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1 ére Partie : Constat des inégalités et proposition méthodologique théorique

1. Une domination qui s’exerce dans le temps et l’espace domestique

1.1 Le temps de travail et la division sexuée

La recherche de données sexuées pour illustrer ce point fait appel à différentes sources. Une partie des statistiques exposées concernent le recensement de la population en 2007 et 2010 paru à l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques61 en 2010 et 2013. Des données complémentaires réalisées à la demande de la commission emploi et formation du Conseil Economique et Environnemental Régional aquitaine sont également présentées. Elles ont été extraites pour la Région Aquitaine par le Service Etudes et Diffusion Insee Aquitaine. Deux grands champs dans le secteur du travail révèlent des inégalités réelles entre les femmes et les hommes. D’un côté, l’organisation sexuée des métiers et de l’autre la durée du travail. 1.1.1 La division sexuée source des inégalités femmes/hommes dans le travail.

Diplôme, chômage, catégories d’emploi, les filles réussissent mieux à l’école mais que dire des parcours professionnels ?

Figure 1 : Niveau de diplôme en France par sexe en 201062

61 INSEE

62 Création Edith Maruéjouls à partir du tableau Source : Insee RP 2010 exploitation principale.

2,20%   12,60%   3,80%   12,70%   7,10%   10,60%   9%   9,30%   7%   13,50%   12,20%   2%   11%   4,40%   8,30%   5,20%   19,20%   9,50%   7%   9%   10,40%   14%  

Popula'on  non  scolarisée  de  15  ans  ou  plus  par  sexe  et  diplôme  le  plus   élevé  2010  

Femmes   Hommes  

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à n’avoir aucun diplôme. Elles sont plus diplômées à niveau BAC+2, mais moins de femmes que d’hommes ont un niveau supérieur à BAC+2. La question de la réussite scolaire est à relativiser. Elle ne se traduit pas, comme on le note, par une « surdiplomation » des filles par rapport aux garçons. Bien souvent, les freins jouent en amont de la mise en situation de réussite scolaire. Les filles plus diplômées à niveau BAC +2 ne persistent pas dans des niveaux supérieurs63, anticipant la difficulté d’une carrière peu compatible avec une possible vie de famille. C’est le phénomène du « plafond de verre », développé et démontré par de nombreux/ses sociologues, à la fois autolimitation des femmes elles-mêmes et phénomène de cooptation par les pairs.

Fig. 2 : Part des filles dans les différentes formations d’enseignement supérieur en France, comparaison années scolaires 2000-2001 et 2011-2012.64

L’orientation sexuée après le bac anticipe un paysage professionnel basé sur la division sexué du travail. Les filles choisissent moins que les garçons des filières sélectives telles que les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et peu s’engagent dans

63 Si l’on considère les bachelières et les bacheliers scientifiques de 2002, 22,9  % des filles sont entrées dans une classe préparatoire aux grandes écoles, contre 38,8  % des garçons. Elles représentent seulement 20  % des effectifs des écoles d’ingénieurs qui constituent un vivier de choix pour les cadres dirigeants. Source : Catherine Halpern- Peut-on en finir avec le plafond de verre ? in Sciences Humaines n°195 juillet 2008- Le corps sous contrôle.

64 Graphique extrait du rapport : 2012 chiffres-clés l’égalité entre les femmes et les hommes. Ministère des droits des femmes.

des écoles d’ingénieurs même si on note une progression de 3,8% en 11 ans. Largement majoritaire dans les formations paramédicales ou sociales, les étudiantes sont minoritaires dans les filières universitaires scientifiques et sportives (STAPS). La faible mixité dans certaines formations impacte le milieu professionnel. C’est le cas notamment dans le secteur des animateur/trices sportives (formation STAPS). Dans le territoire du loisir des jeunes, la possibilité de créer des équipes professionnelles mixtes et de proposer des activités co animées femme/homme peut s’avérer problématique du fait de la sectorisation des métiers en fonction du sexe. Par exemple, les femmes sont majoritaires dans le secteur de l’animation enfance et petite enfance, les hommes dans celui de l’adolescence et du sport. Les femmes sont également moins nombreuses à poursuivre leur parcours vers un niveau plus diplômant (directrice, doctorat etc.). Les étudiantes sont plus nombreuses en cursus master (59,6%) et en cursus licence (56 ,5%) qu’en cursus doctorat où elles sont minoritaires.65

Sur le marché du travail, les femmes sont moins « actives » et avec un taux d’emploi plus faible que celui des hommes.

