• Aucun résultat trouvé

Introduction de la première partie

2.3. Collecte des données endogènes

2.3.2. Suivi des Traits d’Histoire de Vie des colonies

2.3.2.2. Observation des stratégies de reproduction

L’observation de la dynamique démographique ou stratégies de reproduction des colonies a nécessité la collecte de nombreuses informations de nature qualitative, quantitative et semi-quantitative. Ces informations concernent :

- la population ;

65

Les colonies manquant de ressources alimentaires ont été nourries au sirop, la quantité et la date du nourrissement ont été intégrées à la base de données.

Chapitre 2 – Approche méthodologique

176

- les réserves alimentaires ;

- l’état sanitaire.

Hormis la pesée des pelotes de pollens récoltées à la trappe, l’ensemble des données ont été collectées tous les 15 jours sur chacune des colonies entre le 27 avril et le 30 septembre 2010 puis entre le 7 avril et le 31 octobre 2011. 21 jours étant nécessaires aux ouvrières pour passer du stade d’œuf à celui de jeune adulte, le choix d’une fréquence d’observation sur un pas de temps de 15 jours nous a permis de prendre en compte l’ensemble des individus quel que soit leur stade de développement. Concernant les pelotes de pollen, celles-ci ont été récoltées à la trappe puis pesées toutes les semaines entre le 7 avril et le 31 octobre 2011, afin que l’observation des ressources pollinifères mobilisées tout au long de la saison soit la plus précise possible.

x La population

Deux variables quantitatives, et deux variables semi-quantitatives, ont permis d’observer l’évolution de la population tout au long de la saison. Les variables quantitatives concernent les surfaces de couvain ouvrières, significatives de l’effort alloué par la colonie à la production d’une nouvelle population adulte et les surfaces de couvain de mâles, renseignant sur les efforts alloués à la reproduction sexuelle (Figure 52 - point 6), (Odoux et al., 2014 ; Jean-Prost et

al., 2005). Ces surfaces de forme à peu près elliptique ont été mesurées sur les

deux faces de chacun des dix cadres que comporte une ruche Dadant. La longueur L et la largeur l ont été prélevées à l’aide d’un décamètre permettant de calculer la surface S de l’ellipse par le biais de la formule suivante : S (cm²)=1 / 4 (L x l x

ʌ  )UHVQD\H ; Vallon et al., 2008 ; Odoux et al., op. cit.). Par la suite, les surfaces ont été converties en nombre de cellules C par cadre avec C= (cma xxS) / Sma x où cma x correspond au nombre maximal de cellules par cadre (soit 8 000) et Sma x, à la surface maximale d’un cadre (2 000 cm²).

Les variables semi-quantitatives concernent quant à elles l’estimation de la taille de la population adulte et la nature du couvain. La première rend compte de la force de la population que comporte la colonie (Figure 52 - point 9) ; la seconde, permet de fournir des informations complémentaires quant à la dynamique de

Chapitre 2 – Approche méthodologique

177

renouvellement de la population adulte tout au long de la saison (Figure 52 -point 5).

La taille de la population adulte a été estimée visuellement suite à l’observation de la densité d’individus présente sur chaque face de cadre (Figure 52 - point 9). Les colonies ont été classées selon six modalités ou classes (Tableau 7).

Tableau 7 : Classes d’estimation de la taille de la population adulte d’une colonie

Le nombre d’individus estimé par cadre et par ruche est basé sur les travaux effectués par le Centre Suisse de Recherches Apicoles de Liebefel (Imdorf et Gerig, 1999). Cette variable n’a pu être prise en compte qu’en 2011 suite à la restructuration du protocole après retour d’expérience de la première année de terrain. Enfin, la caractérisation de la nature du couvain consistait pour chacune des faces de cadre à noter la présence ou l’absence (1 / 0) des stades de développement larvaires que sont : les œufs, les larves et la nymphe ou couvain operculé (Annexe 10 ; Figure 52 - point 5).

Chapitre 2 – Approche méthodologique

178 Figure 52 : Protocole d’observation des traits d’histoire de vie des colonies

x Les réserves alimentaires : approche quantitative

Dans un premier temps, les réserves alimentaires ont été appréhendées d’un point de vue quantitatif, à travers quatre aspects.

Chapitre 2 – Approche méthodologique

179

- dans le corps de ruche : le poids des réserves de pollen et de miel, le nombre de cellules de miel, le nombre de cellules de pollen ;

- dans la trappe située à l’entrée de la ruche : le poids des pelotes de pollen fraîches.

Pour connaitre le poids des réserves de miel stockées dans les hausses, chacune d’elles a été préalablement codée (afin de faciliter l’identification du matériel) puis pesée (à l’aide d’un crochet de pesage visible sur la Figure 52 - point 8) avant et après extraction du miel chez les différents apiculteurs référents, en 2010 et en 2011. Les pesées ont été effectuées après chaque récolte soit deux fois par an en moyenne.

Dans le corps de ruche, le poids confondu des réserves de pollen et de miel a été obtenu par pesée individuelle des cadres (Figure 52 - point 8). Le poids des cadres vides (structure en bois et cire bâtie) et du couvain ont été soustraits au poids total initial. Le poids des cadres vides est issu de la moyenne des poids de 40 cadres pesés individuellement, celui lié au couvain est dérivé de la mesure de la surface de recouvrement de ce dernier, observée pour chacun des cadres. La formule suivante a été mobilisée : m (kg)=mmax x S / Sma x ou Sma x est la surface maximale d’un cadre (2 000 cm²) et mmaxle poids total obtenu pour un cadre dont la surface serait entièrement recouverte de couvain, soit 0,6248 kg (Odoux et al., 2014). Ce poids a été calculé sur 12 cadres ne comportant que du couvain, issus de notre propre jeu de données. Le poids moyen d’un cadre vide soustrait à chacun d’eux a permis d’obtenir un poids moyen de couvain en fonction d’une surface donnée. Soit 0,5353 kg pour une surface moyenne de 1 713,33 cm² de couvain. Rapporté à la surface maximale d’un cadre (2 000 cm²) cela nous a permis d’obtenir un poids moyen de couvain par cadre, de 0,6248 kg. Ces mesures ont été effectuées en 2010 et en 2011. Bien que seuls 12 cadres aient pu être mobilisés pour estimer ce poids, le résultat obtenu semble corroborer avec celui prédit par Odoux et al. (2014) par le biais d’une régression linéaire mobilisant plus de 6 000 valeurs de surface de couvain.

