• Aucun résultat trouvé

Problématique : construction résidentielle et environnement

6. Les vérificateurs du CBDCa procèdent ensuite à l’évaluation officielle du projet en préparant le rapport final Ils décernent ainsi une mention en fonction de la

2.1.2.4.1 Critiques sur la méthodologie

Dans un premier temps, au niveau méthodologique, une critique récurrente s’établit autour du fait que le système de pointage ne permet pas d’établir de hiérarchie au niveau des critères environnementaux considérés dans la méthodologie. Nous observons que la démarche d’obtention des crédits ne demande pas toujours un niveau d’investissement équivalent et que la contribution à la diminution des impacts sur l’environnement n’est pas de même valeur pour tous les crédits (SCHINDLER, 2009). À titre d’exemple, nous pouvons obtenir un point si nous procédons à l’installation d’un support à vélo qui est en soi une démarche simple et peu coûteuse. Par contre, nous obtenons également un point si nous développons un système de récupération de chaleur ou qui utilise une source d’énergie renouvelable, une procédure nettement plus complexe et onéreuse (BOWEN, 2005; CARROLL, 2006; DEL PERCIO, 2007). Dans cette distribution de points jugée inéquitable (ZIMMERMAN & KIBERT, 2007), nous souhaiterions la mise en place d’un principe de hiérarchisation des critères qui serait basé sur le niveau de bénéfices environnementaux engendrés par l’application des différentes technologies encouragées par la certification LEED® (HUMBERT et al, 2007). Cette modification aurait pour effet d’augmenter le niveau de représentativité des critères. De plus, cette gradation, basée sur le niveau d’importance des critères entres eux, permettrait d’améliorer la qualité environnementale des projets puisqu’elle apporterait une contrainte supplémentaire aux équipes de projet seulement intéressées par l’obtention d’une certification par l’acquisition des points les plus faciles à obtenir (SCHENDLER & UDALL, 2005).

Malgré le fait que le système de certification traite du bâtiment dans sa globalité, nous soutenons que certains critères importants auraient mérité d’être pris en compte. Premièrement, le système national de certification LEED® ne permet pas d’adresser les différences climatiques qui existent au sein d’un pays aussi grand que les États-Unis ou la Canada (CARROLL, 2006). Par conséquent, nous supposons que la zone climatique dans laquelle le projet est implanté a une incidence directe sur des préoccupations environnementales telles que la consommation d’eau, la consommation d’énergie et les îlots de chaleur (STEIN & REISS, 2004). Ensuite, nous reprochons au système de certification de bâtiments écologiques de ne pas considérer les régions en périphérie des centres urbains ou les régions plus éloignées. Cette situation peut s’expliquer par le

fait que les normes de construction sur lesquelles s’appuient certains crédits, telles que les normes de l’American Society of Heating, Refrigerating and Air-conditioning Engineers (ASHRAE), n’intègrent pas cette différenciation régionale (CARROLL, 2006). Ainsi, la rigidité du système ne permet pas d’effectuer des variations qui permettraient une meilleure concordance entre les préoccupations environnementales et les besoins spécifiques des régions (DING, 2008; SCHINDLER, 2009). Certains supposent même que permettre de régionaliser certains crédits du système est nécessaire pour assurer l’évolution de la certification LEED® (KATZ, 2008; SCHEUER & KEOLEIAN, 2002), mais d’autres se questionnent à savoir si ce type de personnalisation va à l’encontre de la simplicité et de l’uniformité nationale de la certification (STEIN & REISS, 2004). De plus, des critiques fusent à propos du fait que la certification LEED® ne prend pas en considération la dimension des bâtiments dans sa méthodologie de certification (CARROLL, 2006). En plus de l’aspect dimensionnel, l’outil ne permet pas non plus de distinction au niveau de la typologie des bâtiments. Cette situation est malencontreuse puisque la nature du bâtiment engendre une grande variabilité au niveau des besoins. Par exemple, les immeubles à bureaux ont souvent des systèmes énergétiques et mécaniques beaucoup plus complexes et sophistiqués que les immeubles à logements multifamiliaux (LASSAR, 2005). Un autre élément jugé manquant au niveau méthodologique s’articule autour du fait que le processus n’intègre pas l’analyse du cycle de vie (ACV) dans sa démarche. Cette réalité peut s’expliquer par un manque de cohésion de la transparence et de la distribution des informations (CARROLL, 2006) ou tout simplement parce que la structure de la certification, qui accorde un point par crédit, rend l’inclusion de l’ACV difficile (SOLOMON, 2005).

