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Niveau d’évidence scientifique des relations entre charge de travail interne, condition physique

2. Charge de travail et amélioration de la condition physique

2.3 Relations entre charge de travail et condition physique

2.3.2 Niveau d’évidence scientifique des relations entre charge de travail interne, condition physique

Au total, 13 études ont été retenues et analysées pour évaluer le niveau d’évidence scientifique entre charge de travail interne, niveau de condition physique et performance dans le football de haut niveau. La qualité méthodologique et le score des études retenues sont décrits dans le tableau 4.

Tableau 4 : Etudes sur les associations entre charge de travail interne et niveau de performance dans le football de haut niveau, et analyse méthodologique des études.

59 le au 4 : Sui te . Tableau 4 :Suite.

Toutes les études sont des études observationnelles, de niveau 2. La qualité méthodologique moyenne de ces études est de 64 ± 13 % (entre 41 et 82 %). Parmi ces études, 3 études sont des études de cohorte de niveau 2++ ; 8 études sont des études de cohorte de niveau 2+ et une étude est une étude de cohorte de niveau 2-. La taille d’échantillon moyenne des études est de 17 ± 5 joueurs (entre 9 et 28 joueurs) et la durée de la période d’observation moyenne est de 15 ± 13 semaines (entre 17 jours et une saison). À notre connaissance, aucune étude de niveau 1 (étude randomisée contrôlée) n’a été réalisée sur les relations entre charge de travail interne et performance. Cela peut être expliqué par le fait que la variable indépendante évaluée est la charge de travail. Il est difficile de mettre en place une étude dans le football de haut niveau dans laquelle la charge de travail serait volontairement augmentée ou diminuée pour étudier les effets sur des variables dépendantes telles que les niveaux de performance aérobie, les fonctions neuromusculaires ou l’activité physique en match. De manière générale, les études menées sur les relations entre charge de travail interne et niveau de performance ont été réalisées sur un nombre d’athlètes très limité (entre 9 et 28 joueurs) et toujours issus de la même équipe (donc influencés par des facteurs de confusion liés à l’environnement de l’équipe) (Leviton et Trujillo, 2016.

Trois études de niveau 2++ (Castagna et al., 2011 ; 2013 ; Gil-Rey et al., 2015 ) et 4 études de niveau 2+ (Akubat et al., 2012 ; Campos-Vasquez et al., 2016 ; Los Arcos et al., 2017 ; Manzi et al., 2013) montrent une association entre une augmentation de la charge de travail interne et une amélioration des performances sur des tests athlétiques. Ces études ont toutes été réalisées sur des petits groupes d’athlètes (entre 9 et 28 joueurs). Les réponses à un programme d’entraînement présentent une grande variabilité interindividuelle (Hecksteden et al., 2015 ; Hopkins, 2000). Les petites tailles d’échantillon de ces études limitent la généralisation des résultats.

Deux études de niveau 2+ (Los Arcos et al., 2014 ; 2015) montrent une association entre l’augmentation de la charge de travail et une diminution de la performance sur des tests athlétiques neuromusculaires et aérobie. Ces deux études, ainsi que l’étude de Gil-Rey et al. (2015) utilisent des indicateurs de charge de travail interne qui sont la sRPE musculaire et la sRPE respiratoire. Bien la sRPE musculaire ait été associée à la diminution de la performance en saut après un match et que le niveau de reproductibilité ait été évalué (Los Arcos et al., 2014 ; Los Arcos et al., 2015), à notre connaissance ces indicateurs n’ont jamais été validés face à un outil de référence. Dans les deux études de Los Arcos et al. (2014 ; 2015), les auteurs utilisent la lactatémie sous maximale comme critère de condition physique aérobie. Les limites de validité et de reproductibilité des tests de lactatémie sous maximale ont été mis en lumière

(Cazorla et al., 2001). Ces deux études associent des variables indépendantes dont la validité n’a jamais été évaluée, et des variables dépendantes dont le niveau d’évidence scientifique est controversé. De la même manière que pour les études montrant une association positive entre la charge de travail et l’amélioration des résultats sur les tests athlétiques, ces études présentent des petites tailles d’échantillon de 19 et 21 joueurs, tous issus de la même équipe. La généralisation de ces résultats n’est pas possible. Ces deux études souffrent de limites méthodologiques importantes, qui poussent à la prudence dans l’interprétation des résultats et ne permettent pas de tirer de conclusions quant à une éventuelle association négative entre charge de travail et diminution des niveaux de performance sur des tests athlétiques neuromusculaires et aérobie.

