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Le nouvel esprit des plateformes de financement parti- parti-cipatif

participatif en France : présentation d’un objet d’étude

3.2 Changement et émergence, mutations des dis- dis-cours, mutation de l’objet ?

3.2.2 Le nouvel esprit des plateformes de financement parti- parti-cipatif

Quel est alors le rôle de ces plateformes ? Doivent-elles être interprétées unique-ment comme un nouvel intermédiaire au sein du monde de la création culturelle ? 3.2.2.1 Moderniser la souscription

Les différentes plateformes semblent s’accorder sur la proposition de remettre au goût du jour l’idée de souscription, de pré-commande ou de mécénat présente depuis toujours dans le monde du financement de la culture. Ainsi si la forme que revêt ce mode de financement est bel et bien inédite, le processus sur lequel il s’appuie semble l’être beaucoup moins. Et à l’inverse de My Major Company qui insistait sur le caractère inédit de l’outil qu’elles proposaient, ces nouvelles plateformes n’hé-sitent pas à insister sur leur inscription au sein d’une historicité plus longue. Dans la parution mensuelle d’une des plateformes, le financement participatif est décrit comme « un mode de financement vieux comme le monde51», faisant explicitement référence aux levées de fonds et autre prise de participation du public dans la pro-duction d’œuvres. Les analyses de certains auteurs corroborent cette description. J.T Matthews, V. Rouzé et J. Vachet, dans l’ouvrage qu’ils consacrent à ce type de financement le comparent par exemple à la souscription. Les chercheurs reviennent notamment sur l’exemple des souscriptions d’ouvrages mutualisés autour de l’œuvre de Jane Austeen afin d’illustrer leur propos52.

Cette vision semble d’ailleurs faire consensus auprès de l’ensemble des acteurs du 50. Tamara, salariée d’une plateforme.

51. Ulule, « Ulule : c’est ou c’est pas ? », op. cit.

52. Dans leur suite #1, ils reviennent de manière plus détaillée que nous le ferons ici sur l’émer-gence du financement participatif en ligne et sur cet exemple en particulier. Jacob Thomas Mat-thews, Vincent Rouzé et Jérémy Vachet, La culture par les foules ? : le crowdfunding et le crowdsourcing en question, Paris, France : MkF Éd., 2014, p.4, édition numérique.

crowdfunding. En plus d’être partagé par les créateurs des plateformes, leurs salariés, une partie des chercheurs s’étant intéressés à ce type de financement, l’expérience de certains des porteurs de projets rencontrés dans le cadre de cette recherche viennent corroborer ce type de parallèle. Ainsi Nathan, qui dirige une petite maison d’édition indépendante, définit clairement Ulule comme une modernisation du processus de souscription :

« En tout cas sur le livre, ou même le jouet, ça n’est qu’un moyen de moderniser la souscription mais qui existe depuis... enfin y a des éditeurs qui fonctionnent que sur la souscription depuis des dizaines pour ne pas dire des centaines d’années. » Nathan, éditeur, a proposé 2 projets. C’est notamment cet aspect du financement participatif qui est mis en avant lors de partenariats avec des institutions culturelles déjà en place comme le Musée du Louvre ou celui du Quai d’Orsay. Le financement participatif ressemble alors (uni-quement) à une évolution technique n’ayant rien de révolutionnaire mais se conten-tant de remettre au goût du jour les manières de faire historiquement caractéristique du financement de la production des biens.

