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Deux nouvelles sociétés féministes

Chapitre 1 : L’intégration, l’organisation et le développement du mouvement

1.5. Deux nouvelles sociétés féministes

Au cours des années 1925-1926, deux fors féministes sont fondés à Bucarest, une Fédération des Femmes Universitaires, sous la présidence de Sarmiza Bilcescu Almănişteanu et une Société des Écrivaines Roumaines, parmi les membres fondateurs nous retrouvons

Constanţa Hodoş, Sofia Nădejde76

, Aida Vrioni, Margareta Miller-Verghy et Izabela

Sadoveanu77.

La première Association des Femmes Universitaires a été créée à Cluj, en avril 1921, dont la présidente est Alice Grinţescu. L’objectif, comme il est inscrit dans les statuts, est « d’établir la liaison d’amitié entre les femmes universitaires de toutes les nations et, surtout, entre les femmes universitaires roumaines, soutenir leurs intérêts moraux et les aider », ayant en vue aussi « le soutien des œuvres féminines utiles ». De cette association pouvaient faire partie toutes les femmes licenciées ou avec le titre de docteur de la Roumanie, qui manifestaient la volonté d’en devenir des membres actives, la seule condition pour y être acceptées est de détenir une recommandation de la part d’au moins deux représentantes de cette société78.

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Alexandrina Gr. Cantacuzino, Rostul femeii …, p. 168-169.

76 Pour connaître la vie et l’activité de Sofia Nădejde, voir Victor Vişinescu, Sofia Nădejde, Bucarest, Éditions Politique, 1972.

77 Plus de détails sur Izabela Sadoveanu, in Cora Barbu, Leormanda Benari, Gheorghe Popescu, Izabela Sadoveanu, Bucarest, Éditions Didactique et Pédagogique, 1970 ; Izabela Sadoveanu, « Sufletul altor generaţii », in Aristiţia Avramescu (ed.), Ion Teodorescu, Izabela Sadoveanu-amintiri, Bucarest, Éditions Eminescu, 1980, p. 301-435 ; M. Sevastos, Amintiri de la « Viaţa Românească », Bucarest, Éditions pour la Littérature, 1966, p. 433-435.

78Statutele Asociaţiei Femeilor Universitare Române, Cluj, l’Institut d’Arts Graphiques « Ardealul », 1928, p. 1 (réédition en 1930).

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Pour accomplir les objectifs proposés, trois sections ont été créés : une « scolaire et éducative », avec la responsabilité de l’identification et de l’application des principes spécifiques à ces thèmes ; la seconde, de la « coopération intellectuelle », qui allait s’occuper de « l’échange d’étudiants et de professeurs », vraiment une commission d’hospitalité réciproque, ayant comme responsabilité d’accorder aussi des bourses à ses membres pour effectuer des études à l’étranger et la dernière, de l’assistance sociale, avec des préoccupations dans l’organisation de cantines et de foyers, d’espaces d’étude pour les

étudiantes et les femmes universitaires79.

En observant la liste de membres de cette fédération, nous constatons facilement que cette idée a été adoptée par de plus en plus de femmes licenciées, avec une provenance assez diversifiée, en existant des filiales dans presque toutes les grandes villes du pays. De cette manière-là se manifestait une cohésion entre les femmes avec des études supérieures, unité qui essayait de contribuer à la mise en valeur de la capacité d’action de la femme dans tous les domaines de la vie publique. Pourtant, nous devons souligner le nombre relativement réduit de femmes qui réussissaient à s’inscrire à une faculté et la finaliser en comparaison avec la grande masse de la population féminine du milieu rural, qui se positionnait parmi les

analphabètes80.