Le questionnement méthodologique se poursuit puisque nous déplorons que la certification LEED®, qui agit comme un outil d’atteinte du développement durable dans le bâtiment, ne considère les critères sociaux et économiques. Au niveau de son épistémologie, la certification LEED® fait la promotion des critères environnementaux, sans toutefois considérer spécifiquement les critères économiques. Même en sachant que cette cohésion demeure indispensable pour assurer le succès des projets de bâtiments verts, les liens entre la sphère environnementale et économique sont difficiles à identifier (DING, 2008; ZIMMERMAN & KIBERT, 2007). Les bénéfices environnementaux ont un impact sur le budget et les ressources financières disponibles

ont une incidence sur les aspects environnementaux qui peuvent être considérés dans le projet; la conjugaison de ces deux aspects limitatifs est impérative dans le bâtiment vert et elle guide l’équipe tout au long du projet (SCHENDLER & UDALL, 2005; ZIMMERMAN & KIBERT, 2007). De plus, dans une perspective de « tripolarité » de la durabilité, nous devons également considérer les critères sociaux au même plan que les aspects économiques et environnementaux. Par contre, la certification LEED® semble limitée à ce niveau puisque les facteurs sociaux ne sont atteints que de façon indirecte dans certaines normes de référence (ZIMMERMAN & KIBERT, 2007).

Le système de certification LEED® reçoit également des critiques au niveau de la méthodologie utilisée au niveau des différents calculs. De façon arbitraire, LEED® base plusieurs de ses crédits sur des calculs utilisant des données à caractère économique. En basant ainsi les calculs sur des variables de coût, nous risquons d’engendrer des disparités au niveau des résultats. Cette réalité s’explique par les variations possibles dans les données d’ordre tarifaire, telles que le coût des matériaux ou le prix de l’énergie (SCHEUER & KEOLEIAN, 2002). L’autre conséquence de l’utilisation des calculs à variables économiques est qu’il n’existe peu ou pas de relation entre le coût et l’impact environnemental, ce qui ne permet pas de quantifier l’empreinte environnementale de façon claire et précise (SCHEUER & KEOLEIAN, 2002). Voici quelques exemples qui permettent de mieux comprendre la nature de cette critique. Le premier cas se trouve au niveau du crédit qui vise à optimiser la performance énergétique pour lequel nous utilisons une équation qui implique le coût de l’énergie. Le problème de cette méthode est qu’il existe plusieurs types d’énergies et que chacune d’elle possède un tarif qui lui est propre. Par conséquent, les différentes énergies utilisées sont susceptibles d’avoir une influence notable au niveau du taux de performance du bâtiment. La méthode de calcul favorise donc les énergies les plus coûteuses et ce, sans considération du niveau d’impact environnemental engendré (CARROLL, 2006). Le deuxième exemple concerne le crédit faisant la promotion de l’utilisation des matériaux régionaux. Nous faisons remarquer qu’il n’est pas fondé d’utiliser un calcul basé sur des variables économiques puisque le coût des matériaux n’a peu ou pas d’influence sur l’impact écologique du transport (CARROLL, 2006). Pour remédier à cette situation, nous suggérons que si l’intention est de réduire le transport, nous devrions inclure l’utilisation d’une équation avec une variable de masse du matériau qui a une influence directe sur l’empreinte

environnementale (CARROLL, 2006; SCHEUER & KEOLEIAN, 2002; TRUSTY, 2006). Le dernier cas s’intéresse au crédit traitant du contenu recyclé des matériaux. La considération tarifaire du matériau suggère à tort un lien entre la performance économique et la performance environnementale. En fait, l’équation à variable de coût ne fournit aucun indice sur l’avantage d’utiliser des matériaux à contenu recyclé plutôt que des matériaux dits neufs. Ce type de calcul tend plutôt à favoriser l’utilisation des matériaux à contenu recyclé qui sont plus dispendieux (CARROLL, 2006).

Enfin, toujours d’un point de vue méthodologique, nous remarquons que la certification LEED® ne considère que l’énergie utilisée lors de la mise en service et de l’opération du bâtiment, négligeant de prendre en compte l’énergie utilisée sur tout le cycle de vie opérationnel du bâtiment (CARROLL, 2006). Aussi, dans ce même créneau d’optimisation énergétique, nous notons qu’aucune différenciation n’est faite à l’égard du type d’énergie dont nous visons à minimiser l’utilisation. Ainsi, les stratégies privilégiées pour atteindre une réduction de la consommation énergétique ne risquent pas nécessairement de se traduire par des bénéfices environnementaux. Cette réalité s’explique aisément puisque chaque type d’énergie a un profil d’émissions distinct et engendre donc un impact différent (CARROLL, 2006; SCHEUER & KEOLEIAN, 2002; TRUSTY, 2006).