Fig.3 : Activité et emploi par sexe en France en 2007

Lecture : Parmi les femmes âgées de 15 à 24 ans en 2007, 1551151 sont actives soit 38,7% et 1178209 sont actives occupées soit 29,4% de l’ensemble de la tranche d’âge.

65 Source : rapport : 2012 chiffres-clés l’égalité entre les femmes et les hommes. Ministère des droits des femmes.

Le taux d'activité est le rapport entre le nombre d'actifs (actifs occupés et chômeurs) et l'ensemble de la population correspondante. Le taux d'emploi d'une classe d'individu se calcule en rapportant le nombre d'individus de la classe ayant un emploi au nombre total d'individus dans la classe. Il peut être calculé sur l'ensemble de la population d'un pays, mais on se limite le plus souvent à la population en âge de travailler (généralement définie, en comparaison internationale, comme les personnes âgées de 15 à 64 ans), ou à une sous-catégorie de la population en âge de travailler (femmes de 25 à 54 ans par exemple).66Le taux de chômage par catégorie d’âge et par sexe est déduit du différentiel entre le taux d’activité et le taux d’emploi.

Dans toutes les tranches d’âges, les femmes ont un taux d’emploi inférieur à celui des hommes (globalement de -9%). Elles sont également moins « actives » dans les mêmes proportions. Le taux d’activité des femmes varie en fonction de la situation parentale des femmes et de l’âge de leur(s) enfant(s).67

Les femmes signent des contrats de travail globalement plus précaires que ceux des hommes.

Fig. 4 : Statut et condition d’emploi selon le sexe en France en 2007

66 Source : Définitions et méthodes site Insee.

9 femmes sur 10 sont salariées, pour 8.5 hommes sur 10. Elles occupent proportionnellement deux fois plus d’emplois aidés que les hommes. Elles sont plus salariées en CDI (+ 3,6 points) mais également plus employées en CDD (+ 4 points). 13.1% des femmes salariées en 2007 occupent un poste sur un contrat précaire (CDD + intérim + emplois aidés) : c’est le cas pour 9.5% des hommes salariés. 15% des hommes travaillent dans le secteur des « non-salariés » pour 8% seulement des femmes. La moitié des hommes sont alors employeurs pour un peu plus d’une femme sur trois. Les femmes sont cinq fois plus aides familiales que les hommes.

Femmes pilotes, femmes militaires, femmes dans la construction, femmes conductrices, femmes PDG, restent en France l’exception et sont loin d’acter une mixité dans les métiers d’hommes. Alors que les secteurs dits « féminisés » accueillent des hommes le plus souvent dans les postes à responsabilité (directeur de structure, cadre A de la fonction publique) et dans l’emploi non salarié (créateurs d’entreprises du tertiaire), les femmes accèdent encore peu « aux métiers des hommes ». Bien qu’obtenant de meilleurs résultats que les hommes dans les grandes écoles françaises, trop peu occupent des postes de grande responsabilité dans l’administration, l’industrie et l’économie française. En outre, aux postes de cadres les femmes connaissent un écart de salaire de 27% avec leurs homologues masculins. L’état du travail salarié des femmes en France nous renseigne sur la persistance de la division sexuée du travail, conséquence de grandes inégalités toujours présentes entre les femmes et les hommes. A l’égal de la répartition des loisirs, en particulier dans le domaine sportif, mais pas uniquement, les métiers de femmes (des sports de femmes) présentent une offre « réduite » de possibilité d’activités. Une femme salariée sur deux travaille dans un des 22 métiers qui concentrent l’essentiel de l’activité professionnelle des femmes dans 238 métiers possibles.

Fig. 5 : La concentration des femmes dans les emplois du care, en France en 2006

Lecture : 11 familles professionnelles sur 86 regroupent près de la moitié des emplois occupés par les femmes (49,8%). La catégorie qui emploie le plus de femmes est celle d’agent d’entretien (6,8% des femmes en emploi).

