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Les approches macro, méso et micro sociogéographiques du genre

2 Le sujet et le terrain

2.2 Les approches macro, méso et micro sociogéographiques du genre

Cette problématique et ces questionnements sont traités dans cette thèse au fil de trois parties. La lecture est structurée sous la forme d’un zoom dont la focale se rétrécit progressivement sur les objets étudiés.

La première partie de la thèse est consacrée au tableau des inégalités réelles à l’échelle nationale. L’approche est macro sociogéographique. L’étude sexuée des données nationales INSEE souligne les inégalités de traitement ou inégalités réelles dans le monde du travail et dans l’espace domestique. Puis l’inégalité entre les femmes et les hommes est appréhendée dans l’aménagement du territoire et l’urbanisme. Les usages différenciés sont décrits à travers l’exploitation de données INSEE concernant l’Aquitaine et parfois la Communauté Urbaine Bordelaise58 (mobilités femmes/hommes, motifs de déplacement etc.). On s’attache également au vécu des

55 GALLAND O., Jeunes, Paris, la Découverte, coll. Repères, 7e édition 2009, 124p

56 MAYOL P. Les enfants de la liberté, Paris, L’Harmattan, coll. Débats/Jeunesses , 1997, 206p.

57 Définis le plus souvent par leur appartenance à une classe sociale ou, de façon de plus en plus prégnante, par leur origine ou leur ethnicité

femmes, aux stratégies qu’elles développent pour profiter de la ville en toute sécurité et traverser aux mieux les frontières invisibles qui leur sont parfois imposées et qu’elles se créent. Un deuxième point s’attaque au cœur du système, la construction des identités59 sexuées. Qu’est-ce qu’être une fille, qu’est-ce qu’être un garçon ? Nous aborderons la question au travers des stéréotypes et de la conformité à la norme en s’appuyant sur deux illustrations originales, le vêtement social (la forme) et la parole médiatique (le fond). Puis cette sous-partie s’enrichit avec la notion de performativité. Le système du genre se maintient (voire se reproduit) dans la structure éducative. Enfin, le cadre théorique s’appuie sur une posture scientifique. La méthodologie de la recherche se nourrit de l’apport de la géographie sociale. Indispensable à la définition des contours du sujet ; la géographie sociale offre des outils pertinents à l’accès des équipements et espaces des loisirs des jeunes. Nous aborderons les notions de formation socio-spatiale, de paysage, de territoire et de territorialité. L’analyse s’inscrit dans ce que j’ai nommé le féminisme scientifique qui propose une visée épistémologique, critique et explicative.

La deuxième partie est consacrée à une analyse du sujet à une échelle intermédiaire des rapports sociaux. Le territoire du loisir des jeunes est étudié sous la forme de trois monographies des usages comparant des communes avec des paysages très différents. Deux communes de banlieues et une commune plus privilégiée sont explorées. Dans la banlieue se forge une part prédominante des rapports sociaux de sexe dans la société ; ceci au gré des discours et des pratiques quotidiens, notamment ceux des loisirs. Après avoir « chaussé les lunettes du genre », la lecture propose de s’immerger dans l’enquête réalisée sur le domaine du loisir des jeunes. L’analyse est sous-tendue par la question de la mixité et de l’égalité. Y a-t-il des lieux dans lesquels les filles et les garçons se retrouvent pour pratiquer un loisir ? Les filles et les garçons ont-ils la même possibilité de choix pour leur(s) loisir(s) ? La méso échelle de l’enquête de terrain permet de s’approcher du territoire du loisir des jeunes à travers la description de la fréquentation des espaces et équipements publics. La démarche de recueil des données est ainsi explicitée. Je me propose d’élaborer une comparaison des terrains

selon une approche géopolitique, sociologique caractérisant chaque commune. Dans ce dessein, je me suis appuyée sur les données INSEE communales et j’ai ainsi construit un indice de précarité. Tout en discutant les bases de la validité des résultats obtenus, cette sous-partie s’efforce d’évaluer la spécificité de la variable sexe au regard des communes étudiées, dissemblables dans la constitution sociale et culturelle de leur population. La seconde sous-partie fait état des résultats statistiques. Elle est présentée sous forme de tableaux comparatifs (entre les trois communes retenues) de la fréquentation sexuée dans les domaines étudiés : les pratiques sportives, les pratiques culturelles et artistiques et enfin la fréquentation des maisons des jeunes. Une analyse sexuée du dispositif « Ville Vie Vacances », spécifique dans le financement des loisirs des jeunes, est menée à travers les actions financées en 2010 en Gironde. La troisième partie, deuxième temps de l’analyse à partir des lieux et des territoires, articule les deux précédentes. Elle se propose d’éclairer le lien entre une société adulte, dans laquelle le monde du travail, l’usage de l’espace public et la vie « privée » font état d’inégalités réelles entre les femmes et les hommes et les espaces sexués du loisir des jeunes. Le territoire du loisir des jeunes se révèle, après analyse, territoire non mixte, générateur d’activités sexuées. La pertinence d’un paradigme féministe se cristallise dans la durabilité des marqueurs du genre et dans l’analyse de l’argumentaire des discours qui reproduisent les inégalités filles/garçons puis femmes/hommes, en justifiant, plus ou moins consciemment, le genre (au sens d’un système). Cette micro échelle permet d’approcher au plus près les mécanismes à l’œuvre au quotidien. L’analyse des discours des élu/es, des dirigeant/tes sportif/ves éclaire les réfutations, les résistances pour certain/es et l’adhésion pour d’autres au constat des inégalités statistiques. Les échanges, les séances de formation et les séminaires proposent une matière issue du vécu et du ressenti qui enrichit la recherche. La micro échelle s’affine avec la mise en place d’un projet éducatif égalitaire au sein de l’école du Peyrouat à Mont de Marsan60 qui constitue un nouveau

60 Voir troisième partie, « observer la mixité ». Le suivi et la mise en place de ce projet ont duré trois ans avec des formations, de l’observation, de l’intervention et des actions en direction des élèves et des familles.

matériau de thèse rendant compte de la sexuation des espaces scolaires (cour de récréation, cantine, rangs, etc.) et du rôle prépondérant de l’adulte dans la déclinaison d’une mixité active. Cette troisième partie se termine par l’exposé de pistes d’actions pour « sortir » d’une gouvernance déterminée par les rapports sociaux de sexes ; une gouvernance pour changer les « arrangements sociaux des sexes » et tenter une alternative à la norme de genre.

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Partie : Constat des inégalités et proposition