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TOXICODEPENDANTE SUR LES ENFANTS

E. I NTERVENTION FAMILIALE

Nous relevons au centre des discours des professionnels interviewés, qu’il y a un point commun entre les trois domaines d’action sur lesquels nous nous sommes intéressées. Ce point commun est celui de l’intervention familiale au sein des familles fragilisées. Les professionnels expliquent qu’ils interviennent tous dans le domaine familial, mais avec des objectifs et un positionnement différents. Les travailleurs sociaux disent qu’il y a des zones communes dans leurs axes d’interventions à savoir l’intérêt de l’enfant, l’évolution de la mère toxicodépendante et le lien mère-enfant.

« […], mais il y a quand même toujours des zones communes et la zone commune c’est travailler ensemble dans cette zone pour faire que cette zone commune elle grossisse pour arriver à une espèce de travail fluide et c’est possible avec des gens bien intentionnés. » (A1, l. 285-287)

L’intervention familiale permet aux professionnels de la protection de l’enfant, de l’accompagnement familial et de l’accompagnement individuel des mères dépendantes de travailler sur cette base commune afin de faire évoluer la situation.

« C’est possible de bosser avec les services de protection de l’enfant, nous notre rôle c’est aussi de dire à ces service : "Attention ne supprimons pas le lien sous prétexte, prenons un bout de risque pour le gamin". La notion elle est là, c’est

comment on ose prendre un peu des risques et après on doit aussi être garant et dire non là le risque est trop élevé […] » (A1, l. 287-291)

Résumé

" La majorité des professionnels se sont dirigés vers une formation de base dans le domaine du social puis, ont effectué des formations continues afin de se spécialiser. " Les professionnels interviewés viennent de trois domaines spécifiques à savoir :

l’accompagnement familial, l’accompagnement des mères toxicodépendantes et la protection de l’enfant.

" Deux types de professionnels ont été interrogés : des assistants sociaux qui travaillent autour de la protection de l’enfant et autour des dépendances ; des éducateurs sociaux qui supervisent l’accompagnement familial lors de problèmes de dépendances.

" Le cadre donne un fil rouge aux interventions des professionnels. Il se veut également soutenant pour les professionnels.

" La collaboration entre professionnels ainsi que le travail en réseau sont deux aspects très importants dans l’accompagnement des professionnels. Ils permettent de couvrir une plus large perspective dans une situation.

" Il y a un point commun qui réunit les professionnels interrogés c’est celui de l’intervention familiale, mais avec une focale et des objectifs différents.

" Les trois champs d’action des travailleurs sociaux interviewés se révèlent être complémentaires en raison du positionnement différent de chaque professionnel qui permet de couvrir l’ensemble d’une situation.

" La plupart des professionnels interrogés travaillent sous mandat donné par une autorité de protection suite aux suspicions de mise en danger d’enfants, ce qui leur permet d’avoir une ligne conductrice dans leur accompagnement. Une réévaluation avec les autorités est parfois nécessaire.

4.2.2.PROFIL DES MERES TOXICODEPENDANTES ACCOMPAGNEES

Nous sommes conscientes qu’il est difficile de donner un profil type d’une mère toxicodépendante, mais nous avons questionné les travailleurs sociaux sur certains éléments qui nous paraissaient essentiels afin de mieux comprendre les enjeux de leur accompagnement. Nous relevons dans le discours des travailleurs sociaux, qu’il y a deux profils types de mères toxicodépendantes : les femmes qui sont en consommation active et les femmes qui sont en traitement de substitution (méthadone ou produits dérivés).

Nous rappelons que notre recherche est focalisée sur le développement du lien entre enfants et mères toxicodépendantes à partir de leur naissance, jusqu’à leur majorité.

4.2.2.1. Âge

Concernant la moyenne d’âge des mères souffrant d’addiction, il s’est avéré que la majorité des éducateurs sociaux ainsi que la moitié des assistants sociaux ont accompagné des femmes dépendantes entre 30 et 40 ans. Nous avons tout de même relevé quelques situations où les professionnels ont accompagné de très jeunes mères ayant entre 15 et 16 ans.

4.2.2.2. Histoire de vie et situation des mères toxicodépendantes

Dans leur discours, l’ensemble des professionnels interrogés présente des histoires de vie douloureuses des femmes toxicodépendantes qu’ils ont suivies. Certains travailleurs sociaux expliquent qu’une partie de ces mères sont des enfants qui n’étaient pas désirés et sur qui les parents rejetaient la faute. La plupart des professionnels expliquent que ce sont généralement des adultes qui ont été maltraités physiquement et/ou psychiquement, et abusés sexuellement durant leur enfance:

« Mais évidemment ce sont des gens qui ont été maltraités, il y a eu de l’abus, de la consommation chez leurs parents, donc il y a eu une histoire d’enfance qui est très lourde. » (E4, l. 333-335)

Selon les professionnels interviewés, ces traumatismes de l’enfance provoquent de l’insécurité chez ces mères dans leur confiance en soi et dans leur estime de soi. En effet, la plupart des professionnels soulèvent une fragilité psychique importante qui est présente chez la plupart de ces femmes.

« Elle a commencé à avoir des comportements à risques elle était jeune, elle avait 13 ans, elle faisait vraiment n’importe quoi, il n’y avait plus personne qui avait de l’emprise sur elle. Il y a eu le placement pour elle et mille choses mises en place et pis très vite il y a une fragilité psychique qui est ressortie. Les psychologues qui la suivaient disaient, mais attention c’est vraiment une jeune qui a un profil fragile et que ce n’était pas juste la jeune rebelle qui avait pas eu de cadre. » (A2, l. 93-98)

Les travailleurs sociaux expliquent que ces femmes se sont généralement d’abord réfugiées dans la consommation de cannabis puis d’alcool et finalement dans les drogues dures afin de s’échapper de leur réalité douloureuse. La plupart des professionnels se rejoignent à dire que ce sont finalement des femmes avec un parcours de poly-consommations. Pour la plupart de ces mères, l’initiation de leur parcours de consommatrice a débuté très jeune.

« Enfin tu retrouves toujours le même truc : que ce soit alcool, drogue, ou joint, tu retrouves toujours un peu cette configuration de gens avec une fragilité, qui

manquent de confiance, qui manque d’estime, et pis dès que ça ne va pas, et ben ils fuient comme ça. » (E3, l. 381-383)

A. S

ITUATION RELATIONNELLE AVEC LE PERE DE L

ENFANT ET

/

OU AVEC LE