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1 ére Partie : Constat des inégalités et proposition méthodologique théorique

3.2 La nature féministe du paradigme

« Féminisme : n.m Doctrine qui préconise l’égalité entre l’homme et la femme, et l’extension du rôle de la femme dans la société.

Doctrine : n.f ensemble de notions qu’on affirme être vraies et par lesquelles on prétend fournir

une interprétation des faits, orienter ou diriger l’action. 200 »

On est loin de la définition d’une science : « Science : n.f Ensemble de connaissances, de

travaux d’une valeur universelle, ayant pour objet l’étude de faits et de relations vérifiables, selon des méthodes déterminées (comme l’observation, l’expérience, ou les hypothèses et la

déduction). » 201D’une définition extrêmement réductrice du féminisme, voire

contradictoire, le rôle de la femme dans la société, alors que le féminisme même pose les bases de la remise en cause des rôles sexués dans la société, va naître la suspicion, en France en particulier, du caractère scientifique, pour ne pas dire même sérieux, des études menées par les chercheures féministes. Intrinsèquement interdisciplinaire, la recherche féministe s’appuie sur « l’étude des faits » (usage de la ville par le genre, valence différentielle des sexes (anthropologie), biologie (les cerveaux), génétique (les gamètes, la reproduction)). La science féministe place au cœur de son projet la question « des relations vérifiables », dans ses toutes premières revendications, de la déconstruction scientifique de la différence biologique des sexes jusqu’à la description du concept de genre. Pour situer ma position de chercheure dans le champ du féminisme, ma démarche s’inscrit dans ce que l’on nomme les études de genre même si je privilégie le terme de féminisme scientifique.

200 Définitions Le Robert Illustré 2012

3.2.1 Les fondements épistémologiques du paradigme féministe.

La grille de lecture « féministe » s’appuie sur quatre critères analytiques202, la posture constructiviste, la perspective relationnelle, le rapport de pouvoir et l’intersectionnalité.

Le constructivisme social, à l’image de la théorie de la connaissance kantienne, appliqué aux relations femmes/hommes, affirme une position radicalement anti-essentialiste. Le sexe biologique comme l’identité sexuée sont des construits sociaux et historiques. Il n’existe pas d’organisation sociale innée. Les phénomènes sociaux ne relèvent pas d’une Nature humaine mais bien de la naturalisation d’une forme d’organisation sociale. L’analyse constructiviste autorise deux postulats essentiels. Il ne peut exister de vérité ni de réalité originelles dans la relation entre les femmes et les hommes. L’objet n’est pas de chercher d’où viennent ces arrangements, ni même pourquoi la société est organisée dans les normes de genre. Mais bien, comment elle se construit et perdure dans ce système. Le deuxième postulat est celui de la possibilité de changement. Ce qui est construit peut être déconstruit et reconstruit. Il n’y a pas de fatalité. La perspective relationnelle réaffirme que la question de la place des femmes ne se joue que dans le rapport à celle des hommes. Le féminisme n’est pas l’étude des groupes de femmes mais l’expérience des femmes dans une perspective

compensatoire203 face à une société androcentrique. Le genre est donc le système dans

lequel les rapports sociaux des deux sexes (féminin et masculin) se vivent. Il y a un genre et deux sexes. La mixité est une donnée, une évidence. Une société construite sur les relations femmes/hommes ne ferait pas interrogation s’il n’y avait pas la hiérarchisation des sexes et la domination. C’est l’axe central du féminisme. L’inégalité, au sens de l’inégal traitement en faveur des hommes, fait sujet de la pensée scientifique féministe. Domination du groupe social des hommes sur le groupe social des femmes, le genre est également un ordre normatif qui sanctionne les « déviances »

202 Source : Mathieu Trachman « Genre : Etat des lieux. Entretien avec Laure Bereni », La vie des Idées, 5 octobre 2011 ISSN : 2105-3030 URL : http://www.laviedesidees.fr/Genre-etat-des-lieux.htm