La nomenclature68 des FAP-2003 comporte 22 domaines professionnels, 86 familles professionnelles regroupées et 225 familles professionnelles détaillées. Le domaine professionnel rassemble un grand secteur d’activité, par exemple, Services aux particuliers et aux collectivités. Il se décline en familles regroupées correspondantes, dans le cas précité : Coiffeurs, esthéticiens, Employés de maison, Aides à domicile et aides   ménagères, Assistantes maternelles, Agents de gardiennage et de sécurité, Agents d'entretien, et Employés des services divers. Chaque famille professionnelle est détaillée, le niveau alors obtenu correspond à un métier. Dans le cas de la famille professionnelle « agents d’entretien », environ trois « métiers » correspondent, dans la pratique, à cette famille (agent d’entretien de locaux, agents de services hospitaliers et ouvriers). Parfois la famille professionnelle ne comporte qu’un seul « métier » : exemple des assistantes maternelles. Le tableau ci-dessus montre qu’une femme sur

68 Source : Ministère du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/txt/Intitule_FAP2009.txt

deux, active occupée, exerce un emploi dans une des onze familles professionnelles suivantes : Agents d’entretien, enseignants, vendeurs, cadre C de la fonction publique administrative, secrétaires, aides-soignants, employés administratifs d’entreprise, infirmiers/sages-femmes, aides à domiciles et aides ménagères, professions de l’action sociale, culturelle et sportive, assistants maternels. La moitié des femmes occupant un emploi concentre son activité professionnelle dans 28 métiers pour 238 existants. Seuls les métiers d’enseignants et ceux de l’action sociale, culturelle et sportive sont des familles mixtes, composées à plus de 30% d’hommes. Les domaines du soin, largement assimilé à une « qualité » féminine, le soin aux enfants, le soin aux malades, les tâches ménagères pour autrui sont réservées quasi exclusivement aux femmes (plus de 98%). Le métier de secrétaire est également très fortement occupé par les femmes, seul 2% d’hommes. Ainsi il existe « des métiers de femme » et « un sexe de la sollicitude69 ». Même dans les secteurs dits féminisés, les femmes sont minoritaires dans les postes de direction et dans le statut « non salarié ».

Fig. 6 : Catégorie socioprofessionnelle par sexe de la population en emploi en 2007, en France métropolitaine.

70 Trois fois plus d’hommes que de femmes composent la catégorie socioprofessionnelle « Artisans, commerçants, chefs d’entreprises ». Les hommes sont un million de plus que de femmes à être « Cadres et professions intellectuelles supérieures ». Les employées sont trois fois plus nombreuses que les employés alors qu’on compte quatre

69 Brugère Fabienne, Le sexe de la sollicitude, Paris, Le Seuil, collection non conforme, 2008, 192p

fois plus d’ouvriers que d’ouvrières. Les femmes composent pour un million de plus que les hommes la catégorie des « retraité/es ».

Fig. 7 : Féminisation des emplois salariés et non salariés71 en 2007 en France métropolitaine.

72

Lecture : En 2007, dans le secteur de l’industrie on comptait un peu moins de 30% de femmes salariées pour un peu plus de 70% d’hommes.

Il existe des secteurs presqu’exclusivement masculins : 90% des salariés de la construction sont des hommes et ils sont 70% dans l’industrie et l’agriculture. En revanche, il n’existe pas de secteur d’activité occupé à plus de 70% par les femmes. En effet, 34% des salariés de l’administration publique, enseignement, santé et action sociale sont des hommes. C’est presqu’à parité que les hommes et les femmes se « partagent » ce secteur dans l’emploi non salarié (taux de féminisation à 49%). Une étude fort détaillée du « Rapport annuel sur l’état de la fonction publique »73 montre qu’en 2006, dans l’ensemble de la fonction publique, le taux de féminisation était de 59,1%. Dans la fonction publique hospitalière, il s’élevait à 76,6% dont 75% en catégorie C et 87% en catégorie B, niveau de classement des infirmières. Les femmes

71 Par salariés, il faut entendre toutes les personnes qui travaillent, aux termes d'un contrat, pour une autre unité institutionnelle résidente en échange d'un salaire ou d'une rétribution équivalente. salariés sont les personnes qui travaillent mais sont rémunérées sous une autre forme qu'un salaire. Définition Insee.

72 Données nationales : sources INSEE RP 2007 Exploitation complémentaire lieu de travail.

73 Rapport annuel sur l’État de la fonction publique. DGAFP. Faits et chiffres 2007-2008. La documentation française.

composaient 61% de la fonction publique territoriale, très fortement majoritaires dans les catégories C et B. Dans la fonction publique d’État, elles représentaient 50,8% de l’effectif global, dont 57% en catégorie A, eu égard au poids des enseignants, et 50% en catégorie C. Bien que majoritaires, dans les trois fonctions publiques, elles demeurent toutefois très peu présentes dans les emplois de direction : 16% en 2006.