Et si elle s’ancre dans une modalité de financement historique de l’art et de la culture, cette nouvelle forme de financement participatif qui émerge (ou qui est le fruit d’une restructuration comme c’est le cas pour My Major Company) relève pourtant d’une réelle transformation du dispositif. En effet, les plateformes ne se constituent plus, à l’instar de la première version de My Major Company, comme de nouveaux intermédiaires culturels mais elles deviennent un lieu de rencontres entre les différents protagonistes d’un projet, semblant dans ce même mouvement se départir du rôle d’intermédiaire strictement culturel pour devenir un intermédiaire technique. L’un des co-fondateur d’une plateforme réaffirme pour en attester du désengagement de la plateforme dans le contrôle de la production :

« L’idée c’est vraiment de laisser une grande marge de manœuvre au créateur. » Amory, co-fondateur d’une plateforme. Là où My Major Company proposait de déléguer une partie seulement du pro-cessus d’édition de la création vers les internautes, cet autre mode de crowdfunding semble vouloir exclure toute ressemblance avec l’industrie culturelle. Et là où les di-rigeants de My Major Company se décrivaient comme mal perçus par les tenants de l’industrie, ces deux plateformes ont noué des partenariats avec certains acteurs issus de ce milieu53

. Les acteurs des plateformes se présentent dès lors comme des inter-médiaires « neutres54

». N’ayant aucun droit de regard sur le contenu des projets, 53. Tant des journaux, que des salles de concerts ou d’exposition, des musées ou encore de grandes enseignes de distributions de produits culturels.

ils se contentent de mettre à disposition des créateurs leur savoir-faire technique. Contrairement par exemple aux maisons de disques, il ne s’agit pas pour ces plate-formes de fournir un service de médiation ou de jauger la qualité de l’œuvre proposée mais uniquement de juger de la possibilité de réalisation du projet.

Ainsi comme nous l’expliquait Axel :

« nous en fait on se place pas comme juges de la qualité intrinsèque du projet, on se place comme experts en crowdfunding (...) nous on fait un peu un travail de monitoring. » Axel, co-fondateur d’une plateforme. Les plateformes semblent se constituer comme des compléments à l’industrie cultu-relle qui permettent tout à la fois, d’après eux, de la moderniser et de l’enrichir. 3.2.2.2 L’idéologie du web au service des plateformes.

La description des plateformes mise en avant par leurs salariés fait également sens avec son « milieu naturel » et l’on retrouve en son sein des éléments déjà présents dans les discours sur le numérique.

Des liens avec l’idéologie du logiciel libre ? Les plateformes qui se posent comme des intermédiaires techniques s’inscrivent ainsi – quand bien même le lien n’est jamais clairement énoncé de cette manière par les salariés rencontrés ici – dans la continuité d’une autre tradition numérique, celle de l’open source. Elles voient dans le numérique le biais par lequel offrir de nouvelles expériences aux utilisateurs. Le lien que l’on peut tisser ici se cristallise autour de la notion d’utilité et tend à assoir encore d’avantage le financement participatif au sein d’une « société du numérique ». Le co-fondateur d’une plateforme revient à plusieurs reprises sur cet aspect d’utilité du dispositif :

« Moi je définis l’utilité à partir du moment où y a un usage qui est plus important qu’un autre, mécaniquement ça me paraît plus utile puisqu’il y a plus de personnes qui l’utilisent. » Axel, co-fondateur d’une plateforme. Ce type de discours n’est pas sans rappeler ceux de Linus Torvalds – créateur du noyau Linux – qui perçoit la création de logiciels libres comme devant servir toujours l’utilisateur. Le parallèle est marquant ici dans la mesure où, tout comme Torvalds, ce fondateur semble privilégié aux aspects moraux des aspects techniques.

Si les éléments mythologiques55 mobilisés par les plateformes diffèrent, cette insistance sur l’utilité du dispositif ancre à nouveau cette nouvelle vague du finan-cement participatif dans la mythologie du réseau. Cette analogie laisse entrevoir

comment le financement participatif, même dans sa version la plus récente que l’on pourrait qualifier de moralement épurée, n’échappe jamais à un air du temps spéci-fique, celui d’une société du numérique, constituée autour de ses propres mythes et contribuant ainsi à dessiner ce qui est attendu des individus dans cette société.

Silicon Valley et crowdfunding.

