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Introduction de la première partie

2.2. Collecte et constitution des bases de données exogènes

2.2.3. Constitution de la carte d’occupation du sol

2.2.3.1. Mise au point d’une typologie hiérarchisée

x Éléments de définitions

Selon la FAO (1998) la cartographie de l’occupation du sol peut être succinctement définie comme « [la spatialisation et la caractérisation] de la

couverture physique observable au sol par des techniques de relevés de terrain ou de télédétection aérienne ou spatiale. [Cette cartographie] comprend la

végétation (naturelle / spontanée et cultivée), [les composantes de]

l’aménagement du territoire (habitat, routes etc.) qui occupent la surface de la terre, ainsi que l’hydrographie, les surfaces glaciaires, rocheuses et sableuses ».

Les formes d’occupation du sol se différencient de l’usage dont elles peuvent faire l’objet. « L’utilisation du sol fait [en effet d’avantage] référence à la

fonction [ainsi qu’aux] modes d’utilisation des terres, soit, aux activités entreprises pour produire des biens et des services ». La caractérisation de ces

usages contrairement à l’identification des formes d’occupation du sol, nécessite un important travail d’enquêtes de terrain. Bien que cela semble intéressant pour évaluer l’impact du paysage sur différents types de processus écologiques dont la dynamique de colonies d’abeilles domestiques, l’ampleur du travail requis ne nous a pas permis d’intégrer une telle approche.

x Approche méthodologique

Cartographier l’occupation du sol implique au préalable une identification et une définition des entités spatiales (haies, bois, bâti etc.) à retenir par le biais d’une typologie. La nature de ces entités de même que le niveau de détail sont conditionnés par les objectifs de l’étude et par le ou les processus questionnés (Burel et Baudry, 2006). Un bois peut ainsi être appréhendé comme une simple tache uniforme, ou être décomposé en deux entités spatiales distinctes : la lisière

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et l’intérieur du bois du fait, si l’on souhaite l’appréhender sous le prisme de la ressource trophique.

Dans le cadre de notre recherche, étudier l’impact du paysage sur la dynamique de colonies implique de disposer d’une connaissance détaillée de l’occupation du sol. Or, selon Burel et Baudry (2006) « la résolution [soit] le grain de

l’information, [ou] la taille du plus petit objet représenté » permet de définir le

niveau de détail retenu. Pour une espèce, dans le cadre de l’étude de processus écologiques, le grain désigne selon Kotliar et Wiens (1990) « la plus petite

échelle à laquelle l’organisme opère des différenciations dans l’espace ; à des échelles plus fines, il perçoit l’espace de façon homogène et ne réagit à aucune structure ». Dans notre cas, la taille du plus petit objet a été associée à celle d’un

arbre isolé à maturité recouvrant une surface au sol de 14 m²55. Ce choix se justifie du fait :

- de la faible étendue56 retenue pour chacun des sites d’étude, à savoir un cercle de 6 km de diamètre (Figure 38), rendant possible une approche détaillée de l’occupation du sol ;

- de la capacité des butineuses à localiser les zones de ressources trophiques à une échelle relativement fine ;

La contrepartie d’un tel choix se traduit par l’absence de cartes d’occupation du sol adaptées aux enjeux de notre recherche. Ainsi, celle issue de la base de données Corine Land Cover (CLC) est intéressante de par la nomenclature proposée mais dispose d’une échelle au 1 / 100 000 et d’un grain de 25 hectares, tous deux trop importants pour permettre une quelconque utilisation. Nous avons donc été amenés à réaliser notre propre cartographie à partir de l’élaboration d’une typologie détaillée des formes d’occupation du sol.

Selon Robert et al. (1977), le principe d’une typologie est de permettre

« l’analyse et la classification d’une réalité complexe » afin d’appréhender

l’espace de manière cohérente. Nous avons donc choisi de nous baser

55

14 m² correspond à la plus petite surface relevée sur la carte d’occupation du sol réalisée. 56

L’étendue renvoie ici à la notion telle qu’employée et définie en écologie du paysage, en particulier dans l’ouvrage de Burel et Baudry (2006, 6èmeed.).

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essentiellement sur la méthode mise en œuvre pour la constitution de la base de données Corine Land Cover (MEDDE, 2011). Chaque poste d’occupation du sol y est défini comme une entité spatiale homogène, elle-même caractérisée par les spécificités biophysiques de la surface qu’elle recouvre et non par l’utilisation qui en est faite en termes socio-économiques. La typologie y est organisée de manière hiérarchique, selon trois niveaux emboîtés. Chaque niveau comporte un certain nombre de postes d’occupation du sol, permettant d’appréhender le paysage en vue zénithale, à différents degrés de précision.

