4. Traitements et résultats
4.2. Organisation de la végétation à l’échelle de la Baie du Mont-Saint-Michel
4.2.1. Observation de l’organisation de la végétation des marais salés
Nous nous sommes servis de la carte de végétation de 2002 (ref) pour analyser
qualitativement l’organisation de la végétation à l’échelle de la Baie du Mont-Saint-Michel.
Cette carte comporte à l’origine 28 types de végétation, pouvant chacun être présent
seul ou en combinaison avec les autres types. Nous avons simplifié la carte en ne prenant en
compte que les huit espèces caractéristiques d’un type de végétation (les codes de la carte
d’origine sont entre parenthèses): Salicornia sp. (1a), Suaeda maritima (1b), Spartina sp. (2),
Puccinellia maritima (3), Halimione portulacoides (4), Festuca rubra (5), Elytrigia atherica
(6), et Agrostis stolonifera (7). Nous avons considérer deux niveaux de présence. Lorsqu’un
polygone est caractérisé par un seul type de végétation, l’espèce correspondant à ce type de
végétation y est dite dominante. C’est également le cas quand le type de végétation est présent
en combinaison avec d’autres types, et qu’il est indiqué en premier dans la légende (cela
signifie qu’il couvre au moins 50% de la surface étudiée). Lorsque le type de végétation est
indiqué en deuxième ou en troisième dans la légende d’un polygone, l’espèce correspondante
est dite présente. Par exemple, l’espèce Halimione portulacoides (4a et 4b) est dominante
dans un polygone dont la légende est 4a / 6b, mais seulement présente pour un polygone dont
la légende est 3c / 4a. On obtient ainsi une carte de présence et dominance pour les huit
espèces considérées (Figures 83 à 90). Dans une première approche, on peut analyser
visuellement ces cartes et observer la position sur le marais de l’espèce considérée : est-elle
présente vers la côte, vers la limite du marais ? On peut également voir si une espèce présente
une répartition homogène sur la Baie, où si elle se concentre dans un secteur. Il est alors
intéressant de comparer visuellement sa répartition aux cartes des facteurs écologiques
pouvant influencer la présence de la végétation, notamment la carte du pâturage.
On peut ainsi observer le fait que Salicornia sp. (Figure 83), Suaeda maritima (Figure
84), et Spartina sp. (Figure 85) se rencontrent en limite de marais, sur les zones de faible
altitude, mais que Salicornia sp. et Suaeda maritima peuvent également être présentes à
l’intérieur du marais. Salicornia sp. et Suaeda maritima sont réparties sur l’ensemble de la
Baie, tandis que Spartina sp. n’est présente qu’à l’Ouest du Mont-Saint-Michel. En ce qui
concerne le pâturage, Suaeda maritima et Spartina sp. ne se rencontrent pas sur les zones
pâturées. Pour Spartina sp., ceci pourrait être dû au fait que l’espèce pousse seulement en
limites de marais, sur des terrains que les troupeaux n’atteignent pas. Pour Suaeda maritima
cela pourrait être le signe d’une certaine sensibilité au pâturage. Salicornia sp. peut au
contraire se rencontrer sur des terrains pâturés, comme c’est le cas à l’Est dans la zone des
estuaires. Elle serait donc moins sensible au pâturage que Suaeda maritima.
Festuca rubra, Elytrigia atherica, et Agrostis stolonifera se rencontrent
principalement le long de la côte, donc aux altitudes les plus élevées. Cependant, leur
répartition n’est pas limitée au haut schorre et on peut voir qu’elles couvrent une large partie
des marais salés. Elytrigia atherica notamment est observée presque jusqu’aux limites des
marais, en particulier dans les grands herbus entourant le Mont-Saint-Michel. Les répartitions
de Festuca rubra et Elytrigia atherica sont assez homogènes sur l’ensemble de la Baie, alors
que Agrostis stolonifera ne se retrouve qu’à l’Est, dans le secteur des estuaires : on peut se
demander si cela est dû à la granulométrie plus élevée dans ce secteur, à la présence de l’eau
douce, ou au pâturage. En effet, les secteurs couverts d’Agrostis stolonifera sont pâturés pour
leur grande majorité. Ceci est également vrai pour Festuca rubra. Ces deux espèces sont donc
favorisées par le pâturage, qui semble nécessaire à leur présence. Elytrigia atherica est
présente à la fois sur des terrains pâturés et non pâturés, et les relations entre cette espèces et
le facteur Pâturage restent encore à préciser.