La division sexuée du travail se caractérise par la répartition sexuée des métiers et des responsabilités dans un même secteur, faisant des secteurs « féminins » des espaces de travail moins qualifiés (qualifiant), moins rémunérateurs et moins porteurs. D’autres inégalités se surajoutent en fonction de la répartition du temps de travail.

1.1.2 Le temps partiel générateur d’inégalités.

La durée du temps de travail est déséquilibré : 7 femmes sur 10 travaillent à temps plein ;c’est le cas d’un peu plus de 9 hommes sur 10.

Fig. 8 : Proportion d’emplois à temps partiel de 1980 à 2011, France métropolitaine.

74

Les femmes sont proportionnellement bien plus employées à temps partiel que les hommes, en moyenne, 30 femmes sur 100 pour 7 hommes sur 100. Entre 1980 et 2010, parmi les femmes ayant un emploi, la part de celles qui travaillent à temps partiel à doublé (15% à 30,1%). Depuis trente ans, la part des femmes parmi les travailleurs à temps partiel se situe autour de 80%. Le Conseil Économique, Social et

Environnemental National précise dans son rapport75 sur la situation des femmes dans la société française de 1968 à 2008 que « Les femmes représentent plus de 82% des 5

millions d’actifs employés à temps-partiel, la durée moyenne des contrats étant de 23 heures

par semaine. ». En 2009, une exploitation complémentaire76 de l’enquête nationale

emploi met en lumière que 5 femmes actives sur 100 travaillent au plus 15 heures par semaine, ce n’est le cas que d’un homme actif sur 100. Sur la base du SMIC au premier janvier 2011, le salaire net perçu pour 15 heures de travail hebdomadaire est de 459 euros. Près d’un salarié à temps partiel sur 3 déclare être à temps partiel faute d’avoir trouvé un emploi à temps plein (temps partiel « subi ») : 37 % des hommes à temps partiel et 31 % des femmes à temps partiel. Lorsque le temps partiel est « choisi » (68 % des salariés à temps partiel)77, les raisons de ce choix sont assez différenciées selon le sexe. Les hommes déclarent plus fréquemment travailler à temps partiel pour exercer une autre activité professionnelle, suivre des études ou une formation ou pour raison de santé. Les femmes souhaitent plus souvent s’occuper de leurs enfants ou d’un autre membre de la famille.

Fig. 9 : 36% des emplois dans le tertiaire sont à temps partiel en Aquitaine en 2006.

78

75 1968-2008 : évolution et prospective de la situation des femmes dans la société française. Avis et rapports du conseil économique, social et environnemental 2009. Les éditions des Journaux Officiels.

76 Commission emploi et formation – CESER Aquitaine - Dossier : Saisine sur la situation des femmes dans l’emploi en Aquitaine - Audition de Monsieur Dominique BREUIL et Mme Élisabeth NADEAU, Service Études et diffusion INSEE Aquitaine. 29 juin 2011. Données nationales.

77 Source statistique : Synthèse le travail à temps partiel juin 2013, publié par la DARES (Direction de l’Animation et de la Recherche des Etudes Statistiques).

78 Données régionales Aquitaine, COMMISSION EMPLOI ET FORMATION – CESER Aquitaine, Dossier : Saisine sur la situation des femmes dans l’emploi en Aquitaine Audition de Monsieur

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Le temps partiel plus développé dans le

tertiaire : services aux particuliers, éducation, santé et action sociale, administration…

unité : % Hommes Femmes Industrie 6,1 22,0 Construction 5,1 32,8 Tertiaire 15,8 35,7 dont

Services aux particuliers 28,8 43,6 commerce 10,7 40,9 Éducation, santé, action sociale 20,6 36,1 Administration 17,6 35,6 Services aux entreprises 16,9 30,4 Transports 8,4 27,1 Activités immobilières 13,0 27,0 Activités financières 8,4 19,3

Total 12,4 34,3

Source : Insee, DADS 2006 - fichier salarié

Part des salariés travaillant à temps partiel selon le secteur d'activité et le sexe en Aquitaine en 2006

9 salariés sur 10 à temps partiel sont employés dans le secteur tertiaire79. L’activité salariée à temps partiel est très développée chez les particuliers employeurs et dans le secteur des activités de nettoyage où la moitié des salariés sont à temps partiel, le plus souvent faute d’avoir trouvé un temps plein. D’une part, les contrats à temps partiels sont plus fréquemment proposés dans le secteur du tertiaire ; d’autre part, les femmes concentrent leurs activités professionnelles dans ce secteur80.

