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Protocole de recherche

3.1 Aspects méthodologiques

Le présent projet de recherche s’inscrit dans un modèle de recherche mixte. L’intégration de méthodes de recherche mixtes permet la combinaison de l’approche qualitative et quantitative au niveau d’une même investigation dans le but de cerner des sujets de recherche d’une plus grande complexité (YIN, 2009). Dans un premier temps, la recherche qualitative nécessite la mise en commun de différents types de données qui ont été répertoriées, organisées, analysées, dans le but ultime de leur donner un sens, de mener à une interprétation et à une compréhension du sujet d’étude (CRESWELL, 2007).

Dans un deuxième temps, la recherche quantitative établit ses fondements sur la science qui vise la connaissance du monde de façon objective, écartant ainsi les valeurs puisqu’elles ne peuvent produire qu’une vision contrefaite de l’état du monde. La thèse

de la neutralité de la science se base sur les concepts de l’observabilité, la reproductibilité et l’intersubjectivité (MELLOS, 1997). Dans la littérature, nous faisons état de trois modèles de méthodologie de recherche qui combinent l’aspect qualitatif et l’aspect quantitatif : l’approche de design en deux phases, l’approche de dominant- moins dominant et l’approche de méthodologie mixte (CRESWELL, 1994). Ces trois approches se différencient par le degré d’intégration et d’interaction au niveau des données. Notre recherche s’inscrit dans l’approche de méthodologie mixte qui sous- entend la combinaison d’aspects de nature quantitative et qualitative à plusieurs ou à toutes les étapes de la recherche. Cette mixité au niveau de la typologie des données augmente la complexité du projet mais permet de tirer avantage des deux modèles (CRESWELL, 1994; FELLOWS & LIU, 2008).

Au niveau de la démarche de cette recherche, nous nous sommes premièrement attardés à faire une revue de littérature exhaustive selon trois thèmes définis. Le premier objet consiste à dresser le portrait de la rénovation au Canada, ainsi que le profil de la gestion des débris de la construction, rénovation, démolition (CRD) au Québec. Subséquemment, le deuxième thème vise l’étude et l’analyse documentaire de certains outils développés afin de minimiser l’impact environnemental de l’industrie de la construction : le principe 3RV-E, le concept d’écoconception, l’écoconstruction et le programme de certification LEED®. Ensuite, la revue de littérature est poursuivie afin de bien cerner un troisième sujet, soit les concepts de flexibilité et d’adaptabilité au niveau de la construction. Dans une approche plus quantitative, une collecte de données est finalement réalisée afin de déterminer la performance environnementale de trois types de construction de cloisons en utilisant l’analyse du cycle de vie simplifiée et la méthode Eco-indicator99. Toute cette démarche vise à valider l’hypothèse que l’inclusion de critères de flexibilité et d’adaptabilité au niveau de l’habitation a le potentiel de réduire les impacts environnementaux générés par l’industrie de la construction.

3.1.1 Thème 1 – Portrait de l’industrie de la construction

Dans un premier temps, l’objectif est de bien cerner et comprendre la dynamique de l’industrie de la construction, de la rénovation et de la démolition (CRD).

Par conséquent, l’établissement d’une revue de littérature sur le profil de marché immobilier au Canada permet d’identifier la nature des travaux qui sont exécutés, leur ampleur, leur coût et la fréquence des interventions. De plus, le recensement des impacts environnementaux et sociaux de la CRD donne la possibilité de dresser un portrait environnemental des pratiques actuelles de l’industrie de la construction canadienne. Pour compléter cette analyse, une attention particulière est portée sur la gestion des débris de CRD au Québec. Nous cherchons ensuite à cerner les cadres législatifs et réglementaires inhérents à ce secteur, à investiguer la caractérisation des déchets générés par l’industrie de la construction et à analyser la performance du secteur de la CRD par rapport à la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles.

3.1.2 Thème 2 – Outils pour faire face au problème

Dans un deuxième temps, nous recensons et analysons les approches développées pour faire face aux problèmes environnementaux et sociaux engendrés par la construction résidentielle. Nous nous attardons au principe du 3RV-E qui encadre des processus tels que la réduction à la source, le réemploi, le recyclage, la valorisation et l’enfouissement. Ensuite, nous abordons le concept de l’écodesign en déterminant le mode opératoire, les différentes approches et les différents niveaux d’écoconception. D’un point de vue analytique, nous cherchons à comprendre quelles sont les particularités de cette approche. Nous pourrons ensuite déterminer les caractéristiques principales induites au sein même du concept : la notion temporelle, l’approche technocentriste et le type d’encadrement. De façon plus spécifique, nous analysons également le concept de l’écoconstruction développé spécifiquement pour répondre aux besoins particuliers de l’industrie de la CRD. Cette nouvelle façon d’aborder et de concevoir les projets permet de développer une multitude d’outils de conception et d’évaluation des performances environnementales. En construction, l’outil le plus populaire en Amérique du Nord est sans contredit le programme de certification LEED®. Afin de bien maîtriser le contenu du programme LEED®, nous avons suivi la formation et obtenu le titre de « professionnel agréé LEED® » attribué par le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa). Enfin, par l’analyse documentaire de plus de cinquante monographies et articles traitant de la certification LEED®, il est possible de recenser