Pour permettre un meilleur suivi de l’évolution des réserves alimentaires stockées dans le corps de ruche tout au long de la période d’observation, le nombre de cellules de miel et de pollen (3 et 4) a été estimé à l’aide d’un cadre

Chapitre 2 – Approche méthodologique

180

de ruche divisé en 10 unités U de 1 dm², chacune composée de 400 cellules. Positionné successivement sur chacune des faces de cadre, celui-ci a permis de comptabiliser le nombre de dm² recouvrant les réserves de miel puis de pollen (Figure 52 - point 7). Par la suite, les nombres de cellules de miel CM et de pollen CP ont été obtenus à l’aide des formules suivantes : CM = U*400 et CP = U*400. Ces deux variables n’ont été observées que pour l’année 2011 après réajustement du protocole initial. En 2010, seul le nombre de faces de cadre comportant du miel et ou du pollen a pu être pris en considération ; noté en présence / absence (1 / 0).

Chapitre 2 – Approche méthodologique

181

Enfin un dernier type de relevé correspondant au poids des pelotes de pollens fraichement récoltées et non encore stockées dans les alvéoles du corps de ruche a été réalisé. Un système de trappe à pollen plateau a été mis place sous chacune des 42 ruches (Figure 53 - point 1). Composé d’un tiroir et d’une porte amovible, celui-ci permettait de faire tomber les pelotes de pollen situées sur les pattes des butineuses de retour à la ruche (Figure 53 - points 2 et 3). La collecte des pelotes a été réalisée entre le 1er avril et le 31 octobre 2011. Les trappes mises en fonction une fois par semaine sur une durée de 24 h nous ont obligés à parcourir plus de 657,4 km par semaine en moins de 48 h (Feuillet et al., 2008 ; Odoux et

al., 2014 ; Odoux et al., 2012). Durant les phases de mise en fonction des

trappes, les trous à mâles ont été systématiquement fermés. Une fois prélevées, les pelotes ont été pesées66 par ruche (Figure 53 - point 4), homogénéisées par site puis conservées à -18°C dans l’attente de la réalisation d’analyses palynologiques. Au total, 168 échantillons ont été récoltés soit 28 par site.

x Variables « sanitaires »

Parallèlement à l’observation de l’évolution de la dynamique de la population et des réserves alimentaires stockées, un suivi de l’état sanitaire des colonies organisé autour de trois variables semi-quantitatives et d’une variable quantitative, a été effectué tous les 15 jours en 2010 et en 2011. Celui-ci concernait : le taux de mortalité à la ruche ; le nombre de colonies mortes en sortie d’hivernage ; la présence de maladies ; la dynamique d’occupation de la ruche.

Pour estimer le taux d’abeilles ouvrières et de mâles morts à la ruche, des trappes grillagées sur le dessus, d’une longueur d’1,20 m et d’une largeur de 60 cm ont été conçues sur la base des travaux d’Illies et al. (2002) et de Perez et al. (2001), puis disposées devant l’entrée de chacune des 42 ruches (Figure 52-point 4).

66 Afin de ne pas contaminer les échantillons prélevés lors de la pesée, un récipient différent a été utilisé pour chacun des sites et nettoyé avant chaque utilisation.

Chapitre 2 – Approche méthodologique

182 Tableau 8 : Classes de mortalité

En 2010 les abeilles mortes ont été dénombrées systématiquement à l’aide d’un compteur manuel. Toutefois, la durée nécessaire à la collecte de cette information étant trop importante, nous avons fait le choix pour la seconde année d’observation, de simplifier le protocole en estimant la mortalité par trappe en fonction de six classes, (Tableau 8).

Parallèlement, le nombre de colonies mortes en sortie d’hivernage sur les sites a été comptabilisé chaque année, au printemps 2011 pour l’année 2010 et au printemps 2012 pour l’année 2011.

L’observation de certains pathogènes dans les colonies a été noté en présence / absence (1 / 0). Ceux principalement recensés concernent la loque américaine

Bacillus larvae, la loque européenne Streptococcus pluton, l’ascosphérose

(mycose) Ascosphaera apis, l’aspergillose Aspergillus flavus, la varroase Varroa

jacobsoni, la maladie noire, et le couvain sacciforme (Jean-Prost et al., 2005 ;

Guerriat, 2000). La présence de prédateurs tels que la grande et la petite teigne

Galleria mellonella et Achroea grisella, les frelons asiatique Vespa velutina et

européen Vespa crabro, voire des activités de pillage ont également été notés.

Enfin, bien que secondaire, nous avons considéré l’étude de la dynamique d’occupation de la ruche par la colonie, comme un indicateur supplémentaire de l’état de santé et de la force de celle-ci (Seeley, 1995). Pour ce faire, le nombre de faces de cadres entièrement bâties mais inoccupées, légèrement bâties (étirées), voire pas du tout bâties (gaufrées), ont été comptabilisés par ruche tous les 15 jours.

Chapitre 2 – Approche méthodologique

183