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2.2.3. D EFINITION DE LA PARENTALITE

2.2.4.1 Observations du modèle de Belsky

Comme nous l’avons dit dans le point 2.4 «Déterminants de la parentalité - Modèle de Belsky» : « […] Belsky (1984) a conféré un rôle proximal très fort à la personnalité du parent en tant que facteur déterminant les comportements éducatifs. » (Roskam, Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p.143). Néanmoins, bien que les déterminants liés aux caractéristiques des parents aient une grande influence sur la parentalité, Belsky souligne également que « […] la parentalité est déterminée de façon multiple. Elle résulterait de nombreuses sources d’influences. » (Roskam, Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p.136). Ces sources d’influences peuvent être les caractéristiques de l’enfant ainsi que le contexte dans lequel les parents vivent. Il est fort de constater que, outre le fait qu’il y ait une partie plus personnelle qui guide cette parentalité, d’autres enjeux viennent s’additionner et exercent également une influence.

Concernant le facteur « personnalité des parents », plusieurs études empiriques basées sur le modèle de « Cinq Facteurs » ou « Big Five » ont été effectuées afin mettre en relation « […] les traits de personnalité des parents évalués […] et leurs pratiques éducatives à l’égard de leurs enfants. » (Roskam, Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p.143). Ce modèle des « Cinq Facteurs » permet de déterminer les traits qui font partie de la personnalité et qui représentent des enjeux quant à la parentalité. Il s’appuie sur cinq traits principaux qui sont l’Extraversion, l’Agrément de contact, le caractère Consciencieux, la Stabilité émotionnelle ainsi que l’Ouverture à l’expérience. Une analyse effectuée en 2009 par Prinzie, Stams, Deković, Reijntjes & Belsky (2015) cités par Isabelle Roskam ; Sarah Galdiolo ; Jean-Christophe Meunier et Marie Stiévenart dans leur ouvrage «Psychologie de la parentalité » permettent de constater quelques observations intéressantes :

«Les adultes obtenant des scores élevés en Neuroticisme (ou faible en terme de Stabilité émotionnelle) se présentent plus stressés, anxieux, tendus et nerveux ; leur humeur est plus labile. Cette tendance envers une émotionalité négative peut entraver la manière dont le parent initie et maintient une interaction positive avec l’enfant de même qu’elle peut limiter la capacité du parent à déceler les signaux émotionnels de l’enfant. […] Les parents instables émotionnellement

peuvent également avoir davantage tendance à attribuer des intentions négatives à l’enfant lorsque celui-ci se conduit de manière indésirable. Ces attributions hostiles peuvent être à l’origine d’une parentalité sévère ou punitive.» (Roskam ; Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p. 143-144)

« L’Agrément de contact se réfère à l’empathie démontrée par les individus, tant dans leur manière de penser leurs relations aux autres que dans les comportements qu’ils adoptent. […] Les parents ayant des scores élevés sur ce trait sont enjoués et caractérisés par une grande amabilité et une empathie naturelle ; ils se montrent chaleureux et protecteurs ; leurs attributions concernant les comportements de l’enfant sont positives. » (Roskam ; Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p. 144)

Nous pouvons constater une multitude de facteurs personnels liés aux parents qui influent sur leur parentalité et leurs comportements éducatifs. Néanmoins, il ne faut pas oublier que les facteurs tels que les déterminants liés aux enfants ainsi que le contexte restent présents et qu’ils vont également exercer une influence. Par exemple, le tempérament de l’enfant va engendrer une réaction chez ses parents qui peut se manifester de différentes manières en fonction du stimulus donné par l’enfant : «[…] un enfant irritable favorisera chez ses donneurs de soin des comportements d’évitement. » (Roskam ; Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p. 172) ou encore :

« Au contraire, un enfant au tempérament facile élicitera chez les personnes de son entourage des occasions d’interactions multiples. Les affects positifs manifestés agissent comme des renforcements qui augmentent la probabilité que les donneurs de soin s’adonnent à des échanges avec l’enfant. » (Roskam ; Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p. 172)

En outre, à cela s’ajoutent les éléments liés au contexte. En fonction de l’environnement dans lequel se trouvent les parents, ils auront plus ou moins de ressources pour pallier à leur rôle.