une multitude de critiques qui sont regroupées sous différents thèmes : les critiques sur la méthodologie du système, sur l’usage du procédé de certification, sur les résultats encourus et finalement sur la pertinence même du programme LEED®. Le but de cette analyse est de bien saisir les forces et faiblesses de ce type d’outil dans l’amélioration des performances environnementales de la construction.

3.1.3 Thème 3 – Adaptabilité et flexibilité

Dans un troisième temps, nous cherchons à cerner les notions reliées à la flexibilité et à l’adaptabilité au niveau du bâtiment. La consultation de plusieurs ouvrages et articles contribue à mettre en lumière les besoins au niveau de l’adaptabilité et de la flexibilité qui sont tributaires des transformations familiales, du vieillissement, de la mobilité et de l’intégration des nouvelles technologies. Cela nous permet ensuite d’identifier les types de changement que l’adaptabilité/flexibilité a le potentiel d’engendrer en définissant les différents procédés et les différentes formes possibles. Plusieurs informations sont également regroupées sur les principes d’intervention, les types d’interactions qui existent entre les systèmes du bâtiment et les différentes avenues qui peuvent être considérées pour atteindre un certain niveau de flexibilité et d’adaptabilité. De plus, nous cherchons à mettre en lien la conception et la notion d’adaptabilité/flexibilité en décrivant les différentes approches de design et les multiples stratégies présentement utilisées dans l’industrie. Nous voulons, de plus, incorporer les approches et mouvements émergents en architecture qui intègrent les notions reliées à la flexibilité et à l’adaptabilité: l’industrialisation, les systèmes constructifs industrialisés, le mouvement « Open building » et les systèmes constructifs industrialisés, flexibles et démontables (IFD). Aussi, dans le cadre du cours universitaire de deuxième cycle Séminaire en technologie du bâtiment suivi à l’automne 2009 au Japon, il a été possible de visiter des usines de préfabrication de bâtiments ou de composantes, qui utilisent des technologies de pointe pour améliorer l’impact environnemental et social de la construction (Panahome, Misawa Home, Sekisui Chemical, Sekisui House, Asahi Hebel Haus, Takahashi P.C. Curtain Walls et Urban & Housing Technology Research Institute). Nous avons également pu avoir accès au projet d’habitation Next21, considéré comme la référence mondiale au niveau de l’adaptabilité et de la flexibilité. Cette approche d’avant-garde confronte la vision nord-américaine de

la construction et ce, à plusieurs niveaux. Ce séminaire a aussi permis l’étude et la comparaison de plusieurs procédés de construction et de différents types de cloisons comportant des caractéristiques de « démontabilité » et de flexibilité.

3.1.4 D’une approche qualitative à une approche quantitative

Finalement, dans une approche plus quantitative, il est pertinent de procéder à l’évaluation environnementale de différents types de construction de cloisons. Ainsi, prendre part à une formation sur l’analyse du cycle de vie au Centre interuniversitaire de recherche sur l’analyse du cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) permet de caractériser l’empreinte environnementale de l’ossature de trois types de cloisons, soit la cloison à ossature de bois, la cloison à ossature d’acier et la proposition de cloison à ossature d’aluminium, en utilisant la méthode Eco-Indicator99.

3.1.4.1 Étude de cas multiples

Dans le protocole de la présente recherche, nous privilégions l’utilisation de la méthode de l’étude de cas multiples. Cette technique qui se situe dans une approche constructiviste, mais de type exploratoire puisque le chercheur envisage sa recherche avec certaines idées et concepts en tête (GAGNON, 2005). Bien que cette méthode soit souvent associée à la recherche qualitative (CRESWELL, 2007; GAGNON, 2005), l’étude de cas peut être de nature uniquement quantitative ou elle peut se bâtir sur une combinaison des deux approches (FELLOWS & LIU, 2008; KNIGHT & RUDDOCK, 2008; YIN, 2009). L’étude de cas est un outil axé sur l’observation et la description qui engendrent l’analyse et l’explication d’un phénomène de façon holistique. Dans sa démarche, cette méthode considère aussi bien l’expérience des acteurs que les critères reliés au contexte (CRESWELL, 2007). L’étude de cas se compose des cinq éléments suivants (YIN, 2009) :