203 Source : Mathieu Trachman « Genre : Etat des lieux. Entretien avec Laure Bereni », La vie des Idées, 5 octobre 2011 ISSN : 2105-3030 URL : http://www.laviedesidees.fr/Genre-etat-des-lieux.htm

de genre. Il s’impose aux femmes comme aux hommes. Les notions d’égalité et de consentement sont essentielles à définir. Enfin, l’organisation du pouvoir des hommes sur les femmes ne peut s’appréhender sans prendre en considération les autres formes de pouvoir à l’œuvre. C’est l’intersectionnalité. D’autres systèmes de domination sont en jeu, le pouvoir « intra sexe » (les hommes entre eux, les femmes entre elles), le pouvoir des riches sur les pauvres, la colonisation, le racisme etc. Le féminisme propose deux apports innovants dans l’approche scientifique : la critique (déconstruction) et l’explication (reconstruction).

La critique se fonde sur la mise en question de la production des « savoirs », de manière générale, et du savoir scientifique en particulier. Démarche avant tout épistémologique, elle interroge la constitution du savoir scientifique à travers la question de la « neutralité » du chercheur, bien souvent d’ailleurs, premier reproche fait aux femmes scientifiques (votre recherche est-elle neutre ? en tant que femme pouvez-vous objectivement étudier les phénomènes qui touchent aux femmes ?). La critique part du postulat d’une production scientifique faite par les hommes pour les hommes, niant la construction du savoir dans un système de pouvoir hiérarchisé entre les femmes et les hommes, à la faveur de la domination masculine. L’image utile est celle de l’artiste, le scientifique à l’égal de l’artiste est symboliquement « asexué », puisque son « talent » et/ou « sa science » lui viennent de son « génie » (presqu’un don divin !) et/ou de son intelligence ! C’est, à mon avis, ici, la première problématique qui a été posée aux scientifiques féministes, le gommage de l’appartenance sexuelle biologique sous deux formes : l’effacement des différences comme objet de la science, comme nous le rappelle Evelyn Fox Keller : « Voulant ôter tout crédit aux conceptions

traditionnelles des différences innées, biologiques, entre les sexes (en particulier dans le domaine des capacités cognitives) et de démontrer l’importance des facteurs environnementaux et institutionnels, elles firent beaucoup d’efforts pour rassembler des données psychologiques, sociologiques et anthropologiques sur les hommes et les femmes. Il leur paraissait absolument nécessaire de réfuter les affirmations sur la différence naturelle – tout l’avenir des femmes en

science leur semblait en dépendre ».204 Et d’un autre côté l’invisibilisation du sexe des

chercheur-e-s205 et donc la masculinisation de la science. Ce combat bien qu’indispensable pour faire évoluer la place des femmes scientifiques, existant encore aujourd’hui dans les sphères universitaires et politiques, (des manières différentes de faire la politique, des manières différentes de comprendre le monde, de créer du savoir) s’est avéré peu productif en termes de reconnaissance et de légitimation du féminisme comme science. De même, la reconnaissance des « différences » femmes hommes, ou plutôt partir du postulat de la différence, a toujours exclu les femmes et dévalorisé leurs travaux (valence différentielle des sexes). Le féminisme scientifique ne pose pas la question de l’égalité scientifique entre les femmes et les hommes. Ce n’est pas non plus la recherche de la preuve d’une même valeur mais bien la démonstration que la question même de l’inégale valeur, de l’expertise, la mise en doute d’une science exercée par une femme, est l’objet scientifique à étudier. Francine Descarie traduit bien cette idée dans son article206, Recherche féministe, pratiques militantes et science : « Se situer du point de vue des femmes pour contester l’androcentrisme des savoirs

traditionnels et la « naturalisation » de l’infériorité des femmes par plusieurs grands penseurs de l’humanité n’a donc rien d’incompatible avec la raison d’être de l’activité scientifique, soit la production de connaissances nouvelles. »

