du langage(24,27,28,31)

(21% des études sur les MGs). La VC était considérée par certains MGs et SP comme une barrière à l’empathie dans l’annonce de diagnostics pessimistes (28). Les MGs ont pour certains eu l’impression de passer au second plan après le spécialiste et d’être mis à l’écart lors des échanges à 3 (34,35). Un sentiment de perte de confiance mutuelle était ressenti lorsque l’échange n’incluait pas les valeurs de respect, de modestie et de prudence, occasionnant une collaboration sous pression avec le SP (34). Les MGs pouvaient expérimenter également une certaine inhibition à ne pas exprimer librement leurs désaccords avec le spécialiste, ne voulant pas troubler le patient présent (34).

Pour certains patients, un sentiment négatif ressortait de l’attitude distante du spécialiste au cours de la VC (30). La communication entre le trinôme MG, spécialiste, patient fonctionne dans la mesure où le patient reste au centre de l’attention (34,36). En effet devant un manque d’expérience avec la VC en trinôme, le risque est de délaisser le patient entravant une prise en charge de qualité où le patient peut exprimer « un sentiment d’être de trop » (30). De plus, être témoin de désaccord entre le généraliste et le spécialiste rendait l’expérience de la VC inconfortable (34).

23 Certains SPs ont même ressenti une impression désagréable d’être testés par l’équipe soignante et le généraliste leur demandant un avis sur la prise en charge de patients (34). Les SPs ont ressenti une frustration au sujet de l’inactivité du MG au cours de la VC alors qu’ils s’impliquaient dans une volonté

d’enseignement(31,32).

2.2.2 Prise en charge médicale

Aspect positif :

La VC est un atout dans la pratique car elle apporte la possibilité pour le MG d’avoir un second avis rapide et une aide diagnostique et thérapeutique

notamment dans les prises en charge complexes (18,20,21,22,23,27,29,34,35,37) (53 % des études). L’avantage du délai rapide pour obtenir un avis spécialisé (16,25,35,36)

(25%) est cité plusieurs fois dans les opinions des patients également.

Pour les spécialistes, la présence du MG auprès du patient au décours de la VC était un élément rassurant (34), conférant une mise en place de la prise en charge dans des conditions sûres. De plus, le partage des responsabilités est jugé

confortable pour prendre en charge un patient en soins palliatifs (34).

De nombreux articles évoquent l’avantage de l’apport formateur de la VC pour les MGs (16,20,22,31,34,35) (32% des études) avec notamment la satisfaction de pouvoir prendre en charge le patient au décours de la VC en évitant une

hospitalisation (étude sur la collaboration avec les chirurgiens orthopédiques par exemple (20)). Le suivi des patients est amélioré (37). La VC profite aux patients ayant besoin d’attention selon les MGs (en soins palliatifs par exemple).

De manière générale, pour les MGs et les patients, la VC apporterait une meilleure qualité de soin et serait égale ou supérieure à la consultation

24 traditionnelle face à face (19,20,21,23,36,37) (26% de l’ensemble des articles). Pour les SPs, la supériorité de la VC à la consultation traditionnelle apparaissait dans une étude et pour certains praticiens la VC est équivalente à une consultation face à face (18,21).

Pour les patients en milieu rural, l’implication du médecin dans les nouvelles technologies permet aux personnes âgées ou présentant un handicap de pouvoir accéder à une prise en charge optimisée plus aisément (25). Sur le plan

technique, les MGs étaient satisfaits de la qualité de la VC (18) et les patients ont exprimé leur confiance envers ce mode d’échange (36).

Aspect négatif :

La prise en charge médicale pouvait être altérée par la qualité insuffisante du son et de l’image (16,21,23,24,25,29,35) (30 %) pour les MGs, SPs et patients. Il demeure une inquiétude sur la confidentialité pour les MGs (29) et les patients (26).

