• Aucun résultat trouvé

Analyses du cycle de vie simplifiées des cloisons

5.1 Conclusions de recherche

5.2.1 Obstacles freinant l’adhésion au bâtiment écologique

En somme, malgré le fait qu’en 2008, aux États-Unis et au Canada, les bâtiments verts représentaient environ 2% du marché non-résidentiel et 0,3% du marché résidentiel, cette proportion est appelée à progresser au cours des prochaines années. Nous notons une certaine effervescence au niveau de la conception et de l’évaluation des impacts environnementaux du bâtiment, une réalité qui se traduit par la diffusion de nombreux outils d’aide à la conception et le dénombrement de plusieurs systèmes de certification. Toutefois, la nature conservatrice de l’industrie de la construction limite la progression au niveau de l’adhésion au mouvement écologique dans le bâtiment. Nous reprochons à cette industrie d’être inefficace au niveau organisationnel, d’avoir recours à une main-d’œuvre importante au niveau du mode opératoire et de fournir un produit dont la qualité ne cesse de décroître. De plus, la construction n’est pas une industrie reconnue pour miser sur la R&D, ce qui l’empêche de se démarquer au niveau de l’innovation. Pourtant, le Conseil de la science et de la technologie (CST) établit un lien entre « innovation » et « développement durable » en reconnaissant clairement le potentiel de l’industrie de la construction à générer de l’innovation dans son processus et ses procédés (CST, 2001; CST, 2003).

Par contre, nous observons que dans le mode opératoire actuel de l’industrie de la construction, les avancées techniques et procédurales naissent principalement en réaction à des situations vécues sur les chantiers. Le potentiel d’innovation est probant, mais le faible niveau de diffusion entre les différents acteurs et les différents projets ne permet pas d’assurer la transmission des nouvelles connaissances. Dans son rapport intitulé Bâtiments écologiques en Amérique du Nord, la Commission de coopération

environnementale (CEC) a répertorié sept obstacles qui freinent toujours l’adhésion plus massive à l’approche du développement durable, une situation qui est susceptible de limiter la progression des bâtiments écologiques : la dissociation entre les budgets d’immobilisation et d’exploitation, la fragmentation des incitations, les coûts initiaux plus élevés (ou perçus comme tels), les risques et l’incertitude, le manque de main- d’œuvre expérimentée, le manque de coordination et de cohérence des politiques gouvernementales relatives au bâtiment, ainsi que le manque d’investissements dans la recherche (CEC, 2008).

Le premier obstacle identifié est la dissociation qui existe entre les budgets consacrés à l’immobilisation et ceux alloués à l’exploitation. Dans la construction traditionnelle, nous attribuons des fonds pour l’acquisition immobilière et ce, indépendamment du budget destiné à l’exploitation des bâtiments. Cette façon conventionnelle de procéder désavantage la construction écologique dans la mesure où les économies réalisées au niveau de l’exploitation des bâtiments ne peuvent compenser pour les coûts de construction qui peuvent être plus élevés. Par exemple, l’intégration des énergies renouvelables dans un projet est susceptible de mener à une diminution au niveau des coûts d’approvisionnement en électricité par le réseau provincial. Par contre, cette situation engendrera potentiellement des coûts additionnels au niveau de l’équipement, mais aussi au niveau de la conception des systèmes. Le deuxième obstacle répertorié est la fragmentation des incitations. Cette relation efforts/bénéfices suppose que le promoteur (ou le constructeur) est moins enclin à intégrer des caractéristiques écologiques au niveau des bâtiments puisque seuls les occupants en bénéficient. Ainsi, la seule source incitative du promoteur est de nature économique puisque le but recherché est de récupérer les frais supplémentaires encourus en établissant le prix de vente en conséquence. Le prochain obstacle concerne les coûts initiaux plus élevés, ou perçus comme tels, des technologies ou stratégies utilisées dans le bâtiment écologique. Nous notons que les intervenants de l’industrie de la construction tendent à surévaluer le coût réel des technologies environnementales, ce qui a un effet négatif sur les intentions d’intégrer le courant écologique. Le quatrième obstacle traite des risques et de l’incertitude. Malgré que le mouvement écologique dans le bâtiment prenne de l’ampleur, il semble subsister plusieurs incertitudes au niveau de la fiabilité des technologies, des coûts de construction engendrés, des avantages économiques et du

rendement des bâtiments écologiques dans le temps. Ces incertitudes ont pour effet de refroidir l’engouement des investisseurs et des institutions financières qui sont plus réticents à reconnaître l’importance de l’investissement supplémentaire consacré aux technologies écologiques. En cinquième lieu, le manque de main-d’œuvre expérimentée agit aussi comme un facteur limitatif important. Nous remarquons que l’engouement écologique et la progression rapide de l’industrie du bâtiment écologique pourraient faire augmenter la demande au niveau d’une main-d’œuvre plus expérimentée et spécialisée. Par contre, la formation des professionnels de la construction ne semble pas suivre cette même progression. Cette situation peut s’avérer critique puisque le processus de conception intégré soutenu par l’approche du bâtiment écologique n’est viable que si les professionnels impliqués possèdent les compétences requises. Suite à la conception d’un bâtiment écologique, la construction de ce dernier s’établit comme une étape cruciale puisque le processus de réalisation aura un impact direct sur la performance environnementale du projet. De ce fait, le niveau de compétence de tous les corps de métiers impliqués revêt une importance particulière. Le sixième obstacle concerne le manque de coordination et de cohérence qui existe au niveau des politiques gouvernementales relatives au bâtiment. Ce fait permet de mettre en lumière l’importance et le besoin d’uniformiser les différentes politiques relatives au bâtiment, telles que les codes du bâtiment, afin que leurs visées ne soient pas contradictoires aux intentions du bâtiment écologique. Le dernier obstacle traite du manque d’investissements dans la recherche propre au domaine de la construction. Nous remarquons qu’une grande partie de la recherche est effectuée par des entreprises privées désireuses de se positionner sur le marché du bâtiment écologique. Nous notons également que la plupart des interventions sont dirigées vers l’amélioration ou le développement de nouveaux matériaux ou produits plus écologiquement performants. Malgré le fait que l’injection de capitaux au niveau de la recherche relative au bâtiment écologique a pu connaître un excellent rendement, nous remarquons que le degré d’investissement demeure tout de même très bas.