Premièrement, il y a le niveau d’études des parents qui est lien avec le travail qu’ils exercent ainsi que le salaire perçu. En ce sens, la situation financière d’une famille peut avoir une influence sur les comportements parentaux en fonction de son état. Si le niveau de vie des parents est bon, ils auront accès à des ressources telles que des activités extrascolaires pour leur⋅s enfants⋅, des activités en famille comme les vacances ou encore des institutions externes pour la garde des enfants. Ces moments permettent aux familles de relâcher la pression du quotidien et de renforcer les liens. De plus, ils ne subissent pas de pression concernant l’aspect financier. Les parents peuvent alors déterminer et choisir ce qui leur paraît bénéfique pour leur⋅s enfants⋅ puisqu’ils ont les moyens de le faire ainsi que de se consacrer à la qualité du lien qu’ils entretiennent avec leur⋅s enfant⋅s. Dans le cas contraire,

une famille avec peu de moyens est vite rattrapée par l’inquiétude de pouvoir faire vivre convenablement ses membres. Ceci peut impliquer une organisation de famille peu stable ou très chargée s’il y a une accumulation d’activités professionnelles par les parents. Ensuite, l’accès aux activités extérieures se voit vite limité. Ce genre de situations peut engendrer une source de stress au sein de la famille qui prend le pas sur la relation entre parents et enfant⋅s. Nous pouvons donc constater que la situation économique d’une famille liée au niveau d’étude des parents représente un facteur important concernant les comportements éducatifs parentaux. En outre, Jacques Lautrey (2015) cité par Isabelle Roskam ; Sarah Galdiolo ; Jean-Christophe Meunier et Marie Stiévenart dans leur ouvrage «Psychologie de la parentalité » démontre que :

« […] les valeurs d’obéissance et de respect des normes étaient plus présentes dans les milieux socioéconomiques plus bas tandis que les valeurs d’autonomisation et de performance étaient plus caractéristiques des niveaux socioéconomiques supérieurs. » (Roskam ; Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p. 177)

Ce passage nous démontre bien les différences de focales entre les parents de classes sociales distinctes.

Deuxièmement, il y a la situation conjugale au sein du couple : « La relation conjugale peut être considérée comme un déterminant des comportements parentaux dans la mesure où le couple conjugal constitue une source potentielle de support pour chacun des parents. » (Roskam ; Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p. 177). Les relations entre les parents sont très importantes, car elles influent sur les relations qu’entretient chaque parent avec leur⋅s enfants⋅. Un autre aspect de la relation de couple est l’accueil d’un enfant. Les parents passent alors par une étape durant laquelle « […] la satisfaction conjugale tend à diminuer […] » (Roskam ; Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p. 178). En effet, l’arrivée d’un enfant au sein du couple demande une restructuration de la famille et du quotidien ainsi que des rôles de chacun : « De ce fait, elle engendre une moindre satisfaction conjugale et par là même, elle influence le bien-être du parent, ses affects et émotions ou encore le stress parental éprouvé. » (Roskam ; Galdiolo ; Meunier ; Stiévenart, 2015, p. 178). Dans ce paragraphe nous parlons de familles dont les parents sont en couple et appréhendent la situation ensemble. Néanmoins, n’oublions pas que dans d’autres modèles de familles tels que les familles monoparentales, les familles recomposées, etc., la dynamique est tout autre et des facteurs différents peuvent entrer en ligne de compte. Béatrice Lamboy cite un passage de la « Conférence de la famille » de 1998 dans son article qui illustre bien les difficultés rencontrées :

« L’exercice de la parentalité devient aujourd’hui de plus en plus difficile notamment pour les jeunes couples, les familles monoparentales, les familles recomposées, les familles issues de l’immigration. Différents facteurs sont à

l’origine de cette situation: les modifications des relations intergénérationnelles, le développement du travail à temps plein ou atypique des mères hors du foyer familial, la précarité de l’emploi, les difficultés de logement, les conflits conjugaux, l’évolution des mentalités et des représentations surtout.» (Lamboy, 2009, p. 38)

Dans ce point « Observations du modèle de Belsky », nous avons développé les déterminants qui sont susceptibles d’influencer la parentalité tout en sachant que pour chaque déterminant, divers facteurs interviennent. Ces éléments sont interdépendants bien que chacun ait ses propres particularités. Si un des éléments bouge, cela aura une influence sur les autres. En fonction de ce qui se trouve dans chacun d’eux la configuration de la parentalité peut se modifier de façon positive ou négative et aura des effets sur les enfants.