Au vu de cette approche, nous avons également choisi d’organiser notre typologie de manière hiérarchique.

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Celle-ci s’organise en cinq niveaux (Figure 41). Chacun d’eux se caractérise par un certain nombre de postes d’occupation du sol. Ces postes ont été définis selon trois critères : (1) l’homogénéité spatiale, (2) l’homogénéité biophysique et (3) l’intérêt nectarifère et ou pollinifère potentiel. Un code spécifique repertorié dans la table attributaire a été attribué à chacun des niveaux et des postes d’occupation du sol. Les codes ont été construits sur le même principe que celui mis en place pour la nomenclature Corine Land Cover (Tableau 6) ; MEDDE, 2011). L’identification et la caractérisation des types de postes ont été réalisées à l’aide (1) d’importantes recherches bibliographiques, (2) d’un premier travail de photo-interprétation mené à partir des photographies aériennes de l’IGN présentées en amont, et (3) de nombreuses phases d’observation sur le terrain (Figure 42, étape 1a et 2a). Pour plus de clarté, chaque poste a été défini avec précision au sein d’une nomenclature (Tableau 6). Celle-ci apparaît dans sa totalité en annexe (Annexes 5 et 6).

La typologie obtenue s’organise de la façon suivante. Le premier niveau comporte cinq types de postes d’occupation du sol (territoires artificialisés, territoires agricoles, forêts et milieux semi-naturels, zones humides, surfaces en eau) directement empruntés à la nomenclature Corine Land Cover. Il fait référence « [aux] grands postes d’occupation du sol repérables à l’échelle de la

planète » (MEDDE, 2011 ; Figure 41). Il permet d’établir si besoin, un lien entre

les deux bases de données. Le deuxième niveau comporte 17 postes, le troisième 36, le quatrième 38 et le cinquième 51 (Figure 41). Chaque niveau inférieur est une déclinaison plus précise du précédent. Le dernier d’entre eux (niveau cinq), renvoie aux différents types de cultures issus du Registre Parcellaire Graphique. Ces cultures ont été intégrées au sein de la typologie après modifications. En effet, la conservation de 51 types de cultures ne présentant pas d’intérêt du point de vue de l’étude des interactions entre l’abeille et le paysage, nous avons opéré certains regroupements à l’échelle des ilots, notamment entre les pois d’hiver et les pois de printemps, ou encore les différentes formes de fourrage etc. (Annexe 5). La carte d’occupation du sol issue de cette typologie n’intègre donc que les quatre premiers niveaux, le dernier étant uniquement présenté afin de rendre compte au lecteur des différents regroupements effectués (Annexe 5).

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146 Tableau 6 : Extrait de la nomenclature associée à la typologie des formes

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À l’inverse, au niveau quatre, toutes les cultures présentant un intérêt potentiel en terme d’apports en ressources nectarifères et ou pollinifères ont été conservées. Cela concerne notamment le maïs (Zea mays), le sorgho (Sorghum

sp.), le chanvre (Cannabis sp), le colza (Brassica napus), le lin (Linum sp), le

tournesol (Helianthus annuus) etc. Il en est de même pour quelques-unes des autres formes d’entités paysagères, qui bien qu’appartenant au même type de poste d’occupation du sol, ont été déclinées en sous catégories.

Photo 3 : Variabilité physionomique de différentes haies

Cela concerne les haies, les jardins et les ripisylves présentes au niveau trois (Annexe 5). Un tel découpage se justifie du fait de l’importante variabilité physionomique de ces éléments paysagers dont les répercussions en termes de potentiel de ressources nectarifères et pollinifères ne sont pas à négliger. Ainsi une haie arborescente et arbustive décrite selon Baudry [coord.] et Jouin [coord.] (2003) comme « ayant un recouvrement des strates arborescentes et arbustives

de densité moyenne » offrira une quantité de ressources trophiques nettement

différente d’une haie arbustive voire d’une haie haute arborée (Photo 3).

Comme nous le verrons ultérieurement, le regroupement entre les différents postes d’une même catégorie a été adapté en fonction des objectifs de l’étude. Après avoir détaillé la méthode mise en œuvre pour l’élaboration de la typologie, il convient de présenter brièvement celle retenue pour la spatialisation de ces entités.

a) Haie arborescente / arbustive

c) Haie haute arborée

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