Ce parallèle avec une partie du mouvement du logiciel libre n’est pas le seul rapprochement que l’on puisse établir entre numérique et financement participatif. En effet, la plateforme se définit comme une start-up entrepreunariale du web et peut être comprise comme une nouvelle proposition en terme d’économie culturelle. Certains discours des acteurs semblent ancrer les plateformes dans ce que M. Barbroock et A. Cameron qualifiaient d’« idéologie de la Silicon Valley56» en repre-nant à leur compte les idées d’autonomie, de liberté, de possibilités, pensées comme autant d’éléments dépendant d’une responsabilité individuelle. Axel, par exemple, l’exprime clairement quand il évoque l’idée d’entrepreneurs.

« et en fait quand tu réfléchis à l’intérêt d’utiliser ce système là pour un créateur, en gros t’as rien à y perdre, t’as juste du temps à y passer. Ça prend juste du temps, mais t’as globalement rien à y perdre, t’as que des effets positifs [...] pour toutes les personnes qui n’ont pas de notoriété déjà faite, t’as rien à y perdre donc pour moi ça va être un usage enfin je pense que ça va être dans la création un usage massif voir quasi automatique. » Axel, co-fondateur d’une plateforme. On retrouve dans cette approche des éléments déjà présents dans une certaine idéologie du web. Outre la position centrale de l’acteur dans le dispositif, l’impli-cation de ce dernier au sein d’un projet apparaît comme crucial, et simultanément légitime voire rationnelle. L’entrepreneuriat est alors toujours une bonne idée. Ces nouvelles plateformes ne proposent pas uniquement une nouvelle expérience aux in-ternautes mais mettent à disposition des créateurs un nouvel outil dont ils peuvent se saisir. Et si la formule se distancie radicalement de celle proposée par les pre-mières plateformes de crowdfunding, elle propose toujours une place centrale pour l’individu. Ici, ce n’est plus tant l’internaute qui est mis en lumière, mais le créateur, celui qui peut se saisir de l’outil afin de proposer une création.

Comme nous le démontrions précédemment Internet n’est pas un medium exempt de représentations, a fortiori d’une certaine forme d’idéologie. Les carac-téristiques de la plateforme et ceux prêtés à l’Internet s’entremêlent parfois chez

certains des utilisateurs. Les protagonistes des différentes plateformes n’hésitant pas, de surcroît à mobiliser des éléments de discours apparaissant également comme centraux dans les plus grosses entreprises de la Silicon Valley57. Axel, en revenant sur les motivations l’ayant poussé à se tourner vers ce type d’activités souligne : « Donc j’ai bossé dans des super grosses structures mais je savais que j’avais envie

de revenir vers un truc hyper entrepreneurial, donc là ça mixait de l’entrepreneuriat ce que je cherchais dans le web et en plus aux services de personnes qui entreprennent ! Donc c’était parfait quoi. Ça collait bien. » Axel, co-fondateur d’une plateforme. L’idéologie de la Silicon Valley est ici mise au service de la création, les formes sont présentées comme des start-up de la culture. Soulignons que les plate-formes semblent achever une boucle puisque comme le rappelle entre autre Jean-Michel Menger, une nouvelle forme de rapport au travail semble être inspirée de la manière dont sont gérées les carrières artistiques. Ainsi comme le rappelle l’auteur « les nouvelles formes d’organisations du travail au sein des entreprises empruntent à la figure du « professionnel » nombre des valeurs cardinales de l’indépendance : autonomie, initiative, engagement, auto-contrôle, mise en œuvre des compétences comportementales, de savoir et de savoir-faire en situation d’apprentissage perma-nent, créativité individuelle58

». Pour Axel, ce lien de proximité entre entrepreneur et créatifs se tisse également. Cette proximité entre ces deux types de carrière est perçue comme le reflet d’un fonctionnement similaire, d’une éthique identique pourrait-on même dire.

