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TOXICODEPENDANTE SUR LES ENFANTS

2.4.3. A XES D ’ INTERVENTIONS

2.4.3.5. Axe d’intervention centré sur l’accompagnement familial

Jean-Pierre Couteron explique dans son article « Familles et dépendances » (2007), que chez les familles où il y a présence d’un parent toxicodépendant, la question de l’autorité éducative est essentielle dans l’accompagnement. Il rappelle comment Françoise Héritier (1981), anthropologue française, explique l’autorité :

« […] l’autorité repose tout à la fois sur le principe d’antériorité et le désir. L’antériorité représente la source naturelle de l’autorité. Elle fait incarner par l’ancêtre, celui qui a fait avant, la capacité de transmission de ses compétences et la viabilité de la culture. » (Couteron tiré de Héritier, 2007)

La plupart des personnes dépendantes se trouvent confrontées à des problèmes conjugaux et/ou familiaux, ce qui pourrait en plus les encourager dans la poursuite de leur consommation. Isabelle Tamian (2015), docteure en psychologie clinique et conseillère conjugale et familiale, décrit bien le processus d’accompagnement conjugal ou familial :

« Accompagner un couple, une famille, ce n’est pas uniquement tenter une médiation qui se contenterait d’offrir une paroi de résonance aux conflits, mais c’est offrir un appui par l’écoute de la parole de sujets en souffrance dans la quête de l’origine de leur lien. Ce travail d’accueil et d’accompagnement initial de la famille produira ses effets et notamment celui, de ramener la notion d’altérité et permettre un travail de subjectivation de chacun à travers le processus de différenciation entre les conjoints et les générations. » (Tamian, 2015, p. 10)

L’auteure démontre l’importance de « penser l’articulation entre les souffrances psychiques individuelles et la souffrance familiale, ainsi que de considérer le sujet porteur du symptôme également comme le haut-parleur de la souffrance familiale. » (Tamian, 2015, p. 12)

Un élément essentiel est de s’ancrer dans le « ici et maintenant », leur accorder une présence, une écoute, un regard positif en valorisant ces personnes toxicodépendantes et leur famille. C’est les rejoindre là où elles se trouvent, comprendre leurs besoins et leurs envies, leurs difficultés et leurs faiblesses, co-construire un projet avec elles afin de les accompagner dans leur évolution. Il s’agit alors de favoriser le contact, la communication entre le toxicomane et sa famille, les inclure dans leur projet afin qu’ils en deviennent auteurs et acteurs (Monjauze, 2008).

3. METHODOLOGIE

Dans ce chapitre nous allons reprendre notre question de départ afin de bien comprendre la manière dont nous avons construit la méthodologie autour de notre thème :

Comment les travailleurs sociaux permettent aux mères souffrant d’addiction de développer leurs compétences parentales afin qu’elles puissent répondre aux besoins

de leur!s enfant!s?

Nos différentes lectures en rapport avec notre question de recherche nous ont donc amenées à poser les hypothèses suivantes :

1. Les éducateurs sociaux et les assistants sociaux sont limités dans l’accompagnement des mères souffrant d’addiction en raison du cadre institutionnel qui leur ait imposé.

2. Les mères souffrant d’addiction se retrouvent confrontées au paradoxe qui est celui de demander de l’aide des professionnels, sans démontrer trop de faiblesses pour éviter de subir certaines mesures.

3. Le travail des professionnels autour des besoins des mères toxicodépendantes en terme de parentalité, leur permet de développer leurs compétences parentales. 4. La consommation des substances psychotropes des mères souffrant d’addiction ne

leur permet pas d’exercer leur rôle parental de manière efficiente.

3.1. LE TERRAIN DE RECHERCHE

Afin d’approfondir la réflexion sur les différents enjeux de l’accompagnement du travailleur social auprès des mères souffrant d’addiction, nous avons décidé de nous focaliser sur deux orientations pour notre terrain de recherche soit, l’éducation sociale et le service social. Cette démarche consiste à comprendre la réalité du terrain vécue par les professionnels envers lesquels nous nous sommes dirigées ainsi que leurs interventions.