Enfin, les espèces Puccinellia maritima (Figure 89) et Halimione portulacoides
(Figure 90) se rencontrent sur des secteurs intermédiaires entre la côte et la limite des marais,
à des altitudes moyennes. Puccinellia maritima présente une répartition homogène sur toute la
Baie, et est majoritairement présente sur des secteurs pâturés, mais pas uniquement. Cette
espèce est favorisée par le pâturage, mais celui-ci ne semble pas indispensable à son
développement. Au contraire, Halimione portulacoides n’est rencontrée que sur des secteurs
non pâturés. Elle est notamment absente du secteur des estuaires à l’Est, où le pâturage est le
plus intensif. Ceci serait un signe d’une grande sensibilité au pâturage.
Figure 83 : Répartition de Salicornia sp. (1a) en Baie du Mont-Saint-Michel, obtenue à partir de
la carte de végétation de 2002 (ref). Les zones pâturées sont indiquées en rouge hachuré.
Figure 84 : Répartition de Suaeda maritima (1b) en Baie du Mont-Saint-Michel, obtenue à partir
de la carte de végétation de 2002 (ref). Les zones pâturées sont indiquées en rouge hachuré.
Figure 85 : Répartition de Spartina sp. (2) en Baie du Mont-Saint-Michel, obtenue à partir de la
carte de végétation de 2002 (ref). Les zones pâturées sont indiquées en rouge hachuré.
Figure 86 : Répartition de Festuca rubra (5) en Baie du Mont-Saint-Michel, obtenue à partir de
la carte de végétation de 2002 (ref). Les zones pâturées sont indiquées en rouge hachuré.
Figure 87 : Répartition d’Elytrigia atherica (6) en Baie du Mont-Saint-Michel, obtenue à partir
de la carte de végétation de 2002 (ref). Les zones pâturées sont indiquées en rouge hachuré.
Figure 88 : Répartition d’Agrostis stolonifera (7) en Baie du Mont-Saint-Michel, obtenue à partir
de la carte de végétation de 2002 (ref). Les zones pâturées sont indiquées en rouge hachuré.
Figure 89 : Répartition de Puccinellia maritima (3) en Baie du Mont-Saint-Michel, obtenue à
partir de la carte de végétation de 2002 (ref). Les zones pâturées sont indiquées en rouge
hachuré.
Figure 90 : Répartition de Halimione portulacoides (4) en Baie du Mont-Saint-Michel, obtenue à
partir de la carte de végétation de 2002 (ref). Les zones pâturées sont indiquées en rouge
hachuré.
L’ensemble de ces conclusions peut être résumé sous forme d’un tableau (Tableau 48).
Tableau 48 : Répartition simplifiée des espèces végétales sur la Baie du Mont-Saint-Michel selon
l’altitude et le pâturage.
Altitude Secteur non pâturé Secteur pâturé
Altitude basse
Spartina sp.
Suaeda maritima
Salicornia sp.
Salicornia sp.
Altitude intermédiaire Halimione portulacoides
Puccinellia maritima Puccinellia maritima
Altitude élevée Elytrigia atherica
Elytrigia atherica
Festuca rubra
Agrostis stolonifera
Les relations entre les espèces végétales et les facteurs écologiques sont ici simplifiées
et il convient maintenant d’analyser en détail l’influence de chaque facteur.
Dans le document
Apports du LiDAR à l'étude de la végétation des marais salés de la baie du Mont-Saint-Michel
(Page 153-157)