Une étude (Fessi et al., 2016) de niveau 2+ identifie une association entre la charge de travail interne aigüe et l’activité physique en match. Dans cette étude il est conclu qu’une diminution de la charge de travail interne sur la semaine précédant le match est associée à une augmentation de la distance parcourue en match, la distance parcourue à haute intensité et le nombre de sprints réalisés en match. Cette étude tend à confirmer l’hypothèse qu’une stratégie d’affûtage sur une période courte permette une amélioration des performances en match. Cependant, l’activité physique en match présente un coefficient de variation très élevé (37,1% pour les actions à haute intensité) (Carling et al., 2016a) et dépend de nombreux facteurs (score, stratégie de l’équipe, niveau de l’équipe adverse, blessés) (Bush et al., 2015 ; Redwood-Brown et al., 2018 ; Windt et al., 2018). Il semble que cette variable dépendante ne soit pas appropriée pour mesurer les effets d’une variable indépendante, telle que la charge de travail. Une autre étude a évalué les effets de l’évolution de la charge de travail interne durant une période aigüe sur les performances en match (Rowell et al., 2018). Durant une saison complète, la charge de travail évaluée à l’aide de la sRPE a été suivie chez 23 joueurs de football professionnels. Après chaque match, la moyenne des notes subjectives de 5 membres du staff permettait de déterminer la performance du joueur. Les résultats de cette étude ont montré que les variations de la charge de travail n’avaient pas les mêmes relations avec la performance selon le poste, et qu’une diminution de la charge aigüe chez les défenseurs permettait d’optimiser les performances en match alors qu’une augmentation de la charge aigüe chez les attaquants permettait d’optimiser les performances en match. Cette étude ayant un score méthodologique de 41% présente de nombreuses limites méthodologiques telles que la petite taille d’échantillon ou une méthode d’évaluation des performances non validée. Le niveau de performance technique et physique d’un joueur présente un coefficient de variation très élevé, est associé au niveau de l’adversaire, au résultat du match (Bush et al., 2015). Ces limites incitent à la prudence dans l’interprétation

des résultats. Deux études de niveau 2+ (Brink et al., 2010 ; Fitzpatrick et al., 2018) ne montrent aucune association entre la charge de travail interne et le niveau de performance. L’ensemble de ces études a été mené sur des périodes de temps réduites (de 6 semaines à une saison complète, en moyenne 15,6 semaines ± 15 semaines). Une seule étude a été menée sur une saison complète et ce sont les effets de la variation de la charge sur les deux semaines avant le match qui ont été évalués (Rowell et al., 2018). Neuf études sur les 13 incluses ont été menées sur des périodes inférieures à 10 semaines. La réduction de la charge de travail dans le but de réduire le stress physiologique et psychologique sur les performances physiques est une stratégie appelée affûtage (Mujika et Padilla, 2000). Les effets positifs de l’affûtage sur les performances ont été observés jusqu’à 4 semaines de réduction de la charge de travail précédant (Mujika, 1998). Les résultats concernant les associations négatives entre la charge de travail et les performances sur des périodes courtes sont donc à analyser avec précaution. Cette association peut être liée à une fatigue physique et psychologique moins importante chez les joueurs ayant eu la charge de travail la moins importante sur cette période d’observation. Cette hypothèse est renforcée par le fait qu’aucune étude ayant eu pour objectif d’évaluer les effets de la charge de travail interne sur une période supérieure à 10 semaines n’a montré d’associations négatives entre charge de travail interne et niveau de performance (Brink et al., 2010 ; Los Arcos et al., 2017). La seule étude menée sur une période longue (32 semaines) et intégrant la période de pré-saison et une période de compétition a montré une association positive entre charge de travail interne et niveau de performance des joueurs sur des tests de sauts et de sprints (Los Arcos et al., 2017).

Il semble donc que d’autres études, incluant des périodes d’observation longues, des tailles d’échantillon plus larges et issus de différents clubs soient nécessaires pour améliorer le niveau d’évidence scientifique de l’association entre la charge de travail interne et les performances sur des tests athlétiques reflétant un niveau de condition physique chez des footballeurs de haut niveau.

2.3.3 Niveau d’évidence scientifique des relations entre charge de travail externe,