En ce sens, nous recherchons à identifier les différents aspects de l’accompagnement des travailleurs sociaux envers les mères toxicodépendantes à savoir : le travail sur la parentalité, comprendre comment les professionnels perçoivent la réalité des mères souffrant d’addiction et devant répondre aux besoins de leurs enfants et saisir les méthodes d’accompagnement proposées par les travailleurs sociaux.

Les terrains de recherche ont été définis de manière à toucher les professionnels experts dans le domaine de la parentalité, de la protection de l’enfant ainsi que de l’addiction. Nous sommes conscientes que nos trois domaines de recherche présentent des accompagnements qui sont ambulatoires et non résidentiels. De ce fait, notre analyse se concentrera sur l’accompagnement des professionnels qui interviennent uniquement en ambulatoire.

3.2. L’ECHANTILLON

Afin de constituer notre échantillon, nous avons décidé de fixer certains critères afin de cibler au mieux les travailleurs sociaux qui pourraient nous amener des éléments pouvant répondre à notre question de recherche. Voici les principaux critères :

• Travailleurs sociaux formés dans le domaine de l’éducation sociale ou du service social ;

• Travailleurs sociaux spécialisés dans le domaine de l’addiction, de la parentalité ou de la protection de l’enfant ;

• Travailleurs sociaux de sexe masculin ou féminin de tout âge ;

• Travailleurs sociaux possédant un nombre d’années d’expérience variables ;

• Travailleurs sociaux intéressés par notre thématique et ouverts à répondre à nos questions.

FIGURE 3 :ÉCHANTILLON DES PROFESSIONNELS

PERSONNES LANGUE SEXE AGE ORIENTATION

A1 Français Homme 30 ans AS

A2 Français Femme 34 ans AS

A3 Français Femme 42 ans AS

A4 Français Femme 35 ans AS

E1 Français Homme 62 ans ES

E2 Français Homme 45 ans ES

E3 Français Homme 55 ans ES

L’échantillon ayant accepté de répondre à nos questions représente un équilibre entre les éducateurs sociaux et les assistants sociaux travaillant pour chacun d’entre eux dans un des trois domaines cités au point 3.1 « Le terrain de recherche ».

Les professionnels vers lesquels nous nous sommes tournées étaient en lien direct avec des mères toxicodépendantes ce qui nous a permis de récolter un bon nombre d’informations provenant directement du terrain. Il était important pour nous que ces travailleurs sociaux interviennent dans une situation où les questions de l’addiction et de la parentalité étaient présentes.

LANGUE

Nous avons décidé de nous concentrer sur un échantillon uniquement francophone en raison des terrains de recherche que nous avons sélectionnés pour nos entretiens.

SEXE

Notre échantillon est composé de trois femmes et cinq hommes. Nous avons constaté quelques petites différences dans les opinions entre les hommes et les femmes concernant la toxicomanie et la parentalité. En effet, les femmes se sont montrées un peu plus sensibles face à cette problématique en raison d’une part du fait d’être mère et donc ayant expérimenté la parentalité et d’autre part nous avons constaté qu’elles réagissaient plus rapidement à certains déclencheurs tels que des situations de mise en danger d’un enfant par exemple. Néanmoins, cet aspect n’a pas fait l’objet d’un approfondissement dans notre analyse.

ÂGE

L’âge des professionnels variait entre 30 et 62 ans ce qui nous a permis de recueillir des informations très variées en fonction de l’expérience des sujets interrogés. Nous ne pouvons cependant pas faire un lien entre le récit des professionnels ayant plus d’expériences à leur actif et les autres en raison de leurs domaines de travail qui sont différents et qui n’ont donc pas les mêmes objectifs.

ORIENTATION

Nous avons obtenu la parité totale concernant l’orientation des sujets interrogés. En effet, nous avons eu quatre éducateurs sociaux ainsi que quatre assistants sociaux. Ceci nous a permis d’avoir un certain équilibre dans l’analyse des propos des travailleurs sociaux.