Fig. 10 : Le temps partiel et le niveau de diplôme par sexe en Aquitaine en 2006

81

Même si le diplôme favorise le travail à temps plein des femmes en Aquitaine, elles sont 25% à occuper un poste à temps partiel avec un diplôme égal ou supérieur au premier cycle universitaire. Dans une situation équivalente, ce n’est le cas que de 5% des hommes. Le travail à temps partiel chez les femmes diplômées qui occupent des emplois de cadre est majoritairement choisi dans un objectif de conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle. Elles réduisent leur temps de travail jusqu’à ce

Dominique BREUIL et Mme Elisabeth NADEAU Service Études et diffusion INSEE Aquitaine. 29 juin 2011.

79 Source statistique : Synthèse le travail à temps partiel juin 2013, publié par la DARES (Direction de l’Animation et de la Recherche des Etudes Statistiques).

80 Cf. La concentration des femmes dans certains métiers.

81 Données Régionales Aquitaine : COMMISSION EMPLOI ET FORMATION – CESER Aquitaine,

Dossier : Saisine sur la situation des femmes dans l’emploi en Aquitaine - Audition de Monsieur Dominique BREUIL et Mme Élisabeth NADEAU Service Études et diffusion INSEE Aquitaine. 29 juin 2011.

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Une femme sur trois à temps partiel, un taux important à tous les niveaux de formation

0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0 Pas de scolarité

Aucun diplôme scolarité primaire collège Aucun diplôme scolarité au delà collège Certificat d'études primaires BEPC, brevet CAP, brevet de compagnon BEP Bac général, brevet supérieur Bac techno. ou professionnel Diplôme univ. 1er cycle Diplôme univ. 2e ou 3e cycle Total

Femmes Hommes

que leur(s) enfant(s) soient plus autonomes. Elles travaillent à 90/80 % et libèrent le mercredi pour s’occuper des enfants. Les entretiens menés auprès de femmes cadres travaillant à temps partiel dans une administration bordelaise révèlent deux types de difficultés. D’une part, le passage du temps plein au temps partiel entraîne une baisse de salaire logique, mais bien souvent ne fait pas l’objet d’une révision de la charge de travail. Elles expliquent qu’elles continuent à assumer les mêmes missions correspondant à un temps plein sur un temps partiel. D’autre part, alors que le choix de passer à temps partiel a pour objectif d’être moins stressée, en particulier avec leur(s) enfant(s), c’est parfois le contraire qu’elles vivent. Elles racontent, par exemple, qu’elles doivent revenir travailler les jours où elles s’étaient libérées, pour finir un dossier, pour assister à une réunion importante, etc. Elles doivent se réorganiser sur ce temps qui est bien souvent dédié aux enfants, trouver un mode de garde en dernière minute, etc.

L’emploi à temps partiel reste une des plus grandes inégalités entre les hommes et les femmes. Il est souvent « subi » et/ou contraint dans une démarche « d’articulation des temps sociaux », « d’organisation de vie ». Il fait du travail de certaines femmes « un salaire d’appoint » lorsqu’elles sont en couple, et presque systématiquement une travailleuse pauvre. Le temps partiel, en particulier dans le tertiaire et pour les femmes les moins diplômées, signifie peu d’argent pour vivre, peu de cotisations pour la retraite et, bien souvent, des horaires décalés et atypiques qui font du « temps disponible » un temps « perdu ». Le temps partiel peut-être également un frein dans la carrière, à la fois en terme d’évolution salariale, mais également d’évolution professionnelle.

Les internautes invité/es à s’exprimer sur le sexisme ordinaire, racontent des anecdotes qu’ils/elles ont vécu dans leur milieu professionnel et/ou dans leur vie personnelle. Le témoignage suivant porte sur le temps partiel :

« lundi 22 août 2011 : Homme à mi temps = femme ?

A la naissance de son enfant, un collègue masculin prend un temps partiel pour pouvoir assumer son travail normal de parent. Il est alors discriminé en tant que salarié à temps