En effet, là où My Major Company proposait une révolution des manières de faire, ces nouvelles plateformes semblent s’inscrire dans une dynamique tout aussi révolutionnaire, celle prêtée au medium et à la puissance de transformation que peut y puiser l’individu. Et contrairement à My Major Company qui avait dans son giron les internautes-producteurs, ces nouvelles plateformes se font le lieu de rencontres entre internautes-entrepreneurs, tant du coté des artistes que de ceux qui contribuent à leurs projets. Il ne s’agit plus alors de proposer aux internautes un moyen ludique par lequel espérer une rente mais plutôt une expérience solidaire, un outil par lequel ces derniers pourraient exprimer leur soutien à une forme de culture qu’ils apprécient tout particulièrement.

Ancrée dans l’économie du don Ce seraient alors les propriétés révolution-naires prêtées au medium qui fourniraient à ce nouvel outil ses propriétés inédites. Matthews, Rouzé et Vachet estiment que ce lien témoigne d’une forme de

détermi-57. Notamment les GAFA que nous mentionnions précédemment 58. Menger,Portrait de l’artiste en travailleur, op. cit., p. 76-77.

nisme technique59

de la part des analystes s’étant intéressés à ce phénomène. Il n’en reste pas moins que ce parallèle est également réalisé par les internautes utilisateurs de ce type de plateforme. Les auteurs perçoivent le financement participatif comme des « formes hybrides et possiblement généralisables de pratiques beaucoup plus anciennes, indépendantes des innovations technologiques60». Cependant ne pas in-terroger ces représentations ne reviendrait-il pas à ignorer l’une des dimensions si ce n’est du succès tout du moins de l’intérêt que les porteurs de projet et les contribu-teurs à ceux-ci portent à ce dispositif ? Comme le rappelle M. Barbroock « l’immense majorité des gens qui participent à l’économie du don high tech le font pour des rai-sons entièrement pragmatiques61», tout comme les gestionnaires des plateformes. Le pragmatisme que l’on trouve à la fois dans leur perception de l’utilité du disposi-tif, dans le modèle économique proposé n’interdit pas de comprendre ce lien comme fournissant du sens à ces individus et pas uniquement comme un discours marketing mis en avant dans un effort promotionnel.

Certains des contributeurs à des projets rencontrés lors de cette recherche per-çoivent d’ailleurs le financement participatif comme l’un des biais par lequel « l’esprit internet » est entériné. Serge, contributeur régulier à des projets de crowdfunding, revient ainsi sur sa contribution au projet de long-métrage initié par l’équipe de Noob. Cet exemple n’est certes pas anodin dans la mesure où il constitue aujour-d’hui encore le record de contribution sur la plateforme Ulule. Inspirée par une web série entièrement artisanale à succès du même nom, le financent de ce long métrage constitue pour Serge

« une reconnaissance du mode de fonctionnement d’internet » Serge, responsable qualité, a soutenu 18 projets. Dans leur ouvrage dédié au web collaboratif, Bouquillion et Matthews reviennent déjà sur un lien de paternité qui serait reconnu par les différents acteurs entre les représentations autour du numérique et ce web appelé collaboratif, participatif ou 2.0. Seulement pour les auteurs, ces liens doivent être qualifiés de « stratégies per-formatives62

». L’ancrage au sein de cet univers permettrait en quelque sorte aux plateformes de bénéficier de l’aura du numérique et d’inscrire leurs activités mercan-tiles au sein d’une nouvelle économie du numérique. Que ce soit les discours publics mobilisés ici ou les entretiens menés avec les salariés des plateformes, il semble évident que cet aspect ne puisse être totalement occulté. Le rapprochement de cette culture du numérique peut très bien, par exemple, être mis en avant afin de regagner 59. Sur la question du déterminisme technique, voir par exemple Philippe Bouquillion, Les industries de la culture et de la communication : les stratégies du capitalisme, Grenoble, France : Presses universitaires de Grenoble, 2008, p. 10.

60. Matthews, Rouzé et Vachet,La culture par les foules ?, op. cit., p. 17. 61. Barbrook et Cameron, « The Californian ideology », op. cit.

auprès des internautes un « capital sympathie » entaché du fait des scandales ayant éclaboussés les autres plateformes.