La Société des Écrivaines Roumaines, par sa publication officielle Revista scriitoarei

s’est préoccupé à faire connaître à l’opinion publique la vie et l’activité des féministes roumaines et des fragments de leurs œuvres et de la « littérature féminine » d’entre-deux-guerres avec l’objectif principal de promouvoir le féminisme roumain, les écrivaines et la culture de la population féminine. Après la guerre, Adela Xenopol a réuni autour d’elle presque toutes les écrivaines du pays et au moment de la fondation de la société non moins de 56 « plumes féminines » ont répondu à l’appel de réunion de la Maison de l’Art de Bucarest.

L’article paru sur la première page du journal Adevărul du 31 mai 1925 nous présente

« admirativement » la réunion de ces « représentantes de l’intellect féminin roumain » ; parmi les écrivaines sont mentionnées : Constanţa Hodoş, Adela Xenopol, Margareta Miller-Verghi, Aida Vrioni, Hortensia Papadat-Bengescu, Sofia Nădejde, Fulmen, Elena Farago etc. Après la simple énumération de ces noms nous constatons la présence parmi ces personnalités culturelles de certaines féministes reconnues comme membres actives dans les organisations du mouvement, ce qui peut nous soutenir dans la découverte et l’élaboration d’un profile

79Ibid, p. 2-3.

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Conformément à la statistique de 1930, le pourcentage des femmes aux études supérieures est de 0,6%. Gh. Iacob, Luminiţa Iacob, op.cit., p. 65.

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sociologique des féministes. L’idée essentielle qu’il faut en retenir est que ces femmes, par leur activité « d’intellectuelles », rendent une importante contribution aux revendications féministes : « Nous, les hommes ne portions pas avec honneur 56 plumes quand nous avons reçu tous les droits politiques, civils et sociaux. Devant cette pléiade de talents, devant ces sources de beauté, de vérité et de justice, il faut que tous capitulent le drapeau des préjugés »81.

En 1929, la publication de la société change son titre en Revista scriitoarelor şi a

scriitorilor români, après des divergences, la direction de la revue reste sous Aida Vrioni, qui donne un nouvel élan à l’activité de la rédaction et de la politique générale. C’est la manière dont il se produit son retour dans l’espace public après une absence de 17 ans, temps dédié à la vie de famille. Nous mentionnons que son début dans l’espace littéraire a été fait très tôt

dans la revue Aurora, ultérieurement découverte par Constantin Mille et employée en 1904

aux journaux Adevărul et Dimineaţa. Aurora Liiceanu dans son étude sur les débuts du

féminisme, la considère « la première femme de la Roumanie qui a choisi la carrière de journaliste et a fait dans les journaux auxquels elle publiait une propagande féministe ferme ». En prouvant un accentué esprit d’action et ayant une variée activité de journaliste elle est élue membre du Syndicat des journalistes, position qui l’a incluse dans un nouveau

cadre sociopolitique utile au mouvement féministe82.

Les divergences à l’intérieur de la revue ont comme point de départ son opinion conformément à laquelle il ne fallait pas exister une séparation entre l’art masculin et celui féminin, non plus des associations ou des groupements professionnels qui soient composés seulement des femmes. Par son position, elle devient « le catalyseur du démembrement » de la revue destinée exclusivement aux femmes et à la fondation de celle pour les deux sexes,

soutenant fermement l’idée d’un partenariat sur le plan social et culturel83

.

Sans tenir compte du nombre d’associations et de l’effort déposé par celles-ci séparément, mais aussi au cadre du Conseil, ce qui était le plus important est l’attitude des partis politiques par rapport aux femmes, à l’action féministe et à ce problème de la société qui constitue déjà une réalité sociale acceptée et longuement débattue.

81 « Scriitoarele române. Sunt deja 56! », in Adevărul, année 38, nº 12718, Dimanche le 31 mai 1925, p. 1.

82 Aurora Liiceanu, Rivalitate şi solidaritate : începuturile feminismului în România, in Mădălina Nicolaescu,

Cine suntem noi ? Despre identitatea femeilor din România modernă, Bucarest, Éditions Anima, 1996, p. 23-24.

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