3.2.2 Le féminisme : une approche explicative.

L’explication est donc ce qui fonde le féminisme scientifique. L’approche et la méthodologie cherchent à expliquer les inégalités de « traitement » dans une société démocratique (égalitaire en droit) entre les femmes et les hommes. Il s’agit d’analyser, comprendre, expliquer scientifiquement ce qui construit les rapports sexués humains au regard des concepts fondamentaux qui sont la liberté de chaque être humain (femme ou homme) à se définir et faire ses propres choix dans une visée qui intègre le

204 Evelyn Fox Keller, « Le/la scientifique : sexe et genre dans la pratique scientifique », Les cahiers du

CEDREF [En ligne], 11 | 2003, mis en ligne le 16 février 2010, Consulté le 27 juillet 2012. URL :

http://cedref.revues.org/509

205 Refus par exemple de faire apparaître leur prénom dans les publications.

206 Ce texte de Francine Descarries a été publié sous la rubrique « Paroles de scientifiques », dans la version imprimée de Découvrir, en mars-avril 2009. L'auteure était et est toujours professeure au Département de sociologie de l'Université du Québec à Montréal.

projet social et donc le mélange, la mixité active, pour ensemble construire une alternative politique et scientifique. Cela ne peut se faire sans rendre visible les stéréotypes sexués et la norme de genre auxquels chaque femme et chaque homme est encore aujourd’hui « soumis ». Je reprends à mon compte la conclusion de Francine Descarie, dans ce même article : « Ce qui m’amène à conclure que la capacité de la

recherche féministe à conjuguer production de connaissances et engagement ne fait nullement obstacle à sa scientificité. Au contraire, elle répond à la nécessité de reconnaître la dimension sociale de toute recherche, de réduire les tensions entre théorie et pratique, d’élaborer des savoirs socialement enracinés et actualisés afin de transformer en profondeur la façon de penser, de dire et d’agir les rapports sociaux de sexe. » Pour conceptualiser le féminisme

scientifique sous l’angle défini, j’ai choisi de développer trois notions : la mixité, l’égalité et le consentement.

La notion de mixité est centrale dans l’approche théorique et « pratique » de la recherche menée sur le loisir des jeunes. Bien que peu « théorisée » dans la pensée féministe, elle est omniprésente dans le débat et fait sens dans l’analyse proposée pour cette thèse. Chez les féministes et dans une acception aujourd’hui partagée, la mixité est d’abord le calcul d’un rapport de force qui s’évalue à 1/3 pour 2/3. C'est-à-dire qu’il y a mixité dans un groupe lorsqu’on peut comptabiliser au minimum 1/3 d’un sexe pour 2/3 de l’autre. De plus, « Il n’y a pas d’humanité ni de sexualité sans mélange. C’est un

fait d’expérience. »207La mixité au sens que lui donne le dictionnaire LAROUSSE208 est

un groupe et/ou une équipe qui comprend des personnes des deux sexes. Décrétée légalement en 1975 dans les établissements scolaires, la mixité fait l’objet d’un constat de rentabilité. L’entretien de deux écoles, notamment dans le rural, est trop coûteux. De cette « définition » on ne peut extraire la substantifique moelle. La mixité est la condition indispensable de la remise en cause des stéréotypes et des assignations de genre mais elle n’est pas suffisante. L’évidence du mélange ne garantit pas l’égalité (au sens de l’égal traitement). Les femmes et les hommes se côtoient (dans le bus, dans la

207 Fraisse Geneviève, le mélange des sexes, Paris, Gallimard Jeunesse Giboulées, coll.chouette !Penser, 2006, 75 p, p27

208 Mixité : caractère mixte d’un groupe, d’une équipe (larousse) ; Mixte : qui comprend des personnes des deux sexes.

rue, au centre commercial etc.), les filles et les garçons sont éduqués ensemble (à l’école, à la crèche, au centre de loisir etc.) et pourtant les inégalités demeurent : les hommes occupent toujours davantage l’espace public que les femmes, plus présentes à la maison, les garçons jouent au centre de la cour et s’accaparent l’espace récréatif alors que les filles sont en bordure. « La mixité est un état de fait qui a la forme d’une