Pour les MGs, l’absence de contact physique est une réelle préoccupation (36). Etre privé d’un contact réel avec des gestes d’empathie est une barrière pour eux à l’annonce de diagnostic pessimiste (28) entravant une prise en charge de

qualité.

Les patients ont critiqué la VC pour son infériorité à la consultation traditionnelle dans 38 % des études (16,18,19,23,25,3 0). La mise en doute d’un examen clinique de qualité mené à distance est aussi exprimée (26).

Pour quelques SPs, il existe une difficulté pour examiner certains patients, tels que les enfants en bas âge qui pouvaient être effrayés par l’examen (23). Il ressort de manière générale des études que MG comme patient tirent un

meilleur bénéfice de l’expérience de la VC lorsque l’outil informatique est maitrisé et de bonne qualité. Le besoin d’être formé à la technologie est ainsi mis en

25 avant (27) pour une utilisation plus aisée de la VC et donc pour une

communication plus efficace (44). Une maitrise insuffisante de l’outil informatique peut constituer un frein à l’établissement d’un échange efficace autour d’une problématique de santé. L’échange de banalités autour de la VC n’est pas bien vécu dans un temps de consultation qui reste restreint (24). L’étude de Liu (24) indique que les informations utiles échangées dans une VC sont en nombre inférieur à celles partagées lors d’une consultation en FAF.

2.2.3 Impact organisationnel

Aspect positif :

Plusieurs articles mettent en avant le gain de temps (22,29,35) exprimé par les MGs et par les patients (16,24,25,35,36,37). Il y a un avantage aussi lié à la diminution des déplacements évitant dans certains cas non nécessaires les trajets pour des visites à domicile dans des endroits reculés pour les MGs et ressentie aussi par les patients en milieu rural devant voir le SP. La facilité et le confort de la VC(19,25,26,30,35,36) (38% des articles) pour le patient, l’avantage de ne pas se déplacer et la commodité d’être au cabinet de son généraliste (21,22,25,30,35,36)

(38% des articles) expliquent des taux de satisfaction élevés dans plusieurs études. Au sujet de la problématique de l’annonce de diagnostic grave, des patients ont trouvé agréable le confort de se trouver dans son environnement familier, se sentant plus à leur aise.

On note par ailleurs un bénéfice supérieur à la consultation par téléphone (21,33) expérimenté par certains MGs.

26 Aspect négatif :

La VC peut représenter une perte de temps pour MGs et SPs (24,28,29,35). La charge organisationnelle avec modifications des habitudes (27,28,29,34) peut être un poids.

En effet, la nécessité de mettre en place un planning spécifique pour établir une consultation conjointe donne lieu à un stress supplémentaire pour le MG qui doit gérer notamment les retards de patients (34,35) et pour le SP qui perd en flexibilité dans sa journée de travail (28). Certains MGs et SPs évoquent l’absence de

bénéfice de la VC par rapport à un adressage classique par courrier (34,35) : la VC n’apporterait pas de valeur ajoutée à leur travail.

2.2.4 Impact économique

Un gain économique (16,20,25,26,35,36,37) (30% des études) est affirmé par les MGs et les patients. L’utilisation de la VC en consultation conjointe a montré dans une étude la diminution de prescription d’examen complémentaire (37). La prise en charge via VC a pu éviter un certain taux d’hospitalisations, notamment en chirurgie orthopédique (20).

La qualité de la VC n’est pas forcément liée au coût du matériel comme le démontre l’étude Thomas E. Norris (21), dans laquelle le taux de satisfaction des médecins comme des patients était élevé en dépit d’un matériel de bas prix.

Enfin, les patients et les MGs ont évoqué le potentiel bénéfice environnemental de cette nouvelle pratique (25,36).

Il n’y pas de mise en évidence d’argument péjoratifs sur le coût de cette pratique exprimé dans les études retenues par les médecins ni par les patients.

27

DISCUSSION :

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