Cependant l’éclairage que peut apporter l’établissement de ce lien, mis en avant également par les individus rencontrés au cours de cette recherche, ne saurait être ignoré et discrédité d’emblée. La générativité que nous prêtons avec N. Auray63 au medium permet ici de comprendre ces éléments. En effet, le réseau ne saurait – nous l’avons dit – être compris comme le lieu d’expression d’une logique unique. Cette hybridité se fixe ici dans les plateformes, au croisement d’une logique d’expansion marchande et de pratiques collaboratives que l’on pourrait saisir comme relevant de nouvelles formes d’économie du partage par exemple. Les plateformes condensent en elles-mêmes ces différentes formes d’"activités sociales" puisqu’elles mettent en lien une forme de souscription qui relève parfois de la solidarité, d’une modernisation des financements de la création et du fonctionnement d’une société de type start-up basant son plan économique sur la participation des publics. Elles ne sont en cela pas sans rappeler les contradictions qui émergent autour de la valorisation par des entreprises capitalistes d’innovations ou de personnages (Vincent Cerf) issus des communautés libristes témoignant pourtant plus ou moins radicalement de leur rejet du système économique capitaliste.

3.2.2.3 De l’élaboration d’un nouveau paradoxe.

Malgré ces discours puisés au cœur du numérique et les représentations qu’elles semblent véhiculer autour de la notion d’individu-entrepreneur, les salariés des pla-teformes que nous avons eu l’occasion de rencontrer entendent les ancrer dans ce pragmatisme que leur confère leur statut d’outil, d’intermédiaire technique. Pour l’un des fondateurs :

« c’est un peu un labo, on a lancé le truc, (...) Mais après si tu veux on en fait pas un truc idéologique. C’est un outil qui est utile. » Axel, co-fondateur d’une plateforme Contrairement aux discours parfois élaborés autour des outils du "numérique" il ne s’agirait pas alors de présenter les plateformes comme autant de nouveaux moyens « d’émancipation ». Et si les plateformes n’ont rien d’idéologique d’après lui, il semblerait qu’elles soient parfois considérées comme telles par certains de leurs usagers. Comme nous l’explique l’une des salariés d’une plateforme, ils comprennent parfois l’objectif des plateformes de manière « idéalisée ».

« On a des gens qui plaquent un peu des idéaux sur le financement participatif, c’est-à-dire le financement participatif c’est anti-banques, anti-ci anti-ça, et en fait

on a eu une conférence comme ça à Rennes, c’était à Rennes je crois donc où nous on a...donc le partenaire du tour c’est quand même la BNP Paribas hein, le partenaire événementiel et y en a qui ont commencé à dire « oui mais on comprend pas ! Pour nous, [la plateforme] c’est une alternative aux banques donc je vois pas pourquoi vous avez un partenariat avec la BNP c’est super bizarre ! ». Donc là pour moi c’était plus du fantasme projeté en fait sur nous. » Tamara, salarié d’une plateforme, responsable partenariat. Même lorsqu’elles tâchent de révoquer ce rôle, les plateformes sont au cœur de la question d’une révolution permise au travers de ou grâce à Internet. Elles se retrouvent enrichies par leurs utilisateurs d’une force de proposition d’alternatives. Quand bien même les individus qui participent à l’élaboration des plateformes ne semblent pas la revendiquer, cette forme transparaît au travers des présentations faites par les plateformes d’elles-mêmes dans l’espace social : c’est notamment le cas lorsqu’elles s’érigent comme outil au service de la création indépendante.

À l’inverse du cas de My Major Company, il semble alors que ces plateformes ne revendiquent pas d’éléments moraux ce qui n’empêche pas leurs usagers de le faire. En cela, ces plateformes sont un exemple de cette générativité du medium : plus que d’être intrinsèquement émancipantes ou réifiantes, elles semblent surtout être le lieu de rencontres – si ce n’est de tensions – entre ces deux pôles d’intentions prêtées à l’Internet.

En revenant vers l’analyse proposée par Axel Honneth de la modernité, on peut