évidence »209. Dépasser l’évidence est interroger le sens et y ajouter le projet. Il est

notable que le terme de mixité soit intraduisible dans les autres langues, il n’existe pas, on parle de « coeducation » dans les pays anglo-saxons par exemple. La mixité doit donc s’accompagner d’un idéal, d’une utopie et s’adjoindre le principe républicain de l’égalité. Le mélange comme seule mise ensemble des individu(e)s des deux sexes n’est pas le partage. Geneviève Fraisse nous le rappelle, « car le mélange et le partage sont

deux idées bien distinctes ; mettre ensemble n’est pas répartir les choses à part égales ; rassembler n’est pas unir ». A cette difficulté d’absence d’attendus autour de la mixité va

s’ajouter, dans l’éducation nationale, mais de manière générale dans les discours professionnels, la notion de « neutralité ». Au nom de la neutralité du positionnement professionnel on ne peut pas intervenir sur la question du genre210. C’est en pensant le mélange avec le projet de déconstruction des stéréotypes sexués, en passant par la remise en cause de la division sexuée du travail que la mixité prend son vrai sens et son contenu scientifique (alors analysable, évaluable). C’est la condition au changement. A la notion de mixité, de cette évidence du mélange, il faut adjoindre un grand principe politique de notre pays, qui est l’égalité.

L’égalité est donc une notion politique. L’égalité n’est pas le contraire de la différence. C’est l’inégalité qui s’oppose à l’égalité. On peut être semblables et inégaux. On peut être différents et égaux. La revendication à l’égalité n’est pas la recherche de l’identique. La différence est intrinsèque à l’humanité. L’égalité, en France, peut revêtir quatre contenus. La première manière d’aborder l’égalité est l’égalité en droits. En France, en 2013, les femmes et les hommes sont égaux en droits. En 1944, les femmes obtiennent le droit de vote et d’éligibilité. En 1965, les femmes mariées

209 Fraisse Geneviève, le mélange des sexes, Paris, Gallimard Jeunesse Giboulées, coll.chouette !Penser, 2006, 75 p, p27

peuvent exercer une profession sans l’autorisation de leur mari et ouvrir un compte en banque. En 1967, la contraception devient possible pour les femmes, en 1975 l’avortement sous condition n’est plus un crime, il sera remboursé en 1982. En 1980, le viol est qualifié de crime par la loi. En 1992, la loi pénalise les violences conjugales et le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. En 1970, l’autorité paternelle est requalifiée en autorité parentale, le congé parental est ouvert aux hommes en 1984 et en 2002 est créé le congé paternité. En 1983, les lois ROUDY sur l’égalité professionnelle femmes/hommes sont votées. En 2000, c’est la promulgation de la première loi sur la parité en politique. L’égalité en droits ne doit pas masquer une inégalité de « traitement » qui perdure malgré cette grande avancée. Pour appréhender la notion d’(in)égalité « réelle », trois pistes s’offrent à nous dans le travail de lecture de la répartition des filles et des garçons dans les espaces et équipements de loisirs des jeunes. Il y a d’abord, la question de l’égale redistribution en résonnance avec la justice sociale. Dans le domaine des loisirs sportifs, l’étude révèle une fréquentation aux deux tiers masculine. Le rapport du sénat sur les pratiques nationales en clubs montre également que deux licenciés sur trois sont des hommes. Est-il normal que l’argent de la redistribution de l’impôt bénéficie pour les deux tiers aux garçons (dans le domaine du sport) ? L’égal accès : les filles et les garçons peuvent-ils s’émanciper du poids des normes sexuées pour effectuer un choix « libre » ? Est-il acceptable que les filles aient « moins » de choix que les garçons ? Enfin, l’égalité s’entend comme l’égale valeur. Y-a-t-il hiérarchisation des pratiques en fonction du sexe des pratiquants ? Une pratique masculine sportive a-t-elle plus de valeur qu’une pratique sportive féminine ? Qu’en est-il de la persistance de la domination masculine dans une société qui n’est plus patriarcale ?

La troisième notion intéressante à appréhender est celle du consentement, bien qu’elle s’avère politiquement et scientifiquement « stérile ». Finir cette partie théorique sur une hypothèse invalide, celle du consentement comme marqueur de l’égalité est fondamentale dans mon travail. Ceci pour deux raisons. La première est que la question du consentement est systématiquement évoquée dans l’argumentaire

développé par les acteurs de la gouvernance211, au regard des inégalités de fréquentation entre les filles et les garçons des équipements des loisirs des jeunes. « Elles ne viennent pas parce qu’elles ne veulent pas (sous entendu elles consentent) », elles font ce choix librement, rien ne les en empêchent. C’est le même argument pour les défenseurs de la prostitution, même si l’objet n’est pas comparable. De manière générale, lorsque les femmes se trouvent en situation de « fragilisation » et/ou de vulnérabilité, dans le cas des violences conjugales par exemple, on « justifie » cette violence par le fait qu’elles y consentent et que si ce n’était pas le cas elles n’auraient qu’à « sortir » de cette situation. C’est également, rappelons-le, l’approche juridique centrale dans le cas d’un viol : « n’étiez-vous pas consentante ? »

La deuxième raison de s’attarder sur la notion de consentement dans cette étude tient à la démarche méthodologique adoptée pour mener ce travail. J’ai en effet choisi de ne pas interroger les jeunes filles et les jeunes garçons sur leur propre pratique de loisir. D’un côté parce que l’objet de mon étude est la problématique de la gouvernance et donc du projet politique, de la construction de la définition des objectifs publics qui peuvent (et doivent ?) aller à contre sens du consentement individuel, mais également parce que le consentement, a fortiori d’un-e mineur-e, peut faire l’objet d’une stratégie, d’une manipulation, une manière de céder plutôt que consentir. Du consentement individuel ou personnel, on nuance la valeur suprême de la liberté et du choix en y ajoutant les notions de vouloir et pouvoir. Peut-on toujours consentir et veut-on toujours consentir ? Consentir implique le rapport de soi à soi-même, mais également au contexte du « oui », comme nous le rappelle Geneviève Fraisse :

« Signe d’intériorité autant que d’extériorité, le consentement est attaché à un moment précis, mais il ne saurait être réduit à une immédiateté. L’espace intérieur qu’il révèle introduit une médiation, un redoublement qui permet à l’être de se détacher de l’acte de

consentir comme si cet acte pouvait aussi lui être extérieur. 212 »

On ne saurait envisager l’ensemble des consentements individuels et a fortiori de ce que l’on appelle le consentement mutuel sans jamais faire référence au rapport de force et à l’égalité des parties. On peut consentir pour survivre. On peut céder sans

211 Voir 3éme partie.

jamais consentir, on peut admettre sans jamais accepter. Mais consentir cela peut être aussi se soumettre. La notion de consentement collectif ou de consentement individuel à une norme collective est alors posée. Geneviève Fraisse ouvre le raisonnement :

« Et je m’interroge sur le consentement de tous, adhésion et acceptation d’une situation donnée, d’un état social advenu. Car tel est l’autre sens du consentement, celui qui prend acte d’une inégalité des pouvoirs, celui qui reconnaît une force supérieure, une autorité

sociale, étatique, politique.213 »

On devine combien consentir à plus fort que soi, consentir à un système de domination est un acte bien douloureux qui n’est plus un acte volontaire mais bien: « un geste de compromis, où il faut démêler l’écheveau du oui et du tant pis, de l’accord et

de l’asservissement. »214Encore faut-il qu’il y ait conscience du rapport de domination.

Lorsqu’une fille « choisit » de ne pas pratiquer un sport et qu’elle consent par exemple à ce que ce soit un sport dit « de garçons », consent-elle également à ce que cette discipline soit plus valorisée qu’une discipline dite féminine, consent-elle à ce que les domaines du masculin offrent plus de possibilités ? Pour finir sur la notion de consentement, deux ouvertures s’offrent à nous :

La possibilité de non consentement comme nous le propose Geneviève Fraisse dans sa